Le Japon au Cœur, la nouvelle collection des éditions Akinomé
Cet automne, les éditions Akinomé sortent une nouvelle collection, Le Japon au Cœur. En cette fin d’année, ce sont déjà deux beaux livres à découvrir pour explorer l’archipel nippon et sa culture : Maekake by Anything – le tablier japonais à la conquête du monde et Wabi Sabi – en quête d’harmonie.
Maekake by Anything – le tablier japonais à la conquête du monde
Dans Maekake by Anything, l’autrice journaliste et traductrice Sophie Gallé-Soas retrace l’histoire du tablier japonais, de ses origines au 14e siècle à l’apogée de la fabrication du maekake dans les années 1960 à Toyohashi (Aichi) en passant par son abandon progressif et sa résurrection. Ainsi, on découvre aussi comment le jeune entrepreneur Kazuhiro Nishimura a su redonner vie au tablier et relancer sa fabrication il y a 20 ans avec des métiers à tisser centenaires conçus, à ses débuts, par la firme Toyota. Hé oui, avant de construire des voitures, Toyota fabriquait des métiers à tisser qui ont révolutionné l’industrie textile du Japon, jetant les bases d’un empire industriel !
L’autrice réussit le tour de force de captiver le lecteur grâce aux nombreuses photos et explications sans que l’on perde le fil de la lecture. Au-delà du bel objet dont le format est parfait entre les mains, tout respire la passion de l’artisanat ! On découvre avec plaisir l’origine du maekake, sa fabrication, les différents protagonistes qui ont réussi à lui redonner une jeunesse : l’ancien propriétaire des métiers à tisser, l’artisan qui fabrique le fil de coton épais, celui qui découpe les pochoirs pour imprimer sur la toile et qui fait l’impression en sérigraphie…
Comme le sous-titre du livre l’indique, les tabliers japonais sont partis à la conquête du monde. Et cocorico! c’est en France, grâce au salon Maison et Objet, que le renouveau du maekake a trouvé son public. Aujourd’hui, la marque Anything vend des milliers d’exemplaires aux restaurants et concept stores français qui affichent grâce au tablier japonais avec leur logo leur lien avec l’archipel. Esthétique, solide, fédérateur, le maekake a tout pour lui et il est même bon pour le soutien des vertèbres lombaires pour les personnes qui restent debout toute la journée !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Wabi Sabi – en quête d’harmonie
Les photographies d’Alexandre Sattler et les haïkus d’Alice Monard sont une invitation à adopter un regard wabi sabi. Dans la préface, l’autrice ayant vécu 3 ans au Japon explique d’ailleurs : « mon regard s’est affûté, devenant plus sensible aux petites choses. Pas le clinquant des dorures et des néons, mais le petit, le modeste, le discret : mousses et petites fleurs cachées dans l’ombre, tasses imparfaites, pierres creusées par le pas des marcheurs, bambous des clôtures patinés par le temps, branche tordue d’un prunier, tatami aux tons fanés. Un regard wabi sabi ! ».
Si le concept est bien connu des japanophiles, un petit point vocabulaire est peut-être nécessaire, non ? 侘 Wabi renvoie à la beauté discrète et 寂 Sabi, la patine du temps. Pour en savoir plus, nous vous invitons à (re)lire l’article « Wabi Sabi : l’insaisissable beauté de l’imperfection ».
Alexandre Sattler avec son œil wabi sabi réussit à saisir l’instant fugace, un petit détail du quotidien et le passage du temps et des saisons. A la vue des photos, la poétesse Alice Monard a écrit naturellement les haïkus, ces poèmes en 17 syllabes réparties sur 3 lignes avec un rythme 5 – 7 – 5 mores. C’est un duo qui fonctionne bien et l’alternance de photos sur une page ou en double-page donne du rythme à la lecture, sans donner de préférence à l’image ou au texte.
Le beau livre avec sa couverture en carton rigide est divisé en 4 parties : la nature qui évolue au fil des 72 micro-saisons célébrées notamment lors de Hanami au printemps ou lors de Kōyō à l’automne au changement de couleur des feuilles ; l’art du thé avec ses objets artisanaux dont le grand maître de thé Sen no Rikyu au 16e siècle a développé le style simple du wabi-cha ; le sacré avec les temples et sanctuaires présents dans tout l’archipel où le bois, l’élément principal, se patine avec le temps et où la mousse couvre les statues ; la célébration du temps qui passe avec les moments du quotidien mais aussi des arts comme le kintsugi, l’ikebana et les wagashi.
Les aiguilles se dressent
Nouveau-né dans son berceau
Tout petit bonsaï
盆栽 bonsai (pages 34-35)
Le glossaire présent à la fin du livre donne la définition ou la traduction des titres des haïkus qui sont des kanji accompagnés de leur écriture en romaji. C’est une bonne chose car cela permet de ne pas alourdir visuellement les pages pour se concentrer sur le texte et les photographies. La présentation épurée sur fond blanc est donc pour le coup très wabi sabi !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
La maison d’édition indépendante Akinomé, passionnée de voyage et d’écologie, signe avec Le Japon au Cœur une belle nouvelle collection où pour l’instant, les deux ouvrages sortis ont fait mouche à la rédaction. Bel objet et belle découverte sont au programme et il nous tarde de de connaître les prochains livres de la collection.