Farmagia : Savez-vous planter les loups ?
Marvelous Inc., société japonaise formée en 2011 par la fusion de trois entités, est à l’origine de quelques sagas bien connues du monde du jeu vidéo comme No More Heroes, les jeux FATE, mais aussi et surtout, les Harvest Moon, connus depuis 2014 sous le nom Story of Seasons. Reprenez le concept « vacances à la campagne » de ce dernier, ajoutez-y une touche de Pikmin et un soupçon de Pokémon et vous obtenez le jeu que nous allons vous présenter aujourd’hui: Farmagia!
Cultiver son jardin !
Dans le monde de Felicidad, tout être vit en harmonie sous l’autorité du Magus Diluculum. À la mort de ce dernier, le despote Glaza prend sa place, et tente d’utiliser la magie pour prendre le contrôle de tout. S’installe alors une rébellion fondée par les Farmagia, des fermiers magiciens qui élèvent et commandent des créatures magiques, dans le but de faire revenir la paix à Felicidad. Vous incarnez Ten, un jeune Farmagia qui fera tout pour que le monde dans lequel il a grandi retrouve de sa superbe !
Marvelous Inc. revient cette année avec un nouveau concept : ne plantez plus des choux ou des navets, mais des animaux ! Si les graphismes vous disent quelque chose, c’est normal : Hiro MASHIMA, auteur à l’origine de Fairy Tail et Edens Zero, est aux commandes du character design. Vous ne serez donc pas étonné de retrouver les éternels clichés que l’on peut voir dans les shônen (le héros, un jeune fermier qui doit sauver le monde, le sidekick qui fait de nombreuses blagues en rapport avec le mot « œil », parce qu’il n’a qu’un œil ou encore, le rival/meilleur ami à la Végéta…)
Pour mener à bien votre mission, vous aurez plusieurs tâches à accomplir. Pas de monde ouvert avec une carte à décortiquer façon Breath of the Wild, mais un écran d’accueil avec les différentes actions qui vous sont proposées. Le mode histoire se présente sous la forme de donjons, appelés Labyrinthes, dans lesquels vous allez pouvoir récupérer des graines d’animaux, de l’engrais, ou encore des coffres. Ces derniers vous aideront à gagner des pouvoirs pour toutes vos meutes d’animaux, ou pour un groupe en particulier. Ces dédales sont au centre du jeu, et seront l’endroit où vous passerez le plus clair de votre temps. Le Ranch, semblable au Poké Récré, vous donnera l’opportunité d’entraîner vos créatures, de leur donner des friandises dans le but d’augmenter leurs statistiques. Dans votre Ferme, vous pourrez planter et cultiver de nouvelles créatures et faire évoluer vos capacités de fermier à travers un arbre de choix géant.
Les quatre dernières vignettes sont d’autres lieux pour vous aider à avancer dans votre aventure : une boutique, pour acheter vos objets au lieu de les trouver dans les labyrinthes ; le Mouton à Cinq Pattes, une auberge dans laquelle vous trouverez de multiple quêtes annexes ; les Sanctuaire Elementaux pour améliorer les capacités de vos monstres, et le Château d’Avrion, pour interagir avec certains personnages et avancer dans l’histoire. Si vous avez terminé tout ce que vous vouliez faire et que vous souhaitez temporiser, vous pouvez également accélérer le temps et faire passer la journée : vos plants de monstres auront ainsi le temps de pousser.
Une salade de Musô
Comme dit précédemment, c’est Story of Seasons qui représente la base du jeu, puisqu’il s’agit de la même boîte qui est à l’origine des deux jeux. Vous allez donc devoir planter des graines de monstres dans des parcelles de terre de votre ferme, les arroser, les désherber et les récolter pour augmenter les tailles de vos troupes.
On retrouve ensuite un peu de Pokémon, pour le côté collection de monstres, mais aussi un bout de Pikmin, dans ce concept de masse qui vous suit comme votre ombre. Effectivement, juste avant de vous lancer dans les différents labyrinthes du jeu, vous allez devoir vous équiper de monstres de mêlée ou de combat à distance en fonction des points faibles de la zone. Puis, une fois à l’intérieur, les monstres ennemis sont surmontés d’une icône pour vous indiquer la bestiole à utiliser contre lui.
Ce principe n’est pas non plus sans rappeler le genre Musô (à lire Mouzô). Il s’agit d’un style de jeu entre le hack’n’slash et le beat them all, qui pourrait se traduire par Sans égal et qui vient de la saga de jeux Sangokumuso, Les trois Royaumes sans égal, ou Samurai Warriors en anglais. Popularisé par les Dynasty Warriors, il s’agit de contrôler un personnage qui va devoir se dépêtrer d’une masse d’ennemis en gérant ses points de vie, sa défense et sa stratégie de combat. C’est en voulant montrer la puissance des nouvelles consoles Playstation 2 et Xbox dans les années 2000 que le genre est né, en y affichant un nombre impressionnant d’ennemis qui arrivent contre le joueur. Les Labyrinthes vous donneront donc ce sentiment de « seul contre tous », surtout lorsque vous allez casser certains murs magiques pour arriver dans des nids de Monstres, qui vous permettront de gagner plus de récompenses qu’en prenant le chemin classique.
Les combats peuvent parfois paraître un peu chaotiques et presque répétitifs, surtout que certains monstres sont de vrais sacs à PV. Vous n’êtes cependant pas obligé de marteler le bouton d’une meute pour qu’elle attaque, vous pouvez simplement rester appuyé, ce qui les envoie à l’assaut jusqu’à la mort de votre ennemi (ou que vos monstres ne soient assommés). Si vous n’avez pas le temps de terminer le dédale d’une seul traite, pas de souci : vous trouverez au milieu d’un niveau une sauvegarde rapide pour sortir du labyrinthe et faire une pause ; une aide non négligeable.
On peut ressentir un gros déséquilibre entre les phases de donjons qui sont très dynamiques et demandent toute l’attention du joueur, comparé aux moments scénarisés, beaucoup plus calmes. Peu, voire pas de cinématiques avec des personnages en 3D, mais seulement des images très peu animées qui donnent un aspect Visual Novel qui est très – trop – bavard. Comme l’histoire n’invente pas grand chose, il est totalement possible de ne pas se préoccuper des trop longs discours des personnages pour se concentrer sur le gameplay, le farming, et les quêtes annexes. Il vous faudra une trentaine d’heures pour terminer l’histoire, alors que presque 80h de jeu vous attendent si vous décidez de vous atteler aux missions secondaires.
Son & Musique
On appréciera de voir que l’on nous propose le jeu avec les voix des personnages en anglais, mais aussi et surtout avec un doublage japonais et des sous-titres en français ! Côté acting, nous retrouvons un habitué des jeux vidéo pour la voix de notre héros, Ten, en la personne de Kohei AMASAKI (Loveless dans le récent jeu Metaphor) mais aussi Atsumi TANEZAKI dans le rôle de la mascotte, Neuneuil, connue pour la voix d’Anya dans SpyxFamily.
Ce jeu est appréhendé comme s’il s’agissait d’un anime, et on apprécie l’idée tout comme on savoure le résultat : les graphismes du jeu dans un premier temps, avec la patte très reconnaissable de monsieur Mashima, qui dans l’ensemble ne révolutionne pas le milieu vidéoludique mais sont toujours agréables. Le jeu démarre par une cinématique d’ouverture chantée par deux seiyu du jeu, Ayane SAKURA (Gabi dans Shingeki No Kyojin, Ochako dans My Hero Academia) et Inori MINASE (Prushka dans Made In Abyss), avec le titre Dis-Dystopia, en plus d’avoir une BO encadrée par le groupe Asian Kung Fu Generation.
Un anime est d’ailleurs prévu pour le début d’année prochaine, avec tous les doubleurs du jeu vidéo et avec Life is beautiful de AKFG pour l’opening. Il faut dire qu’entre l’histoire du jeu vidéo, le side kick agaçant ou les graphismes… tout se prête à l’exercice : il était impossible de passer à côté d’une adaptation animée de ce jeu.
Farmagia n’est clairement pas le jeu de l’année. Il reste pourtant très agréable à jouer et, avec ses nombreux tutoriels, très facile à prendre en main. Même si l’on n’a pas l’habitude des jeux Musô ou des jeux de simulation ou de gestion, on y trouve rapidement ses marques grâce aux aides qui restent toujours inscrites à l’écran. Les combats peuvent rapidement devenir désordonnés et ce trop plein d’informations cause parfois quelques ralentissements sur la Nintendo Switch… mmais, le principe de meute de masse couplé à la limite de temps à passer dans les labyrinthes a un côté assez jouissif. Si l’histoire, qui reste somme toute assez basique, vous fait de l’œil mais que vous n’avez pas les consoles sur lesquelles Farmagia est disponible, vous pouvez toujours attendre le 10 janvier 2025 pour la diffusion du premier épisode de la version anime ! Pour les autres, vous pouvez retrouver Farmagia sur Nintendo Switch, PS5 ou sur PC.