Manga Issho : le magazine manga made in Europe
Vous avez sans doute vu le lancement de Manga Issho passer sur les réseaux. Un magazine 100 % talents européens. C’est un peu le Jump de chez nous ! Et à cette occasion, Journal du Japon a pu avoir une interview avec l’éditeur Timothée Guedon des éditions Kana. Et ce n’est pas tout : Cab et Federica Di Meo nous en disent plus sur leur projet de grande ampleur, Oneira.

Un premier numéro qui donne le ton
Kana, Altraverse, Planeta et Star Comics ont voulu frapper fort dès le début avec 14 histoires inedites de mangakas européens assez connus. Parmi eux : Gin Zarbon, l’autrice du Secret de Scarecrow (disponible chez Kana), notre Reno Lemaire national, Cab et Federica Di Meo dans une histoire dérivée d’Oneira et bien plus encore. Manga Issho se constitue comme un véritable vivarium créatif et propose des histoires qui peuvent toucher un très large public. Action, aventure, tranche de vie, romance ou encore humour, il y a un peu de tout et pour tous. Plus de 300 pages de manga, vous n’allez vraiment pas vous ennuyer, vous pouvez en être sûrs !
Focus sur quatre œuvres de Manga Issho
Action-aventure et nekketsu européen


Sans détailler les 14 histoires, nous allons nous concentrer sur quatre d’entre elles sans spoiler et avec de quoi vous donnez l’eau à la bouche. Commençons par Le Secret de Scrarecrow – L’armurier. Gin Zarbo qui a eu l’honneur de faire la couverture de ce numéro est aussi celle qui débute le magazine. Deux fois plus de joie et de stress très certainement. Elle a donc choisi d’axer ce one-shot sur Scarecrow et le maître forgeron Julio, créateur des armes du héros. Ce passé tumultueux permet d’approfondir les deux personnages du Secret de Scarecrow !
Journal du Japon vous conseille également de regarder de plus près Black Sand de Drawill. Ce one-shot nous entraîne dans une Egypte des Pharaons mystique, un peu à la IM Great Priest Imhotep. Au menu, sacrifice, magie et sable noir, un sacré cocktail shônenesque. Et pour ceux qui se demanderaient, non Black Sand n’est pas dans le même univers que le manga Aten du même auteur.
Romance et drame

Les éditeurs ont vraiment cherché à atteindre un très large public. Certes, il y a plusieurs histoires montrant des combats et de l’action mais elles sont accompagnées d’autres plus romantiques ou dramatiques comme Bloodmancer par exemple, dessiné et scénarisé par XGreen. L’autrice de Krymsoul (disponible chez Planeta Cómic) nous propose de découvrir le prologue de son nouveau manga. Elle y présente ses personnages Ethiel le vampire et Kronos le nécromancien, deux beaux hommes amoureux qui doivent se séparer à cause d’une terrible tragédie. Une œuvre à surveiller de près pour tout aficionado de boys’ love et de vampire.
Traiter de la mort et de son acceptation par le mort c’est osé mais diablement efficace. Il est possible de voir ça dans Skip Beat ou Death Parade mais ici la dessinatrice Sarutaka propose un one-shot sobre et poétique. En seulement quelques pages, le photographe permet de faire remarquer au lecteur combien la vie est importante mais aussi qu’il faut accepter sa mort quand elle arrive. Un message poignant délivré dans de superbes planches. Un petit bijou !
Après cette brève présentation de ce qu’est Manga Issho laissons place à l’interview avec l’éditeur Timothée Guenot.
Interview de Timothée
Journal du Japon : Bonjour Timothée et merci pour ton temps. Nous sommes là pour parler de Manga Issho aujourd’hui mais nous aimerions bien en savoir plus sur toi pour commencer : après une maîtrise d’Histoire contemporaine et un Master des métiers du texte et de l’édition, tu entres dans le groupe Dargaud en 2006 si je ne dis pas de bêtise… C’était déjà pour travailler chez Kana, en tant que stagiaire. Qu’est-ce qui t’a attiré dans cette voie ?
Timothée Guenot : Pour travailler chez Kana et Dargaud Benelux, c’est une petite précision mais qui est importante dans la suite de mon parcours puisque c’est en travaillant sur le catalogue Dargaud Benelux que j’ai pu me former au suivi de créations qui me sert toujours aujourd’hui dans le suivi des créations chez Kana.

Je crois que j’ai toujours aimé qu’on me raconte des histoires, en lire, en regarder. Le 9e art, aussi bien la BD francobelge que le comics américain ou le manga, m’a toujours passionné. Peut-être plus que la littérature ou le cinéma par exemple et je me dis que ça tient sans doute au support, à son format. C’est un livre, certes, mais souvent, c’est une série d’aventures qui vont s’étaler sur plusieurs volumes. Et j’aime avoir cette possibilité de reprendre une œuvre par un volume qui ne sera pas forcément le premier pour relire un passage en particulier. Et généralement ça m’amène à la relire en entier. Clin d’œil
Si on remonte en arrière, quel est ton premier lien avec le Japon, et tes références en manga ?
Comme pour beaucoup d’enfants de ma génération, mon premier lien avec le Japon remonte à la diffusion de dessins animés sur Récré A2 comme Goldorak, Capitaine Albator, Candy, etc. Mais je n’avais aucune idée que ces productions venaient du Japon et qu’elles avaient pour origine des mangas. Ensuite, je découvre le manga en librairie à la fin des années 90 avec Dragon Ball. Mais c’est seulement en arrivant chez Kana que je vais me rendre compte que le manga va bien au-delà des récits d’aventures et qu’il regorge d’artistes au style très différent, d’histoires extrêmement variées, que c’est une production d’une richesse énorme. Avant Kana, je ne connaissais pas le travail d’un auteur comme Inio Asano, par exemple.
L’année prochaine, cela fera donc 20 ans que “tu es dans le manga” pour ainsi dire. Qu’est-ce qui continue de te passionner dans ce média, dans cet art ?

C’est magique, les années passent mais on continue de voir arriver de nouveaux artistes avec de nouvelles histoires qui nous touchent, nous émeuvent, nous font vibrer. Avez-vous lu Tokyo, ces jours-ci de Taiyô Matsumoto ? Comment ne pas adorer ce métier, les auteurs ? Difficile de se lasser de son job dans ces cas-là. Clin d’œil
Quel est ton travail à la base chez Kana et comment es-tu arrivé sur ce projet Manga Issho ?
Pour faire court, parce que c’est difficile de lister tout ce en quoi consiste le travail d’un éditeur, ou d’isoler le travail d’un membre d’une équipe, je cherche quels nouveaux titres pourraient intégrer le catalogue de Kana pour l’enrichir et le faire évoluer tout en veillant à ce que ces titres arrivent dans les meilleures conditions possibles entre les mains des lecteurs. Et du fait de mon expérience passée chez Dargaud Benelux, je m’occupe aussi de suivre les titres en création chez Kana.
Dans le cadre de ce travail d’éditeur, je suis amené à me rendre à la Foire du livre de Francfort pour y rencontrer nos partenaires et aussi voir ce qui se fait ailleurs dans le monde, dans d’autres types de maisons, etc. Et c’est lors de la Foire du livre de Francfort de 2019 que je vais rencontrer l’équipe éditoriale de Planeta qui va me présenter leur magazine de créations espagnoles Planeta Manga. En ce qui me concerne, il est là le point de départ du projet Manga Issho, même si je ne le sais pas encore à l’époque.
Basculons sur le projet justement : Issho, qui signifie « Ensemble ». Peux-tu nous expliquer ce « ensemble » et, du coup, la genèse de ce magazine de prépublication ?
C’est un projet qu’on fait « ensemble » : pour la première fois, quatre éditeurs européens s’associent pour créer ensemble un magazine de créations mangas européens qui est publié simultanément dans les quatre pays et les quatre langues. Ce projet met en commun, « ensemble », les œuvres d’artistes venant de ces quatre pays. C’est une aventure commune que nous avons envie de partager avec les auteurs, les lecteurs, les fans de mangas comme nous.
Dans la préface du magazine, on lit « Lorsque nous avons commencé à réfléchir à ce projet, il y a quelques années, nous avons rencontré beaucoup de difficultés. » Lesquelles ?
Je crois qu’on a surtout compris pourquoi l’Europe ne s’était pas faite en un jour. Clin d’œil
Plus que de difficultés peut-être aurions-nous dû parler d’obstacles. Nous avons surtout dû passer par une période plus longue que ce que l’on pensait à nous connaître les uns les autres. Nos marchés ne sont pas exactement les mêmes d’un pays à l’autre, il y a la différence de taille de marché, mais aussi des différences de prix de vente d’un pays à l’autre. Nous n’avons pas forcément les mêmes plannings pour préparer les outils commerciaux, pour les dates de livraison dans nos entrepôts respectifs. Et, le dernier exemple mais pas des moindres, la rédaction du contrat entre nos quatre sociétés. Heureusement, notre envie commune de faire aboutir ce projet était plus forte et nous a permis de trouver les compromis nécessaires à la bonne mise en œuvre de ce projet inédit.

Kana n’est pas seul sur le projet, car Manga Issho ce sont 4 éditeurs européens. Peux-tu nous présenter un peu les 3 autres ?
Il y a Altraverse pour l’Allemagne, Planeta pour l’Espagne, et Star Comics pour l’Italie. Comme Kana, ces trois autres maisons d’éditions sont, si ce n’est le leader, parmi les leaders, de leur marché du manga. Et chacune de ces maisons, en plus de licences japonaises, se sont aussi lancées dans la création de manga par des auteurs européens.
Certaines que nous avons nous-mêmes éditées chez Kana comme Backhome de Sergio Hernandez et Toni Caballero ou Le secret de Scarecrow de Gin Zarbo.
Ma question suivante est assez évidente, on doit vous la poser souvent : pourquoi, après plusieurs décennies d’essais infructueux dans les magazines de prépublication de manga en France, vous en lancez un nouveau ?
Parce qu’on est des fous et des obstinés ! Plus sérieusement, le contexte n’a plus rien à voir avec celui des essais précédents. Que ce soit le marché francophone ou les marchés de nos confrères, ils ont tous connu la même croissance incroyable des dernières années et surtout, nous avons tous une base de lecteurs beaucoup plus importante qu’à l’époque.
Quels sont vos objectifs de vente du premier numéro ? Combien d’exemplaires ont été imprimés ?
Nous ne nous sommes pas fixés d’objectifs de vente du premier numéro. Nous savons tous que, pour ce type de projet, il faut se laisser du temps. On s’est donc mis d’accord pour 3 ans de publications (12 numéros) et on fera le point à ce moment-là.
Pour ce premier numéro, on est autour de 45 000 exemplaires imprimés.
Est-ce que vous vous êtes inspirés des magazines de prépublication japonais ? Quels points communs, quelles différences avec ces derniers ?
Oui, bien sûr, nous avions l’exemple japonais en tête. C’est celui dont on rêve tous depuis qu’on en a eu entre nos mains. On a donc essayé de s’en rapprocher au niveau du format, de la pagination. Un temps, nous voulions même essayer d’avoir le même papier que celui qui est utilisé au Japon. Mais, paradoxalement, ce type de papier de mauvaise qualité n’étant plus demandé en Europe, cela revenait plus cher d’utiliser ce papier de moindre qualité que l’offset que nous avons retenu in fine.

Ensuite, dans le contenu, si nous avons quelques récits à suivre, nous avons plus d’histoires courtes et de one-shot qu’au Japon.
Mais la grosse différence tient surtout au fait que notre magazine ne répond pas à une cible éditoriale très stricte comme ça l’est au Japon. Nous voulons proposer des histoires tout public, dans tous les genres pour nourrir la curiosité des lecteurs en leur offrant des récits très variés dans des styles très divers. On veut que Manga Issho soit une plateforme pour promouvoir la richesse et la diversité de la création manga européenne.
Dans la préface, en parlant de la nouvelle génération de mangakas européens, vous dites aussi « Manga Issho est né pour répondre à cette nouvelle “urgence” artistique, pour lui donner un moyen de s’exprimer et de se matérialiser. » Quelle est donc cette « urgence » ?
Il y a vraiment une nouvelle génération d’auteurs qui n’envisage de raconter ses histoires que dans le format manga, en utilisant sa grammaire. Notre rôle à nous, éditeurs, est de les accompagner, de leur fournir une plateforme qui permettra de les faire découvrir à nos lecteurs. Il y a bien sûr le fait d’éditer leurs séries mais avec la production actuelle, ce n’est pas suffisant pour leur donner la visibilité qu’ils méritent. Elle est là l’urgence, montrer ses talents, les faire connaître, pour qu’ils puissent se déployer et toucher le plus grand nombre de lecteurs possibles.
Il y a une phrase de Christel Hoolans, dans une de nos interviews qui me revient beaucoup en tête depuis un an « Laissez travailler les locaux, ils connaissent leur marché ». Nous avons fait l’interview en janvier 2024, et depuis j’ai vu la fin de Piccoma en Europe, le développement de Mangas Io et maintenant il y a Manga Issho. On a l’impression que la bataille est féroce pour le développement du manga dans le monde mais que l’hégémonie japonaise et le déclin des éditeurs locaux n’est finalement pas écrit… Tu en penses quoi ?
Je crois qu’un modèle n’est pas transposable à l’identique d’un pays à l’autre. Pour des raisons culturelles et historiques en premier lieu. Les contextes ne sont pas les mêmes. Les marchés ne sont pas les mêmes. On doit imaginer d’autres façons de faire et ce sont les acteurs locaux qui connaissent le mieux leur marché, leurs lecteurs, qui trouveront les bonnes solutions à mon sens. Mangas Io est un bon exemple. Au Japon, l’offre d’abonnement pour un service n’est pas du tout ancrée dans les pratiques des Japonais. Là où, au contraire, elle l’est très clairement chez nous. La proposition de Mangas Io a tout son sens sur notre marché mais aucun sens pour le marché japonais, à date. L’édition n’est pas une science exacte où il suffirait d’appliquer une règle pour que ça marche à chaque fois, partout, tout le temps, pour tout le monde.
D’ailleurs, en parlant de Mangas Io : pourquoi le papier avec Manga Issho, et pas le numérique ?
Tout simplement parce que le marché du numérique n’est pas encore assez développé dans nos pays européens pour que ça puisse être viable. Encore une fois, à date. Nous ne nous sommes pas interdits de décliner Manga Issho au format numérique. Ce n’est juste pas le bon moment pour le faire.
Ensuite, et enfin qui sont vos auteurs et autrices ? Comment les avez-vous sélectionnés ?

Côté francophone, on a Cab et Federica di Meo, les auteurs d’Oneira. Un duo européen c’était parfait pour ce projet. Clin d’œil
Cab a tellement de choses à raconter dans cet univers qu’on s’est dit que ça pouvait être l’occasion d’approfondir l’univers, avec une histoire à suivre dans ce magazine. L’occasion de faire découvrir cet univers à de nouveaux lecteurs avant de lancer le deuxième arc.
On a également Mx Loboto pour Schodjinn+, un nouvel auteur, parce que ce magazine doit aussi servir à ça, faire découvrir de nouveau talent. Et enfin, Reno Lemaire. Reno n’est plus à présenter, mais un auteur comme lui a forcément d’autres facettes de son art à nous partager, d’autres univers à nous faire découvrir en dehors de sa série Dreamland. Reno a parfaitement compris l’intérêt du projet pour la création européenne, et que ça pouvait être aussi pour lui l’occasion de s’offrir une récréation par rapport à sa série principale, s’amuser dans un autre registre sur un récit court ce qu’il a fait, pour notre grand bonheur, avec Mother Jack.
Comment évoluera le contenu d’un numéro à un autre, avec un système de vote ?
On va effectivement mettre en place un système de vote via le site Mangaissho.com Mais ça ne déterminera pas le contenu du magazine. Ce sera plus une façon pour nous, éditeurs, d’avoir un retour des lecteurs sur les artistes, sur les histoires, qui leur plaisent. Nous sommes assez curieux de voir s’il y aura de fortes différences entre les pays.
Côté contenu, on suivra toujours notre ligne tout public, tout type d’histoire, qui mêle des récits à suivre et des one-shot, et bien sûr, toujours inédits.
Niveau nationalité, on part sur des mangakas européens donc ? Ou juste hors du Japon ? Parce que Manga Issho est aussi disponible en Amérique du Sud, par exemple.
On part sur des mangakas européens. Manga Issho est aussi disponible en Amérique du Sud dans les pays hispanophones parce que Planeta peut aussi diffuser et distribuer dans ces pays du fait de la langue commune. Manga Issho est un magazine européen pour promouvoir les auteurs européens, ce qui nous laisse déjà largement de quoi nourrir notre magazine. Après, on pourra toujours réfléchir à d’autres magazines, avec d’autres partenaires hors Europe. L’idée de base est de faire connaître nos auteurs à un plus large public en s’ouvrant à d’autres pays européens. On pourra aussi l’envisager à l’avenir en dehors des frontières européennes. Il faudra trouver d’autres partenaires, recommencer à apprendre à se connaître les uns les autres pour pouvoir travailler ensemble, etc. Chaque chose en son temps.
Sur les œuvres pour finir : est-ce que ce sont des projets qui étaient déjà en genèse et que vous publiez dans le magazine pour les mettre en avant et en lumière avant une version tankobon classique, à la japonaise ? Ou est-ce que les œuvres ont été créées pour le magazine et que vous attendez des retours pour réfléchir à en publier certaines ?
Il y a différents cas de figures. Tous les récits sont inédits et ont été créés pour Manga Issho. Certains, parmi les histoires à suivre, se verront publiées en format tankobon. Ce sera le cas pour l’histoire de Cab et Federica par exemple. Mais il n’y a aucune obligation. Pour les histoires courtes, ce ne sont pas tous des projets qui ont été pensés pour être développés en série par la suite. Mais évidemment, en fonction du retour des lecteurs, cela pourrait le devenir. Certaines de ces histoires seront peut-être les épisodes pilotes des séries de demain. Encore une fois, l’envie est de faire découvrir le travail des auteurs européens à nos publics avant tout.
Et enfin, un message à nos lecteurs, qui hésiteraient à passer le pas ?
4,90 € pour plus de 300 pages de lecture en grand format, vous ne risquez pas grand-chose. Clin d’œil
Surtout, la curiosité n’est pas un vilain défaut. Si vous n’aviez pas été curieux vous ne vous seriez jamais intéressé à cette BD venue du Japon qu’est le manga. Continuez d’être curieux, vous allez découvrir de nouveaux auteurs bourrés de talents. Et dites-vous bien que c’est votre curiosité, votre ouverture d’esprit, qui nourrira à son tour la création manga dans son ensemble pour qu’on puisse tous continuer à lire, découvrir de nouveaux mangas passionnants.
Quelques mots avant la fin
Voilà ce qui conclut la longue interview de l’éditeur Timothée Guenot. Il avait beaucoup de choses à nous raconter sur ce projet européen de longue haleine. Avant de partir sur la conclusion de cet article, laissons les auteurs Cab et Federica Di Meo nous dire quelques mots sur Manga Issho.
Cab de Oneira

L’idée d’un magazine « comme au Japon » ne date pas d’hier et n’a globalement jamais vraiment saisi le public européen, mais, en ce qui me concerne, c’est justement par ses différences que le Issho trouve sa force. Ce n’est à proprement parler pas de la prépublication comme on pourrait l’attendre dans le format d’un magazine standard, ce n’est pas non plus le même rythme, la même cible éditoriale, ou encore le même pays de diffusion. Le Issho ne singe donc pas les magazines japonais et s’offre une singularité qui permet aux lecteurs d’avoir un livre dans un format agréable de 300 pages d’excellente facture, rempli d’histoires diverses et variées, de fond comme de forme, à retrouver chaque trimestre.
Cela veut dire que peu importe quel genre de lecteur on est, il y aura forcément une pépite à découvrir dans le contenu, dans un one-shot de 20 pages, une histoire longue de 200, d’un artiste que l’on suit déjà ou un autre dont on aurait jamais connu le travail autrement. Issho offre une vitrine de choix, nouveaux et immenses, aux lecteurs européens encore jamais vus.
Faire partie de l’aventure était pour nous une chance de rejoindre une initiative nouvelle et pleine de sens, mais aussi de pouvoir faire connaître Oneira avec un rayonnement d’une ampleur tout autre, et ce grâce à une histoire originale que l’on aurait peut-être jamais pris le temps de faire autrement dans un format plus conventionnel.
Les planètes se sont alignées nous permettant de faire partir Oneira dans un merveilleux voyage partout en Europe avec un spin-off qui, on l’espère, séduira les lecteurs de la première heure, et ceux à venir.
Federica Di Meo de Oneira
Personnellement je trouve que c’est un projet extrêmement particulier et impactant, réunissant quatre maisons d’édition et de nombreux pays européens, bien plus de quatre, c’est unique. Cela semblait également être une merveilleuse opportunité de faire connaître Oneira au plus grand nombre, avec une histoire en plusieurs chapitres inédite !
J’ai aimé me mettre au défi avec les scripts toujours merveilleux de Cab, et en utilisant une structure très similaire à celle des magazines japonais, avec des chapitres à la pagination très précise, je pense que cela nous a poussé à donner le meilleur de nous-mêmes, et ça se reflète pour moi aussi dans la qualité des nouveaux tomes d’Oneira !
J’ai plaisir à découvrir l’affection débordante des lecteurs, les nombreux artistes que je ne connaissais pas, découvrir qu’il y a plus de choses qui nous unissent que de différences, le manga est vraiment un langage universel qui nous unit, nous stimule à donner encore plus.
Vous l’aurez certainement compris mais Manga Issho a mis longtemps avant de se concrétiser. Après des années de recherches et production, le magazine est enfin entre nos mains et nous permet de découvrir ou redécouvrir des talents européens de tout horizon. Débutant ou vétéran, tous et toutes sont là pour nous faire rêver. Kana, altraverse, Planeta et Star Comics travaillent de concert pour développer le manga made in Europe alors foncez vous procurer les numéros de Manga Issho !