Burlesque s’il vous plaît ! (バーレスクください! )

Dans vos pérégrinations au pays du Soleil Levant, la rédaction de Journal du Japon, vous aura vanté les mérites de la restauration en Izakaya, pubs branchés, et autres discothèques pour vous trémousser.
La vie nocturne, y est d’une grande richesse. Et si, à l’occasion des fêtes, nous allions un peu nous encanailler, dans les cabarets nippons ?

La tradition du cabaret est née au cours du XIXe siècle, et prend son essor dans les années 1940/1950 : spectacles d’effeuillages, comiques, un tantinet érotiques. Cette tradition s’efface dans les années 1970, avec l’apparition de la télévision dans les foyers, la popularisation des revues érotiques, de même qu’avec l’avènement de la pornographie. Dans les années 1990, le mouvement renait de ses cendres, avec le néo Burlesque, qui est volontairement politique : c’est une énergie de la contre-culture pour casser les canons de beauté, une revendication féministe, et un espace de parole pour la communauté Queer. Le mouvement est très marqué par les imageries de l’Art Nouveau, les années folles, le rockabilly, l’art du tatouage, et piercings, ou encore la fête foraine. Mais, il a su se moderniser, avec les univers des différents artistes qui le pratiquent, car le Burlesque est avant tout, un art de la Liberté.

Non, sans citer notre patrimoine, des Folies Bergères, du Lido, Crazy Horse, les performers-euses se dévoilent dans la bonne humeur, pour le plaisir de tous-tes : Plumes, et boas, talons aiguilles, porte jarretelles, paillettes, cracheurs de feu, et humour tarte à la crème, ces spectacles réjouissent.
Aujourd’hui, le mouvement a repris sa place dans l’espace public, avec des stars internationale comme Dita Von Teese pour ne citer qu’elle.
Les cabarets fleurissent dans nos villes, y mêlant: cirque, strip-tease, Drags Queens et Kings, pole dance, performances acrobatiques, et pin-up fraîchement pomponnées. De même, il n’est pas anodin que, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024, la star Lady Gaga, y rende un vibrant hommage, en interprétant: « Mon truc en plumes » un canon du genre signé Zizi Jeanmaire.

Le Japon n’étant pas exempt de telle esthétique, nous nous sommes immergés dans trois établissements, pour témoigner de l’existence de cette contre-culture, et d’un certain amour pour le vintage.

Burlesque Japon

バーレスク大阪 (Burlesque Osaka)

C’est dans le quartier de Kitashinchi à Osaka, que nous nous rendons en premier lieu. Ce quartier, plein de discothèques, et de bars branchés, est assimilé au Ginza local. Dans l’un des immeubles, au quatrième étage, nous passons la porte de ce monde.

La soirée est découpée en trois sessions d’une heure :      

Burlesque Osaka
  • 19h30 – 20h10
  • 21h30-22h10
  • 23h30-1h

Moyennant un prix d’entrée de 5500 yens (prix de base incluant une boisson au choix), il y a possibilité d’avoir des pass VIP, ou Premium, donnant droit à placement privilégié, et autres goodies à l’image du lieu. De même, il nous est possible d’investir dans une monnaie locale, le Rion, qui servira en fin de soirée à remercier nos danseuses préférées.
 Nous pouvons, maintenant, passer une très belle nuit, pleine de strass et paillettes.

Assis à notre table, il sera interdit d’en bouger (hormis pour aller aux toilettes) pendant le spectacle. La quinzaine de performeuses, vient tour à tour se présenter à nous : Kelly, Renna, Sunny, Mimosa sont en tenues légères, et portent un petit écriteau avec leur nom. Des QR Code de leurs comptes Instagram sont suspendus à leurs culottes et soutien-gorge.

Burlesque Osaka

Puis le show commence, Kelly interprète l’opening de Néon Genesis Evangelion, la température monte dans la salle. Les Japonais se lâchent après une dure journée de labeur, tout le monde scande le refrain, la joie est belle et bien présente dans la salle. Puis successivement les filles dansent, la barre de pole dance est installée par le staff, et Betty y tourbillonne.
De même le grand classique de la coupe de Martini, où Uarara trempe gracieusement, le promontoire se met à tourner. Un spectacle de toute beauté.
On note un certain goût pour les distributions d’ensembles. En effet, dans nos contrées, les numéros sont prestés par un artiste, parfois plusieurs, mais les troupes entières sont rarement sur la même scène. Cela évoque Vegas, ou Broadway sur cet élément.

Néanmoins, assez loin des costumes inspirés des années 1920 et de l’Art Nouveau, l’esthétique kawai n’est jamais loin. Tuniques roses bonbon, costumes d’écolières, nœud papillons, cravates accompagnent les corsets, froufrous et paillettes. Pour l’avant dernier numéro, prend place une dimension plus érotique, proche de la niche BDSM : les pompons cèdent leur place au cuir, et autres tenues en vinyle. La musique se fait plus mordante, et les danseuses plus équivoques dans leurs prestations.

Puis le climax, le clou du spectacle : tout le monde est tenu de se lever, c’est le moment d’agiter le bâtonnet fluorescent que nous pouvons acheter à l’entrée, de chanter et danser avec le staff, et les danseuses.  De distribuer les pourboires, en glissant nos Rions sous la ficelle du soutiens gorge, ou la culotte des danseuses. Un vrai moment de fête, bon enfant, et sécurisé, l’occasion rêvée de se lâcher pour les salarymens.

The Burlesque

The Burlesque

Cette fois-ci, rendez-vous dans le quartier festif de Dotonbori [y a-t-il un quartier d’Osaka, où il n’y pas la fête ?], au milieu des bars à hôtesses, un cabaret. Des fauteuils en velours, des néons diffusent une ambiance dans les tons rougeâtres, évoquant un lieu chaleureux, pour privilégiés. Sur le modèle de trois séances d’une heure chacune, nous sommes cette-fois-ci, accueilli par une Bunny Girl.

The BurlesqueThe Burlesque

Après le rituel de la serviette humide chaude pour nous laver les mains, notre lapine est chargée de nous divertir, et nous faire la conversation. Le modèle économique est similaire à celui des bars à bouchons (sans la danse privée). Il vous sera gentiment demandé par celles-ci, si vous voulez bien, de leur payer un verre (du thé oolong), ce qui constitue un petit bonus salarial pour elles.
Puis, nous ne savons plus où donner de la tête, car les shows sont aussi bien sur scène, que sur le zinc du bar. Des interprétations de chansons à succès depuis les années 2000 en lip-sinc, ou direct selon la performeuse. Enfin nous avons assisté à un numéro de pole dance, par une danseuse brésilienne du nom de Beyoncé, et divers effeuillages.
L’esthétique ici, est un tantinet plus sexy, sans être graveleuse pour autant. Les filles en tenues légères se dévêtissent encore un peu plus, tout en laissant une part belle à l’imagination.

Rokusan Angel

Direction Roppongi à Tokyo, un immeuble avec deux cabarets en sous-sol. Rokusan Angel (ex Burlesque Tokyo/バーレスク東京), est situé au B-2 sous Party On Tokyo, une autre discothèque. De quoi envisager des nuits endiablées à naviguer entre les deux établissements, pour le peu que l’on ait la santé (la fermeture est à 5h du matin), et le porte-monnaie adéquat (6500 yens par session d’une heure).
Comme il appartient au même propriétaire que celui d’Osaka (c’est une chaîne), les prestations sont analogues, avec les systèmes de pourboires au Rion. La seule grande différence est que la salle est colossale, et permet à la fois plus de libertés sur les shows, et une quantité de public en présence plus importante.

Lors de notre visite, c’était l’anniversaire de la danseuse Ebi, nous avons eu droit à surenchère de cotillons, cocktails et shooters pour le fêter dignement.

Nous notons un attrait prononcé pour le grandiose, à l’image de ce numéro, où un appareillage ressemblant à un diamant, est suspendu au dessus de la scène. Il balance, tourne sur lui-même, et les danseuses y donnent des acrobaties. Ou encore cette entrée fracassante en moto… pas de doutes possibles, nous avons passés le cap de l’élite du Burlesque local.

La soirée était de l’ordre du stratosphérique, la foule dansante, le ballet des serveurs, et les danseuses qui déambulaient dans cette masse avec aisance, alors que la fête battait son plein.

Rokusan Angel

Nous avons essayé de trouver d’autres clubs mettant en scène des Drag Queens, qui sont partie intégrante de l’écosystème Burlesque, mais leurs accès était complexe. Bien qu’iels soient souvent présentes à la TV, comme les célébrités de Madame Wasabi, ou encore Matsuko Deluxe, c’est un univers encore un peu caché au Pays du Soleil Levant.


Si vous cherchez du divertissement pour adultes, une soirée haute en couleurs, avec froufrous, glitter, et paillettes ces trois adresses saurons vous contenter. Qu’on y aille seul ou accompagnés, (les dames y sont les bienvenues, et paient souvent moins cher l’entrée), c’est la garantie de souvenirs uniques !

Guillaume PAUCHANT

Il faut avoir des films en soi, pour faire rêver le monde.

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