Les tribulations d’un français au Japon
Le premier voyage au Japon de Samuel Rozenbaum a été un choc. Un choc culturel, un choc olfactif et un choc auditif… une agression des sens. Débarqué à Osaka sans réel but et sans connaître le pays, il rend visite à un ami qui s’y est installé. Il erre dans les rues chaque jour en quête d’il ne sait quoi: un semblant de familiarité, un goût de France qu’il ne retrouve pas.
De ses tribulations, Samuel en a fait une exposition. Elle nous guide à travers ses émotions et sa vision du Japon. Elle se compose de photos prises lors de ses voyages avec en fond sonore son propre album musical, fruit de ses errances japonaises avec du Souchon dans les oreilles. Il nous raconte le cheminement qui l’a inspiré du choc culturel à la créativité.
Journal Du Japon: Bonjour et merci pour ton temps Samuel. Peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
Samuel Rozenbaum: Bonjour ! Je suis Samuel Rozenbaum, un photographe qui a toujours une bande-son dans la tête. Je conçois des expositions comme je les entends : les photographies et les chansons vont de pair.
Tu as toujours été dans le milieu artistique ?
Oui et non. Depuis le lycée je navigue dans les milieux de la musique, de l’audiovisuel, du spectacle et de l’événement, mais je suis longtemps resté dans l’ombre. J’ai accompagné des artistes, j’ai conçu des pochettes de disques, j’ai été chargé de production dans un studio d’animation, ce genre de choses. Mon coming-out artistique, le fait d’oser créer et montrer aux autres, est quant à lui plus récent. J’ai commencé à oser en 2014 et à montrer en 2020.
Qu’est-ce qui t’a amené à t’intéresser au Japon ?
Le fait d’y être. Je suis allé là-bas un peu par hasard pour un mois au printemps 2016. Je sortais d’une longue introspection par l’écriture et j’avais l’impression d’être devenu moins timide. Je cherchais un pays dont je ne connaissais rien ou presque pour vérifier si c’était bien le cas. C’était encore rare à cette époque pour moi de sortir de Paris plus de dix jours. Une de mes connaissances partait bosser six mois à Osaka. On se connaissait peu, mais j’ai dit que j’irai le voir. J’ai pris mes billets moins d’un mois plus tard, et j’ai débarqué là-bas sans rien organiser, sans rien lire sur le sujet. J’avais 34 ans et je voulais voyager pour la première fois à l’inverse de mes habitudes.
Et comment s’est passé ce premier voyage ?
Mal. Au début tout du moins. Je suis tombé dans le fameux Lost in translation. Le décalage horaire n’a pas aidé et je n’ai pas particulièrement œuvré pour le diminuer. Je me couchais sans cesse à cinq heures du matin et je me levais à seize heures. Je n’avais envie de rien. J’attendais que la fin de journée passe, que le pote qui m’hébergeait rentre du bureau. Les rares moments où je sortais seul, je me sentais nul. Je n’osais rien demander dans les magasins ou dans les restaurants. Pour replacer dans le contexte, j’avais un iPod touch pour seul compagnon, donc pas de traducteur instantané comme aujourd’hui, pas de carte de localisation en temps réel. Pendant une semaine, quand j’avais faim, je finissais inlassablement dans un 7Eleven à aller m’acheter des KitKat Balls. C’était le seul truc que je reconnaissais à peu près dans les rayons.
Dans ton album « Les tribulations d’un français au Japon » sorti en mai dernier, tu évoques beaucoup ces turbulences de ton monde intérieur, ces émotions que tu as traversées à ton arrivée. Pour autant, il y a aussi des chansons où tu sembles apaisé là-bas comme dans la chanson « Une dernière nuit à Tokyo ». Que s’est-il passé après ce début chaotique ?
Il s’est passé que je suis tombé amoureux du pays et de la façon d’être des gens. Quand au bout d’une semaine j’ai compris que ça n’allait vraiment pas, c’est devenu capital de trouver une façon de me rassurer. Je ne pratique malheureusement pas le yoga ou aucun sport qui aurait pu me calmer, donc je suis revenu à ma base : écouter de la musique. Jusque là, dans le voyage, je m’étais interdit d’avoir un casque sur les oreilles comme lorsque je suis à Paris. Je ne voulais pas vivre pareil à l’autre bout du monde et avoir l’impression que j’avais juste changé de quartier. J’ai commencé par mes classiques. Radiohead, les Foo Fighters, Sufjan Stevens et quelques autres qui me réconfortent.
En parallèle de ça, j’ai compris que je ne savais pas « rien » faire, qu’il me fallait un objectif, un projet. Comme j’avais volontairement oublié mon appareil photo à Paris pour ne pas être un touriste de plus, j’ai utilisé mon iPod touch pour me donner une contenance, pour m’occuper. Je suis rentré de ce voyage avec huit cents photos, un traitement esthétique qui me plaisait, et l’envie d’exposer pour la première fois. Donc pour essayer de répondre à ta question, ce qu’il s’est passé pour que mon paradigme change, c’est que j’ai agrandi ma zone de confort. J’ai apparemment trouvé une façon d’apaiser mes peurs dans un contexte nouveau pour pouvoir découvrir cette nouveauté au lieu de l’éviter à tout prix. Mon voyage initial en 2016 est devenu un voyage initiatique. Je suis désormais apaisé au Japon et je m’y sens désormais mieux que dans n’importe quel autre pays, y compris le mien.
Dans ton exposition, que tu présenteras du 20 au 24 novembre à Paris et qui porte le même nom que l’album, tu racontes que c’est Alain Souchon qui t’a sauvé de tes tribulations là-bas. Tu précises que tu ne t’étais jamais intéressé à son œuvre avant de te retrouver au Japon. Comment expliques-tu avec le recul que ça t’ait parlé à ce moment précis ?
Je t’avoue ne toujours pas avoir trouvé d’explication… En fait, quand j’ai compris à quel point la musique me protégeait, j’ai décidé d’écouter des artistes que je ne connaissais pas ou peu. Je ne voulais pas superposer des souvenirs d’ailleurs sur les images du Japon. Deux amis m’avaient parlé quelques mois plus tôt de Souchon en s’étonnant que je ne connaisse pas vraiment. J’étais donc parti avec deux de ses albums sous le bras et la confiance que j’ai en ces deux personnes. Peux-être que ma solitude pesante au début du voyage a trouvé du réconfort dans les paroles de Souchon, qui parlent souvent de ça, une solitude physique ou intellectuelle. Peut-être que ces chansons sont venues remplacer les amis qui me manquaient alors ? Je ne saurais jamais si avec d’autres artistes à ce moment précis, l’histoire aurait été la même. Je ne peux que constater que Souchon a joué, malgré lui, un rôle capital dans le fait que je tombe amoureux du Japon.
Aujourd’hui encore, quand j’écoute ces chansons découvertes là-bas, des images du Japon me viennent en tête. L’hiver dernier, quand j’y suis retourné, j’ai aussi vécu l’association inverse en arrivant devant le château, ô combien magnifique, de Kanazawa. Dans ma tête, le début d’une chanson de Souchon, « L’île du dédain », a démarré. J’ai compris que c’est exactement à cet endroit, devant les reflets des tours dans les douves Imori que j’étais presque dix ans plus tôt lorsque j’ai découvert la chanson.
Parlons de ton exposition maintenant, photomusicale comme tu le dis. Peux-tu nous expliquer comment est né ce projet ?
Mon concept de base, celui que je répète inlassablement, c’est de mêler mes photos à une bande-son que je compose et interprète pour l’occasion. Autant je n’ai pas d’appétence pour jouer mes chansons en concert, autant j’adore le temps passé en studio à trifouiller, essayer, rater et trouver. C’est comme ça que je m’explique le fait d’avoir déjà produit autant de disques alors que je me suis « lancé » il y a quatre ans. Ensuite, je dois t’avouer que j’ai une tendance rapide à l’ennui, un peu partout, un peu tout le temps. Quand je visite une exposition, j’écoute quasi systématiquement de la musique pour créer des ponts entre les œuvres. Ça m’amuse et ça me permet de tenir un peu plus longtemps.
Au-delà de ça, c’est même ce qui me permet parfois de me prendre d’affection pour un tableau qui ne m’attirait pas de prime abord. Quitte à monter mes propres expos, je voulais que les personnes qui me ressemblent s’y retrouvent et s’ennuient peut-être un peu moins qu’habituellement. Quant à celle sur le Japon, elle n’était pas préméditée. Je n’avais pas envisagé d’exposition stricte autour de ces photos, mais au retour du premier voyage, j’avais travaillé avec un ami sur un projet de livre. Ses textes devaient accompagner mes images que je ne trouvais sûrement pas suffisamment fortes seules. En octobre 2022, je retombe sur les textes en questions où Mathieu Urbach, l’ami en question, est ultra pertinent sur le décalage entre notre vision occidentale et ce qui se joue vraiment lors de nos expériences sur place.
Je me suis demandé s’il n’était pas temps de dévoiler ces textes et j’ai appelé le programmateur du lieu où je devais exposer en 2024 pour lui proposer de remplacer le projet que nous avions déjà acté. Et comme c’est un foyer de salle de concert, je me suis emballé en lui présentant le projet : j’ai dit qu’il y aurait des reprises de Souchon dans des versions japonisantes. Le programmateur s’emballe à son tour et je commence à prendre peur, car je me souviens alors que les photos sont faites à l’iPod touch et que je ne pourrai pas les imprimer en très grand format. Dans la foulée, j’apprends qu’un ami pilote part sous peu à Tokyo pour un aller-retour express : trois nuits sur place. Je m’incruste avec pour excuse de devoir faire des photos pour l’exposition avec un vrai appareil photo cette fois-ci. Je garde de magnifiques souvenirs de ce second voyage express et intense. Le Japon est sûrement l’inconnue perpétuelle de mon équation de vie, et pour l’homme trop organisé que je suis, c’est finalement apaisant.
C’est amusant l’idée de reprendre du Souchon dans des versions japonisantes. Tu as abandonné l’idée ?
Pas tout à fait ! Ça arrive. Dans ma tête, Les tribulations d’un français au Japon c’est une exposition, un livre et une double bande-son ! La première bande-son, c’est le disque de chansons originales sorti en mai dernier que tu as évoqué tout à l’heure. Le second, c’est celui qui reprend des titres écrits par Souchon. Ce sera en ligne courant novembre pour la version parisienne de l’exposition. Quasiment tous les titres sont en duos ou trios avec des invités connus ou inconnus. J’aimais l’idée que les amis qui m’avaient manqué en 2016 à Osaka se retrouvent à mes côtés sur ces chansons qui les ont remplacés quand ça n’allait pas fort. Quant au côté japonisant, il n’est pas présent partout, mais je suis assez fier de certaines intrusions comme le Koto sur « Allo Maman Bobo » qui ajoute, je trouve, à la mélancolie inhérente à cette chanson. Il est joué par Asuka, une Tokyoïte rencontrée il y a quelques mois sur Soundcloud. C’est elle qui joue sur également sur le titre « Une dernière nuit à Tokyo » d’ailleurs. Elle est adorable et trouve des riffs géniaux !
Tu as aussi évoqué un livre ? Est-ce celui avec les textes de ton ami ?
En quelque sorte ! Ce n’est pas ce livre-là dans la forme initiale puisqu’il y aura des photos de mes trois voyages (NDLR 2016, 2022, 2023) en plus des textes de Mathieu. J’y ai aussi ajouté les textes des chansons originales, et des extraits de mon journal de bord de 2016. Le livre sera disponible en novembre également, pour l’expo parisienne.
Ces textes seront aussi accessibles au sein de l’exposition ?
Oui ! Nous avons imprimé des papiers qui s’inspirent des Omikuji que l’on trouve dans les temples. Chez nous, ce ne sont pas des prédictions, mais plutôt des sortes de portes d’entrée pour se lancer dans l’exposition. Il y a tellement à voir et à écouter que ces textes permettent de s’en remettre au hasard pour choisir par où commencer. Ces textes sont aussi une façon de capter l’état dans lequel on peut se retrouver sur place pour les visiteurs qui n’y ont jamais mis les pieds.
Dans l’exposition, on peut aussi admirer un millier de grues en origami pliées par Laurent Grou, ton compagnon. Peux-tu nous expliquer la raison de leur présence ?
Laurent est fan du Japon. Bien plus que moi. Il y était déjà allé trois fois avant que l’on se connaisse, et on a eu la chance d’y aller ensemble à l’automne 2023. Évidemment, une fois encore, j’avais pris mon vrai appareil photo. En 2022, je n’étais retourné qu’à Tokyo, mais comme là nous avions prévu de nous promener dans le pays, j’avais pour espoir de refaire certains clichés de 2016 dans une meilleure qualité. Je l’ai traîné dans certaines villes où j’avais particulièrement aimé me promener. Et lui a fait de même. Un jour, il m’a raconté l’histoire de la petite Sadako Sasaki, une jeune fille irradiée par la bombe A à Hiroshima qui a essayé de guérir d’une leucémie en pliant mille grues en origami.
Une ancienne légende disait qu’un vœu devenait réalité si on atteignait cette quantité. Elle en a fait près de la moitié avant de mourir, dont certaines, toutes petites qui sont exposées au Musée du mémorial de la Paix à Hiroshima. Après sa mort, ses copains de classe ont œuvré pour qu’elle devienne une sorte de symbole. Ce qui est désormais le cas. Tous les étés, des enfants de partout au Japon, et même ailleurs dans le monde, envoient leurs grues pour se souvenir. Quand Laurent m’a raconté cette histoire, et son envie un jour d’y prendre part, je lui ai proposé de les faire pour l’exposition. Lors d’un prochain voyage, nous les rapporterons au Japon pour qu’il puisse mener à bout son projet à lui. Au-delà de cette histoire, je trouve ça beau que Laurent ait eu l’idée d’en faire la majorité avec des papiers recyclés. Ça amplifie les histoires que l’on peut se raconter lorsqu’on se retrouve devant. Il y a un peu de nous deux dans les papiers en y regardant de plus près, puisque certains datent de ses précédents voyages, des miens, et de celui que nous avons fait en commun. J’adore, par exemple, ses grues en plans de métro ou bien celles où l’on reconnaît des pages de manga.
Comme tu le précisais plus tôt, il y a beaucoup de choses dans l’exposition, un peu comme si tu voulais que les visiteurs se perdent, comme toi tu t’es perdu la première fois. Est-ce volontaire ? Est-ce une façon de leur faire vivre tes états d’âme ?
Ah ! Pas du tout. Pas consciemment du moins ! Mais c’est super intéressant. Merci pour cette lecture que je n’avais pas eue ! Il y a en effet beaucoup de choses dans l’exposition, mais je vois ça comme plein de portes d’entrées. Personne n’est obligé de tout écouter. Il ne faut pas tout lire, ne pas tout regarder, je pense que ça doit être épuisant et fastidieux !
Comment nous conseilles-tu d’aborder l’exposition dans ce cas ?
J’aime bien les approches ludiques. L’idéal, selon moi, c’est de piocher un faux Omikuji, les petits papiers à l’entrée, et de commencer par lire le texte court. Sur chaque papier il y a aussi un numéro qui permet de chercher, sur deux fausses pancartes de métros, les « stations » associées. Les stations en question, ce sont en fait les chansons, originales d’un côté, et celles de Souchon de l’autre. Ensuite, on scanne le QR code, on sélectionne sa plateforme préférée, et on lance la chanson que l’on a tirée au sort. Pendant qu’on écoute la chanson, on se promène dans l’exposition en cherchant le même numéro.
Une fois devant la ou les photos, on continue d’écouter la chanson en cherchant ce que ça évoque pour nous de mélanger ces trois médias : le texte d’impression sur le Japon, la chanson et les images. Ceux qui aiment être guidés peuvent répéter l’opération plusieurs fois. Les autres peuvent se laisser porter comme ils veulent à la place. Et pour ceux qui se sentent en sécurité de préparer leur voyage en amont, je vous conseille d’écouter le disque de chansons originales et de découvrir les premiers épisodes du podcast qui va avec l’expo. Ce sont des épisodes courts qui retracent quelques souvenirs de 2016 et les anecdotes de la création du disque. Ça aiguille un peu la lecture, ça donne des clefs en plus pour capter un maximum de choses sur place.
Pendant toute la durée de l’exposition, tu as prévu des animations. Peux-tu nous les détailler ?
Je trouve que c’est chouette qu’il y ait du vivant au milieu de ces formes figées. Alors, comme à mon habitude, il y aura des interventions chantées, annoncées quelques jours, et impromptues parfois si les visiteurs me demandent à écouter une chanson en live. Autant je ne suis pas à l’aise sur une scène, autant j’adore être face à quelques personnes et prendre ma guitare pour chanter une chanson ou deux, sans sonorisation, sans artifice. Sur les performances programmées, il y aura des invités pour ajouter à la rareté du moment.
Il y aura aussi des ateliers d’origami animés par Laurent, une table ronde sur le Japon, et en amateur de Noël que je suis, je prévois de lancer les festivités le dernier jour, le dimanche 24 novembre. À l’heure où nous en discutons, cette journée spéciale n’est pas totalement fixée. Je sais déjà qu’il y aura un créneau ludique avec un jeu, une intervention musicale autour de la thématique, un atelier d’origami aligné à la thématique également, et j’ai proposé à des amis créateurs de vendre quelques productions originales dans un mini-marché de Noël. J’y travaille. Le plus sûr est de suivre les infos sur le site labandesong.fr ou sur mon compte Instagram à l’approche de l’exposition !
On arrive en fin d’interview, et j’aimerais parler de nouveau du Japon. Depuis ce fameux premier voyage, tu as eu l’occasion d’y retourner. Quelles sont tes impressions désormais ?
Je suis toujours dans ma lune de miel. Je me doute qu’il y a des trucs moins roses quand on y vit, mais en attendant, je vois surtout tout ce qui est mieux qu’en France. C’est un peu ce dont je parle dans la chanson « Dans mes pensées ». Depuis que je suis rentré du dernier voyage, il y a moins d’un an, je ne pense qu’au prochain séjour.
On a rencontré des gens adorables et j’ai constaté que là-bas, j’accepte plus facilement de me laisser surprendre, d’essayer, comme par exemple de goûter des plats que je ne connais pas. Ça peut paraître risible pour des personnes qui n’ont pas de problème grégaire, mais pour moi ce n’est pas rien. Tous ces sujets relationnels sont de moins en moins douloureux quand je suis là-bas. J’ai une impression de facilité au Japon. Finalement, ce qui m’empêche le plus d’y aller, c’est l’impression de trop polluer par le fait de prendre l’avion. Alors je me restreins sur tous les autres voyages que j’avais l’habitude de faire en me disant que si je dois n’en garder qu’un, ce sera le Japon.
Ce n’est pas parfait, mais c’est déjà ça, surtout que j’ai cette envie de plus en plus présente d’aller y vivre quelques mois pour voir ce que ça ouvrirait en termes de créativité. Lors du premier séjour, j’avais eu une sorte d’épiphanie et une aisance extrême à écrire dans trois lieux très apaisants : une forêt à Nara, un café à Naoshima et un temple à KoyaSan.
As-tu quelque chose à ajouter, Samuel ? Avons-nous omis certains sujets ?
Pas que je sache ! Mais j’ai bien une question à envoyer en l’air ! Si quelqu’un est capable de m’expliquer comment fonctionnent les adresses au Japon, je suis preneur ! Un jour, je vous raconterai mon périple à errer plus d’une heure dans Shibuya pour trouver un restaurant que l’on m’avait conseillé. Tokyo sans GPS, c’est chaud ! Sans le wifi dans les Starbucks, je crois que je serais encore en PLS là-bas depuis 2016.
Tiens, ça me fait penser à une autre question ! Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voyage au Japon pour la première fois ?
Déjà, je répéterais ce que Mathieu m’avait dit : « Ne cherche pas à tout voir. Il y a par exemple un Japon très traditionnel et un autre très moderne. Si tu veux tout, dès le début, tu seras forcément déçu. » Ensuite, j’ajouterais de ne pas prévoir trop de choses chaque jour. Il y a tellement de sources de digressions agréables que c’est dommage d’avoir un planning qui ne laisse aucune marge. Perdez-vous, marchez sans direction, laissez-vous happer par ce bâtiment, cette rue, ce magasin. Je ne me suis jamais senti autant en sécurité qu’au Japon. Il n’y a pas cinq pays où je me sens libre et rassuré à la fois. Enfin, si vous êtes de celles et ceux qui se préparent avant de partir, assurez-vous de surtout vous renseigner sur les us et coutumes. C’est ce que je trouve le plus riche et le plus beau là-bas. C’est ce que j’ai le plus rapporté dans ma vie de tous les jours ici. J’adore ce rapport à la politesse. Je trouve apaisant.
Merci pour le temps que tu nous as consacré. Merci à vous !
L’exposition de Samuel se tiendra du 20 au 24 novembre 2024 à L’Oeil Bleu, 32 rue Notre Dame de Nazareth à Paris. Chaque jour, le programme prévoit des activités, et des conférences auxquelles vous pouvez vous inscrire sur resa.labandesong.Fr. L’entrée est libre.
Le site internet : labandesong.fr
Le compte instagram de Samuel : @samuelrozenbaum
La discographie de Samuel : samuel.rozenbaum.fr