Comment les mangas interprètent les forces de la nature, quand la colère divine déferle sur le Japon

Séismes, tsunamis et volcanisme se déchainent, tant au Japon, que dans la culture manga. Mais cette destruction est-elle réellement d’ordre « naturelle » ?

Depuis deux mois, Journal du Japon vous propose une plongée dans des mondes de papier détruits, fracturés, balayés par les calamités naturelles. Toutefois, un dernier volet propre au Japon nécessite d’être étudié : un déclencheur de cette destruction en chaîne, de dimension divine et surnaturelle…

Estampe d’un auteur anonyme représentant le Namazu, ce poisson-chat géant vivant sous le Japon, battu par des habitants d’Edo, après avoir bougé et provoqué un séisme destructeur, en 1855 – domaine public

« Les catastrophes naturelles » n’existent pas au Japon

Dans la pensée occidentale, les catastrophes se divisent en deux grandes catégories : naturelles et humaines. C’est dans le premier sens que nous avons analysé les mangas portant sur les calamités frappant le Japon. Néanmoins, la culture japonaise ne possède pas une vision binaire des catastrophes. Une vision que Masamune Shirow partage bien dans Ghost in the Shell.

Lors d'un appel d'urgence d'Aramaki pour un supérieur, il demande où est Isuzu dans l'optique de l'aider sur une affaire urgente en lien avec le marionnettiste. Or, ce dernier s'est rendu sur le mont Aso (l'un des volcans les plus actifs du Japon) pour calmer un séisme et une éruption volcanique - dans Ghost in the Shell, chez Glénat.
Masamune Shirow, [Isuzu part calmer une divinité terrestre à Aso], dans Ghost in the Shell, ©Kôdansha, 1996, p. 269.

L’histoire de Ghost in the Shell se déroule dans un futur, aux alentours des années 2030. Le Japon, comme les autres nations du monde, a embrassé les avancées technologiques, les intégrant pleinement à leur quotidien. La frontière entre robot, informatique et humain est totalement brouillée : humains augmentés par les technologies, androïdes aux pensées humaines ou transfert de conscience entre divers corps… Est-ce pour autant la victoire d’une vision matérialiste du monde sur le spirituel ? Non. Un élément étrange s’est glissé dans ce monde mécanique. Au cœur de ces trois cases, l’inspecteur Aramaki tente d’appeler un certain Isuzu, pour une aide d’urgence sur l’enquête portant sur le marionnettiste – un être informatique unique et pluriel à la fois qui exécute des actes terroristes. Cependant, Isuzu ne se trouve pas dans la capitale, mais sur l’île de Kyûshû, pour calmer une « divinité terrestre (séisme) ».

L’auteur n’évoque pas, avec ce groupe de mots, le « séisme » comme une catastrophe « naturelle »… le mot en lui-même est entre parenthèses. L’accent est donné sur l’apaisement d’une « divinité terrestre ». Ainsi, dans la logique du récit, une divinité est coupable d’un potentiel réveil du volcan Aso. Alors, peut-on véritablement qualifier les séismes, les tsunamis et le volcanisme de catastrophes « naturelles » ? Selon Ferguson, la frontière entre catastrophes « naturelles » et « humaines » est bien plus floue qu’on ne pourrait le croire.

Alors pourquoi ces termes ?  Dans l’étude des mangas et, plus largement, de la culture japonaise, il existe un biais fondamental : celui des choix induits par la traduction française des idéogrammes japonais. Par conséquent, il est nécessaire de revenir sur la définition même de « risques naturels » au Japon, Philippe Pelletier décrypte cette notion :

« Ainsi, la notion de « risque naturel », qui nous paraît pourtant si évidente, n’a pas de strict équivalent en japonais. Le mot « risque » dans les langues européennes exprime l’idée de se trouver dans une situation dangereuse, soit involontairement. Il n’y a rien de tel dans le terme japonais qui est le plus utilisé à propos des aléas naturels, celui de saigai, qui véhicule au contraire, dans son étymologie et son idéographie, l’idée de dégâts causés par une intention divine cachée. Les aléas sont considérés comme relevant de l’ordre des choses » [1]

Masamune Shirow, [Couverture du tome avec le major Kusanagi], dans Ghost in the Shell, ©Kôdansha, 1996, p. 269.

Pelletier décrit la notion de « risque naturel », en soulignant notamment son décalage avec la conception occidentale. Grâce à cette définition, on comprend mieux certaines réactions et comportements dans les mangas face aux désastres : un choc initial, suivi d’une forme de résignation. Cette explication nous éclaire également sur le groupe de mots : « divinité terrestre (séisme) ». Ces divinités existent dans la culture religieuse du shintoïsme et se situent en bas de l’échelle divine, on les nomme les Kuni-danas ou esprits de la terre. Ces esprits vivent au cœur des volcans, des rochers, des arbres et l’ensemble inanimé[2]. Ainsi, la planche montre l’éveil d’un Kuni-danas et les conséquences associées : séisme et volcanisme. La notion de « catastrophes naturelles » chère à l’Occident s’efface au profit d’une responsabilité divine. Par conséquent, la destruction engendrée par un séisme, le déferlement aquatique d’un tsunami ou le réveil d’un volcan entrent tous dans cette catégorie.

Cette vision des catastrophes implique une forme de respect envers les forces de la nature, perçues comme des manifestations divines. Dans Spirit of the Sun, lors du réveil du mont Fuji, le jeune Gen évoque ce dernier comme le réveil d’un dieu destructeur. En ce qui concerne les volcans, la particule -san leur est ajoutée pour montrer ce respect. Alors, le Japon et ses habitants seraient-ils tous soumis à la loi divine ?

La représentation d’un monde sous le joug divin…

Un monde sans catastrophe « naturelle », où des esprits et des dieux règnent en maître, voilà une image bien étrange pour le lecteur occidental. Une question se pose alors : les mangas mettent-ils en scène ces dieux ? 

Lors d'une assemblée extraordinaire de toutes les divinités, de tous les panthéons du monde, l'assemblée du Wahalla. La Valkyrie Brunehilde interrompt le vote des dieux en faveurs de la mort de l'humanité - Valkyrie Apocalypse chez Ki-oon
Azychika (dessin), Takumi Fukui et Shinya Umemura (scénario), [La valkyrie Brunehilde interrompt le vote des dieux sur la survie de l’humanité], dans Valkyrie Apocalypse, ©Coamix, 2019, t.1 p. 18.

Bienvenue à l’assemblée des dieux, également connue sous le nom de Walhalla. L’aînée des valkyries, Brunehilde exhorte l’ensemble des dieux de ne pas détruire l’humanité. Voilà l’intrigue principale du manga Valkyrie Apocalypse, aux éditions Ki-oon. Le premier tome se concentre sur la possible fin de l’humanité. Les premières pages posent le décor : tous les dieux du monde sont réunis pour décider si l’humanité mérite de survivre. Chaque millénaire, ils se rassemblent pour déterminer si l’humanité est digne de survivre ou non. La séance, présidée par Zeus, dieu du ciel et du tonnerre grec, est la troisième du genre. Avant l’ordre du jour, il rappelle que le Déluge biblique et la dernière glaciation sont de leur fait. Ces dieux, véritables maîtres du monde, manipulent les éléments et provoquent des catastrophes. Aux yeux des dieux, les êtres humains ne sont que des jouets.

La planche montre l’ensemble de ces divinités en action. Leur nombre est si élevé que le mangaka dessine à peine leurs silhouettes, renforçant ainsi l’effet de foule. À l’exception du siège de président occupé Zeus, en bas à gauche de la planche et de la Valkyrie. La particularité des panthéons polythéistes est de réunir les principaux dieux au sein d’une assemblée ou un conseil divin : les Ases pour la mythologie nordique autour d’Odin, le panthéon grec autour de Zeus et ses frères, ou Shiva dans l’hindouisme. Ces dieux principaux sont secondés par d’autres divinités comme les valkyries.

Néanmoins, la graphie montre plus qu’un simple conseil de dieux, c’est une véritable assemblée qui peut renvoyer au mythe solaire d’Amaterasu. Après une énième dispute avec son frère Susanoo, dieu des mers et du vent, elle se cache au fond d’une caverne et le monde est frappé par une myriade de catastrophes. Un conseil exceptionnel de huit cents dieux est convoqué pour trouver une solution au problème solaire[3].

Ce rappel mythologique du shintô fait écho à cette assemblée du Walhalla. Elle réunit autant de dieux – voire plus – que le conseil pour sauver Amaterasu. En outre, en plus de la prépondérance et la multitude de dieux provenant de tous les panthéons mondiaux, un point interpelle : le mélange de toutes les religions au cœur d’un savant syncrétisme. Le mangaka condense dans une planche l’ensemble des divinités mondiales avec les mythes associés : le Walhalla, ou Valhalla, le Ragnarök qui est le crépuscule des dieux dans la mythologie nordique, mais aussi le Déluge chrétien. L’usage des mythes étrangers n’est pas une simple coïncidence ; c’est une récurrence dans la représentation de ce type de catastrophes. Les auteurs oscillent principalement entre des références chrétiennes avec un Dieu unique, des anges et passages de la Bible, puis la mythologie nordique. De fait, deux conclusions peuvent découler de cette planche.

La première est l’intégration de conceptions religieuse shintô avec une myriade de divinité, un syncrétisme culturel et religieux et une forme de conciliation entre toutes les formes de religiosités. La seconde est la mise en avant de dieux punisseurs, cherchant se venger de se venger de l’arrogance et des dégâts causés par l’humanité : pollution, déforestation massive, assimilé à de « véritables cataclysmes »[4]. Par conséquent, on représente des dieux capables détruire le monde, le Japon et l’humanité tout entière. Cette crainte et cette peur sont visibles dans le regard de Göll, située à droite de Brunehilde sur la planche. La benjamine des valkyries a les yeux grands ouverts face à l’interruption du discours de Zeus par son aînée. La crainte des dieux visible ici renvoie au terme même de kami que l’on traduit par « dieux » en Occident.

Azychika (dessin), Takumi Fukui et Shinya Umemura (scénario), [couverture du tome 1 : Lü Bu versus Thor], dans Valkyrie Apocalypse, ©Coamix, 2019, t.1.

Cependant, le terme japonais renvoie plus à tout ce qui est supérieur et qui impose le respect ou qui éveille la crainte. Ainsi, les dieux présentés au Walhalla sont perçus par Göll comme des kami japonais, entre respect et crainte du châtiment, à l’instar des forces naturelles que l’on a étudié dans les deux articles précédents : séismes, tsunamis et volcans. Cette double vision imprègne les représentations dans les mangas et permet d’évoquer une autre conclusion : la relation des Japonais avec les kami, caractérisée par la vénération des divinités pour apaiser leur possible colère…

La crainte de la fureur divine impose le respect envers les divinités comme pour Sato qui prie dans un sanctuaire par peur d’un réveil du Fuji, ou pour Nausicaä qui cherche à obtenir de bons vents. Les deux protagonistes respectent, car ils craignent les conséquences divines. Dans Spirit of the Sun où dans les mangas portant sur la Seconde Guerre mondiale, tous les personnages évoquent la chute et la destruction du Japon comme résultant d’une action divine, vues comme une punition ou le fruit de la colère des Dieux. Le peuple japonais aurait perdu foi dans les divinités qui les ont guidés à travers l’histoire. À l’inverse, du célèbre vent divin, le kamikaze, crée par le dieu de la guerre shintô : Hachiman, qui aurait sauvé l’archipel des invasions mongoles, à la fin du XIIIe siècle[5]. Hormis des actions directes, les kami ne sont que les émetteurs d’une volonté punitive, car d’autres agents sont à l’œuvre dans l’ombre…

… et des yôkai déchaînés ? La face cachée des catastrophes  

Ces divinités seraient assistées par des monstres,… qui sont ces derniers ? La tradition du monstre au Japon remonte aux origines des « premiers mangas » issue des mythes de l’archipel ou importée de Chine. En Occident, ces monstres sont nommés yôkai. Le terme peut se traduire par « esprit, démon » et est composé de deux kanjis : le premier peut se transcrire par « calamité » ou « attirant » et le second par « mystère » ou « apparition ». Les yôkai sont des monstres, des esprits qui frappent les hommes, leurs jouent des farces et influent sur la nature.

Pendant l'arc Shibuya, à Tôkyô, Yuji et les autres exorcistes essayent de battre le maître des fléaux Geto. Lors de cette rude bataille, Yuji entrevoit une ouverture pour le frapper, mais ce dernier invoque le Namazu qui aborde le jeune exorciste, provoquant le réveil d'un yokai destructeur au Japon - Jujutsu Kaisen chez Ki-oon.
Gege Akutami, [Yuji se fait engloutir par le Namazu de Geto], dans Jujutsu Kaisen, ©Shûeisha, 2020, t.15 p. 182.

Quel manga actuel est le mieux placé pour évoquer les yôkai que Jujutsu Kaisen ! Dès le début, Yuji navigue dans un monde où les esprits, yôkai ou autres monstres, regroupés sous le nom de « fléaux », attaquent les hommes. Lors de la l’arc Shibuya, les exorcistes sont confrontés à une vague de fléaux, plus ou moins forts, dont certains sont émanent de la nature. Derrière cette attaque, un exorciste, maître des fléaux : Suguru Geto. Son pouvoir, la manipulation des esprits, est à la fois simple et puissant : il plie à sa volonté les fléaux qu’il absorbe, puis les commande.

Ici, Yuji fonce pour reprendre « la lisière du supplice », un artéfact qui a permis de sceller Gojo, le plus puissant des exorcistes, mais se fait stopper par un trou béant. Ce « trou » est en réalité la gueule d’un fléau. La planche permet d’observer des yeux et des barbillons. Juste avant l’attaque et la chute de Yuji, Geto entame un monologue sur les séismes :

« Dans le temps, les séismes étaient considérés comme des phénomènes surnaturels liés au poisson-chat… On croyait qu’un immense spécimen sommeillait dans les entrailles de la terre et causait des secousses à son réveil… »

Aussi puissant qu’un kami, le mythe se matérialise avec le fléau qu’il invoque pour « absorber » le protagoniste. Son nom, Namazu, que l’on traduit par poisson-chat, est un yôkai dont la légende n’est pas plus ancienne que d’autres de ses autres congénères, les Tengu ou Oni. Son récit a été propagé par des missionnaires d’un sanctuaire du Kantô, le Kashima no kotobure, au cours du XVIIIe siècle dans l’objectif d’attirer des pèlerins, car la divinité consacrée dans ce lieu aurait le pouvoir de protéger des séismes. Dans les estampes associées au mythe, on découvre le kami Kashima, également nommé Takemikazuchi. C’est une divinité du tonnerre et un guerrier, qui écrase une pierre sacrée sur la tête d’un poisson-chat. Tantôt destructeurs, les kami sont aussi des êtres salvateurs de la population.

En 1855, à Edo, lors du dixième mois de l’année lunaire, précisément nommée « le mois sans dieu », Kashima part comme les autres dieux de leurs sanctuaires. C’est à ce moment-là que le Namazu en aurait profité pour ébranler la capitale avec un séisme, puis un tsunami, connu sous le nom de séisme de l’ère Ansei (1854-1860)[6].

Estampe anonyme sur feuille volante en circulation à Edo, capitale du Japon, après le séisme de 1855. On y observe le dieu Kashima empêcher le le Namazu, le poisson-chat géant, de  bouger de nouveau, sous peine de provoquer un autre séisme - Domaine public
Estampe anonyme représentant la divinité Kashima contrôler le poisson-chat géant responsable des séismes, Edo, 1855. Domaine public 

À la suite de cet évènement destructeur, annonciateur de la chute prochaine des shôguns, des images circulent (comme celle au-dessus) dans la capitale dépeignant un poisson-chat contenu par la divinité. Ces estampes sur feuilles volantes se diffusent massivement dans la ville, créant une croyance populaire selon laquelle poisson-chat rime avec séisme. C’est dans cette logique qu’il faut appréhender les mots de Geto et l’usage du fléau, d’autant plus que l’action se déroule à Tôkyô, le nouveau nom d’Edo. Au-delà du manga, le mythe persiste aujourd’hui sous divers motifs. Déjà, le Namazu est le symbole de l’application Yurekuru, qui prévient des séismes ses utilisateurs avec une alarme. Il apparaît également dans la série de cartes et les jeux vidéo Pokémon. En Occident, il est nommé Barbicha : un pokémon de type eau/sol avec la capacité séisme, devient Namazun en japonais. Cependant, le Namazu n’est pas le seul yôkai à provoquer des séismes…

Dernier exemple à la fin de l’époque Kamakura (1185-1333), avec le manga The Elusive Samurai de Yûsei Matsui (auteur d’Assassination classroom). Aux côtés de Tokiyuki Hôjô, héritier du clan éponyme, dans sa quête pour restaurer le shogunat Kamakura, on y observe le Japon médiéval de cette époque : structure sociale, régime politique, montée en force des samouraïs. Lors de son périple, ils croisent une pléthore de yôkai farceurs qui se jouent des hommes. Cependant, par leur lien avec la nature profonde nippone, les yôkai sont liés à des éléments. Les Tengus, ces mi-hommes, mi-oiseaux, sont associés aux montagnes et la terre. Symbole de l’ermitage martial, en apercevoir pourrait provoquer un séisme, aussi bien tellurique que politique. En effet, le héros se confronte aux tengus, une unité d’élite servant le clan Ashikaga : collecteur d’informations, assassinats, donc des agents de l’ombre au service du chaos…[7].

Des séismes aux yôkai : levée de rideau sur les catastrophes japonaises 

Et si les articles précédents n’étaient qu’un prélude pour découvrir le véritable « coupable » des catastrophes naturelles : les divinités et les forces surnaturelles de l’archipel ? Les mangas et leurs auteurs illustrent bien cette singularité culturelle japonaise : les catastrophes naturelles, telles que nous les concevons, n’existent pas.

Même si les séismes, les tsunamis, les volcans et les autres calamités naturelles déferlent sur le Japon, toutes ne sont perçues que comme le résultat d’une « intention divine cachée », orchestrée d’une ou plusieurs divinités ou des yôkai, tel que le gigantesque Namazu. Évoquer et représenter les catastrophes naturelles en manga s’inscrit dans un riche contexte culturel, celui d’un shintoïsme vivace et omniprésent, visible au travers de toutes ses divinités, de son syncrétisme avec d’autres mythes mondiaux. Dans la conception shintô, les catastrophes dites « naturelles » ont été divinisés par crainte de leur fureur, comme avec les Kunis-danas pour les volcans et les séismes. Ainsi, le divin n’est pas cantonné dans la seule sphère privée et n’est pas perçu à travers une classification « rationnelle » du monde : l’humain, l’animal, le naturel, l’artifice, le divin, comme en Occident[8].

Face aux divinités et aux yôkai, la seule voie à emprunter est celle de la résiliation et de la reconstruction. Les mangakas représentent la vision japonaise des catastrophes et leur diversité, tout en démontrant que la notion de « catastrophe » est une construction culturelle. En utilisant les kami et les yôkai, outre le réservoir inépuisable que ces personnages représente pour leurs histoires, ils transmettent une valeur essentielle : celle du chemin de la résiliation et de la reconstruction face aux calamités. Comme après le séisme de 1855, où des commerçants éditent des feuilles volantes avec le Namazu maîtrisé par Kashima, et en 1995, où un phénomène similaire se produit à Kobe[9]. L’objectif est de faire table rase de la catastrophe, de la surmonter pour aller de l’avant pour surmonter la catastrophe. Ainsi s’achève le trio d’articles portant sur comment les mangas représentent les catastrophes « naturelles » !

Bibliographie et pour aller plus loin

Aperçu des deux articles précédents

Le Japon face aux séismes : quand les mangas représentent les forces de la nature

Le Japon contre les flots et le volcanisme

Sources mangas (ordre alphabétique des dessinateurs et dates de publications française)

AKUTAMI Gege, Jujutsu Kaisen, Paris, Ki-oon, 2020.

AZYCHIKA (dessin), FUKUI Takumi et UMEMURA Shinya (scénario), Valkyrie Apocalypse, Paris, Ki-oon, 2019.

FURUYA Usamaru (dessin), EIFUKU Issei (scénario), SHIBA Hidetaka (supervision), L’histoire de l’empereur Akihito, Charleroi, Vega Dupuis, 2021.

IMASHIRO Takashi, Colère nucléaire. L’après catastrophe, Rancon, Akata, 2015.

KAWAGUCHI Kaiji, Spirit of the Sun, Paris, Tonkam, 2005.

KISHIRO Yukito, Gunnm édition originale, Grenoble, Glénat, 3e édition, 2016.

MATSUI Yûsei, The Elusive Samurai, Paris, Kana, 2022.

MIYAZAKI Hayao, Nausicaä de la Vallée du Vent, Grenoble, Glénat, 2e édition, 2009.

MOMOCHI Reiko, Daisy : lycéennes à Fukushima, Rancon, Akata, 2014.

Ouvrages et articles

BOUISSOU Jean-Marie, Manga – Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, Paris, Éditions Philippe Picquier, 3e édition, 2013.

BUTEL Jean-Michel et GRIOLET Pascal, « Histoires de poissons-chats — les images du grand séisme de 1855 à Edo », Ebisu, 21/1999, p. 17-33.

FERGUSON Niall, Apocalypses : de l’Antiquité à nos jours, Paris, Éditions Saint-Simon, 2021.

PELLETIER Philippe, Le Japon, Paris, Le Cavalier Bleu, 2008.


[1] PELLETIER Philippe, le Japon, Paris, Le Cavalier Bleu, 2008, p. 51.

[2] MOURRE Michel, Les religions et les philosophies d’Asie, Paris, La Table Ronde, 1998, p. 383.

[3] Ibid., p. 379.

[4] AZYCHIKA (dessin), FUKUI Takumi et UMEMURA Shinya (scénario), Valkyrie Apocalypse, Paris, Ki-oon, 2019, t.1 p. 14 ; MIYAZAKI Hayao, Nausicaä de la Vallée du Vent, Grenoble, Glénat, 2e édition, 2009, t.4 p. 30, 154, t.5 p. 133, t.7 p. 13.

[5] MATSUI Yûsei, The Elusive Samurai, Paris, Kana, 2022.

[6] BUTEL Jean-Michel et GRIOLET Pascal, « Histoires de poissons-chats — les images du grand séisme de 1855 à Edo », Ebisu, 21/1999, p. 17-21.

[7] MATSUI Yûsei, op. cit., t.3 p. 166.

[8] BOUISSOU Jean-Marie, Manga – Histoire et univers de la bande dessinée japonaise, Paris, Éditions Philippe Picquier, 3e édition, 2013, p. 222.

[9] BUTEL Jean-Michel et GRIOLET Pascal, op. cit., p. 20.

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