JAPAN EXPO 2024 : rencontre avec Fe, l’autrice de LOVE of KILL
Le manga LOVE of KILL de Fe était à l’honneur pour JAPAN EXPO 2024. Peu de mangaka sont venus à la rencontre des festivaliers et le retour post COVID-19 tant espéré semble plus compliqué que prévu, sans compter l’approche des Jeux Olympiques Paris 2024 qui en avait refroidi plus d’un.
Heureusement, quelques-uns vont tout de même sauter dans un avion pour venir régaler le public. C’était le cas de Fe, que nous avons pu rencontrer.
Qui est Fe ?
Fe est la mangaka de LOVE of KILL prépublié dans le magazine Comic gene (I cannot reach you, Sasaki et Miyano etc.) et compte 13 tomes et un 14e bonus. C’est l’anime diffusé sur ADN et Crunchyroll qui a fait connaître le titre en France. Le studio d’animation Platinum Vision n’a pas transcendé la version papier mais le scénario a su toucher un public qui s’est vite passionné pour l’histoire de Chateau et Ryang-ha.
L’anime ne couvre d’ailleurs qu’une partie du manga et ne raconte pas la fin, si bien que les lecteurs français étaient impatients qu’un éditeur français se lance dans l’aventure. Les éditions VEGA-DUPUIS ont signé un accord avec l’éditeur japonais KADOKAWA, c’est ainsi que de nombreux titres de cet éditeur sont annoncés en France dont LOVE of KILL, dont le 3e tome est sorti le mois dernier en librairie.
Lors de Japan Expo 2024, Fe s’est pliée de bonne grâce (mais masquée, cf photo ci-contre) au jeu des dédicaces durant le salon, mais aussi dans plusieurs villes françaises. Elle a aussi donné une conférence publique le samedi alors qu’elle avait une extinction de la voix. Elle a donc passé plusieurs heures a rédiger ses réponses qui seront lues par son éditrice sur la scène Kuri. Elle a également improvisé un live drawing en direct, pas du tout prévu au départ, afin de ne pas décevoir les personnes venues la voir.
Interview de Fe à JAPAN EXPO
Journal du Japon : Bonjour Fe et merci pour votre temps. J’ai une question qui me trotte dans la tête depuis longtemps… Votre nom se prononce « éf-i » (えふい ). Est-ce que Fe a un rapport avec l’élément chimique du fer. Si oui pourquoi ?
Fe : Vous avez tout à fait raison pour mon nom. En fait, ça vient bien de l’élément chimique du fer. À vrai dire, il n’y a pas vraiment de sens profond à mon nom. Mais j’y ai quand même réfléchi un petit peu. Puisque vous me posez la question, j’ai inventé un sens à mon nom : Je voudrais devenir une autrice aussi solide, forte et souple que le fer. En fait, j’ai eu l’idée hier (rires).
Quel est votre parcours en tant que dessinatrice, depuis vos débuts à aujourd’hui ?
Au début, je dessinais le manga pour moi même, pour le plaisir. Un jour, un éditeur est venu me voir. À cette époque, je travaillais pour une entreprise. Quand j’ai commencé la sérialisation de mon manga LOVE of KILL, l’éditeur qui m’avait démarché m’a averti que si les ventes du premier tome n’était pas suffisantes, il n’y aurait pas de suite.
Il m’a donc conseillé de ne pas quitter mon emploi car il ne pouvait pas assumer la responsabilité que je sois au chômage si ça ne marchait pas. Heureusement, le premier tome a eu beaucoup de lecteurs. J’ai pu continuer la série pendant huit ans !
Était-ce votre objectif dès le départ, de devenir mangaka ?
Oui, tout à fait. Quand j’étais à l’école primaire je voulais devenir mangaka. Mais quand j’ai commencé le collège, il y avait quelqu’un qui dessinait beaucoup mieux que moi. Je me suis rendu compte que ce n’était pas possible pour moi de devenir professionnel avec mon niveau à ce moment-là.
C’est triste, heureusement l’avenir a prouvé que vous avez pu devenir mangaka professionnel !
Oui tout à fait (rires).
On peut voir l’évolution de vos dessins et de la colorisation sur votre page Pixiv. Vous avez un réel talent pour les illustrations…
Aaaaaah c’est gênant ces vieux dessins…
Non, non c’est normal d’évoluer. On ne peut pas commencer en étant très bon dès le départ. Je dois dire que j’étais surprise que vous ayez laissé ces premiers dessins. Beaucoup de mangakas les auraient supprimés.
C’est vrai, j’avoue que ça m’a traversé l’esprit de les supprimer. Mais ça me donne des leçons de voir mes anciens dessins. Je peux voir mon évolution et continuer à avancer. Je suis vraiment gênée à cause de mes premiers dessins, ne les regardez pas trop…
Et quelles sont vos influences pour Love of Kill ?
Le mangaka qui m’a influencé c’est Keitaro Takahashi (NDLR : auteur de Jormungand édité par Meian) avec son titre Destro 246 (NDLR : manga en sept tomes, inédit en France et publié au Japon entre de 2012 et 2016). C’est avant tout son manga Destro 246 qui m’a influencé pour commencer LOVE of KILL. Ce manga raconte l’histoire d’une lycéenne tueuse à gage qui massacre tout le monde dès le début. Ça m’a tout de suite donné envie d’écrire une histoire tout aussi cruelle !
Il y a des vraiment des moments assez cruels, c’est ça qui est intéressant.
Merci beaucoup !
Après le dernier tome, vous avez fait un tome supplémentaire avec ce qui se passe après l’histoire principale. Pouvez-vous nous en parler ?
Je ne veux pas rencontrer l’histoire parce que ça va spoiler le manga. La série LOVE of KILL s’achève vraiment avec le tome 13. Dans le 14e tome j’ai voulu mettre en scène la vie quotidienne des personnages , c’est à dire leur vie après l’histoire principale, qui se termine le tome précédent.
C’est difficile de quitter des personnages après huit ans ?
Aaah, en fait, j’étais surtout rassurée d’avoir réussi à terminer le manga. Je continue de les dessiner de temps en temps… en fait ce n’est pas comme si nous nous étions dit au revoir définitivement. Je n’étais pas vraiment triste de les quitter puisque la fin de LOVE of KILL laisse imaginer ce qui se passe ensuite.
Un dernier message à vos lecteurs et lectrices ?
Merci de m’avoir invitée ! J’adore manger les plats français. Je reviendrais une prochaine pour faire du tourisme et visiter davantage la France. Et puis surtout je vous souhaite de passer un bon moment à lire mon manga. Merci encore pour votre soutient.
Merci à vous pour cette interview.
LOVE of KILL est un excellent mélange d’actions, de romance et de suspens. Le cliché du manga pour jeune fille qui ne serait que des romances de lycéennes vole ici en éclat. Fe nous propose un récit riche et addictif dans un univers sombre et sans pitié avec quelques touches d’humour pour faire redescendre la pression. Les rebondissements sont savamment dosés et rendre la lecture exaltante.
N’hésitez pas à vous plonger dans l’univers de la pègre entre machinations, complots et passé douloureux.
Toutes les informations sur la série vous attendent sur le site des éditions Vega Dupuis.
Nous tenons à remercier Fe pour sa gentillesse, son éditrice Nonoka Ishihara, sa traductrice Satoko Fujimoto (KADOKAWA), son éditeur français Sebastien Agogué (VEGA-DUPUIS) sans qui cette rencontre n’aurait pas été possible.