Zenshu, la nouvelle production originale de MAPPA
L’emblématique studio d’animation revient avec un projet intrigant, et peut-être plus ambitieux qu’il n’y parait. Cet hiver, MAPPA nous emporte dans un monde à la frontière de la fantasy et de la création artistique. Premier coup d’œil sur Zenshu et son premier épisode disponible depuis hier sur Crunchyroll.
MAPPA n’a pas le temps de se reposer. Alors que la nouvelle adaptation de Ranma ½ est toujours en cours de diffusion sur Netflix, les voila avec un nouveau projet, bien à eux cette fois. Après Re-Main en 2021 qui parlait de water polo, et la baston énervée de Bucchigiri?! l’an dernier, pour cette troisième incursion dans la création originale en l’espace de quelques années le studio emprunte la voie de la fantasy. Avec peut-être à la clé une réflexion meta sur la création et l’art…
Une série sur l’envers de la création d’anime ? Oui mais…
Après avoir fini le lycée, Natsuko Hirose commence sa carrière dans l’animation. Son talent éclot et elle fait rapidement ses débuts en tant que réalisatrice. Son premier anime est un succès instantané et un phénomène de société, lui valant la reconnaissance de ses pairs et la propulsant au rang de génie. Pour son projet suivant, elle travaille sur une comédie romantique traitant du premier amour. Cependant, n’ayant aucune expérience en la matière, elle a du mal à concevoir le storyboard, faisant prendre du retard à la production. Un jour, elle s’évanouit sur son storyboard inachevé et se réveille dans le monde du film de son enfance, l’Anéantissement.
N’y allons pas par quatre chemins, Zenshu est bel et bien un isekai. Oui, ce détail aura pu vous échapper si vous vous êtes lancé dans la série armé de son seul synopsis officiel, qui n’en fait pas mention (même si le trailer, lui, le laissait bien apparaître). Le basculement vers l’isekai pourra donc être au choix une bonne ou une mauvaise surprise selon vos affinités, vos attentes et votre « préparation ». Ce qui est sûr, c’est que le choix de ce genre rend cette production « originale » tout de suite un peu moins originale, étant donné la saturation de ce segment. C’est donc ce que le scénario va faire des tropes du genre qui permettra à l’anime de se démarquer. De ce point de vue, c’est réussi car si on compte beaucoup d’histoires où les fans d’une œuvre s’y font transporter, il est beaucoup plus rare que cela arrive à des artistes (au Japon du moins).
Découpé en deux parties, l’épisode présente d’abord notre héroïne, une jeune femme revêche, obstinée, dont l’attitude nombriliste et l’incapacité à communiquer créent une sale ambiance dans le studio. Une fois plongée dans le monde de l’Anéantissement, elle fait face à une situation doublement difficile : le film est certes un cliché du genre du médiéval fantastique, mais il est surtout extrêmement cruel pour le héros et son groupe. Même en sachant tout de l’œuvre, Natsuko ne se voit pas y survivre. Et survivre, elle y tient.
Zenshu : un bon cru MAPPA ?
Cette nouvelle création originale de chez MAPPA est l’œuvre de deux femmes. La première c’est Mitsue Yamazaki qui officie ici à la réalisation, poste qu’elle occupait déjà entre autres sur Sleepy Princess in the Demon Castle, Dumbell ou encore Tada Never Falls in Love (déjà une production originale). Mais elle a également derrière elle une solide carrière au storyboard. La seconde, Kimiko Ueno, prend ici en charge la composition scénaristique de la série, qu’elle remplissait déjà par exemple sur le nouveau Ranma ½, ou encore Gloutons et Dragons, parmi bien d’autres scénarios à son actif.
En terme de réalisation, c’est du MAPPA léché. Les monstres en 3D ne dénotent pas trop de l’animation 2D et on sent le soin apporté aux décors et à la lumière. La personnalité de la plupart des personnages est assez rapidement étoffée par rapport à celle du film d’origine. On sent qu’ils ont encore beaucoup à dire et ont un sens de l’humour bien à eux. L’esprit d’auto-dérision et les réflexions de Natsuko sur son environnements sont par ailleurs très drôles.
La scène où elle découvre par quel moyen elle va pouvoir influer sur son environnement et survivre est assez hallucinante, beaucoup de magical girls l’envieraient tellement les effets spéciaux sont présents. Le résultat est spectaculaire, voir très déroutant.
Enfin pour les aficionados des seiyuu, Anna Nagase (Harley Quinn dans Isekai Suicide Squad) interprétera le personnage principal Natsuko, Kazuki Ura (Yoichi Isagi de Blue Lock) sera Luke Braveheart et Rie Kugimiya, une habituée des mascottes puisqu’elle joue Happy de Fairy Tail, jouera cette fois la licorne Unio.
Quelles attentes scénaristiques ?
Ce seul épisode ne dit absolument pas dans quelle direction la narration va partir. Il serait par exemple intéressant de voir comment l’incursion d’une artiste dans un univers de fiction va être traitée. L’éventail de sujets à aborder est large : la difficultés de créer et de faire comprendre son processus de création et ses intentions, la communication, et les conséquences très concrètes d’influer sur une œuvre qui n’est pas la sienne en tant qu’auteurice, et dont on n’est pas le personnage principal. L’histoire a au moins le potentiel pour être plus qu’une énième quête pour sauver le monde.
Dans une saison comme souvent riche en isekai, Zenshu se démarque comme une proposition intrigante. Elle ne révolutionnera peut-être pas le genre, mais promet au moins une relecture intéressante de ses mécanismes. On espère donc que MAPPA réussira à concrétiser ses promesses jusqu’au bout de la saison, sans chuter sur la pente glissante de l’isekai. La réponse à découvrir tout l’hiver sur Crunchyroll.