Gaming Memories Xtend 02 – Marvel et Capcom, une histoire fraternelle de longue date
Initialement sortie en septembre 2024, la compilation Marvel vs Capcom Fighting Collection regroupait l’intégralité des jeux d’arcade de Capcom dédiés aux héros en tenues de lycra sur PlayStation 4, 5, Steam et Switch. La Xbox rejoignant désormais les rangs en février 2025, Journal du Japon profite de l’occasion pour revenir sur la longue camaraderie qui unit les deux éditeurs depuis plus de vingt ans maintenant. En avant pour Gaming Memories Xtend 02, entre Histoire et test !

©Capcom 2024, 2025
Les débuts de la collaboration
Commençons par présenter les deux acteurs principaux de cette collaboration : Marvel et Capcom.
Marvel, tout d’abord appelé « Timely Comics » à ses débuts, est un éditeur de bande-dessinée – ou comics – américaine créée en 1939. En 1951, il change de nom et devient « Atlas Comic »s pour finalement arriver à « Marvel Comics » en 1961. C’est l’un des plus gros producteurs de comics aux États-Unis, aux côtés de DC Comics. Difficile, de nos jours, de ne jamais avoir entendu parler de leurs héros les plus connus tels que les X-Men, Spider-Man ou Deadpool via moult films et séries dérivés (majoritairement produits par Netflix). Au total, on comptabilise plus de 70 000 personnages – héros comme antagonistes – créés par la société, imaginés ou illustrés par Stan Lee, Todd McFarlane ou Jack Kirby, entre autres.
Marvel s’illustre donc aussi bien dans les comics que dans les séries et films dérivés, mais on a également pu, au fil des années, voir de nombreuses adaptations de leurs héros en dessins animés, avec, par exemple, Spider-Man (diffusé sur TF1 en France) et les X-Men dans les années 1990 et première moitié 2000 pour les plus connus (ils avaient d’ailleurs leur propre émission de jeunesse nommée « F3X – Le choc des titans » diffusée tous les dimanches matins et regroupant aussi des séries animées DC). Un véritable raz-de-marée qui dure depuis longtemps, et qui s’est forcément vu dérivé en jeux vidéo aussi. Des éditeurs américains comme Activision se sont illustrés avec des productions de qualité autour de l’homme araignée par exemple, et le Japon a bien entendu fait partie de la fête. Si Konami a été le premier éditeur japonais à produire un beat’em-up tout simplement nommé X-Men en salle d’arcade en février 1992 (on pouvait y jouer à six simultanément !), c’est cependant Capcom qui aura produit les œuvres le plus réussies et originales.

Marvel vs Capcom Fighting Collection ©Capcom 2024, 2025
Là encore, l’origine dudit éditeur japonais Capcom date de bien plus longtemps qu’on ne le pense : c’est en 1979 que Kenzo Tsujimoto, alors président d’Irem (une autre société de jeu vidéo emblématique des années 1980 notamment pour Kung-fu Master etleur excellente série R-Type), fonde alors une autre entreprise en parallèle : I.R.M. Le le but est de distribuer des jeux électroniques aux cotés de Capsule Computer (sa filiale japonaise), qui finiront par fusionner pour devenir Capcom Co., Ltd en 1983 !
Capcom s’est ainsi démarqué au fil des années par leur présence éminente sur consoles NES et Super NES, ainsi qu’en salle d’arcade. Ils sont responsables de licences extrêmement populaires telles que Mega Man, Street Fighter, Resident Evil ou encore Ace Attorney, séries qui reviennent régulièrement sur nos pages. Et alors que Capcom se faisait un nom progressivement dans le monde du Beat’em-up avec Final Fight (1989), Captain Commando (1991) et Cadillacs and Dinosaurs (février 1993), l’excellent The Punisher arrive sur jeu d’arcade en avril de la même année et fera très vite oublier le néanmoins sympathique beat’em-up X-Men de Konami. Le début d’une collaboration de très longue date, donc !

jouables de ces jeux. ©Capcom 2024, 2025
Des X-Men…
Passons sur The Punisher, dont nous avons déjà parlé dans un numéro précédent, pour nous pencher sur le premier jeu de combat de « super » made in Capcom. Il s’agit de X-Men : Children of the Atom, sorti en décembre 1994 sur jeu d’arcade. Adapté du comics éponyme, il mettait en scène parmi les X-Men les plus populaires (Wolverine, Storm, Cyclope, etc.) aux prises avec l’habituel vilain de service, Magneto. Le jeu se place directement après les différentes versions de Street Fighter II et Darkstalkers, (juillet 1994) et prouvant à quel point l’éditeur effectuait un travail acharné dans les domaines de la torgnole gratuite. Children of the Atom en reprend donc les mécaniques principales, comme tout bon jeu de combat, mais en introduit aussi de nouvelles.
Le jeu s’avère aussi être une évolution des titres auxquels il fait suite avec, par exemple, la possibilité de poursuivre son adversaire pour continuer à le frapper après une projection, ou celle de viser un point précis avec certains personnages. Il introduit aussi l’idée du sol qui peut se détruire et le combat qui continue sous un autre niveau. Les combattants ont une jauge de « Special » qui se remplit au fur et à mesure qu’ils frappent et, à terme, peuvent lancer soit une grosse attaque qui consomme cette jauge, soit en utiliser une portion pour une garde parfaite. Des mécaniques qui deviendront classiques du jeu vidéo du genre – Children of the Atom n’est donc pas qu’une simple exploitation de licence pour de l’argent mais bel et bien une évolution qui pardonnera quelques détails un peu étranges, telle la police d’écriture des textes en combat qui semble totalement hors de propos. Le jeu a ensuite été porté sur Sega Saturn, où il a reçu des critiques extrêmement positives (la console était réputée pour ses portages dits « Arcade perfect », après tout). Mais la version MS-DOS (l’ancêtre de Windows tel qu’on le connait) était « acceptable » et celle sur PlayStation, parue en 1998, était « médiocre », souffrant de ralentissements et d’animations supprimées…
Children of the Atom s’avère avoir été un énorme succès à sa sortie ; considéré par certains comme le premier jeu vidéo à enfin exploiter correctement l’essence des comics, c’était aussi la cinquième borne d’arcade la plus jouée à son époque. Forcément, devant un tel succès, Capcom et Marvel ne pouvaient s’arrêter là ; c’est ainsi que sortit Marvel Super Heroes en salle d’arcade à peine un an plus tard, en octobre 1994 ! Si la surprise n’est plus là et si l’appréciation globale de la presse est un peu plus basse, le jeu reste très bien reçu.
Il ne se focalise plus que sur les X-Men, comme son nom l’indique, mais plonge les joueurs dans l’univers Marvel tout entier dans une nouvelle bataille vaguement inspirée de l’histoire Thanos : Le gant de l’infini (The Infinity Gauntlet). Si la version arcade a bien été reçue, son portage a également fait preuve d’une attention toute particulière : Virgin Interactive, distributeur officiel des jeux Capcom en Europe à l’époque, a même fait l’effort de retarder la sortie de son portage sur Saturn pour coller avec l’arrivée d’une cartouche de RAM de 1mo à ajouter derrière la machine, ce afin de rendre le jeu parfaitement similaire à la version sur borne d’arcade.
… et des Street Fighters !
Les jeux Marvel produits par Capcom se sont enchaînés à une vitesse folle depuis le premier. Après MSH, les X-Men reviennent à la charge pour ce qui est considéré pour beaucoup comme le tout premier jeu de la future série Marvel vs Capcom. Sorti en 1996, X-Men vs Street Fighter s’avère être un excellent crossover et le premier de Capcom, même avant leur collaboration iconique avec leur rival de l’époque, SNK. Reprenant des mécaniques des deux productions précédentes, celle-ci se déroule en 2 contre 2, permettant au joueur de changer de personnage à tout moment (ce qui peut être l’occasion de laisser se reposer un combattant un peu trop abimé). Il reprenait toutes les mécaniques des jeux précédents en les améliorant, en faisant une fois encore un succès considérable en salle d’arcade.

mal à l’atterrissage… enfin, il a l’habitude. C’est Dan, le looser de
service après tout…
2024, 2025 ©Capcom
Si le jeu est à l’origine sorti sur borne d’arcade, il brille une fois encore sur Sega Saturn, là où la version PlayStation s’avère moins bonne. Mais encore une fois, le succès continue : dès l’année suivante (1997), Marvel Super Heroes vs. Street Fighter élargit la lignée. On serait, à ce niveau, en droit de se demander pourquoi avoir réduit le roster de tous les héros Capcom aux simples Street Fighters. On connait Capcom pour ses innombrables versions d’un même jeu (il suffit de voir le nombre de versions de Street Fighter II…) – le gamesystem reste assez similaire à ce qui s’est déjà fait par le passé, tout comme on a pu le sentir avec tous les beat’em-ups dont l’éditeur nous avait gratifiés dans la première moitié des années 1990. À ce rythme, on serait en droit de se demander si ces jeux ne sont pas juste de l’exploitation commerciale… mais là encore, la magie fonctionne, preuve de la qualité du travail de l’éditeur : le jeu est tout simplement le troisième le plus joué du mois de sa sortie dans les salles enfumées.
Des X-Men, des superhéros, des X-Men contre des Street Fighters, des Street Fighters contre des superhéros : tout y est passé, ou presque. 1998 marque le tournant « ultime » de tous ces crossovers avec la sortie de Marvel vs. Capcom : Clash of Super Heroes dès janvier. Si celui-ci améliore la donne encore une fois, il augmente aussi le nombre de personnages en allant plus loin, aussi bien avec les super-héros qu’avec ceux de Capcom. Cependant, tous, depuis le premier, restent relativement similaires : bien que plaisants et toujours couronnés de succès, ce n’est pas encore assez… Marvel vs Capcom 2 arrive en 2000, et cette fois sur un tout nouveau système d’arcade : exit les pourtant très bons CPS et CPS-2, le jeu tourne désormais sur NAOMI, équivalent arcade de la Dreamcast (génération similaire aux PlayStation 2, Xbox et GameCube).
MVC2, qu’on se le dise, est la quintessence de toutes ces productions passées. Extrêmement nerveux, réactif et bien animé, le jeu met cette fois en scène des combats à 3 contre 3 pour toujours plus de chaos. Ça fuse dans tous le sens, la bataille ne s’arrête jamais. Considéré comme l’un des meilleurs versus fightings de tous les temps à l’époque, il reste diablement efficace et fun de nos jours. Son ambiance particulière, typique des années 2000 et des mœurs culturelles qui évoluent, lui donnent une saveur particulière, surtout par sa bande-son très jazzy (comme dans Ridge Racer Type 4) qui fonctionne du tonnerre, pour peu que l’on soit ouvert à ce genre. Du grand Capcom que l’on pourrait sans aucun problème placer aux cotés de l’excellent Street Fighter Alpha 3 ou Rival Schools.
Autour de la compilation elle-même
Voilà ce qui vous attend dans cette compilation : des jeux de combat dynamiques, nerveux et endiablés. Que l’on préfère juste les Street Fighters, les X-Men ou plus, on a totalement le choix, et si le gameplay diffère un peu de production en production, on ne se sentira pas trop dépaysé tant la qualité est au rendez-vous. La compilation elle-même, d’ailleurs, est réussie ; comme d’habitude avec l’éditeur depuis les premières dédiées à Ace Attorney.
Le fait d’avoir The Punisher en tant que bonus est un beau cadeau qui se rangera aux cotés de très nombreuses illustrations, dessins préparatoires et autres covers liés à chacune des productions. Cette fois encore, c’est un contenu généreux qui s’offre à nous. On pourrait regretter, éventuellement, l’absence de Marvel vs. Capcom 3, mais celui-ci étant sorti directement sur consoles (PlayStation 3 et Xbox 360), on peut comprendre (sans compter que l’application serait nettement plus lourde aussi). Éventuellement, on pourrait être en droit de grincer des dents face à son prix : 50 euros, pour de l’émulation, cela ne sera pas au goût de tout le monde (soyons honnête tout de même, cela reste équivalent à la précédente compilation de Capcom, Ace Attorney Investigations, qui comporte deux jeux pour 30 euros).
… oh ? Bien sûr qu’il est possible de jouer en ligne contre le monde entier !
La compilation donne le choix entre versions japonaises et anglaises (voix et textes) pour la plupart des jeux. Les contrôles d’une borne d’arcade n’étant pas les mêmes que sur une manette, on pourra les trouver un peu étranges, pas forcément comme à nos habitudes, mais ils sont modifiables à volonté. L’intégralité des softs est jouable à deux et pour se mettre encore un peu plus dans l’ambiance, la plupart d’entre eux disposent de nombreux filtres « pour faire comme à l’époque », avec le grain d’image bien sale des écrans du siècle dernier.
Certains de ces filtres peuvent malheureusement s’avérer vite désagréables et douloureux à la longue pour les yeux les plus fragiles, et les jeux sont bourrés de flashs réguliers et d’explosions de couleurs, certes chatoyantes mais qui peuvent rapidement gêner. Attention donc, et dommage aussi que Capcom, pourtant rois de l’accessibilité dans les jeux vidéo sur ces dernières années, n’ait rien fait à ce sujet.
Depuis 2017, avec Marvel vs. Capcom : Infinite, la collaboration entre les deux géants était endormie. Avec son retour via la compilation Marvel vs Capcom Fighting Collection, on est désormais en droit d’espérer un éventuel nouvel épisode ! La compilation, quoi qu’il en soit, reste de qualité, et regroupe des jeux eux-mêmes de qualité. Avec son arrivée sur machines Xbox, il n’y a plus aucune excuse pour y échapper si vous êtes amateurs de bons jeux de combat. La bataille n’attend plus que vous pour faire rage !

FRACASSER MUTUELLEMENT LA FACE !
Marvel vs Capcom Fighting Collection ©Capcom 2024, 2025