Clock Tower Rewind : ciseaux, horreur et rétro
Fin octobre, un jeu culte du point’n’click horrifique a fait son retour sur pratiquement toutes les consoles : Clock Tower Rewind. Initialement sorti en 1995 par Human Entertainment sur Super Famicom, puis réédité en 1997 pour une sortie sur PC, le jeu n’était jamais légalement sorti hors des frontières du Japon. Après presque 30 ans, ce remaster de Sunsoft, distribué par WayForward, nous permet d’enfin explorer le manoir Barrows et découvrir ses sombres secrets. Journal du Japon vous fait dès à présent la synthèse de ses découvertes !
Clock Tower : une saga méconnue
Avant d’en apprendre plus sur Jennifer, Scissorman ou le mystérieux manoir Barrows, il serait bon de revenir rapidement sur la série. Débutée en 1995 et développé par Human Entertainment, la saga d’horreur au format point’n’click nous entraine dans les couloir de la Clock Tower, un bâtiment immense perdu dans les montagnes du Romsdal, en Norvège. Un lieu parfait pour l’horreur qui s’y déroule… Fort de son succès, une suite est rapidement mise en chantier ! C’est donc 1996 que débarque Clock Tower 2, suite directe du premier opus sur PlayStation. Contrairement au titre sorti sur Super Famicom, ce deuxième opus sort également à l’internationale (1997 pour les Etats-Unis, 1998 en Europe), enlevant le numéro 2 au passage. Hop, ni vu ni connu, il devient le premier titre d’une « nouvelle » franchise horrifique made in Japan.
En sachant cela, il est normal que les européens aient été quelque peu surpris en commençant au milieu du récit… car oui, Jennifer et Scissorman sont tous les deux de retour, le manoir Barrows est mentionné tandis qu’un nouveau lieu, le château Barrows (en Angleterre) est visitable. Toute l’intrigue amène le joueur à aider la jeune femme a découvrir comment le meurtrier aux ciseaux a pu réchapper aux événements de Clock Tower. Heureusement, elle ne sera pas seule dans son enquête puisque sa tutrice Helen, la deutéragoniste, est là pour l’aider. Mais attention, car le Mal rôde dans la région du Romsdal…
Au revoir Jennifer et Scissorman…
Après le diptyque centré autour de la jeune fille et du tueur aux ciseaux, et avant que Human Entertainment ne dépose le bilan, un troisième opus intitulé Clock Tower Ghost Head a vu le jour. Et pour le coup, il n’a rien à voir avec The First Fear ou CT 2. Ce spin-off connu aux USA sous le titre Clock Tower II The Struggle Within nous fait incarner Alyssa Hale ainsi que son alter ego Bates au cours de 3 chapitres plus ou moins longs sous couvert de surnaturel.
Le premier sert de tutoriel, et permet de mettre en place les mécaniques du jeu comme le clic pour interagir avec les objets, la gestion de l’inventaire ou encore les fuites, cachettes et altercations avec les ennemis. Attention à ne pas être trop effrayé sous peine de libérer Bates… un peu trop belliqueux pour le bien d’Alyssa Hale.
… et bonjour Alyssa (bis)
4 ans après le spin-off, Capcom ayant maintenant les droits de la licence se dit qu’il serait temps de publier un nouveau jeu. Développé cette fois-ci par Sunsoft, Clock Tower 3 ne tarde pas à pointer le bout de son nez sur PlayStation 2. Ici, le joueur incarne une nouvelle fois une jeune fille, Alyssa Hale Hamilton, qui suite à la réception d’une lettre de sa mère, et malgré les avertissements, décide de rentrer dans le manoir familial. Elle découvre alors que sa mère, Nancy, a disparu… pire, un intrus habite maintenant les lieux. Notre héroïne part donc à la recherche de sa mère par delà le temps et l’espace.
Ce n’est pas qu’une image. Ce jeu nous fait voyager à travers des portails pour aider différentes âmes à trouver le repos tout en se rapprochant d’entités malveillantes ayant un lien avec la Clock Tower. On retrouve même la famille Barrows (orthographiée ici Burroughs) ainsi qu’une nouvelle demeure en lien avec cette puissante famille, le château Burroughs servant de donjon final. Le jeu s’éloigne un peu du simple point’n’click et propose des moments d’action et de combat grâce aux pouvoirs d’Alyssa, une Rooder (en gros une personne capable de repousser le mal), armée de son arc enchanté !
Suites spirituelles
Alors que les fans attendaient désespérément un nouvel opus, et bien que le troisième n’ait pas été un grand succès, Capcom a bien annoncé un nouveau jeu horrifique. Et c’est en 2005 que sort, non pas Clock Tower 4 (toujours en attente à ce jour) mais bien Demento (connu sous le titre Haunting Ground à l’international). Le joueur y incarne, vous l’aurez compris, une jeune fille qui doit s’échapper d’un mystérieux château habité par des personnes étranges. Pour ce faire, une seule solution, explorer et se cacher ! Accompagnée d’un chien, Hewie, Fiona Belli, va devoir sortir tout en évitant de se faire prendre par Debilitas, Daniella et les autres poursuivant…
Au vu des similitudes avec les mécaniques de la série Clock Tower, et comme une partie de la team derrière le numéro 3 a été engagée sur ce jeu, beaucoup de fans pensent encore aujourd’hui qu’il a été un temps pensé comme le Clock Tower 4 tant attendu, mais rien n’a jamais été officialisé par les développeurs.
Après Demento, deux autres jeux se rapprochent quelque peu des mécaniques ou de l’atmosphère : Rule of Rose et NightCry. Le premier a été développé par Punchline, et édité par Sony (Japon), Atlus (USA) et 505 Games (Europe). Il nous entraine dans les mésaventures de Jennifer (il n’y a que 2-3 prénoms dans les fiches ou quoi ?). Alors qu’elle prenait un bus, elle se fait approcher par un enfant qui lui demande de lui lire une étrange histoire… mais il manque des pages. Tentant de rattraper l’enfant, elle arrive aux portes d’un étrange manoir… Accompagnée par un chien, Jennifer doit s’échapper des lieux qui sont sous le joug des Aristocrates du Crayon Rouge, un groupe de jeunes filles.
Un retour des ciseaux ?
Le deuxième jeu, NightCry, a été développé par Nude Maker, un éditeur créé par Hifumi Kono, un ex-membre de Human Entertainment ayant travaillé sur Clock Tower 1 et 2. Créé à la suite d’un crowdfunding, ce nouveau point’n’click survival horror nous entraine à bord d’un paquebot. Jouant les jeunes Monica Flores et Rooney Simpson, le joueur doit alors tout faire pour échapper a un mystérieux tueur armé… d’une paire de ciseaux géante ! Scissorman, pardon Scissorwalker, est donc de retour et prêt à massacrer bien des innocents.
Comme dans tous les jeux inspirés de Clock Tower, celui-ci tourne autour de la résolution d’énigmes et de la fuite, de la cachette. Entrer dans un carton, se réfugier derrière une rangées de produits, il va falloir réfléchir très vite pour survivre… car ça peut très rapidement être fatal !
Clock Tower Rewind rafraîchit la saga
Maintenant que l’état des lieux de la série a été fait, passons au test du remaster dont voici le synopsis :
Remontez le temps avec l’un des pionniers du genre survie d’horreur. Traduit et sorti pour la première fois au-delà des frontières japonaises, Clock Tower : Le Retour est une reprise du classique d’horreur en 16 bits qui vous met au défi d’explorer les recoins hantés du manoir Barrows. Vous incarnez Jennifer, une adolescente orpheline. Fouillez des pièces inquiétantes, trouvez des objets, révélez des secrets et découvrez comment échapper au Scissorman, un inexorable psychopathe armé de cisailles.
Optez pour le mode Original si vous souhaitez jouer à Clock Tower dans sa version de 1995 ou en mode Amélioré pour plus de contenus et de surprises. Parmi les autres nouveautés, une intro animée, des chansons d’ouverture et de fin, des cinématiques en motion comic, un entretien avec le créateur, des visuels, un cadre latéral dessiné, des sauvegardes et un lecteur de musique. L’heure tourne… survivrez-vous ?
Jennifer au cœur du cauchemar
Lorsque l’on pénètre pour la première fois dans le manoir Barrows, l’ambiance nous happe de suite. Les longs couloirs plongés dans l’obscurité, le silence pesant, les bruits lointains, les cris de Jennifer et surtout les attaques de Scissorman tout est fait pour nous effrayer. Et cela passe aussi par le gameplay.
En effet, lorsque l’on joue Jennifer (jouer est un bien grand mot, diriger à la rigueur), quelque chose nous frappe : Jennifer est vulnérable. Mais vraiment. Elle court pour sauver sa vie mais fatigue assez vite. Il faut donc qu’elle se repose régulièrement. Et parfois alors que le meurtrier est juste à côté ! Si la jeune fille est trop épuisée, il lui est impossible de ne serait-ce que se défendre, c’est alors game over direct. En tant que joueur, il devient alors primordial de parfaitement gérer les moments de course et de repos tout au long de la partie. Sur Switch, le bouton X va donc être pressé un bon nombre de fois !
Horreur en 16 bits
Une fois que l’on comprend comment se déplace l’héroïne (bouton L pour aller à gauche, R pour aller à droite), il va falloir interagir avec le décor. C’est là qu’intervient le pointeur. En utilisant le joystick gauche, la flèche se déplace sur l’écran de la Switch, et parfois (sur les portes par exemple) il prend la forme d’un cadre, il est alors possible de cliquer et de faire une action (prendre un objet, se cacher sous le lit, pousser une étagère,…). Mais certaines peuvent se révéler négatives, en attirant Scissorman directement, ce qui ajoute encore plus à l’engouasse.
Il faut donc toujours veiller à bien choisir sur quoi cliquer, parfois rapidement si on est pourchassé, pour éviter la fin de partie. Il faut aussi surveiller la « jauge de peur » de Jennifer en permanence. Allant du vert au rouge, cette dernière indique le degré de stress. Si la « jauge » est bleue, un événement surprenant est déclenché, et si un œil grand ouvert (accompagné par un cri) remplace le visage, c’est un événement effrayant qui est déclenché. Il faut alors fuir et se cacher le plus rapidement possible. Attention à ne pas tomber par terre dans la panique, cela stresserait encore plus la jeune fille.
Pointer-et-cliquer pour vivre…
Jusqu’ici nous avons vu les contrôles pour se déplacer, se reposer, se cacher, la partie horreur en somme. Mais il y a aussi du point’n’click. On a vu la partie sur les portes pour s’enfuir, mais Clock Tower, c’est aussi un jeu à mystère. Fouiller les pièces pour ramasser des documents ou des objets est un autre élément essentiel dans la progression. Surtout que certaines portes sont fermées à clé, il va donc falloir chercher ces dernières pour avancer. Parmi la multitude d’objets essentiels à la progression, 2 sont particuliers. À chaque nouvelle partie, il sera demandé à un moment clé du jeu de trouver soit une statuette soit une canne. Impossible de savoir à l’avance lequel il faut trouver, seule une salle spécifique donne un indice et il est généré aléatoirement, rendant chaque run différente.
… mais dans quel ordre ?
Un titre un peu bizarre mais essentiel. En effet, le jeu n’étant pas très long lorsque l’on sait où chercher, les développeur ont programmé 8 fins différentes ! Allant de S à G, elles se débloquent selon les actions faites au cours d’une même partie. La pire (G) se débloque par exemple en fuyant en voiture dès le début du jeu et sans avoir rien trouvé ou accompli dans le manoir. Les autres se débloquent selon la première scène en jeu (la salle de bain enfumée ou le vitrail détruit) mais aussi selon les événements et objets trouvés…
En vrai, il est presque impossible de faire toutes les fins sans soluce et malheureusement elles sont pratiquement toutes en anglais donc pas accessible à tout le monde. Mais chaque run est très satisfaisante donc courage à tous ! Sachez aussi que les développeur ont révélé que la fin canon est la A… pas la meilleure mais clairement pas le pire, vraiment.
Un bon remaster
Développé par Sunsoft, ce jeu iconique de la Super Famicom ressort après près de 30 ans ! Et cette version, en tout cas la version Switch, est vraiment confortable à jouer. Entièrement traduit en français, donc idéal pour ceux qui ont du mal avec l’anglais, le jeu offre un gameplay basique mais efficace. Un clic sur la gâchette L, Jennifer part à gauche, un sur R et elle file sur la droite. Deux clics et elle sprinte. Le pointeur se déplace assez rapidement sur l’écran et de manière plutôt fluide, rendant les interactions avec l’environnement simples (mais toujours stressantes quand Scissorman est là !).
Le X est spammé à outrance tellement Jennifer stresse en permanence, et le bouton A ne permet que de cliquer ou utiliser un objet dans l’inventaire. Non le vrai héros, c’est le B ! Utile en cas de danger, il permet de repousser une attaque ou faire une action spécifique à certains moments clés selon les tableaux.
Visuellement, c’est le même jeu que dans les années 1990, et il est toujours en 4:3, donc les bandes noires sont présentes mais des fonds peuvent être ajoutés. En parlant d’ajouts, il est maintenant possible de sauvegarder à tout instant, avec 3 slots, et de faire un rembobinage en cas de fail malencontreux. Et pour les speed runners ou ceux qui veulent ignorer les dialogues en début de jeu, une option de quick start est disponible sur le menu.
Bande-son, opening, comics et interview
En plus du confort de jeu, les développeurs ont fait les choses bien. Tous les thèmes du jeu (attaque de Scissorman, chambre hantée, sous-sol, …) sont écoutables via une bibliothèque accessible depuis le menu principal. Ce même menu donne aussi accès à différents contenus bonus comme les motion comics déblocables en fonction de certaines actions en jeu comme dans la salle des corbeaux par exemple. Un nouvel opening a été composé spécialement pour cette ressortie, chanté par Mary McGlynn, tandis que les crédits de fin sont chantés par Emi Evans. Et une longue interview (découpée en segments) est à visionner depuis le jeu.
Ce remaster est une parfaite porte d’entrée dans la saga, mêlant esthétique d’époque et contrôles modernes. Il remet en avant une saga délaissée depuis bien longtemps mais toujours aussi effrayante qu’au premier jour. Avec un peu de chance, un Clock Tower 4 verra peut-être le jour finalement… En attendant, repartez dans les couloirs du manoir Barrows et fuyez loin des ciseaux géants ! Un accident est si vite arrivé…