Journal du toku : Le tokusatsu, un médium plus présent que jamais

Pour ce premier article marquant la collaboration entre l’association Tokulture et Journal du Japon, parlons bien évidemment de tokusatsu, mais dans un cadre plus global et parfois plus surprenant : l’utilisation de ses codes visuels (son amour du costume, des effets spéciaux et sa mise en scène si reconnaissable) au sein d’œuvres et autres médiums qui ne sont pas du tokusatsu.

On ne parlera alors pas de simples clins d’œil à du tokusatsu dans un autre support, ou d’adaptation directe d’un médium à un autre, mais de cette façon parfois très amusante qu’a le tokusatsu à venir en renfort, s’infiltrer un peu partout, même dans les endroits les plus cocasses. Petit tour d’horizon non exhaustif de ces quelques représentants que nous avons depuis le début des années 2020, déjà riche en surprises !

Article rédigé par Marvin Ringard de l’équipe Tokulture

Quand sentai rime avec isekai, le mélange détonnant des deux mondes

Commençons en douceur : vous l’avez peut-être vu passer, voire suivie en cette saison d’anime hivernale, mais, à Tokulture, une série nous avait attiré l’attention : Sentai Red Isekai de Bôkensha ni Naru, ou The Red Ranger Becomes an Adventurer in Another World sur Crunchyroll. Les bases de la série, adaptée du manga éponyme par Koyoshi Nakayoshi, nous propose de suivre les aventures de “Red”, le guerrier rouge d’une équipe de type Sentai (une équipe de héros colorés souvent accompagnée d’un robot géant), qui se retrouve projeté… dans un autre monde. Il s’agit clairement un pastiche d’heroic fantasy et de codes du JRPG comme souvent avec les récits typés isekai, mot qu’on retrouve d’ailleurs dans le titre.

The Red Ranger Becomes an Adventurer in Another World
©Koyoshi Nakayoshi, Square Enix et Satelight

Le lien aurait pu s’arrêter rapidement à cette simple idée de prendre un “Ranger Rouge” et de le projeter dans un autre monde en n’exploitant qu’en surface les poncifs les plus connus de son genre. Mais que ce soit le manga lui-même ou l’anime, les deux sont écrits par des amoureux des héros du tokusatsu ; et on se surprend à découvrir dans chaque épisode des éléments toujours plus pointus pour le connaisseur averti, preuve d’un profond respect du genre. L’épisode 8 est le parfait condensé de cette passion débordante : il est, pour l’occasion, scénarisé par Toshiki Inoue , une pointure du tokusatsu depuis plus de 40 ans, qui a su créer de nombreuses œuvres mémorables. C’est à lui qu’on doit le renouveau du sentai en 1991 avec Chôjin Sentai Jetman, des œuvres décalées comme Changérion ou sombres et torturées comme Kamen Rider 555.

En se servant comme excuse d’un long flashback sur le héros dans son monde d’origine et de son rapport avec son rival, Inoue nous offre un simili épisode complet de sentai (les flashbacks dans la série sont présentés comme les “épisodes d’une série TV”) où s’entremêlent avec joie une totale compréhension de l’écriture d’un bon épisode de sentai et de nombreux clins d’œil à ses précédents travaux, et bien plus encore. Même en tant qu’amateur, l’épisode donne le tournis dans sa générosité de références et d’hommages rendus !

Mais la cerise sur le gâteau sera au niveau promotionnel. Déjà, nous retrouvons plusieurs acteurs de la franchise Super Sentai de Tôei pour les voix de certains personnages comme les autres compagnons de l’équipe “Kizuna Five” du héros Red : le Bleu est doublé par Shun Namiki (MegaBlue dans Denji Sentai Megaranger), la Jaune est doublée par Mika Kikuchi (DekaPink dans Tokusō Sentai Dekaranger), le Vert par Hiroshi Tsuchida (NinjaBlue dans Ninja Sentai Kakuranger), la Rose par Arisa Komiya (Yellow Buster dans Tokumei Sentai Go-Busters) et l’Argentée par Mao Ichimichi (“M.A.O” comme nom dans sa carrière de doublage), connue pour être la GokaiYellow de Kaizoku Sentai Gokaiger. Rien que ça !

Mais aussi, citons la présence de Teruaki Ogawa (le véritable Red de la série Kakuranger) comme coordinateur dans la gestuelle du héros une fois transformé, comme un Seal of Quality pour une représentation fidèle des codes du genre. Quitte à rendre hommage au sentai en général, autant s’en donner les moyens après tout !

Et en bonus qui nous fait toujours plaisir : la production a conçu un véritable costume de notre “Sentai Red”. S’il participe déjà à quelques photos promotionnelles sur les réseaux et fait même une apparition dans le clip officiel de l’ending de l’anime, on finira cet aparté sur la série avec sa présence dans une émission spéciale datant du début d’année, où les doubleurs des principaux personnages de l’anime, qui ne sont pas dans le tokusatsu de base, visitent une des fameuses carrières utilisées par la Toei dans ses productions tokusatsu. Ainsi, ils y vont pour symboliquement mieux s’imprégner, justement, de cet esprit tokusatsu, accompagné du Red en costume. Et comme le veut la tradition, l’émission se termine par une grosse explosion, qui ne laissera pas nos comédiens indifférents !

Détourner le sentai pour mieux découvrir le reste du tokusatsu ?

Avec sa saison 2 qui approche, on ne pouvait pas ne pas évoquer Sentai Daishikkaku (et son titre français discutable No Longer Rangers, disponible chez Pika en manga, Disney+ pour sa version anime), ce pastiche des codes du Sentai sous un angle plus “sombre”. Du moins, c’est comme ça qu’il est vendu. Une sorte de “The Boys appliqué au sentai” pour sa dimension déconstruction du genre, avec des héros bien moins héroïques qu’en apparence. Dans la pratique, cette comparaison ne nous a jamais vraiment semblé pertinente, et on ne le cachera pas, nous n’avons juste pas été convaincus par la proposition générale : une utilisation somme toute superficielle des codes du sentai, des séries de héros à la japonaise, qu’on aurait globalement pu remplacer par n’importe quoi d’autre sans changer profondément le récit. Du moins, sur la première saison, peut-être la seconde nous fera changer d’avis…

Mais d’ici là, nous allons plutôt vous parler d’un des à-côtés de la série, où le tokusatsu dont elle cherche tant à s’inspirer a pu réellement s’exprimer. On pourrait vous parler de l’adaptation en spectacle sur scène avec de nombreux acteurs de tokusatsu, le tout au G-Rosso, salle emblématique où sont joués de nombreux spectacles tirés officiellement de Super Sentai chaque année, mais concentrons nous sur… le thème d’ouverture de la série.

Jikai Yokoku”, chanté par Tatsuya Kitani, sert donc d’opening, et on doit reconnaître qu’il sait être accrocheur, autant dans sa musicalité que ses visuels attrayants. Mais la surprise vient des deux clips officiels sortis en parallèle qui rendent hommage au tokusatsu, mais surtout à… Ultraman et son esthétique, plutôt qu’au sentai. Dans un premier temps, un premier clip fait honneur aux opening des premières séries Ultraman des années 1960 et 1970, qui jouaient avec les silhouettes des personnages et autres monstres emblématiques sur un fond coloré presque psychédélique.

Plus intéressant, le second clip fait figure de véritable petit court-métrage 100% tokusatsu avec une parodie plus poussée que jamais à Ultraman et ses codes, jouant encore plus sur les paroles qui décrivent ces séries de “héros du matin” qui accompagnent des générations d’enfants, avec tous leurs idéaux, les rêves qu’ils laissent et parfois la désillusion ressentie une fois le spectateur entré dans l’âge adulte.

On doit ce petit bijou de mise en scène (ces cadrages méticuleux, ces maquettes soignées, l’inclusion des paroles de la chanson dans les panneaux publicitaires du décor) au réalisateur Ryô Fuji, habitué des clips et autres spots publicitaires. Mais au final, parler de son travail sur Sentai Daishikkaku nous offre l’opportunité de vous rappeler qu’il a pu réaliser sa première série tokusatsu : Tarôman !

Une belle façon de découvrir l’étendue de son travail sur une parodie, encore une fois, d’Ultraman (ce n’est pas le héros numéro 1 du Japon pour rien après tout), imitant le style volontairement désuet des séries télé des années 1970 mais tout en célébrant l’artiste surréaliste Tarô Okamoto, l’homme à qui on doit la fascinante Tour du Soleil à Osaka. Loin d’être un simple plaisir nostalgique, c’est aussi une façon rétro et moderne à la fois d’interpréter les préceptes de cet homme, avec beaucoup d’humour.

On finira ce petit tour du travail de Ryô Fuji avec une autre étrangeté qui vaut le détour, même sans parler japonais : Kazân, une série de vidéos de prévention sur les risques liés aux volcans du département d’Oita, mais à la sauce tokusatsu, bien sûr et surtout… sous l’angle de la comédie musicale ! L’art des effets spéciaux peut s’adapter à tout, et le prouve une nouvelle fois.

Shôta Aoi, into the Grand N’importe Quoi-verse

Au rayon des croisements improbables, il ne pouvait y avoir que Pop Team Epic pour réussir à inclure un soupçon de tokusatsu dans sa formule déjà si déjantée. La série, adaptée du manga éponyme de 2014, pousse les potards au-delà du raisonnable et est vite devenue un joyeux fourre-tout d’humour absurde et d’expérimentations visuelles et narratives, au travers de deux saisons, en 2018 et 2022.

Dans les derniers épisodes de la première saison, un des gags consistait en l’apparition mystérieuse de l’acteur-chanteur Shôta Aoi, directement filmé et intégré à la série, comme un personnage trans-dimensionnel. Beaucoup de questions se posaient autour de lui, laissant l’attente d’une seconde saison insoutenable… ou presque. Puis le personnage est revenu ailleurs, dans la série Gal & Dino, interprétant le même rôle et confirmant (plus pour la blague qu’autre chose) que les deux séries pouvaient être liées.

Tout ça pour aboutir dans la seconde saison de Pop Team Epic avec dans un premier temps un opening… entièrement filmé, signant le retour de Shôta Aoi dans un pastiche particulièrement réussi de Kamen Rider, le héros à moto de Tôei ! Un petit bonbon pour nous, dont on peut vous renvoyer sur notre présentation sur X du staff technique et des nombreux clins d’œil derrière cet opening, mais sachez tout simplement que ce sont derrière des habitués du genre, et que rien n’a été laissé au hasard. Mais ce n’est pas tout !

Le personnage aurait pu revenir juste pour ce générique, mais l’équipe de Pop Team Epic a décidé d’aller jusqu’au bout du délire avec un dernier épisode de saison… entièrement en prise de vue réelle, façon épisode de Kamen Rider. Les caméos fusent (dont le “grand méchant” de l’épisode n’est ni plus ni moins que le chanteur culte T.M Revolution !), les belles chorégraphies aussi, et finit même en parodie de Kamen Rider Decade (2009), une série qui jouait (justement) sur les voyages inter-dimensionnels, pour offrir une séquence dantesque où toutes les versions des héroïnes Popuko et Pipimi se joignent au combat final !

Carrotman, le héros bon pour la santé !

Tout aussi récent – on aime quand tous les astres s’alignent pour nous offrir de telles surprises – on citera l’apparition d’un spin-off tokusatsu dans une franchise sur laquelle nous n’aurions pas parié : Uma Musume. Vous ne connaissez pas ? C’est une licence transmédia (anime, manga, jeux vidéo) de Cygames, proposant des courses hyppiques, avec pour particularité de mettre en scène des personnages mi-femme, mi-jument ! Un vrai petit succès qui ne cesse de croître depuis 2018, et qui franchit un nouveau pas en 2025 avec du tokusatsu qui s’invite à la fête !

Dans le lore de cet univers transmédia, la jeune coureuse Bikô Pegasus est en fait fan de série tokusatsu ! Avec l’une de ses tenues, elle porte même complètement des objets qui respirent l’hommage à Kamen Rider : sa grosse ceinture stylisée et son bracelet coloré ne trompent personne, elle est des nôtres. Puis Cygames décide en 2025 de s’amuser avec cet élément pour promouvoir sa déclinaison vidéoludique de sa franchise avec, pour commencer, une publicité filmée, avec tous les codes du tokusatsu, mettant en scène l’héroïne de Pegasus (qu’on pouvait déjà croiser sur certaines illustrations du jeu) : Eiyô senshi Carrotman (Carrotman, le justicier de la nutrition, doublé ici par la comédienne Yuri Sakuma) ! A l’écran, un spot publicitaire dynamique et explosif. Seulement 15 secondes avec tant d’éléments si bien mis en scène ? C’était en fait l’arbre qui cachait une belle forêt.

En effet, quelques jours à peine après, le véritable plan s’est mis en place : c’est tout un épisode autour du personnage de 19 minutes qui a été en fait réalisé et mis en ligne sur la chaîne officielle Youtube de Uma Musume ! Nous ne sommes pas dans une simple parodie, mais bien une belle lettre d’amour à toute cette production, réalisée avec grand soin dans ses moindres détails : le beau costume de notre héroïne fan de carotte, l’amusant monstre cochon Lardon et ses hommes de main “huileux”, ses scènes d’action pêchues et son scénario amusant, où Pegasus va pouvoir rencontrer son idole et se battre à ses côtés, tel un épisode crossover improbable d’une série Kamen Rider. Une vraie pastille du genre qui se paie un double luxe : l’action est dirigée par l’équipe B.O.S., spécialisée dans les cascades des séries Super Sentai et Kamen Rider, et le thème principal est chanté par Hironobu Kageyama !

En complément, le site officiel de Cygames a mis en ligne quelques artworks de ce projet, ainsi que des images “behind the scene” des chorégraphies des combats. Et lors d’une émission présentant l’actualité de la franchise, Carrotman et Lardon se sont battus sur les plateaux ! L’émission n’est hélas plus disponible, mais la photo de groupe prise pour l’occasion mérite toujours le coup d’œil !

Les gasha-games mettent aussi la main à la poche

Cygames n’est pas le seul mastodonte du jeu mobile et/ou gasha qui aura tenté de nous séduire sur le terrain des effets spéciaux. Chez MiHaYo, on sait aussi sortir le grand jeu ! Le studio s’est depuis quelques années forgé une belle réputation dans la catégorie des jeux free-to-play avec la franchise Honkai, et tout récemment à plus grande échelle avec Genshin Impact. Dans notre cas, nous allons nous plonger dans l’univers des franchises Honkai, avec la 4e entrée, Honkai Star Rail. Si la troisième, Honkai Impact 3rd, versait dans le jeu d’action 3D très nerveux, Star Rail est quant à lui un JRPG au tour par tour, toujours avec le modèle F2P et autre système de tirage de personnages.

Honkai Star Rail Saga of Heroes
©MiHaYo

Lancé en 2023 avec succès, MiHaYo propose contre toute attente le 1er avril 2024, presque un an après la sortie du jeu, un court-métrage tokusatsu tout en costume mettant en scène la mascotte du jeu dans un pastiche de Super Sentai et de robot géant ! D’autant que pour ne rien gâcher, le studio sait y mettre les moyens : “Battle Finale : La légende du Cosmo-pionnier” de son nom en français – le métrage est disponible en japonais ou anglais côté voix, et sous-titré en une dizaine de langues dont le français – est réalisé par une autre pointure du tokusatsu, Hiroshi Butsuda.

L’homme travaille dans le tokusatsu depuis plus de 40 ans, et s’est fait une spécialité dans la gestion du gigantisme, des scènes d’imposants robots et autres créatures géantes. En 1993, il réalise par exemple l’improbable mais réjouissant Ultraman vs. Kamen Rider, et plus récemment, en mai 2023, la publicité mettant en scène le robot du “Shin Japan Heroes Universe”, ce robot composé de… Shin Godzilla, Shin Ultraman, Shin Evangelion (le nom japonais du 4e film) et Shin Kamen Rider. Donc pour lui, mettre en scène la mascotte en mode robot géant dans une ville en ruine, c’est une formalité qu’on prend plaisir à regarder ! Les amoureux de robots géants peuvent même profiter des artworks qui ont permis la réalisation du robot clé du métrage sur le compte officiel X, en plus de fausses affiches pour ce prétendu “film”.

Évidemment, MiHaYo n’allait pas s’arrêter là et remet une pièce le 28 juin 2024 avec cette fois-ci un court-métrage qui met en scène le personnage de Firefly. Introduite quelques semaines auparavant, elle a la possibilité de revêtir l’armure de combat “Sam”, et lui donne des allures (pleinement assumées) de héros tokusatsu, Kamen Rider en tête de liste. Pour l’occasion, le petit court-métrage, à peine 2 minutes, s’amuse avec les codes de ce genre de série, avec des ennemis “poubelles” ridiculement amusants, une héroïne d’une classe folle avant et après transformation et quelques références visuelles et sonores à la franchise du motard masqué. En prime : le personnage secondaire qui apparaît est l’actrice Kokoro Aoshima, que les fans de tokusatsu connaissent désormais bien avec son rôle de Tsumuri dans Kamen Rider Geats, ou Alice dans un des spin-off de Garo, Zero: Dragon Blood. A sa manière, par son hommage et ses choix de caméos, MiHaYo boucle la boucle.

Le Brésil, une des terres incontournables du tokusatsu !

S’il paraît finalement assez normal malgré tout que ces extensions d’univers façon tokusatsu se fassent de la part du Japon, éventuellement un pays très proche comme la Chine dans le cas de MiHaYo, il existe aussi quelques cas venant de l’occident. Non, nous ne parlerons pas de Power Rangers, mais de cas encore plus atypique.

On ne présente plus la saga de jeux-vidéo Assassin’s Creed, de la part du studio breton Ubisoft, fort d’une longue carrière depuis plus de 15 ans, et dont un nouvel opus vient de sortir, Assassin’s Creed Shadow. La particularité de ce dernier est de se dérouler dans l’ancien Japon, suivant l’histoire de la ninja Naoe et du samouraï Yasuke, personnage historique dont peu d’informations sont finalement connues si ce n’est d’être le premier samouraï noir de l’histoire japonaise.

Peu de temps avant la sortie du jeu, le 18 mars dernier, Ubisoft Brésil (détail qui va avoir son importance) dévoile une drôle de façon de marketer le jeu, mais finalement assez logique : une parodie d’opening de série tokusatsu tout droit venue des années 80 (avec format 4:3 et grain d’époque de l’image respectés), mettant donc en scène Naoe et Yasuke en héros transformables ! L’esprit et l’énergie derrière ce générique évoquent les séries de Metal Hero, une des franchises phares du héros tokusatsu du Tôei des années 1980, qu’on a aussi connu en France par exemple, avec des séries comme Gavan (“X-Or”), Spielvan ou Jiraiya.

Il faut savoir qu’à l’instar de la France, le Brésil aussi a eu son heure de gloire côté série tokusatsu à la télévision et impact culturel sans précédent. Comme nous avec Gavan et Bioman, des séries comme Jaspion et Spielvan sont particulièrement cultes chez eux – bien que le projet soit hélas sans nouvelles depuis, un film brésilien de Jaspion a été annoncé en 2018, un peu comme avec notre film Nicky Larson pour City Hunter. Tout naturellement, on retrouve quelques clins d’oeils dans ce pastiche endiablé, comme les plans de coucher de soleil qui renvoient directement à ceux croisés dans le générique de Jikû Senshi Spielvan, la série de 1986.

La chanson, “Strike as one”, est composée par l’artiste Eduardo « Edu » Falaschi, une tête connue de la scène power métal brésilienne, et notre duo Naoe & Yasuke est joué respectivement par Thais Matsufugi et JogaZulu, deux créateurs de contenu, l’une sur Instagram, l’autre sur Youtube principalement, en plus d’être lutteur de MMA professionnel. En bonus, il existe même une version japonaise de cet opening, tout aussi officielle et pas chantée par n’importe qui : Ubisoft a fait appel à Tarô Kobayashi, un chanteur bien connu dans le tokusatsu, puisqu’il a chanté les opening de la série Kamen Rider Amazons !

Au final, derrière cette démarche, quoi de plus naturel pour un pays particulièrement attaché au tokusatsu que de proposer un tel hommage pour un jeu se déroulant au Japon ! Surtout qu’il est toujours bon de rappeler que le très sympathique jeu vidéo Chroma Squad, le “simulateur de tournage de série tokusatsu” a été conçu par le studio Beholds, un studio… brésilien, et que son trailer de lancement est une parodie aussi en chanson des séries Super Sentai !

Et le Roi des Monstres dans tout ça ?

Finissons cette petite sélection en évoquant un roi parmi les rois et figure ô combien importante du tokusatsu moderne et du film de monstre géant japonais : Godzilla !

Ici, nous parlerons de publicités dédiés au monstre, mais pas n’importe lesquelles : celles pour la marque de café “Boss”, de la société Suntory. Des publicités qui vont plus loin que simplement utiliser l’image de Godzilla pour vendre son produit d’une façon décalée et amusante (comme les récents spots pour McDonald’s par exemple, qu’on adore), mais plus sous la forme d’un très grand hommage à une icône du cinéma japonais. En collaboration avec les artisans du studio Tôhô pour des réalisations tout en costumes et maquettes traditionnelles, cette série de pub s’est étalée de 2019 à 2023 (une tous les deux ans), en prévision du 70ème anniversaire du monstre le 3 novembre 2024 dernier.

En 2019, les 65 ans du film originel, cette première publicité aura été un vibrant hommage à Haruo Nakajima, l’homme sous le costume du monstre pendant près de 20 ans. Ce véritable court-métrage nous offre en une minute bien remplie tout un résumé du travail titanesque derrière le poste de suit-actor, entre difficulté à se mouvoir entre les maquettes d’une ville dévastée et impératif d’une prise unique, le tout en reprenant avec brio l’esthétique des films d’époque. Un making-of est aussi disponible, pour mieux se rendre compte de l’ampleur du projet.

En 2021, pour poursuivre cet anniversaire et à l’occasion de la sortie du film américain Godzilla Vs. Kong, une nouvelle pub fait ici la part belle aux origines mêmes du tokusatsu. La publicité nous retrace comment les productions américaines ont pu impacter l’imaginaire japonais, et engendré toute une génération de cinéastes avides de montrer leurs talents durant les vingt ans à venir, jusqu’à arriver au premier point de départ moderne du tokusatsu, le Godzilla de 1954. “L’impact bleu” mentionné dans la vidéo fait référence à l’ancêtre du fond vert, qui offrait de nombreuses possibilités en termes d’effets spéciaux et d’incrustations à l’écran. Si King Kong n’est pas explicitement mentionné, c’est une réelle inspiration revendiquée, et montre à sa manière que les deux cultures se répondent mutuellement.

Et en 2023, pour accompagner la sortie de Godzilla Minus One, une troisième pub, plus sobre mais qui ne manque pas de panache, fera une sorte de rétrospective de toutes les représentations de Godzilla au travers d’un montage dynamique utilisant les images de ces différents films, pour finir sur un mémorable souffle atomique ! Et tout ça, on le rappelle, dans une publicité pour.. du café en canette. En prime, quelques images du tournage du plan final !

On ne le redira jamais assez : le tokusatsu est une branche des productions japonaises sans doute bien plus présente dans sa culture populaire et bien ailleurs qu’on ne le pense. On espère que cet article aura éveillé quelques curiosités, ou simplement amusé face à certains exemples incongrus, mais toujours réalisés avec beaucoup d’amour.

On finira avec l’initiative de la marque de jouet pour adulte Tenga, qui s’était déjà fait remarquer avec ses déclinaisons en jouets robots transformables, et qui a sorti il y a quelques mois une pub parodiant Kamen Rider pour un “accessoire complémentaire” à leurs produits principaux !

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