Pokémon TCG Pocket : le jeu qui veut vous faire les poches

Le frisson d’ouvrir un nouveau paquet de cartes, de les dévoiler une à une jusqu’à découvrir la dernière, la plus rare, et d’espérer poser les doigts sur un véritable trésor : une carte chromatique, une illustration rare de votre Pokémon préféré ou encore un Dracaufeu du premier set… si vous avez déjà ouvert des cartes ou regardé des vidéastes le faire, peut-être ce sentiment vous gagnera-t-il lorsque le nouveau jeu Pokémon TCG Pocket vous fera la promesse d’ouvrir chaque jour un booster gratuit. Journal du Japon a pu mettre sa chance à l’épreuve en avant-première pour tester cette nouvelle adaptation du jeu de cartes. L’expérience originelle reste-t-elle intacte sur mobile ? Pas totalement.

De 1996 à nos jours

Une rapide présentation s’impose. Pokémon TCG Pocket constitue une nouvelle porte d’entrée pour le Jeu de Cartes à Collectionner Pokémon, inauguré en octobre 1996 au Japon et en 1998 dans nos contrées. Nintendo souhaite en effet capitaliser sur le succès des jeux et, dans le même temps, surfer sur la vague des jeux de cartes à collectionner initiée trois ans plus tôt par Magic : L’Assemblée. Le principe est simple : les joueurs s’affrontent en constituant un deck de 60 cartes, obtenues principalement en ouvrant des paquets aussi appelés « boosters ». Toutes les cartes n’ont pas la même puissance ni la même rareté. Très rapidement, les collectionneurs sont aussi nombreux que les joueurs.

Les différentes raretés de cartes Pokémon

Au fil des extensions, l’esthétique des cartes Pokémon s’est considérablement enrichie avec des effets de brillance variés, des gammes de couleurs thématiques ou encore des illustrations recouvrant l’ensemble de la carte. Voici quelques exemples de cartes de rareté supérieure que l’on peut trouver dans les boosters de la dernière extension, Couronne stellaire.

Dans les épisodes précédents

Pokémon TCG Pocket n’est pas le premier jeu vidéo à adapter le JCC Pokémon. Déjà en 1998, Pokémon Trading Card Game sort sur Game Boy Color, suivi d’un deuxième épisode exclusif au Japon. Mais le plus connu reste Pokémon Trading Card Game Online, sorti en 2011 sur PC et mobiles, puis en 2023 sous une nouvelle version intitulée Pokémon Trading Card Game Live. Pokémon TCG Pocket n’a pas pour but d’enterrer ce dernier. Les deux titres coexistent et, bien qu’ils partagent des racines communes, ils ont chacun une philosophie complètement différente.

La collection avant tout

La première chose que vous ferez dans Pokémon TCG Pocket, c’est d’ouvrir des boosters. Il s’agit non seulement de votre récompense, mais également du meilleur moyen de gagner de l’expérience et de la monnaie en jeu. Si vous avez déjà joué à d’autres jeux de cartes mobile comme Yu-Gi-Oh! Duel Links, vous serez surpris par le réalisme des ouvertures. Vous pouvez manipuler le paquet, l’ouvrir à votre rythme et même le retourner. Vous découvrirez ainsi votre carte la plus rare en premier ! Chaque booster contient 5 cartes – comme les boosters papier japonais – avec au minimum une carte de rareté supérieure à la fin.

Les cartes présentes dans le jeu sont exclusives : il ne s’agit pas de copies de cartes déjà existantes. Seules les exceptions de certaines cartes communes proviennent du jeu physique. Dans Pocket, il existe huit niveaux de rareté, matérialisées par les symboles en bas à gauche de la carte : un à deux losanges pour les cartes communes, trois losanges pour les cartes aux bords holographiques, et quatre losanges pour les Pokémon ex, plus puissants que les autres. Puis on retrouve les raretés les plus convoitées par les collectionneurs : les illustrations rares. Plus une illustration possède d’étoiles, plus elle présente de reliefs. Les cartes à une étoile comportent des illustrations en deux dimensions classiques, mais celles à deux étoiles offrent des effets de relief autour des Pokémon ou des dresseurs. Enfin, les cartes stars de l’application, les trois étoiles, proposent au joueur de plonger à l’intérieur de l’illustration pour explorer tous les détails cachés. Il existe enfin les cartes couronne, équivalent des cartes gold du jeu physique, mais dont la plus-value esthétique semble moins évidente. Point positif : comme sur les cartes papier, vous trouverez le nom des artistes sur celles de Pocket. Plusieurs noms appréciés des fans ont d’ailleurs signé une partie de cette première extension – y compris le mémorable Tomokazu Komiya qui nous offre son interprétation haute en couleurs de Nosferalto.

Si vous doutiez que Pocket s’adresse principalement aux collectionneurs, détrompez-vous : une fois vos cartes obtenues, vous disposez de nombreux outils pour personnaliser votre galerie de cartes. Vous pouvez créer des classeurs, en choisir le fond et l’image de couverture, puis ranger toutes ou une partie de vos cartes dans l’ordre que vous souhaitez. Vous pouvez également disposer votre carte préférée dans un cadre d’exposition. Si vous obtenez plusieurs copies d’une même carte, vous pouvez les échanger contre des effets de décoration à appliquer, comme des scintillements dorés.


À la poursuite du Wailord blanc

Si vous avez déjà consulté la liste des cartes de l’extension de lancement, Genetic Apex, peut-être avez-vous déjà quelques coups de cœur parmi les illustrations rares. À moins que vous ne souhaitiez construire un deck précis pour les combats contre l’IA ou d’autres joueurs ? Sachez tout de même qu’il sera long ou coûteux de vous fier seulement à l’ouverture de boosters. Cependant, Pocket vous offre deux solutions alternatives.

La première est tout simplement d’acheter la carte souhaitée en dépensant des « points booster », obtenus en ouvrant des packs de cartes de la même extension. Prudence toutefois : l’ouverture d’un booster ne vous rapportera que 5 points Booster. Or, les cartes les moins rares coûtent déjà 35 points chacune, quand les plus rares peuvent coûter jusqu’à 2500 points – soit l’équivalent de 500 packs de cartes ouverts ! Ne misez donc pas trop sur ça…

La deuxième solution se révèle à peine moins frustrante : en plus de la jauge qui vous permet d’ouvrir régulièrement un nouveau booster, vous disposez également de points pour une Pioche miracle qui se rechargent avec le temps. Dans ce menu, vous pouvez observer les tirages des autres joueurs – et notamment de vos amis. Vous pouvez alors dépenser 1 à 3 points miracle (selon le niveau de rareté des cartes présentes) : les cinq cartes sont mélangées face cachée et vous devrez en sélectionner une qui rejoindra votre collection. Si vous avez une baleine blanche qui semble éviter vos boosters, il peut donc être utile d’espérer la trouver parmi les pioches miracle et d’avoir une chance sur cinq de l’obtenir enfin.

Le combat en retrait

Il est facile d’oublier que les cartes Pokémon ne sont pas uniquement des objets de collection, mais également les principaux éléments d’un jeu compétitif. La médiatisation auprès du grand public semble entièrement centrée sur la rareté de certaines cartes, et nombreux sont les collectionneurs à n’avoir jamais joué. Pocket n’est pas là pour démentir les idées préconçues, à commencer par son écran d’accueil : les boosters de cartes sont mis au premier plan tandis que le combat est relégué à un sous-menu accessible via la dernière des petites icônes du bas.

Dans ce menu, il est possible d’affronter l’intelligence artificielle ou d’autres joueurs. Ces derniers combats se divisent en deux modes : l’un dédié aux novices et l’autre aux spécialistes. Dans les faits, aucune fonctionnalité ne vous empêche de jouer librement dans l’une ou l’autre catégorie : vos victoires ne sont pas comptabilisées pour progresser d’échelon en échelon contrairement à Pokémon TCG Live. Vous pourriez bien être le champion du monde et vous aventurer à combattre les joueurs débutants qui pensent naïvement affronter des adversaires de leur niveau en mode novice.

À l’instar de Duel Links, Pocket aspire à proposer une version simplifiée du jeu de cartes d’origine : deck de cartes réduit de moitié, condition de victoire plus rapide à atteindre, abandon des cartes d’énergie pour un système générant une énergie garantie par tour… Sur le papier, ces changements ne sont pas inintéressants. Malheureusement, cette simplification a conduit les développeurs de Pocket à des choix discutables. Pour commencer, sachez qu’en commençant la partie, les dés sont en quelque sorte pipés : chaque joueur est garanti d’avoir au moins un Pokémon à jouer lorsqu’il pioche ses premières cartes, y compris s’il n’en a qu’un seul dans l’ensemble de son deck. La mécanique de misère du jeu de base est volontairement absente.

La sélection de cartes de Genetic Apex pose également question. En l’état, le jeu adopte un rythme très lent en limitant la puissance des cartes disponibles. Vous n’avez par exemple aucun moyen de rechercher une carte précise dans votre deck : la Pokéball vous donnera au hasard l’un des Pokémon de base de votre jeu. Quant aux Pokémon évolués, votre seul espoir est de piocher, encore et toujours. Jouer avec des familles de Pokémon – surtout des Pokémon évoluant deux fois – est donc un désavantage puisqu’il est fréquent de se retrouver avec une ou plusieurs cartes de cette famille, sans disposer de la dernière carte qui vous permettrait de mettre en œuvre votre stratégie. Ensuite, de trop nombreuses attaques de Pokémon reposent sur l’aléatoire : sélection de Pokémon adverses au hasard, jets de pièces… Construire un deck stratégique vous offrira certes un léger avantage, mais la difficulté à cycler votre jeu et l’importance de la chance dans la plupart des combats donne finalement l’impression que les combats de Pocket sont plus frustrants qu’autre chose. Un problème moindre, cependant, tant ils sont dispensables dans l’expérience globale du titre, et surtout son économie.

L’économie interne

Le premier jour sur Pocket se révèle d’une grande générosité. Avec le tutoriel, les premières récompenses de niveau et les défis solo, vous obtiendrez bon nombre de sabliers pour accélérer les jauges permettant d’ouvrir des boosters et d’effectuer des pioches miracles. Puis vient le deuxième jour et, avec lui, les vaches maigres…

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Le stock de sabliers que vous pouviez acheter contre des tickets boutique s’épuise. Ces tickets perdent progressivement tout intérêt à mesure que vous obtenez tout ce que celle-ci contient d’intéressant. Les niveaux requièrent de plus en plus de points d’expérience, et les moyens d’en gagner sont rares. Ouvrir un booster vous donne 25 points d’expérience, remporter un combat seulement 15 points (0 si vous perdez), idem pour la pioche miracle. Cependant, avec les sabliers plus rares, seuls les combats peuvent être répétés indéfiniment pour espérer progresser. Armez-vous de courage : au niveau 18, par exemple, il est nécessaire d’obtenir 600 points d’expérience pour progresser, soit un total de 40 victoires. Ne comptez pas sur les succès internes du jeu qui n’offrent qu’une ressource largement dispensable permettant de customiser la brillance des cartes. De même, les missions quotidiennes, dans leur grande bonté, vous accorderont un total de 4 sabliers pour ouvrir vos paquets de cartes. Soit 4 heures de moins à attendre sur une jauge d’une douzaine d’heures.

Alors que Pokémon TCG Live s’illustre par sa quasi-gratuité (excepté les codes présents dans les boosters papier, il n’y a aucune transaction réelle dans le jeu), Pocket semble au contraire inciter les joueurs à se tourner vers le pass premium, qui permet notamment d’accomplir des défis supplémentaires et d’ouvrir deux fois plus de paquets de cartes au tarif de 9,99 euros. C’est quasiment le même prix, à titre de comparaison, que le pass de combat de Genshin Impact, un free-to-play dont le contenu et les récompenses sont autrement plus généreux, y compris à l’attention des joueurs n’ayant pas dépensé le moindre centime.

Si la collection de belles cartes est ce qui vous attire le plus, alors Pokémon TCG Pocket sera fait pour vous, dans la mesure où vous êtes prêt à consentir à son modèle économique ou à ne vous connecter que très sporadiquement. En revanche, si vous souhaitez approfondir ce nouveau mode de combat, révisez vos attentes à la baisse ou repassez dans quelques mois. Un meilleur équilibrage des règles et des cartes est encore nécessaire pour gagner en crédit. Pour l’heure, on constate amèrement que la Team Pocket peine à s’envoler vers d’autres cieux…

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