Les Noces des Lucioles : la romance n’a pas dit son dernier mot

Vous avez aimé Criminelles Fiançailles ? Préparez-vous, car Glénat s’apprête à vous offrir une belle dose de romance dramatique avec Les Noces des Lucioles, une nouveauté signée Tachibana Oreco.

Les Noces des Lucioles : la romance n'a pas dit son dernier mot

Si vous êtes très présent.e sur les réseaux sociaux, il y a forcément un hashtag que vous n’avez pas pu manquer, surtout si vous lisez des shôjo. Il s’agit du fameux #liberezleshôjo. Si le shôjo est au Japon une cible éditoriale, (ou une cible marketing, choisissez la notion qui vous convient le mieux), en France, les lecteurs ont tendance à faire un amalgame. Nombreux.euses sont celles et ceux à considérer qu’un shôjo est quasi systématiquement une romance adolescente un peu cucul la praline. Sauf que c’est bien loin d’être le cas. Certains titres, ne correspondant pas réellement à l’attente française de ce qui devrait être un shôjo, ont même été reclassifiés. Nous pouvons par exemple citer Les Enfants de la Baleine, également chez Glénat, qui est estampillé chez nous en tant que seinen et à juste titre.

Pourtant, depuis quelques semaines, voire quelques mois, les maisons d’éditions semblent s’être décidées à nous proposer de nouvelles romances. Des romances plus adultes qui sont catégorisées au Japon comme du josei. Criminelles Fiançailles chez Pika Edition, My Happy Marriage chez Kurokawa ou même A Sign of Affection chez Akata : chacun de ces titres nous proposent de découvrir une vision différente de ce que peut être la romance. Glénat, que l’on retrouve derrière des shônen bien connus, n’est pas en reste, nous vous en parlions en mai dernier ici. Fort de ce lancement, l’éditeur a décidé de poursuivre la bataille en nous proposant deux titres de Tachibana Oreco : Les Noces des Lucioles et Promise Cinderella, dont la sortie est prévue pour ce 16 octobre pour les deux titres.

Découverte du premier, qui ne manque pas de piquant.

Les Noces des Lucioles : quand les opposés s’attirent, pour le meilleur et pour le pire

Ne dit-on pas que les opposés s’attirent ? Ce n’est pas Satoko, le personnage féminin principal des Noces des Lucioles qui vous dira le contraire. Elle n’aspirait qu’à une chose, vivre un mariage heureux et faire honneur à sa famille et à son père. Elle se retrouve, bien malgré elle, embarquée dans une histoire des plus sordides.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, contextualisons notre histoire. L’histoire du manga de Tachibana Oreco se déroule à une époque où la femme n’avait que peu de droits ou de valeur. En réalité, elle n’était là que pour enfanter et faire honneur à son nom, surtout lorsqu’elle était issue de la noblesse.

Quand l’oisillon est tiré du nid

Et ce dernier point, le rang social, a une importance toute particulière dans Les Noces des Lucioles. En effet, Satoko est une jeune femme de 16 ans issue de la noblesse. Malheureusement pour elle, elle a toujours eu une santé fragile et les médecins ne lui donnent que peu de temps à vivre. Malgré cela, elle vit chaque jour comme s’il était le dernier. Satoko a malgré tout une force : elle est connue pour sa grande beauté, ce qui fait la jalousie de sa demi-sœur.

À l’approche de l’anniversaire de son père, Satoko demande à sortir en ville. Une sortie qui va tout changer pour la jeune femme. Bien qu’elle soit accompagnée, Satoko va être kidnappée et transportée dans un lieu dont elle ignore tout. Là-bas, elle va faire la connaissance de celui qui va non seulement lui offrir un moyen de survivre, mais également lui faire découvrir le monde. Goto va devenir son unique allié dans un univers qui lui est totalement étranger.

Les Noces des Lucioles : une romance atypique
Les Noces des Lucioles met en scène Satoko et Goto, deux personnages qui n’auraient jamais dû se rencontrer.

La femme avait du pouvoir, qu’on le veuille ou non

Et très rapidement, Satoko se retrouve confrontée à sa propre impuissance. C’est du moins ce qu’elle croit. Car souvenez-vous, Satoko est connue pour sa grande beauté. Et n’y a-t-il pas un dicton qui dit que la meilleure arme d’une femme est sa beauté ? Et bien, ça, elle va vite le comprendre et ne pas hésiter à s’en servir. Elle qui n’était qu’un oisillon fragile se transforme en véritable femme fatale, prête à tout pour survivre.

Au début de l’histoire, Satoko est un personnage à la fois passif et actif. Si elle subit sa maladie, elle ne la laisse pourtant pas guider sa vie, du moins pas complètement. Ainsi, elle n’hésitera pas à s’imposer face à sa sœur, à avoir des projets et à faire de son mieux, mais se montrera soumise au choix de son père quant à son futur mari.

Par ailleurs, ce premier tome s’ouvre une scène pour le moins intrigante : un homme âgé lisant une lettre. Et l’on peut facilement supposer qu’il s’agit là du père de Satoko, très certainement malheureux d’avoir perdu sa fille, mais heureux de savoir qu’elle a été heureuse.

Un premier tome qui pose les bases et qui donne envie

Lorsque vous êtes lecteur de manga, il peut parfois être compliqué de vous prononcer sur un premier tome. Mais dans le cas des Noces des Lucioles, la question ne se pose tout simplement pas.

Prisonnière, mais pas trop

Par le biais de la voix de Satoko, l’autrice propose un récit pouvant rappeler quelque peu My Happy Marriage, mais ne vous y fiez pas ! Ce n’est pas le même genre de drame, ni le même genre de romance. On serait presque à la croisée des mondes entre le titre de Kurokawa et La Belle et la Bête.

Tout comme Belle dans La Belle et la Bête, Satoko se retrouve bel et bien coincée dans un lieu qui lui est inconnu et qui pourrait l’effrayer. Pourtant, rapidement, elle s’éveille et va poser sur ce monde un regard aussi pur que celui d’un.e enfant. C’est l’inconnu, et l’inconnu, ça séduit autant que ça fait peur.

Dans ce premier tome des Noces des Lucioles, l’autrice nous donne pile ce dont nous avons besoin pour accrocher à l’histoire et en redemander. Les bases sont posées, l’histoire va vite, (mais pas trop) et l’intrigue semble suffisamment bien ficelée pour qu’en refermant le livre, nous trépignons pour connaître la suite. D’autant plus que, si l’histoire démarre sur les chapeaux de roues, le dessin n’est pas en reste.

Un dessin aux saveurs acidulées

Là où certains titres nous ont habitués à avoir des décors chargés, Tachibana Oreco propose une composition relativement épurée, choisissant soigneusement le bon moment et le bon emplacement de chaque décor. Son trait est fin et délicat. Pour autant, lorsque l’histoire le nécessite, il se fait plus dur, plus gras, plus épais. Son travail des ombres lui permet par ailleurs d’apporter une tension palpable qui vous hérissera très certainement le poil… et pourrait même réveiller votre instinct de survie.

Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’on compare les personnages de Satoko et Goto. Elle est blonde, petite, fine et très délicate. Il est grand, brun, large des épaules et recouvert de sang. Elle représente la pureté, lui la souillure humaine. Mais ne dit-on pas que la lumière et les ténèbres sont indissociables l’un de l’autre ? Et si on relit ce traitement graphique à la lettre du début du tome, le puzzle s’assemble avec une étonnante facilité. Satoko nous avait prévenu elle-même « Pourtant, j’ai choisi d’aimer un homme que je n’aurais pas dû aimer. Peu importe la fin qui m’attend, il y a une chose que je peux affirmer du fond du cœur. J’étais heureuse« . Une prémonition funeste qui laisse entendre la vie qui attend Satoko et Goto.

Les Noces des Lucioles : vivre ou mourir, il faut choisir
Si Satoko représente la lumière et la pureté, Goto, lui, va représenter la souillure, l’horreur humaine.

En somme, le premier tome des Noces des Lucioles nous offre là d’excellentes bases pour une histoire d’envergure. Une histoire dans laquelle celle qui était prisonnière d’une cage dorée pourrait bien se révéler non seulement au monde, mais également à elle-même. Pour autant, une question subsiste à la fin de ce premier tome : Satoko va-t-elle connaître une histoire façon La Belle et la Bête ? Ou au contraire, va-t-elle nous la jouer Tsunade dans Naruto et embrasser une force qu’elle-même ne soupçonnait même pas ?

Juliet Faure

Tombée dans la culture japonaise avec le célèbre "Princesse Mononoké" de Miyazaki, je n'ai depuis jamais cessé de m'intéresser à ce pays. Rédactrice chez Journal du Japon depuis 2017, je suis devenue la yakuza de l'équipe. Plutôt orientée RPG et Seinen, je cherche à aiguiser de nouvelles connaissances aussi bien journalistiques que nippones.

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