Le style japonais : de la mode à l’architecture
Source d’inspiration de nombreux artistes, toutes disciplines confondues, le style japonais se démarque depuis des siècles. Nous avons déjà traité de nombreuses fois de l’art japonais, de l’histoire des estampes japonaises, de l’artisanat japonais ou encore du street-art japonais. Cette fois-ci, nous nous proposons un regard sur la mode japonaise et sur l’architecture japonaise : en quoi le style japonais se démarque, une nouvelle fois, dans ces domaines si éloignés l’un de l’autre ?
Little Book of Tokyo Style – L’histoire d’une capitale de la mode
Résumé : « Du maximalisme juvénile de Harajuku à la sophistication luxueuse de Ginza, Tokyo est la ville aux mille styles. Avec des sous-cultures diverses et uniques comme les Sweet Lolitas kitsch, les goths et les punks sombres et dramatiques, les rockbillys rétro et les Wa Lolitas élégantes et traditionnelles, Tokyo est le foyer d’une explosion de mode sans pareille. Cet épisode de la magnifique série » Little Books of City Style » se penche sur l’évolution du style de cette incroyable capitale et fournit un guide délicieusement illustré pour s’habiller comme un vrai Tokyoïte. »
La popularité de la mode japonaise prend racine plusieurs siècles en arrière. Dès lors que les Néerlandais introduisent les kimonos à la fin du XIXe siècle dans la sphère occidentale, le japonisme conquit l’Europe. Là où la mode européenne travaillait le vêtement pour qu’il sculpte le corps, le kimono, lui, entre en opposition en s’adaptant au corps : il ne trouve sa forme finale qu’une fois porté. L’espace entre le vêtement et le corps, « ma« , est ce qui donne au kimono son confort, bien loin du corset, et explique sa popularité. Mais malgré son succès et son fort symbolisme, le kimono a quitté le quotidien des Japonais avec l’arrivée de la mode occidentale dans l’archipel nippon aux débuts des années 1900. Pourtant, ce n’est pas un abandon de la culture qui s’est ici opéré : c’est une réelle adoption des codes européens, soigneusement choisis et intégrés à leur propre culture.
Considérés comme avant-gardistes, les créateurs japonais jouissent d’une belle réputation depuis la révolution opérée par Rei Kawakubo et Yohji Yamamoto en 1983. En se basant sur le concept du wabi-sabi qui trouve la beauté dans l’imperfection, et en renouant avec le ma, les deux créateurs n’ont ni plus ni moins qu’intégré la déstructuration dans la mode ; un esthétisme qui nous semble aujourd’hui être une évidence mais qui n’avait pourtant pas convaincu les médias de l’époque. Ce « mélange parfait de la culture populaire et de l’esthétique locale traditionnelle » (p.133) est ce qui, aujourd’hui encore, définit le mieux la mode de Tokyo.
Des années 1970 à aujourd’hui, Little Book of Tokyo Style retrace l’évolution de la mode tokyoïte. Issu de la collection Little Book of des Éditions Place de la Victoire, quatre de ces ouvrages sont dédiés aux capitales mondiales de la mode. Les styles de Tokyo se retrouvent décortiqués aux côtés de ceux de Paris, Séoul et New York : avec un regard sur l’évolution de la culture de la rue, de l’influence américaine et des rébellions sociales, les sous-cultures ne manquent pas à Tokyo, et sont même étroitement liées à des quartiers spécifiques. Nous pouvons par exemple citer les plus célèbres d’entre elles, popularisées à l’échelle mondiale aux débuts des années 2000 : les Gyaru et les Sweet Lolita.
Mais ne limiter la mode tokyoïte qu’au kimono, dans un premier temps, puis aux Gyaru et aux Sweet Lolita, dans un second temps, c’est passer à côté de tout ce qui distingue la capitale japonaise sur la scène fashion mondiale : l’appropriation et l’intégration des codes occidentaux au traditionnel local, et le pouvoir d’influence des créateurs japonais.
Pour explorer cet univers riche en évolution sociale et véritable témoin des époques qu’est la mode, plongez vous dans la très accessible lecture de Little Book of Tokyo Style et ses photos. Plus d’informations sur le le site de l’éditeur.
Particularités de l’architecture japonaise
Résumé : « Ôta Hirotarô (1912-2007) est l’un des premiers et des plus célèbres historiens de l’architecture japonaise. Ses manuels d’histoire de l’architecture sont encore aujourd’hui plébiscités par le public. Dans cet ouvrage, nous proposons la traduction commentée de deux de ses manuscrits, qui synthétisent l’histoire de l’architecture japonaise et la firent entrer dans l’historiographie moderne. »
Si la mode est un domaine artistique en perpétuel mouvement, souffrant d’ailleurs d’une quête incessante de nouveauté, l’architecture, elle, s’inscrit dans une démarche plus durable, avec un rapport au temps moins éphémère. Pourtant, le Japon ne voit pas le bâtiment comme quelque chose d’éternel. Au contraire, la coutume veut que le peuple soit heureux de construire lorsqu’une divinité descend parmi les hommes. Il est alors plutôt courant que les sanctuaires eurent plusieurs vies et que leur architecture ait évolué avec le temps et les influences. Parmi elles : l’influence des Tang, de l’époque Asuka à l’époque Nara, celle des Song à l’époque de Kamakura et celle de la civilisation occidentale après l’ère Meiji. Des influences fortes, encore perceptibles à ce jour, mais qui n’ont pas pour autant annihilé l’esprit japonais. Grâce à son indépendance géographique, le Japon a longtemps jouit d’une protection contre le reste du monde. Les étrangers étant alors peu perçus comme de potentiels envahisseurs, leurs cultures furent acceptées et assimilées, tout en conservant la tradition japonaise. Est-ce que cela ne nous rappelle pas la méthode d’appropriation de la mode évoquée plus haut ?
Le traditionnel japonais que l’on retrouve dans l’architecture est riche. On peut citer l’horizontalité, qui permet aux bâtiments de se fondre dans la nature, que l’on retrouve même dans les bâtiments verticaux comme les pagodes par la présence de leurs étages ; ou encore le mouvement des objets. Si en Occident la place d’un tableau est généralement immuable, le Japon, lui, opte pour des éléments qui s’adaptent au fil des saisons, aux jours, voire aux heures, ou bien même aux invités. Ces tableaux sont d’ailleurs peu nombreux dans la pièce afin de limiter tout le superflu et d’obtenir l’ambiance souhaitée pour le moment présent.
Réédition de deux textes majeurs dans l’histoire de l’architecture nippone, Particularités de l’architecture japonaise compile explications historiques et photographies. Du grand Todai-ji à la maison japonaise, en passant par la singularité des châteaux et les ingénieux systèmes de toiture des sanctuaires, l’ouvrage s’intéresse à tout ce qui distingue et rend si unique l’architecture japonaise. Photos à l’appui, Ôta Hirotarô, l’un des plus célèbres historiens de l’architecture japonaise, décédé en 2007, synthétise ici l’histoire de cet art en l’illustrant par les nombreux bâtiments qui la compose.
Pour découvrir les bases de cette histoire passionnante, plongez vous dans la lecture de Particularités de l’architecture japonaise. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Que vous soyez plutôt mode ou architecture, le Japon ne peut guère vous laisser indifférent. Roi dans l’assimilation des cultures externes à ses traditions locales, le style japonais se distingue par de savants mélanges précurseurs et uniques.