Capitaine Flam : entretien avec Alexis Tallone et Sylvain Runberg
À l’occasion de la soirée Japanim spéciale séries cultes organisée par Kana au Forum des images le 23 novembre 2024, nous avons pu nous entretenir avec Alexis Tallone (dessin) et Sylvain Runberg (scénario), les auteurs de la nouvelle adaptation Capitaine Flam L’Empereur éternel dans la collection Kana Classics. Au programme : la genèse du projet, comment moderniser une série mais aussi les romans originaux sans trahir la nostalgie, les retours des lecteurs mais aussi le futur…

Genèse du projet
Journal du Japon : Bonjour et merci pour votre temps. Comment est née l’idée d’adapter en BD Capitaine Flam ?

Alexis Tallone : De mon côté, j’ai travaillé avec Christel Hoolans [NDLR : Directrice générale de Dargaud-Lombard] sur des adaptations BD d’autres titres dont Sherlock Holmes et Lupin qui n’ont pas pu aboutir. Capitaine Flam faisait partie de ma liste de séries que je rêvais d’adapter. Un jour, en 2018 ou 2019, elle m’a appelé pour me dire qu’elle avait réussi à obtenir les droits pour l’adaptation de Capitaine Flam. Elle me demande alors si j’étais toujours prêt. La signature du contrat a eu lieu en 2020.
Sylvain Runberg : Pour moi, tout a commencé en 2017 par un mail à Christel Hoolans, directrice de Kana. Cela faisait longtemps que j’avais en tête de faire une adaptation de Capitaine Flam tout en sachant que ce n’était pas possible. Mais parce que c’était mon dessin animé préféré quand j’avais 10 ans ,dans les années 80, j’ai envoyé ce mail, un peu comme on envoie une bouteille à la mer. Seulement quelques heures après, on me répond que les grands esprits se rencontrent et que l’on s’appelle le lendemain. Ils étaient en train de mettre en place la collection Kana Classics et c’est comme ça que cela a démarré.
Est-ce qu’il y avait déjà une histoire en tête ?
Sylvain Runberg : Oui, ce que ce que j’avais envie de faire, c’était un récit contemporain reprenant en fait les grandes bases de ce qui fait Capitaine Flam mais en l’adaptant pour en faire un récit adulte c’est-à-dire reprendre ce que moi j’aimais quand j’avais 10 ans mais en le remodelant à mes goûts, un space opera contemporain moderne.
En fait, il y avait déjà beaucoup d’éléments qui existaient dans le dessin animé d’origine mais aussi dans les romans d’origine qui étaient d’avant-garde et qui restent encore aujourd’hui d’actualité avec la conquête spatiale, le rapport entre la politique et la science, les thématiques de la colonisation et du racisme, de l’intelligence artificielle à travers cette famille recomposée, Flam et son équipage.
Je voulais donc utiliser toutes ces thématiques et tous ces aspects qui résonnent encore dans la société actuelle tout en transformant tous les éléments qui ont mal vieilli comme certains personnages. Je voulais aussi une mise en scène dynamique et faire une origine story. Dans l’anime, on sait que les parents de Curtis Newton sont décédés et à priori ont été assassinés mais il n’y a aucune explication sur qui a fait quoi et pourquoi.
Cet événement est raconté dès le début du tome.
Sylvain Runberg : Oui, c’était indispensable. Le but de l’origine story est de montrer comment Curtis Newton est devenu Capitaine Flam et les raisons du meurtre de ses parents. C’était intéressant parce qu’il y a vraiment un écho avec un autre héros très connu de la culture populaire, Bruce Wayne et Batman. Captain Future (1940) et l’homme chauve-souris (1939) sont créés à la même époque.
Le changement le plus radical, c’est celui du personnage féminin principal, Johann Landore qui est dans l’anime (contrairement au roman) amoureuse transie du Capitaine Flam et qui passe son temps à être sauvée par lui, épisode après épisode, alors qu’il s’agit d’une agente galactique.
Alexis Tallone : RFI [NDLR : Radio France internationale] avait repassé un morceau de la version française de Johann, c’était quelque chose. [NDLR : le podcast est disponible à cette adresse : https://www.rfi.fr/fr/podcasts/vous-m-en-direz-des-nouvelles/20241121-runberg-et-tallone-capitaine-flam-de-retour-sur-notre-galaxie]
Sylvain Runberg : C’était vraiment quelque chose de non négociable : il fallait pour l’adaptation que Johann change radicalement.
Alexis Tallone : Et c’était les premières choses qu’on s’est dites d’ailleurs.
Moderniser sans trahir les romans d’Hamilton
Du côté des ayants droit, est-ce qu’ils étaient pour cette modernisation ?

Sylvain Runberg : Grâce aux ayants droit c’est-à-dire les représentants de la famille d’Edmond Hamilton, l’auteur des romans et le studio Tôei Animation à Tokyo, on a vraiment pur réaliser l’album que l’on désirait. Évidemment, quand on s’engage dans une adaptation, au départ, on présente un projet dans lequel on présente les grandes lignes et les principaux changements qui sont acceptés ou refusés. On ne peut jamais vraiment savoir jusqu’à quel point on va pouvoir aller. Et en fin de compte, tous les aspects de l’album correspondent à ce qu’on voulait faire.
Et c’est une expérience très positive. C’était très suivi, étape après étape, que ce soit synopsis, découpage, dialogue, recherche graphique, les premières sur les personnages, les storyboards, les ancrages, les couleurs… Tout était validé au fur et à mesure.
Il y avait la navette avec les 2 ayants droit à chaque fois ?
Alexis Tallone : Oui, tu ne peux rien faire au hasard en espérant que ça passe et qu’on verra ça après. Impossible : tout doit être validé.
Sylvain Runberg : Les réponses étaient obtenues assez rapidement.
Alexis Tallone : Avec les descendants d’Hamilton, c’était très rapide. Et du côté des Japonais, cela allait assez vite en général : le temps de travailler sur le reste on avait un retour de leur part.
Sylvain Runberg : C’est donc allé très vite et on a eu beaucoup de chance.
L’album est une aventure complète mais est-il prévu un deuxième volume ?
Sylvain Runberg : Pour l’instant, il n’y a pas de suite qui est prévue. Depuis le début, il était prévu un album unique avec un récit complet. Maintenant, nous, on a des idées, l’envie d’en faire d’autres. L’éditeur Kana aussi. Il y a des discussions…
Les ventes vont peser dans la balance, peut-être ?
Sylvain Runberg : Même pas, car les ventes sont déjà très bonnes et ce n’est plus le souci. La décision de faire d’autres albums est entre les mains des ayants droit.
Cet album permet à une nouvelle génération de découvrir Capitaine Flam et de remettre les projecteurs sur la licence pour laquelle il n’y avait pas trop d’actualité depuis le dessin animé des années 80 à la télévision, si ce n’est les sorties en coffrets DVD et Blu-Ray.
Sylvain Runberg : En effet, il n’y a rien eu depuis 43 ans. L’album est sorti le 27 septembre 2024 et c’était la première nouveauté depuis janvier 1981 [NDLR : sa diffusion française sur TF1] pour la France .
Vous pensez que les ayants droit ont tout intérêt à accepter que ça aille plus loin ?
Sylvain Runberg : Je ne pense rien en fait, mais effectivement s’ils veulent faire vivre la licence, on pourrait nous laisser continuer. En 6 semaines en France, 30 000 albums ont déjà été vendus.

Dans la collection Kana Classics, il y a déjà pas mal de séries en plusieurs tomes (5 pour Saint Seiya notamment).
Sylvain Runberg : La base, c’était de faire un récit unique. Il se trouve que pendant l’élaboration, on s’est aperçu qu’on avait beaucoup de choses à dire.
Alexis Tallone : Au départ, c’était 90 pages. Techniquement, pour le dessin, j’avais besoin de place.
Sylvain Runberg : Et puis c’est quand même l’album de (re)mise en place de l’univers, il nous fallait donc plus de pages. Pour des suites, il n’y aurait pas forcément besoin d’une telle pagination : 120 planches suffiraient pour un beau récit complet. Pour celui là, les 168 étaient vraiment nécessaires.
En BD franco-belge, en général, on ,’est pas du tout habitué à un aussi gros volume.
Sylvain Runberg : C’est 4 fois la pagination : un format classique, c’est 46 planches.
Alexis Tallone : Ça fait une intégrale directement.
Sylvain Runberg : Je n’ai jamais fait de récit complet en 46 planches. Même quand j’ai démarré le scénario il y a 20 ans, je trouvais déjà que pour avoir une narration contemporaine, moderne et fluide, il fallait éviter d’avoir 13 cases par planche avec des bulles de dialogue énormes. En 46 planches, c’est une histoire courte.
Aujourd’hui, les lecteurs de bandes dessinées ne veulent pas ça. Il y a à la fois d’autres formats dans la BD qui se sont imposés et développés comme le manga et une concurrence avec d’autres formats comme la série télévisée. On peut regarder une saison de 8 épisodes en 2 soirées. Il y a donc des habitudes d’appréhension du récit qui ont beaucoup changé par rapport aux années 90 où je pense qu’une rupture dans le lectorat a commencé. Avant, un album de 46 planches tous les ans ou 2 ans, cela fonctionnait pour suivre le récit parce que de toute façon, il n’y avait pas grand-chose à côté.
En ce qui concerne Capitaine Flam, pour l’instant, c’est un récit complet qui permet de redécouvrir l’univers et le personnage mais aussi inédit puisque même si on s’appuie sur la première saison, il y a quand même pas mal de choses qui ont évolué ou changé. En fait, la manière dont on traite par exemple ces extraterrestres qui sont sur la planète Dénef et l’idée de la colonisation par des êtres humains, c’est très différent de ce qui a été fait dans le dessin animé. On est allé plus en profondeur sur la thématique. Il y a des scènes vraiment inédites. La fin et la résolution du récit ne sont pas celles de l’animé qui a un petit côté Scooby-Doo.

À l’époque, il y avait des manières d’écrire qui étaient différentes. Et puis c’est vrai que maintenant il y a des formats qui ont gagné leur lettre de noblesse en terme d’écriture et de mise en scène. C’est vrai que les séries télé antérieures à 1995 ont très mal vieilli pour la plupart. Il y a quelques exceptions comme La Quatrième Dimension (1959-1964) ou Le Prisonnier (1967-1968).
Alexis Tallone : Même les scénarios des premiers épisodes de La Quatrième Dimension dans les années 50-60 sont forts et tiennent la route encore aujourd’hui.
Sylvain Runberg : Oui, c’était la force de l’anthologie. Et c’est pareil pour la bande dessinée et les dessins animés où des choses ont bien vieilli et d’autres moins bien. A l’époque, l’anime était censé être uniquement destiné aux enfants. L’adaptation en dessin animé pour un public jeunesse des univers très adultes comme celui d’Hamilton et Captain Future crée en quelque sorte ce décalage parfois entre la brutalité et le sérieux des thématiques et la manière un superficielle dont elles sont traitées.
Des retours de lecteurs et de la presse très positifs
Vous enchaînez les dédicaces et les conférences, quel est le retour des lecteurs, ceux qui ont grandi avec la série mais aussi peut-être la jeune génération qui ne connaît pas forcément le dessin animé ?
Alexis Tallone : Dans l’ensemble, c’est très positif. La jeune génération s’y retrouve avec des codes beaucoup plus modernes. On a de belles surprises avec par exemple de jeunes filles qui avaient acheté l’album pour leur père et qui à la lecture se sont reconnues en Johann et dans les personnes féminins.
Concernant la génération qui a connu l’animé, il y a de toutes les réactions : ceux qui étaient heureux d’un revival qui rafraîchit la série et d’autres qui étaient parfois réticents. En fait, après discussion, ils avaient peur des changements concernant Curtis, Johann et Mala. Certains ignoraient qu’à la base il y avait une série de romans dans les années 40. Je leur ai expliqué que visuellement, j’avais pioché en fait dans les descriptions de Edmond Hamilton et que ce que l’on a fait dans notre album, Sylvain et moi, n’est pas le fruit du hasard et qu’en plus, tout est validé par les descendants de l’auteur, par la Toei et par la direction artistique. On n’a pas dénaturé et on est resté dans les clous. Et au final, les retours et échanges avec le public sont positifs.
Sylvain Runberg : En effet, les retours sont globalement très positifs, que cela soit au niveau du public mais aussi de la presse, des médias et des journalistes. D’ailleurs, je ne pense que je n’ai jamais donné autant d’interviews pour un album.
C’est la fibre nostalgique qui parle à votre avis ?
Sylvain Runberg : Pas forcément. En fait, il y a les journalistes de plus de 40-45 ans qui se souviennent de Capitaine Flam mais n’étaient pas forcément fans du dessin animé même si certains oui. Il y a aussi des plus jeunes qui ne connaissaient pas du tout. Tous ont apprécié. Et je dirais que c’est pareil pour le public. J’ai reçu des centaines de messages de remerciement.
Parce que vous avez comblé des attentes et que cela faisait très longtemps qu’il n’y avait plus rien ?
Alexis Tallone : Il y a eu quelques goodies mais le strict minimum en effet depuis l’anime en 1981 en France.
Sylvain Runberg : Les retours étaient à la fois massifs et positifs. Et les ventes de l’album sont à l’image de ce que l’on a perçu par rapport au public et aux médias.
J’ai regardé et c’est dans la moyenne des Kana Classics (environ 50 000 exemplaires par tome), hors Goldorak qui a pété la barre des 300 000 exemplaires vendus.
Alexis Tallone : Je ne sais pas si au bout du bout on fera le même score mais on est sur la même courbe de vente.
Est-ce que c’est d’ailleurs des personnes qui ont déjà acheté tous les autres albums Kana Classics et qui se disent qu’ils vont faire confiance à la collection ?
Sylvain Runberg : Il y a de tout. Évidemment, beaucoup suivent Kana Classics, des personnes plutôt de notre génération et qui achètent tous les albums parce que c’est leur jeunesse.
Alexis Tallone : En dédicaces, j’ai pas mal de personnes de la génération de nos parents qui offrent pour Noël à leurs enfants en expliquant qu’ils regardaient le dessin animé avec leurs fils.
Sylvain Runberg : Il était important pour nous de faire une origine story, et non une suite, pour que celles et ceux qui ne connaissaient pas Capitaine Flam puissent lire l’album et découvrir l’univers et ses personnages. D’autant plus qu’en discutant avec du public qui avait regardé le dessin animé à l’époque, une grande majorité ne se souvenaient plus des récits, à peine des personnages. Par contre, tout le monde se souvenait du générique.
Faire une suite d’un récit dont personne ne se souvient n’avait aucun intérêt. Si on fait une adaptation, il faut qu’elle puisse être lue et découverte sans avoir besoin de connaître l’œuvre originale.

Pourquoi maintenant ce reboot ? Et pourquoi pendant 40 ans, il n’y a rien eu à part le dessin animé ?
Sylvain Runberg : Pourquoi maintenant ? Parce qu’on a demandé à Kana de le faire en 2017. Pourquoi il n’y a rien eu avant ? En fait, c’est assez étonnant quand on pense à l’importance qu’a eu Edmond Hamilton et son œuvre Captain Future dans la science-fiction. C’est un auteur qui a beaucoup influencé des univers comme Star Trek ou Star Wars notamment. D’ailleurs, la scénariste Leigh Brackett qui est l’épouse d’Edmond Hamilton a écrit la première version de L’Empire contre-attaque. Et quant à savoir pourquoi personne ne s’y est intéressé avant, je n’ai pas la réponse.
Pas de manga, de série…
Sylvain Runberg : A mon avis, cela fait partie d’un phénomène assez fréquent dans la culture où des auteurs qui ont eu une très grande influence à leur époque tombent finalement dans l’oubli pour des raisons X ou Y dont j’ignore pour le cas d’Hamilton. Et puis, il faut savoir que l’anime n’a pas été diffusé aux États-Unis à l’époque si je ne me trompe pas.
Alexis Tallone : Pour l’Amérique, il me semble qu’il y a eu une diffusion au Canada.
Sylvain Runberg : Par contre, il a été diffusé en Allemagne et c’est devenu une série culte, c’est-à-dire qu’aujourd’hui, à part la France, on a énormément d’attentes qui viennent de l’Allemagne où l’album va être publié en février.
Un chef opérateur très connu en Allemagne est venu nous voir dans nos bureaux à Stockholm où il y avait une PLV de Capitaine Flam. Il ne me connaissait pas mais quand il est venu, il a presque crié : « Oh mais c’est Captain Future ! Qu’est-ce que c’est que ça ? ». Il ne savait pas pour notre adaptation.
Des sorties en Europe et en Amérique…
En Allemagne, l’album sortira donc sous son nom original de Captain Future ?
Sylvain Runberg : Capitaine Flam n’existe qu’en France. En fait, pour la petite histoire, c’est parce qu’un album de science-fiction érotique publié en 1980 aux Humanoïdes associés s’appelait déjà Capitaine Future. Pour TF1, il était hors de question que leur dessin animé porte le même nom qu’une bande dessinée érotique, même si personne ne la connaissait. Et comme sur sa ceinture, le héros a le symbole F pour Future, il fallait trouver un nom avec un F. Avec ses cheveux roux, l’idée du feu est venue. C’est ainsi qu’est né le nom français de Capitaine Flam. Dans le reste du monde, c’est uniquement Captain Future.
C’est un peu comme le cas d’Albator / Harlock ou Goldorak / Grendizer. C’était la mode de changer les noms japonais en France. Et du coup, c’est Kana qui s’occupe de la vente de l’album en Allemagne ?
Sylvain Runberg : Non, Kana vend les droits à des éditeurs et c’est Carlsen, le plus gros éditeur allemand qui sort Captain Future.
Et au Japon, est-ce que c’est prévu ? Ou c’est tombé dans l’oubli et ça va le rester ?
Sylvain Runberg : En fait au Japon, d’expérience, quand ce n’est pas fait par des Japonais, ils ne publient pas. Cela me ferait très plaisir même si je ne suis pas du tout certain que cela se fasse au Japon. Si cela arrivait, il faut bien avoir à l’esprit que cela serait complètement confidentiel.
Et pourtant, les artistes japonais s’inspirent d’auteurs de la BD franco-belge…
Alexis Tallone : Oui, mais les Japonais digèrent mieux les plats qu’ils cuisinent.
Sylvain Runberg : De ce que je sais du marché japonais, par exemple, des auteurs extrêmement connus comme Enki Bilal sont publiés au Japon à 1 500 exemplaires dans des librairies spécialisées d’art.
Alexis Tallone : Par exemple, Jérôme Alquié a été publié dans le Champion Red avec Saint Seiya. C’était sur une demande du mangaka Masami Kurumada qui tenait à faire la promo au Japon.

Sylvain Runberg : Par expérience, j’avais reçu en 2011 un prix au Japon : le silver prize des International Manga Award pour Face Cachée, un album dont l’histoire se déroule au Japon de nos jours. Avec Olivier Martin, on a été devant un jury avec les plus grands éditeurs japonais qui ont été dithyrambiques sur notre album sans qu’aucun ne l’ait publié. Et pourtant, il y a un des éditeurs, la Kôdansha, qui m’avait dit qu’on dirait que c’est des Japonais qui l’avait écrit.
Pour l’instant je sais qu’il y a une dizaine de pays intéressés dont l’Allemagne et l’Italie. Le Japon ne figure pas encore dans la liste.
Alexis Tallone : Il y a la Russie.
Sylvain Runberg : Il y a un éditeur américain.
Alexis Tallone : Il y a la Turquie, l’Angleterre, la Grèce, l’Espagne, les pays de la Scandinavie.
Sylvain Runberg : Ce sont encore des discussions pour ces pays sauf l’Allemagne avec qui c’est déjà signé et la sortie est prévue pour février.
Alexis Tallone : L’Italie, ça sera après.
Du coup, vous allez faire un petit tour d’Europe ?
Sylvain Runberg : En Allemagne c’est pas impossible parce que c’est tellement une grosse licence là-bas.
Alexis Tallone : Souvent sur les réseaux sociaux, les personnes qui m’écrivent demandent s’il y aura des dédicaces en librairies ou en conventions en Allemagne.
Sylvain Runberg : Le marché de la bande dessinée est en expansion en Allemagne et c’est d’ailleurs l’un des seuls pays en Europe. En 10 ans, grâce à de très bons éditeurs, il y a un vrai marché de la BD adulte de genre en Allemagne, ce qui n’est pas le cas dans beaucoup de pays européens.
J’espère qu’on sera publié aussi aux États-Unis parce que c’est aussi important que le Japon. Les romans ont été écrits par un Américain et la boucle serait bouclée en quelque sorte. Le Japon, ça me ferait très plaisir mais pour être honnête, cela me surprendrait et ça serait une bonne surprise. Vu le format, il faut trouver un éditeur japonais qui fasse en fait de l’éducation en bande dessinée européenne.
Alexis Tallone : Ou alors éditer nos planches en noir et blanc. D’ailleurs, il est aussi prévu une version en noir et blanc en Allemagne. La façon dont j’ai pensé l’album était en noir et blanc déjà à la base. Cela va donner une autre dimension.
En cas de second tome, il faudrait compter 1 ou 2 ans d’attente ?
Alexis Tallone : Une année et demie de travail environ car les bases sont déjà posées. Il y aurait juste à restory-boarder et à nettoyer.
Et pour le scénario, il y a déjà des idées ?
Sylvain Runberg : Tant qu’il n’y a pas de validation, on se retient et on ne démarre rien. Commercialement, les chiffres sont bons et permettent d’envisager une suite mais cela n’implique pas forcément qu’il y aura une suite. En tous les cas, l’album est une histoire complète.
Merci pour votre temps et vos réponses très intéressantes ! Bonne continuation et qui sait peut-être de nouvelles aventures avec Capitaine Flam… Merci aussi à toute l’équipe de Kana pour l’organisation de la soirée et de l’entretien.