JAPAN EXPO 2024 : Droit au but avec Yûgo Kobayashi

L’invité d’honneur de JAPAN EXPO en 2024 n’était autre que Yûgo Kobayashi, l’auteur du manga à succès Ao ashi – Playmaker. Le mangaka venait pour la première fois dans un festival français. Encore peu connu en France, Ao ashi – Playmaker peut sans rougir se placer parmi l’un des meilleurs mangas de sport édité en ce moment. Yûgo Kobayashi y exprime tout son amour pour le ballon rond au travers le parcours de son jeune héros, Aoi Ashito, vers les sommets.

L’occasion était donc à ne pas manquer : pour vous parler de cette belle série et de partager avec vous notre interview de l’auteur.

Ao ashi – playmaker

Yûgo Kobayashi est né à Matsuyama dans la préfecture d’Ehime. C’est en 2010 qu’il se lance dans la carrière de mangaka avec sa première série Mizu no mori, puis Tenman à la carte. Il enchaîne ensuite avec Short peace et Fermat Kitchen, tous deux disponibles chez Mangetsu. Il se démarque très tôt avec Ao ashi puisqu’il est nommé au Prix Manga Taishō 2017, puis remporte le Prix Shōgakukan 2019 dans la catégorie générala.

Mais ce qui va nous intéresser c’est le début d’Ao ashi – Playmaker en 2015 dans le magazine Big Comic Spirits. La série est un succès au Japon, même si elle tarde à être annoncée en France. En janvier 2021, l’éditeur Mangetsu dévoile enfin la bonne nouvelle : le manga sera publié par leurs soins.

Peu de temps après, on apprend qu’une adaptation en anime de 24 épisodes sera diffusée au Japon en 2022, produite par Production I.G. Il est réalisé par Akira Satō d’après le scénario de Masahiro Yokotani. Cela a permis de faire connaître Ao ashi – Playmaker à un plus large public. La série animée est disponible sur Crunchyroll en France. À peu près à la même période il débute Ao ashi – Brotherfoot un spin-off sur le frère d’Ashito : Shun. Ce dernier a dû mettre un terme à sa passion pour le football à cause de ses problèmes d’asthme. Mais une occasion de reprendre le chemin des terrains pourrait bien lui être donnée…

Son originalité ? L’histoire ne prend pas place dans un club de lycée, mais dans l’univers d’U18 du Tokyo Esperion FC. Aoi Ashito habite dans la préfecture d’Ehime et ne l’a jamais quittée (tout comme Yûgo Kobayashi). Bien qu’il soit un surdoué du football, il souffre depuis toujours d’un caractère trop impulsif. Il pousse trop ses coéquipiers. Après avoir été témoin du talent d’Ashito, le directeur des U18 du Tokyo Esperion FC, lui recommande de participer à une détection à Tokyo. Sans le sou ni véritable connaissance des rouages de la formation professionnelle, Ashito se lance corps et âme dans un grand voyage, qui l’amènera peut-être un jour jusqu’aux sommets du football japonais.

Son héros a beau être un petit génie qui ignore ses propres qualités et défauts, il va apprendre à se connaître et à se faire de nouveaux partenaires dans son équipe. Le foot est un sport d’équipe et, même s’ils vont user de stratégie, c’est toujours le collectif qui prime. Ashito va devoir apprendre à devenir un vrai leader pour son équipe au-delà de ses capacités physiques et stratégiques.

Interview de Yûgo Kobayashi

Journal du Japon : Bonjour monsieur Kobayashi, et merci pour votre temps. Est-ce que vous aimez écouter de la musique ou la télé quand vous dessinez, et qu’est-ce que vous écoutez en particulier ?

Quand je mets de la musique, c’est toujours du jazz. Ce n’est pas parce que j’aime ce genre de musique particulièrement mais tout simplement parce qu’il n’y a pas de chant. Ce n’est pas une chanson et ça me permet de me concentrer. C’est le l’équilibre idéal entre une ambiance ni trop silencieuse, ni trop animée. Ça me permet de me concentrer pleinement. C’est donc pour ça que j’aime beaucoup le jazz.

Il y a aussi la télévision. Il m’arrive de mettre la télé quand mes assistants sont présents. Quand on est tous autour de la table et que c’est trop silencieux, ça me gêne un peu. Au contraire, j’aime mettre la télévision et qu’on puisse tous un petit peu en plaisanter et travailler.

AOASHI © 2015 Yugo KOBAYASHI / SHOGAKUKAN

On confie rarement un spin-off au mangaka principal d’une série, donc pourquoi ce choix sur Ao Ashi – Brotherfoot ? Et, surtout, où trouvez-vous le temps de tout faire ?!

En ce qui concerne le spin-off brotherfoot ça s’est fait assez rapidement. Quand j’ai commencé Ao Ashi – playmaker j’avais dit : « Si la série marche et rencontre le succès, J’aimerais faire un spin-off autour du personnage de Shun » (le frère du héros d’Ashito, NDLR). C’est un souhait que j’avais émis assez tôt dans la publication, mais la condition sine qua non était que le manga ait du succès. Comme j’ai réussi à dessiner ça veut dire qu’Ao ashi a eu un niveau de réussite suffisant pour que je puisse dessiner Brotherfoot. On est sur quelque chose d’assez stable.

Par ailleurs, je pense également que parmi mes confrères mangaka, je suis plutôt quelqu’un de rapide, que ce soit dans la conception de l’histoire ou le dessin. Donc même si je dois dessiner dans une série hebdomadaire dans le magazine Big Comic Spirits, j’ai du temps de libre qui s’accumule car je prends de l’avance sur mes rendus. Bien sûr, le temps que j’accumule, je suis libre de l’utiliser comme je le souhaite. Je pourrais en profiter pour m’amuser ou pour prendre du temps pour moi. Mais en fait j’ai très peu de hobby. Du coup, je me dis que je peux profiter de ce temps libre pour dessiner des mangas. C’est comme ça que de nombreuses œuvres se sont accumulées.

AOASHI © 2015 Yugo KOBAYASHI / SHOGAKUKAN

En conclusion

Le Japon n’a pas toujours été bon en football. Si notre enfance a été bercée par Captain Tsubasa (Olive et Tom) son auteur, Yōichi Takahashi, a avoué qu’il ne connaissait pas les règles quand il a commencé son manga. À cette époque, imaginer des joueurs Japonais rivaliser avec le Brésil ou la France tenait plus du fantasme que de la réalité.
Désormais, il n’est pas rare de voir des joueurs Japonais dans des équipes européennes. Yûgo Kobayashi, féru de football, a su transmettre parfaitement sa passion dans son œuvre. Nous avons quitté un monde de fantasy pour entrer dans une ère où les samurai blue (surnom de l’équipe du Japon de football) rivalisent avec des équipes internationales chevronnées. Ao ashi exprime la réalité d’une nation qui s’investit dans la formation de ses joueurs et qui fait vibrer les stades.

Ao ashi – Playmaker est un manga sportif passionnant à découvrir chez Mangetsu. Il compte 36 tomes au Japon et l’aventure est loin d’être terminée.

Interview de Yûgo Kobayashi à JAPAN EXPO

Nous tenons à remercier Miyako Slocombe pour son excellente traduction. Nous remercions aussi Sullivan Rouaud (Mangetsu), Clotilde Péneau (Mangetsu) et la maison Shōgakukan.

Tatiana Chedebois

Tatiana Chedebois, plus connue sous le nom de plume "Tanja", écrit sur la J-music, les mangas et les anime depuis plus de 25 ans. Tombée très tôt amoureuse du Japon, elle est rédactrice depuis 1997 dans différents fanzines, magazines (Japan Vibes, Rock one), webzines (JaME, Journal du Japon) ainsi que sur son blog (Last Eve). Avec son groupe de visual kei français elle fait en 2004 la première partie de Blood premier groupe de vk à venir en France. En 2019, elle cocrée le podcast du BL Café pour parler de Boys' love aux plus grand nombre. Puis en 2022, elle intègre la team du Cri du mochi pour parler manga et anime généraliste sur Twitch.

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