Chastity High : Lycée, amours & réseaux sociaux

De plus en plus de dramas asiatiques cartonnent sur Netflix, et les dramas japonais reviennent petit à petit en force. Nous vous en avons déjà présenté quelques-uns, comme Destiny, ou Followers le mois dernier Ce mois-ci, nous allons vous en présenter un autre qui a débarqué chez nous et dans le reste du monde à la fin du mois d’août : Chastity High, une série sur la représentation de la sexualité chez les jeunes Japonais, avec un casting rafraîchissant et de très bonnes idées scénaristiques.

Attention, cet article contient quelques spoilers.

Entre Elite et Hierarchy

Une école de filles devient mixte avec une règle principale à ne pas enfreindre : les relations amoureuses sont interdites. Un comité anti-relation est même installé au sein du lycée. Son but ? Débusquer les étudiants qui osent se mettre en couple non seulement dans l’enceinte de l’établissement, mais aussi à l’extérieur ! La directrice instaure également un site sur lequel les étudiants peuvent se dénoncer les uns les autres. Le moindre écart à cette règle et c’est le renvoi immédiat !

Ichica Arisawa est une des rares étudiantes de cette école d’élites à ne pas avoir des parents riches. Bien au contraire, Ichica et sa mère sont criblée de dettes. En cause : un père absent qui ne verse pas de pension alimentaire, et a emprunté de l’argent à la pègre avant de s’enfuir. C’est donc à son ex-femme et sa fille de régler ses problèmes à sa place. Dans le but d’aider sa famille, Ichica trouve un moyen de se faire de l’argent facilement en devenant une « super héroïne de l’amour », sous le pseudo Love Keeper sur les réseaux. Elle supprime les photos des étudiants dénoncés en échange d’une grosse somme d’argent. S’ajoutent à cette équation déjà bien compliquée ses sentiments naissants pour Ryugo Maki, le fils d’un gouverneur aux comportements abusifs. Celui-ci va proposer un partenariat à Ichica dans le but d’échapper à son père toxique.

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Chastity High (ou 恋愛 バトルロワイヤル Renai Battle Royale en japonais, «le Battle Royale de l’amour») a été réalisé par un trio : Soshi Matsumoto, qui n’en est pas à son coup d’essai pour ce qui est de filmer des moments tranche de vie chez les adolescents puisqu’il a également réalisé le film It’s a Summer Film! en 2021, Yuka Yasukawa, qui a réalisé principalement des Boys Love (Love is Better the Second Time Around et Jack o’Frost) et Ryo Ota.

Les deux jeunes acteurs principaux, Ai Mikami dans le rôle d’Ichica, et Ryubi Miyase pour Ryogo, enchaînent déjà les dramas depuis 2019, et ont eu plusieurs autres projets pour 2024.

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Désir ou amour… ?

La sexualité des jeunes Japonais.

Il y a une raison tout à fait honorable pour laquelle la directrice de l’école ne souhaite pas voir les garçons fraîchement arrivés trop près de ses pupilles : elle leur souhaite un avenir professionnel et personnel brillant, en leur évitant de tomber enceinte trop tôt. Il faut dire que dans ce drama, la sexualité des jeunes Japonais semble débridée ! Ils s’embrassent à pleine bouche et se tripotent au détour d’un couloir du lycée, se donnent rendez-vous dans des Love Hotel. Certains flirtent, voire même ont des rapports sexuels avec leur professeur ! La première scène du premier épisode de Chastity High nous montre deux adolescents en plein acte dans un hôtel.

La série prend à contre-courant les chiffres qui confirment le désintérêt croissant des jeunes japonais pour l’érotisme et le sexe. Selon une étude menée par Durex en 2023, le Japon est le pays ayant le plus faible taux de rapports sexuels à l’année. 36 % des jeunes garçons entre 18 et 19 ans interrogés en 2008 estiment avoir peu – voire même pas du tout -d’intérêt pour la chose contre 59 % des jeunes filles du même âge.

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Homosexualité

Bien qu’étant une intrigue secondaires, l’homosexualité prend une place importante. Elle est traitée avec beaucoup de justesse, notamment entre deux personnages masculins. Deux lycéens avec l’un qui assume davantage son orientation sexuelle que le second et qui tentent de conserver leur relation secrète. Lorsque celle-ci est dévoilée par des photos affichées aux quatre coins du lycée, la directrice décide de fermer les yeux et de ne pas renvoyer les deux garçons. Ils n’en sont pourtant pas moins ébranlés, chacun à leur façon. Yuma (Shoki NAKAYAMA) décide de s’enfermer chez lui et de ne plus revenir au lycée. Quant au second, Ruka (Kyoya HONDA), il se sent blessé de voir que ses sentiments ne sont pas pris au sérieux…

Est-ce un moyen pour ce drama de nous montrer à quel point la société japonaise exerce une « culture de l’effacement » (Cancel Culture) concernant les relations homosexuelles ? Au Japon, les rapports sexuels au sein d’un couple ne sont – dans la majorité des cas – favorisés que pour l’enfantement. La directrice du lycée serait une représentation de la « vieille école » qui voit les relations homme/femme uniquement comme un moyen de se reproduire. Elle n’a donc aucun intérêt à punir deux hommes qui s’embrassent, ou vont plus loin que ça.

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Dualité

Hommes/Femmes

À quelques exceptions près, les femmes sont toutes représentées comme étant fortes et souhaitant se faire justice à elle-même, sans l’aide des hommes. La mère d’Ichica montre qu’elle se débrouille très bien sans l’aide de son ex-mari pour rembourser ses dettes et éduquer leur fille. La directrice du lycée accepte malgré elle de voir des hommes intégrer son école pour filles mais instaure tout de même ses propres lois. Ayami, une élève qui sort avec son professeur décide d’elle-même de mettre fin à leur relation malgré les relances continuelles de ce dernier. Et bien sûr, Ichica et sa meilleure amie : elles rêvent d’avoir un bel avenir professionnel, nous montrant un chemin bien défini qu’elles souhaitent suivre ensemble dès le début du drama et les moyens qu’elles se donnent pour y arriver. Puis, Ichica seule, prête à gagner son propre argent pour subvenir à ses besoins, même si cela veut dire extorquer ses camarades.

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Alors que pour les hommes, il est plutôt question de les voir sous un angle violent, souvent égoïste et qui ne réfléchissent pas avant d’agir. La famille Maki, composée essentiellement d’hommes, est un belle exemple de violence et d’égoïsme : le père, Akira, bat constamment sa femme. Son fils aîné, Yuto, suit ses traces, abuse d’une de ses étudiantes puis la harcèle lorsque celle-ci décide de mettre fin à leur relation. N’oublions pas bien sûr, le père d’Ichica, ses dettes et son talent inné pour disparaître lorsque la situation devient trop difficile à assumer pour lui.

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Il y a évidemment des exceptions, mais nous pouvons remarquer que les hommes les plus justes se trouvent chez les plus jeunes, du côté des lycéens – Ryugo qui essaie d’échapper à son père toxique au lieu de reproduire son comportement comme pourrait le faire son frère aîné, Ruka et son homosexualité assumé qui ne souhaite que la reconnaissance de son couple et le soutien de son petit ami, Atsushi (Rintaro MIZUSAWA) qui subit la pression de sa mère…

Le générique d’ouverture de Chastity High nous présente tous les jeunes lycéens de ce groupe comme dépendant de leur téléphone, avec les deux personnages principaux qui lèvent les yeux de ce dernier pour regarder vers le ciel/la caméra. Pourtant, le sujet ici n’est pas « la dépendance aux réseaux sociaux », mais plutôt d’avoir une vision d’ensemble sur la sexualité des Japonais.es, que ce soit celle des plus jeunes comme des plus âgé(e)s.

Les acteurs sont très justes, l’histoire plaisante et il est facile d’enchaîner les 8 épisodes d’une heure pour terminer ce drama rafraîchissants, disponible sur Netflix.

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