Michiko Aoyama : l’auteure phare des éditions Nami
A l’occasion de sa venue en France pour quatre séances de dédicaces à Paris et Strasbourg, du 11 au 15 avril, Journal du Japon vous propose de revenir sur le parcours et les œuvres de Michiko Aoyama, une auteure de romans fell-good qui a le vent en poupe.
Rencontres au parc Hinode, un nouveau roman tout en douceur

Hier, le 10 avril est paru le dernier roman de Michiko Aoyama paru en français : Rencontres au parc Hinode. Traduit par Alice Hureau, que nous avons déjà eu le plaisir de vous présenter l’année dernière, celui-ci est le cinquième ouvrage de Michiko Aoyama à sortir dans la langue de Molière. Après un café (Un jeudi saveur
chocolat et Un lundi parfum matcha), une bibliothèque (La bibliothèque des rêves secrets) et un podcast (La forêt au clair de lune), l’élément qui va ici rassembler personnages et lecteurs est un petit parc urbain dans la banlieue tokyoïte.
— Hippohiko ! a-t-elle lancé à l’hippopotame comme si elle s’adressait à son propre animal de compagnie.
Elle s’est dirigée vers lui.
— Hippohiko ?
— Oui, c’est son nom, a-t-elle ajouté en me regardant. Il est trop fort. Il suffit de toucher sur lui la partie du corps qui nous fait souffrir pour guérir. Ça marche pour les blessures et les maladies.
Je n’aurais pas cru qu’un hippopotame aussi misérable que lui ait de tels pouvoirs.
— On le surnomme Hippohiko Hippocrate, a-t-elle précisé en pointant le doigt.
— Hippocrate ?
— Ben, parce que c’est un hippopotame… a-t-elle murmuré.

Comme toujours dans les romans de Michiko Aoyama, les personnages se rencontrent, leurs histoires se recroisent et s’enrichissent les unes des autres. Nous avons ici deux points de convergence : le parc Hinode et la résidence Advance Hill, où vivent tous les protagonistes. Il y a dans ce parc un petit hippopotame orange en béton, comme l’on en trouve souvent dans les parcs de jeux japonais, destiné à accueillir les enfants sur son dos. Mais selon une légende urbaine, ce mignon hippopotame dont le regard est à la fois rieur et plein de larmes, est capable de guérir n’importe quelle souffrance. Il suffit de toucher la partie de son corps que l’on souhaite « réparer ».
Au fil de cinq chapitres consacrés à chaque fois à un protagoniste différent, l’auteure nous plonge dans la société japonaise, tout autant qu’elle fait écho à nos histoire personnelles.
Rencontre avec l’auteure
Nous nous étions déjà entretenus avec Michiko Aoyama à l’occasion de la sortie de La bibliothèque des rêves secrets (une interview à retrouver ici). Elle nous avait alors parlé de son parcours, de sa vision de la vie et de l’écriture de ce roman. Presque trois ans plus tard, nous somme revenus vers elle à l’occasion de sa venue en France, pour mieux comprendre sa perception de l’écriture, le rôle qu’elle lui donne et découvrir ce qui l’a amenée à faire ce métier.
Michiko Aoyama, bonjour. Je vous remercie tout d’abord d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pour commencer, qu’est-ce qui vous a poussé à devenir écrivaine ?

Bonjour ! Merci à vous pour l’invitation.
C’est la lecture de Cinderella Meikyû (Le labyrinthe de Cendrillon, non-traduit en français) de Saeko Himuro qui m’a donné pour la première fois envie d’écrire. J’étais alors au collège. Fascinée par ce livre, j’ai commencé à rédiger un roman, pour imiter cette auteure. Et c’est après avoir fini ma première œuvre de bout en bout, que j’ai pris la décision de devenir écrivaine.
Quels auteurs admirez-vous tout particulièrement ? Avez-vous des recommandations littéraires pour les lectrices et lecteurs du Journal du Japon ?
Je dirais justement Saeko Himuro, l’auteure de Cinderella Meikyû. Il y a une suite à ce roman, intitulée Cinderella Mystery.
Vos romans sont cathartiques, vous y créez une véritable galerie de personnages dans lesquels tout le monde peut se reconnaître. Y a-t-il chez vous un désir de soigner par l’écriture ?
Je ne pense pas écrire dans le but de redonner courage ou de réconforter les autres ; ce serait beaucoup trop prétentieux de ma part. Les histoires que je crée n’ont pas d’objectif précis, tout vient de mes lecteurs. Ce sont eux qui piochent dans ces récits ce qu’ils ont besoin de comprendre sur eux-même et qui parviennent ainsi à en retirer quelque chose. Cela m’émeut toujours profondément. Pour cela, je fais entièrement confiance à mes lecteurs.
Avant de vous consacrer à l’écriture, vous avez été professeure d’art-thérapie dans des écoles et hôpitaux. La littérature venait-elle déjà appuyer ce travail auprès de vos patients ?
Non. Je pense que l’art-thérapie est une activité plus physique, moins cérébrale que l’écriture et la lecture. Même si ces pratiques peuvent parfois être reliées, ces sont deux exercices fondamentalement différents. Cependant, il existe en effet une forme d’art-thérapie où l’on crée, raconte et joue des histoires : c’est la « dramathérapie ». Je ne l’ai jamais proposée à mes patients, mais je me demande si ce n’est pas en quelque sorte ce que je me fais moi-même en me livrant à l’écriture.
Devant moi, se trouvait le gros visage arrondi de Hippohiko. A deux mains, j’ai caressé ses joues, son front, puis je les ai posées sur ses oreilles et je les ai frottées gentiment.
— Je l’aimais.
Ma voix s’est libérée. J’ai cru que Hippohiko m’écoutait. Je me suis adressée à lui. A cœur ouvert.
Un café, une bibliothèque, un podcast, un parc… Il y a toujours un lieu – physique ou mental – qui vient faire lien entre les différents protagonistes et apaiser leurs tourments. Ces espaces les aident généralement à trouver la porte d’une vie meilleure qu’ils possèdent en eux-même. Vous êtes-vous inspirée d’endroits que vous avez vous-même fréquentés pour créer ces histoires ?
Je ne pense pas avoir consciemment visité des lieux dans l’intention précise de créer une histoire, mais je me sers par contre énormément de mes expériences personnelles et des endroits que j’ai eu l’occasion de visiter au cours de ma vie. Par ailleurs, lorsque je souhaite écrire sur un lieu ou un sujet que je connais mal, je fais toujours des recherches approfondies avant de me lancer : je me rends sur place, je demande conseil à des spécialistes, etc.
Vous collaborez régulièrement à des magazines comme An an (un hebdomadaire féminin très populaire au Japon) ou le Shôsetsu gendai (magazine mensuel littéraire) où vous publiez des romans et essais. En quoi ce travail diffère-t-il de votre activité d’auteure publiée par des maisons d’éditions ?
Je ne ressens aucune différence entre ces deux activités. Quelque soit son contexte, le travail d’écriture reste le même : créer un texte, jouer avec les mots… C’est à la fois un véritable bonheur et un vrai défi, car ce n’est jamais simple et j’avance toujours avec beaucoup de prudence.
Y abordez-vous des thèmes similaires, dans la veine des feel good, ou bien ces magazines sont-ils au contraire l’occasion pour vous d’approcher une autre manière d’écrire ?
Non, si différence il y a, celle-ci réside principalement dans le fait que la plupart du temps, les nouvelles que j’écris pour des magazines sont publiées avec celles d’autres auteurs, sous forme d’anthologie. À parution, il n’y a donc pas ce sentiment de tenir en mains « mon livre » mais plutôt d’avoir « participé à une œuvre commune ».
Depuis 2017, vous écrivez très régulièrement et publiez un à deux romans par an. Comment se déroule pour vous une journée de travail ?
Je ne me sens pas vraiment surchargée, mais c’est très intense comme travail. Il me faut toujours réussir à trouver le bon équilibre entre mon travail d’écriture et toutes les tâches annexes dont je dois m’occuper à côté.

Vous allez bientôt venir en France, à la mi-avril pour des séances de dédicace à Paris et à Strasbourg. Est-ce votre premier voyage dans nos contrées ? Y a-t-il des lieux qui vous inspirent et que vous avez envie de découvrir ici ?
C’est la toute première fois que je viens en France. Il y a tant de choses que je ne connais pas… Puisque je ne peux pas vraiment savoir à quoi m’attendre tant que je ne l’aurais pas expérimenté, je préfère au contraire ne pas faire trop de recherches préliminaires, pour pouvoir profiter au mieux de mes découvertes dans l’instant présent.
Bien sûr, j’aimerais en profiter pour visiter certains spots touristiques célèbres, mais ce qui m’intéresse davantage est de voir comment les Français vivent au quotidien et de découvrir les paysages qui sont ancrés dans leur vie de tous les jours.
Nous vous souhaitons un excellent séjour parmi nous et espérons que vous aurez plaisir à rencontrer vos lecteurs français ! Toute l’équipe du Journal du Japon attend avec impatience votre prochain roman, et nous vous souhaitons une très bonne continuation.
Merci beaucoup. Je me réjouis de pouvoir bientôt faire la rencontre de tous mes lecteurs français !
Quatre séances de dédicaces en France, du 11 au 16 avril
Vous pourrez rencontrer Michiko Aoyama et avoir la chance d’obtenir une dédicace inédite sur l’un de ses romans, en allant sur Paris ou Strasbourg dans les jours à venir !
En effet, l’auteure sera en dédicace à la Fnac de Bercy le vendredi 11 de 18h à 20h30, au Festival du Livre de Paris Grand Palais le samedi 12 de 14h à 15h (stand Leduc) et le dimanche 13 de 12h à 16h (stand J’ai Lu), ainsi qu’à la librairie Kléber de Strasbourg le mardi 15 de 18h à 19h30 !
Pour de plus amples informations, rendez-vous sur le site des éditions Nami Leduc.
Belle lecture et belle découverte à tous nos lecteurs et lectrices qui seront tentés de tourner la couverture de l’un des romans de Michiko Aoyama dans les jours à venir…!