Tout savoir sur la convention Y/CON
Dans de nombreuses conventions vous pouvez aller à la rencontre de maisons d’édition, de créateurs et de créatrices d’homo-fictions. Mais, parfois vous ne vous sentez pas forcément bienvenue ou vous avez cette sensation de ne pas être à votre place. Peut-être aussi que le regard des autres autour de vous est trop pesant pour assumer. La Y/CON est une convention LGBTQIA+ née de cette envie d’offrir une safe place autant pour les exposants et créateurs que pour le public.
Chaque année la convention accueille plusieurs milliers de personnes et elle ne fait que s’agrandir au fil du temps. En novembre 2023, nous sommes allés interviewer Elisa Ménard la directrice de la Y/CON et co-gérante de MEV EVENT.
La directrice de la Y/CON fait les présentations
Bonjour et merci pour cet entretien. Quel rôle jouez-vous dans l’organisation de Y/CON et quel est le concept de cette convention ?
Elisa Ménard : Y/CON c’est le salon des homo-fictions. C’est le seul événement sur le sujet qui a lieu en France et son but c’est de promouvoir les homo-fictions que ce soit la littérature LGBT, le manga Yaoi / boys’ love, webtoon Yuri et Yaoi, les romans F/F, M/M (romance femme/femme et homme/homme). Il faut vraiment représenter la communauté homosexuelle.
Mon rôle depuis la deuxième édition est d’être la directrice du salon. Je suis responsable des décisions importantes même si je ne suis pas toute seule. Nous sommes trois associés et cette année nous avons créé une société qui s’appelle MEV EVENT pour, notamment, porter l’Y/CON. Nous sommes toutes les trois issues de l’association EVENT YAOI qui l’organise depuis sa création. Nous co-organisons avec l’association les animations de la convention par exemple.
Je m’occupe des exposants, ce qui constitue un très gros dossier. Je gère tous les types d’exposants : alimentaires, indépendants créateurs et professionnels, la billetterie et le service après-vente. Je m’occupe de la logistique et du plan d’installation. La seule chose que je ne fasse pas, c’est la programmation. Ce sont mes associés qui s’en occupent à 100%.
Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la convention ?
La convention existe depuis 2011. Au début elle a été organisée par l’association EVENT YAOI par Valentine Tézier qui est aujourd’hui mon associée sur le projet MEV EVENT. Elle était la présidente et directrice du salon.
L’association était basée à Lyon et l’événement s’appelait à ce moment-là la YAOI YURI CON. En 2016, elle est montée sur Paris. Elle a changé de nom pour s’appeler la Y/CON. C’est en 2023 que l’on a changé pour la première fois de salle pour arriver à Montreuil. On a pris de plus en plus de place dans l’ancienne salle (NDLR : Les Esselières à Villejuif).
Pour ce qui est du pourquoi de la création de la convention, je vais vous raconter une anecdote de Valentine. Un jour en sortant d’une conférence sur le YAOI/YURI à JAPAN EXPO on lui a remis un pin’s, mais les fans de boys’ love n’étaient pas appréciés à ce moment-là. Il y avait beaucoup de jugement de la part des autres visiteurs. C’est une entrepreneuse dans l’âme et elle s’est dit : ça suffit, je vais monter mon événement. Elle a ensuite monté son association pour pouvoir monter son projet. Son but était de créer un lieu pour que les personnes qui soient fans du genre se retrouvent dans un espace safe. Il n’y a pas de jugement, on est tous fans de la même chose.
On exprime peut-être sa passion différemment, pour certains ce sera le cosplay, d’autres le dessin ou la fanfiction, etc. Le but c’est de rassembler toute cette communauté qui n’avait aucun espace en dehors des réseaux en ligne pour échanger, se rencontrer, discuter etc. Pour que tout le monde puisse juste kiffer et assumer peut-être aussi pour certains. Juste se sentir bien et protégé.
Le renouveau après une longue pause
En 2019, vous aviez décidé de faire une pause, et elle s’est prolongée à cause de la crise sanitaire, comment avez-vous vécu cette période ?
En 2018, nous étions à 100% une association. Pour une association la taille de l’événement était très importante. Même si nous étions nombreux, nous étions bénévoles donc nous n’étions pas salariés. C’est du temps sur la vie perso. Du coup faire une pause était important.
Nous avons toujours voulu être les plus professionnels possible malgré notre statut d’association, pour être pris au sérieux. Nous avons réalisé en 2018 que la Y/CON occupait toute la superficie de la salle. Nous avons aussi eu notre premier invité mangaka. Donc nous avons fait le choix vraiment à contrecœur de ne pas faire d’édition en 2019. Pour créer un événement de cette taille, c’est un an de production. Nous finissions l’édition, puis deux semaines après nous faisions une AG pour déjà penser à ce que nous allions faire l’année suivante. C’est un cycle duquel on ne sort jamais et pour une association c’est dur… alors là il a fallu faire break.
Nous nous sommes reposés, nous avons fait d’autres choses. Nous étions reposés et reboostés pour l’édition 2020. Et puis il y a eu le COVID. Nous avons beaucoup pleuré, il y a eu beaucoup de réunions et nous avons fini par annuler l’édition 2020. Le COVID était encore très présent en 2021 donc nous n’avons pas tenté non plus. En revanche, nous sommes revenus en 2022. Ça nous a permis de faire le point et de faire une belle édition avec une mangaka, Tamekou. L’édition était sold out donc nous avons été obligé de voir plus grand et de changer de salle.
Y/CON prend ses quartiers à Montreuil
En 2023, la convention se déplace pour la première fois à Paris Montreuil Expo : c’est un passage obligatoire pour accueillir le public de plus en plus nombreux. Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?
Nous aurions pu avoir chaque édition à guichet fermé, mais ce n’était pas notre ambition. Ok, nous avons fait sold out, mais nous ne savions pas combien de personnes sont vraiment intéressées. Donc nous avons décidé de continuer à nous développer. Nous avons cherché une salle plus grande pour accueillir toutes les demandes d’exposants.
En quoi le festival est-il différent de ce que l’on peut trouver en France ?
Nous sommes en concurrence avec d’autres événements pop culture comme JAPAN EXPO, Paris manga et même Paris Games Week. Mais notre thématique est malgré tout très différente, avec une belle programmation.
Quels sont les projets futurs de Y/CON ?
Nous voulons continuer à grandir et rester au PARIS MONTREUIL EXPO. Donc rendez-vous les 9 et 10 novembre 2024 au même endroit pour accueillir le plus d’exposants possible et proposer toujours plus de beaux partenariats avec les maisons d’édition. Nous souhaitons faire venir des invités du monde entier. J’espère que même si on se développe le public sentira que cela reste une convention à taille humaine. Que nous sommes une très, très, très, très grande famille !
Merci beaucoup et bon courage pour la suite de cette aventure !
Que nous réserve l’édition 2024 ?
Cette année encore, comme le disait Elisa, la convention aura lieu à PARIS MONTREUIL EXPO les 9 et 10 novembre 2024.
De nombreux invités sont attendus dont Dailygreens l’autrice chinoise du manhua DAY OFF, publié par les éditions Komogi en France. De son côté, cette année les Éditons Akata se concentrent sur leur création Paloma au PluriElles de Hugo Bardin et Hugo Michalet. Paloma et Hugo Michalet seront les invités privilégiés de l’éditeur.
HamletMachine viendra des Etats-Unis et WendiBones d’Italie. La romancière française Ophidia Baker fait aussi parti des invités de marque de cette année.
Une nouvelle édition encore plus grande avec un grand nombre d’animations (quizz, jeux, atelier) et des conférences.
Attention l’entrée du salon est interdite aux personnes de -14 ans, et pour les mineurs entre 15 et 18 ans il faudra une autorisation parentale.
Le prix d’entrée est fixé à 12 euros.
Toutes les informations sur le site officiel de la Y/CON.
Si vous êtes déjà venu à la Y/CON, on attend vos avis en commentaire… et d’ici là, bonne édition 2024 à toutes et tous !