CLAMP Universe : le lancement de collection événement chez Pika

C’est donc avec un grand plaisir que Journal du Japon a accueilli l’annonce d’une nouvelle collection dédiée à CLAMP, intitulée CLAMP Universe, censée devenir celle de référence pour toutes les œuvres marquantes des autrices. Parmi les auteurs ou autrices qui traversent les générations, il existe un quatuor qui s’est fait connaître dans les années 90 en France : le studio CLAMP. À travers des œuvres mythiques comme Tokyo Babylon, X, Card Captor Sakura, XXX Holic et encore bien d’autres, le quatuor est indissociable de la passion pour le manga de nombre de lecteurs.

C’est aussi une belle occasion pour vous parler des œuvres de CLAMP qui manquaient cruellement dans les colonnes de notre webzine. Mais avant de vous parler de XXX Holic, la première œuvre de cette nouvelle collection qui sort début avril, nous avons voulu en savoir plus sur ce retour aux éditions Pika, à l’occasion des 25 ans de la maison d’édition.

Rencontre donc avec Mehdi Benrabah, pour parler des CLAMP et de CLAMP Universe !

Préambule : le studio CLAMP, en quelques mots

Le studio CLAMP est un collectif de mangaka. Dans les années 1980, une équipe de onze ou douze amies lycéennes, inscrites au même cours de dessin, enchaîne d’abord les dōjinshi et autres histoires courtes, souvent des parodies, mais finissent par créer leurs propres histoires en 1989 avec Derayd – Moon of boundary balance, un manga fantastique inspiré d’une œuvre de science-fiction télévisuelle dessinée par Akimaya Tamayo, assistée de Mokona, Nekoi Tsubaki, Nanao Sei, Igarashi Satsuki et Sei Leeza.

CLAMP à l'Anime Expo de 2006, à Los Angeles. De gauche à droite : Satsuki, Nanase, Nekoi et Mokona.
CLAMP à l’Anime Expo de 2006, à Los Angeles. De gauche à droite : Satsuki, Nanase, Nekoi et Mokona. Crédit photo : John (Phoenix) Brown sous CC2.0

Peu de temps après, en 1990, commence la publication de la série shôjo manga RG Veda, créée par 7 membres et prépubliée dans un magazine, South n°3. C’est un succès. Shôjo, seinen et shônen : elles s’essaient ensuite à toutes les catégories et à toutes le thématiques : fantasy, drame, romance, fantastique, futuriste, folklorique, tout y passe ou presque. Le collectif CLAMP comprenait initialement plus d’une dizaine de membres, pour se réduire progressivement. Au début des années 90, Mokona élabore le concept de la future œuvre culte Tokyo Babylon et s’affirme comme la dessinatrice principale du groupe.

En 1991, des 7 membres durant RG Veda, le groupe passe à 4, et c’est le studio CLAMP tel qu’on le connaît aujourd’hui :

Nanase Ôkawa est la scénariste principale et porte-parole du groupe.
Mokona Apapa est la dessinatrice principale sur la majorité des séries.
Tsubaki Nekoi est une autre dessinatrice, spécialisée dans les SD (Super Deformed). Elle est la dessinatrice principale de certaines séries (Celui que j’aime, Wish, J’aime ce que j’aime et Lawful Drug) ;
Satsuki Igarashi s’occupe des trames et du design des livres reliés.

Par la suite, ce studio multiplie les créations et réalise certaines des œuvres les plus populaires des mangas des années 1990. Leur créativité et leur capacité à multiplier des succès dans des genres différents, fait qualifier ce collectif féminin, dans un article du Los Angeles Times de « Steven Spielberg du manga ».

Les CLAMP et Pika Éditions

Journal du Japon : Bonjour Mehdi Benrabah, et merci pour ton temps ! En ouverture de notre article nous avons fait un bref topo sur le studio CLAMP, est-ce que toi, tu en sais plus sur qui est CLAMP, sur qui fait quoi au sein de ce studio ?

Mehdi-Benrabah
Mehdi Benrabah

Mehdi Benrabah : Bonjour à toi. En fait, tu n’es pas sans savoir qu’il y a eu une exposition l’an dernier au Japon, l’été dernier même, sur le studio CLAMP. L’un de nous s’y est rendu mais tu apprends très peu de choses au final sur leur modus operandi, sur qui fait quoi dans le quatuor. C’est volontairement flou. C’est la touch CLAMP.

Bien sûr, parfois, il y a  des choses qui filtrent sur qui fait quoi précisément, mais tu ne verras pas ce genre d’information de façon officielle. Dans l’exposition, il y avait très peu d’éléments sur les techniques de dessins, les secrets de fabrication ou la répartition des tâches.

Le studio CLAMP est une marque donc les mangakas font attention à leur communication.

Voilà, comme je le disais, c’est la touch CLAMP et elles entretiennent le flou sur leurs secrets… de cuisine si l’on peut dire.

Le nom CLAMP d’ailleurs, c’est quoi, une anagramme, un mix de leur prénom ?

Écoute, je pense que ça a été révélé pour l’exposition. En fait, cette exposition était une rétrospective de leurs travaux et elle était organisée sur différents thèmes qui correspondent aux lettres du nom CLAMP. Bon, peut-être que c’est une réappropriation du nom CLAMP et que ça a été mis en place pour l’exposition, que cela avait un autre sens avant, mais ça fait partie du mystère.

Et donc, l’exposition était assez prestigieuse et organisée au Centre d’Art National de Tokyo. Elle était construite autour des cinq lettres du mot CLAMP, chacune représentée par un visuel : C pour Color, L pour Love, le A pour Adventure, M pour Magic et le P, le plus énigmatique, c’était pour Praise.

Toute l’exposition était organisée autour de ces cinq concepts, les séries étant affiliées à tel ou tel concept. C’était assez beau, il y a même deux artbooks qui ont été publiés pour l’occasion, un qui s’appelle Shiro, pour blanc, et l’autre qui s’appelle Kuro, pour noir. Ce sont les deux derniers artbooks en date des CLAMP.

Après le préambule autour de cette exposition, remontons dans le passé maintenant. Lorsque je préparais cette interview, il était assez évident que, pour les 25 ans de Pika, il fallait mettre CLAMP à l’honneur. Au sein des premières publications de l’ancêtre de Pika, aka Manga Player, il y a notamment Magic Knight Rayearth et Card Captor Sakura… Donc CLAMP est là depuis, disons, la protohistoire de Pika. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ces premiers titres et leur acquisition ?

Le premier pour les éditions Pika, c’est Card Captor Sakura, en 2000 (NDLR : 1999 pour l’édition Manga Player, et 2000 pour Pika).

Même si je n’étais pas là à l’époque – je travaille chez Pika depuis 10 ans maintenant – il y avait cette volonté de diversité, de montrer toutes les facettes du manga et ça allait de Sakura à Dragon Head de Minetaro Mochizuki : le grand écart est assez énorme et éloquent sur la volonté de proposer du manga pour tous les goûts.

Sakura faisait partie des précurseurs du genre Magical Girl avec Sailor Moon qui lui aussi était connu en France. Sakura était un peu la petite sœur de Sailor Moon. Finalement, cette publication s’est avérée être une très bonne décision de Pika puisque le dessin animé est arrivé peu après sur M6 (NDLR : en janvier 2001) et a enfoncé le clou.

Card Captor Sakura et Magic Knight Rayearth chez Manga Player, l’ancêtre des éditions Pika

Je vois en ces premiers titres, Magic Knight Rayearth et Card Captor Sakura, le préambule de la réédition de Sailor Moon chez Pika, et plus tard de l’Eternal Edition, et les prémices plus généralement du Magical Girl même si ça peut être un peu réducteur pour Rayearth, qui va au-delà de ça : c’est aussi un isekai avant l’heure !

En fait je pense que c’était une belle porte d’entrée chez Pika pour proposer du CLAMP différent de ce qui était connu via d’autres éditeurs, du CLAMP plus lumineux que les autres titres plus sombres comme RG Veda ou Tokyo Babylon. C’était une autre facette de ce studio que nous voulions proposer à l’époque.

Elles sont ensuite venues en France en 2009, à Japan Expo de souvenir.

Oui, elles étaient exposées à la mairie de Paris, c’était assez grandiose. Elles ont aussi fait une conférence et dessiné ensemble une superbe illustration de XXX Holic.

Oui je m’en souviens, et nous nous étions demandés : mais c’est QUI, le chanceux, qui a récupéré cette illustration ? (Rires)

Elle n’est pas dans les bureaux de Pika en tout cas.

Peut-être dans celui de Thomas Sirdey, va savoir. Mais pour en revenir au présent, est-ce que l’on pourrait imaginer les voir revenir ? Ça parait insensé avec des monstres sacrés comme ça, mais je me dois de poser la question !

Alors je ne peux pas parler à leur place… Ou plutôt si d’ailleurs, je vais reprendre leurs mots.

Pour les 20 ans de Pika, nous avions sollicité beaucoup d’auteurs emblématiques du catalogue dont les CLAMP, pour dessiner des shikishi rassemblés dans un ouvrage, La passion du manga. Dans leur mot, où elles nous souhaitaient un bon anniversaire, elles avaient dit « nous reviendrons en France ».


Donc, je pense qu’elles sont très occupées mais, de notre point de vue, ça aurait du sens car on lance CLAMP Universe qui est une collection très ambitieuse… Mais après, ça dépend de beaucoup de facteurs. Il faudrait un salon qui serait motivé par l’idée : c’est comme ça que nous procédons chez Pika en général pour la venue d’un auteur.

En tout cas, ça aurait du sens, et nous ne nous fermons aucune porte de toute façon.

Il faudrait juste un alignement des planètes

Exactement. L’alignement des planètes, nous l’avons parfaitement eu avec Kamome Shirahama et l’Atelier des sorciers pour le FIBD cette année. Il y avait cette exposition qui lui était consacrée, l’anime cette année, la nouvelle édition Grimoire, et nous avons publié l’artbook. C’était parfait, et le Festival d’Angoulême était séduit par l’idée. Tout ça a fait que nous avons eu un super feedback. L’alignement des planètes est nécessaire pour une venue qui se veut ambitieuse.

Des autrices majeures… et intemporelles ?

Vu de la France, le studio CLAMP a été très novateur dans les années 90 (RG Veda, Tokyo Babylon, X) et dans les années 2000 (Card Captor Sakura, XXX Holic,…). Mais si je peux me permettre d’être un peu provocateur, peut-on encore les qualifier de modernes, et sont-elles encore en phase avec les nouvelles générations ?

C’est exactement le pari que nous prenons avec cette collection. Nous pensons que ces autrices traversent les générations. Ce style graphique inimitable… quand on les taxe de reines du manga, ce n’est pas pour rien. Il y a une certaine unanimité devant ce qu’elles proposent graphiquement, et ça, nous aimons à penser que ça traverse les époques et qu’il était grand temps de leur dédier une collection réellement cohérente.

Donc à ta question, j’ai envie de répondre : oui. La preuve, c’est que Pika et CLAMP, ça ne s’est jamais arrêté, il y a toujours eu une actualité. Par exemple, elles ont repris avec brio Card Captor Sakura, avec Clear Card Arc. C’est une suite qui a eu beaucoup de succès et qui s’est achevée récemment avec un nouvel anime, du nouveau merchandising.

Les CLAMP continuent d’épouser les codes qui font d’une licence manga un succès, graphiquement et scénaristiquement parlant. Elles ont une patte inimitable qui fait qu’elles ne se sont pas loupées avec cette suite de Sakura, qui était pourtant à risque.

Ça, c’est pour leurs titres récents mais pour des plus anciens comme XXX Holic, moi, je trouve que ça n’a pas vraiment pris une ride. Il y a beaucoup de manga d’exorcistes ces dernières années, et je trouve qu’il y a quelque chose de pionnier dans XXX Holic, avec ce côté mystique qui est le sien.

Ce que j’aimais bien chez les CLAMP, c’était leur capacité à épouser les tendances et à se les réapproprier, à remettre à leur sauce. À chaque fois, dans les années 90-2000, chaque nouveau CLAMP partait dans une nouvelle thématique MAIS on retrouvait toujours cette patte que tu citais, tu savais que tu avais du CLAMP dans les mains, et on le savourait à chaque fois en se demandant ce qu’elles pourraient nous inventer d’autre, la fois d’après…

Je vois ce que tu veux dire et c’est ça qui me motive aussi. Cette capacité d’adaptation est quelque chose de vraiment… rare. On parlait de Sakura, qui est publié dans le Nakayoshi pour les plus jeunes lectrices, après, elles font XXX Holic dans le Young Magazine, qui est un magazine seinen, le magazine d’Akira – il faut être à la hauteur, tout de même, quand tu es publié dans un magazine de cet acabit. Tokyo Babylon, c’était un magazine shôjo de Kadokawa, mais un shôjo très différent de Sakura, avec à nouveau de l’exorcisme. Tsubasa, lui, a été publié dans magazine shônen de Kôdansha, qui est dans l’aventure.

Elles ont donc ce style tout de suite reconnaissable mais protéiforme. Elles s’adaptent à chaque fois et je trouve ça tellement fort, ça mérite vraiment le respect.

Quand nous avons lancé CLAMP Universe, nous nous sommes dit que nous devions essayer d’imposer une collection cohérente, qui va être une porte d’entrée pour celles et ceux qui n’ont jamais tenté l’aventure CLAMP. Ça passe par une nouvelle charte graphique, par de nouvelles illustrations, quelque chose d’un peu plus moderne.

Pour re-répondre à ta question un peu provoc’ de tout à l’heure : oui, je suis assez persuadé que si nous proposons une nouvelle collection cohérente, nous pourrons mettre à jour et proposer un Tokyo Babylon, qui possède peut-être un graphisme un peu plus daté, mais qui mérite d’être disponible et qui, surtout, fait partie de la grande saga CLAMP. C’est pour ça aussi que nous avons appelé cette collection CLAMP Universe, car de nombreuses séries sont liées, scénaristiquement parlant.

Donc bien sûr qu’avec cette collection, nous voulons faire plaisir aux fans de la première heure mais clairement l’ambition est d’aller chercher de nouveaux lecteurs.

Ce n’est donc pas juste un clin d’œil aux CLAMP pour ce 25e anniversaire. On sent dans vos communiqués de presse qu’il y a des choses prévues pour 2025 mais que cela va continuer encore en 2026 et peut-être au-delà.

Exactement, c’est une rampe de lancement avec les 25 ans de Pika. C’est une bonne occasion pour cette collection ambitieuse parce que nous allons vraiment réunir toutes les séries des CLAMP, qu’elles aient été au catalogue Pika ou ailleurs.

C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons qualifié cette année anniversaire de « magique ». Cela a commencé avec Kamome Shirahama et l’Atelier des sorciers et cela continue avec cette collection. Tous ceux qui sont fans des CLAMP, dont nous faisons partie, savent qu’il y a quelque chose de magique dans leurs traits, même si aucun titre ne ressemble à un autre. Il y a quelque chose de très hypnotique.

Nous nous sommes dit que, pour poursuivre la magie, cette collection était parfaite. En tout cas, moi, dans ma carrière d’éditeur, je suis assez refait ! (Rires)

Ça n’a pas été difficile de regrouper tous ces titres de différents éditeurs japonais ?

Sans m’éterniser sur les coulisses, cela faisait longtemps que nous avions envie de lancer cette collection globale. CLAMP Universe nous a été inspiré par la collection japonaise CLAMP Premium collection, qui a été lancée pour les 30 ans du studio. Les séries sont republiées, rééditées avec cette nouvelle charte graphique, très chouette, très épurée.

Nous avons posé la question aux éditeurs concernés par la collection au Japon et je pense qu’ils ont été séduits par la cohérence du projet. L’idée c’est vraiment de raviver, ressusciter et remettre à disposition ces séries qui ne l’étaient plus vraiment. Tout est ensuite question de projets, d’offres, c’est le lot quotidien pour nous éditeurs, lorsque nous voulons convaincre les ayants droit japonais.

La collection CLAMP Universe

L’édition à venir de la collection CLAMP Universe se base donc sur l’édition japonaise CLAMP Premium collection, peux-tu nous en dire plus ?

Oui. Nous nous basons sur cette nouvelle édition avec sa charte graphique et ses illustrations inédites pour lancer cette collection. Cela dit, nous n’avons pas attendu cette édition japonaise pour remettre CLAMP en avant : il y a eu notre nouvelle édition de Magic Knight Rayearth, inspirée de l’édition américaine, qui elle-même s’est inspirée de notre nouvelle édition de Chobits… C’était un échange de bons procédés. C’est donc dans notre ADN de mettre en valeur le travail des CLAMP. Ainsi, lorsque nous avons vu cette nouvelle édition CLAMP Premium collection, nous y avons trouvé une magnifique occasion d’aller chercher de nouveaux lecteurs et lectrices.

En même temps, nous nous sommes autorisés des petites modifications : en C4 de l’édition japonaise, la place est vide et nous avons voulu, sur cette C4 et dans la couverture intérieure,  réutiliser le logo d’origine. Par exemple sur XXX Holic, c’est ce logo très tentaculaire et tellement stylé que nous voulions absolument réutiliser. Pour les fans de la première heure, nous voulions faire ce clin d’œil.

Nous voulons donc jouer sur les deux tableaux avec ce design extérieur épuré et à l’intérieur, ces petites choses. Cela se fera au cas par cas pour chaque série mais pour XXX Holic, les lecteurs retrouveront aussi le visuel, en paysage, qui occupait toute la couverture sur notre première édition, pour les nostalgiques. Nous avons donc fait des ajustements avec la bénédiction des éditeurs japonais, car nous voulons vraiment des ouvrages qui collent au public français.

Qu’en est-il du prix et du nombre de pages, du nombre de tomes ? Est-ce que nous aurons par exemple une édition double ?

Clamp School Detectives Premium Collection

Ce ne sera pas une édition condensée. C’est vraiment une édition originale et ce sera pour chacun des titres. XXX Holic était en 19 tomes, la nouvelle édition fera 19 tomes. Tokyo Babylon en 7 tomes, ce sera pareil et idem pour Clamp School Détective en 3 tomes, comme la première édition.

Nous nous sommes posés la question d’une Perfect Edition, un peu comme l’édition Grimoire de l’Atelier des sorciers, une édition Perfect, Kanzenban ou Master Piece, peu importe le nom… Mais encore une fois, l’idée c’est de recruter, donc nous voulions des livres accessibles.

Que le prix ne soit pas rédhibitoire ?

C’est ça. Il y a des éditions Collector qui ont déjà été faites pour certains de ces titres, donc nous voulions quelque chose de cohérent et d’aligné sur toute la série : même format, même style de jaquette avec le même pelliculage très soigné et très qualitatif, et la même charte graphique.

De plus, il y a quelque chose que j’aimerais dire et qui me tient vraiment à cœur. Lorsque nous parlions de la diversité des œuvres qu’elles étaient capables de proposer, de leur aisance dans les différentes catégories du manga que sont shônen, seinen, shôjo, etc., ça nous a amené à nous affranchir des collections classiques shôjo, shônen, seinen habituelles. Il n’y aura donc pas d’étiquette Pika seinen sur XXX Holic par exemple, sur la couverture, mais juste Pika et CLAMP Universe.

Elles peuvent plaire à tout type de lectorat et c’était l’occasion rêvée pour mettre de côté la catégorisation habituelle.

Pour que les néophytes ne se mettent aucune barrière ?

On parlera toujours des magazines de prépublications d’origine, et tous les CLAMP ne sont pas toujours à mettre entre toutes les mains, mais il y a cette volonté de dire : c’est la collection parfaite pour faire tomber les barrières. Quand on lit un manga CLAMP, c’est avant tout du CLAMP, et peu importe que ce soit shônen, seinen ou shôjo. C’est une marque importante de la collection.

Vous avez récupéré les droits de Tokyo Babylon, qui a été publié il y a longtemps par les éditions Tonkam. Forcément, à la rédaction, nous nous sommes demandés si nous pouvions imaginer une publication dans cette collection de titres comme RG VEDA, X de CLAMP. Tu ne peux sans doute pas nous dire grand-chose à ce sujet mais… on se devait de poser la question !

J’ai forcément beaucoup de respect pour le côté très pionnier de Tonkam, tout ce qui a été fait pour nous faire découvrir ces œuvres. Je ne vais pas avoir de scoop, là maintenant, pour les deux séries que tu évoques, mais ce que je peux te dire c’est que là, nous lançons trois séries cette année et qu’il y en a d’autres qui sont à prévoir pour les années suivantes.

Comme je te le disais, CLAMP Universe est une collection ambitieuse. Il y a une volonté de faire quelque chose de très cohérent avec une vraie stratégie de publication, de communication et d’événements autour de CLAMP pour, enfin, proposer la collection qu’elles méritent. Ce n’est pas que ce qui était fait avant n’était pas bien, mais il y a cette volonté d’harmonisation. Je ne peux pas t’en dire plus pour le moment.

On comprend. Mais ainsi la flamme de l’attente et de l’envie est toujours vive, donc c’est bien ! (Rires)

On se rapproche de la fin de notre entretien : tu évoques des événements autour des CLAMP. Est-ce que vous prévoyez des choses au-delà des livres eux-mêmes ? On évoquait deux nouveaux artbooks en début d’interview, on parlait d’exposition aussi…

Clairement, il suffit de regarder ce que nous avons fait par le passé, comme des artbooks des CLAMP par exemple, donc ce n’est clairement pas une porte que nous fermons, loin de là, surtout lorsque l’on connaît la beauté des illustrations couleurs de ces autrices.

Quand on parle d’exposition, il y a matière première qui existe, l’exposition que j’évoquais l’été dernier au Japon. Mais nous sommes avant tout éditeur de livres, donc si exposition doit se faire, c’est avec l’appui d’un salon ou d’un lieu. Ce serait très chouette pour cette collection !

Et il y a aussi les produits dérivés et le merchandising : vous avez fait beaucoup de choses aussi ces dernières années. Or, chez les CLAMP, les goodies, ce n’est pas ce qui manque ! (Rires)

Complètement, ce genre de choses c’est aussi dans notre esprit. Nous avons dévoilé il y a peu, lors d’un Pika Live, une prime Holic à l’achat des volumes et c’est quelque chose que nous envisageons pour l’ensemble de la collection.

Le mot de la fin, plus personnel : qu’est-ce que tu aimes chez les CLAMP, toi ?

En ce qui me concerne, les CLAMP font partie de mes premiers chocs de lecteur, qui m’ont fait dire : « waouh, c’est donc ça le manga ? ». RG VEDA et Tokyo Babylon font partie de ces chocs, avant tout graphiques.

J’ai un rapport très hypnotique avec les planches des CLAMP, quelle que soit la série. J’ai toujours en image ces doubles pages incomparables qui sont plus des fresques que des dessins, on est vraiment un niveau au-dessus. Elles ont imposé ce style à beaucoup de mangaka, de ne pas juste dessiner mais de porter ça à un niveau au-dessus : chaque planche est un tableau. Cette réflexion-là, je l’ai eu en lisant du CLAMP.

« Chaque planche est un tableau », c’est une belle façon de finir notre interview. Merci pour ton temps, et à très vite autour de vos sorties CLAMP Universe du coup !

Suivez l’actualité des parutions CLAMP sur le site web des éditions Pika. Retrouvez nous d’ailleurs dès demain pour évoquer la première sortie de cette collection : xxxHolic, qui fait son grand retour dans quelques jours en librairie !

Remerciements à Mehdi Benrabah pour son temps et à Camille Hospital pour la mise en place de cette interview.

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights