Japan Expo 2024 : la brasserie Mitsutake, 336 ans de saké dans le sang !

Aux côtés des très visibles manga et du jeux vidéo, le saké s’est vu offert une belle tribune lors de l’édition 2024 de Japan Expo. Parmi les exposants spécialisés dans ce domaine, la brasserie Mitsutake s’est distinguée de ses concurrents sur quatre jours.

La société a mis en avant son savoir-faire et les arômes de ses sakés artisanaux… qui coulent dans les veines de cette aventure familiale depuis plus de trois siècles.

Mais quel est le secret de cette longévité ? Quels sont leurs ingrédients pour concevoir un saké de qualité ? « L’or blanc » du Japon est-il toujours aussi populaire ?

Journal du Japon est allé à leur rencontre pour éclaircir ces questions.

Brasserie Mitsutake
©Mitsutake

Mitsutake : Le saké, une aventure qui dure depuis 15 générations !

Mitsutake, c’est une histoire qui commence à s’écrire en 1688 pendant l’ère Genroku (1688 – 1704). Au sein de la ville de Hizen Hamajuku, dans la préfecture de Saga, l’entreprise y brasse sakés artisanaux, shôchû, un alcool à base de pomme de terre, de blé et de riz (et, plus récemment, du gin). Pas moins de 15 générations se sont succédées et il en revient à Monsieur Konihiro Mitsutake, le quinzième dirigeant, de pérenniser cette aventure.

Brasserie Mitsutake, générations précédentes
©Mitsutake

Grâce à la coopération d’agriculteurs locaux, Mitsutake arrive à fabriquer ses sakés avec du riz qui est propre à cet alcool. Par ailleurs, ils essayent d’en produire avec plusieurs variétés de riz, donnant des arômes différents comme le Nishiki Yamada ou le Yuzan Nishiki. Ils utilisent également une eau souterraine de haute qualité issue de la montagne de Tara, située à cheval entre les préfectures de Saga et Nagasaki.

Du saké et du shôchû à la sauce Ken Le Survivant et Mazinger Z

Lors de la visite du stand de la brasserie Mitsutake, Monsieur Mitsutake et son équipe savaient où ils mettaient les pieds. Pour attirer les fans du manga, ils ont sorti les bouteilles de saké dont les étiquettes sont marquées à l’effigie de personnages du manga Ken Le Survivant de Tetsuo Hara et de Mazinger Z de Go Nagai. En toute curiosité, nous nous sommes laissés tenter par quelques dégustations de saké et de shôchû (à consommer avec modération) pour voir quels genres d’arômes se cachaient derrière cette opération marketing.

Gamme de bouteilles de saké, brasserie Mitsutake
©Leo Thomas pour Journal du Japon

Tout d’abord, nous avons goûté au saké Junmai Daiginjo Genshu Hokuto Hyaruretsuken. Il s’agit d’une variété inspirée de l’attaque de Kenshiro qui offre un arôme frais et vif qui évoque la pomme et à la poire. Ce saké peut très bien convenir avec une salade ou des sushis. Pour ceux qui aiment avoir des saveurs plus intenses, nous avons aussi dégusté le Junmai Daiginjo Genshu Hokuto Gosho Ha, inspiré de l’attaque signature de Raoh qui est l’ainé des frères Hokuto Shinken, nous rappelant la douceur de la mangue et en même temps l’amertume du pamplemousse. Il ira très bien avec du saumon meunière ou du rôti de bœuf. Pour une bouteille de saké comme ces deux-là, comptez environ 57 euros si vous souhaitez avoir la force combative de Kenshiro !

Gamme de bouteilles de shochu, brasserie Mitsutake
©Leo Thomas pour Journal du Japon

Enfin, nous avons tenté le shôchû d’orge qui a été conçu en hommage au manga Mazinger Z. On arrive à ressentir la saveur des céréales complétée par des nuances d’herbes et d’épices, ce qui donne un goût très léger et doux en bouche. Pour ce shôchû qui coûte une trentaine d’euros, servez-le avec du poulet aux herbes ou des tempura de crevettes.

Échanges avec Konihiro Mitsutake, la quinzième génération !

Comme évoqué précédemment, l’actuel dirigeant Konhihiro Mitsutake est la quinzième génération de la brasserie Mitsutake. Avec son équipe, la convivialité et la bonne humeur étaient au rendez-vous. À ce titre, il nous a accordé de son temps afin d’en savoir plus sur leurs fabrications de sakés et de shôchû, et nous expliquer leurs ambitions.

Mitsutake Konihiro, dirigeant de la brasserie Mitsutake
©Leo Thomas pour Journal du Japon

Journal du Japon : bonjour monsieur Mitsutake, merci de nous faire l’honneur d’échanger avec vous. Tout d’abord, pouvez-vous nous expliquer le concept de la brasserie ?

Konihiro Mitsutake : Nous avons une phrase d’accroche que nous appelons « la production en se basant sur la tradition » et on aime lier ce concept à la modernité.

La brasserie Mitsutake existe depuis plus de trois siècles. Quel secret se cache à travers cette longévité ?

A Saga, l’eau est très pure. La production du riz y est meilleure que dans d’autres régions. La population japonaise apprécie cette production et cet amour envers le saké.

Vous utilisez différentes sortes de riz, quelles sont leurs particularités ?

Nous aimons avoir beaucoup de variétés en terme de goût. C’est la raison pour laquelle nous essayons de varier le type de riz que nous utilisons pour avoir un meilleur retour de nos clients. Nous produisons plusieurs types de saké en fonction de la période de récolte et nous pouvons avoir une production plus petite mais très intéressante. L’offre est très riche.

Pour ceux qui ignorent les étapes de fabrication du saké, pouvez-vous nous éclairer sur le processus ?

Processus de fabrication de saké, brasserie Mitsutake
©Mitsutake

On fabrique le okayu, c’est-à-dire du riz mélangé avec beaucoup d’eau pour obtenir une texture plus collante et moelleuse. À cela, nous rajoutons de l’extrait de levure pour avoir une fermentation du riz. Nous conservons ensuite cette production entre 25 et 30 jours et nous la pressons pour obtenir du saké.

Vous brassez également du shôchû , quelle est la différence avec le saké ?

Le saké est plus similaire à du vin si on pouvait le comparer à une boisson alcoolisée en France. En ce qui concerne le shôchû, on ferait plus référence à de l’alcool pour faire des mélanges avec d’autres alcools. Pour l’étape de fermentation, au lieu de presser tout de suite, on a une étape supplémentaire de distillation.

Quel type de saké conseilleriez-vous à des personnes qui n’en ont jamais bu ?

Nous conseillerions du saké fruité et facile à boire pour quelqu’un qui ne connaît pas le saké.

Comment définiriez-vous la clientèle qui achète vos bouteilles ?

Au Japon, les jeunes Japonais ont plutôt tendance à boire du shôchû, c’est plus à la mode que le saké qui est une boisson réservée à des personnes aux âges avancés. En Europe, le saké est plus populaire suite à l’installation des restaurants japonais, contrairement au shôchû qui est moins répandu. Nous souhaitons le faire connaître en France et dans les pays européens.

Est-ce que le saké est aussi populaire au Japon à l’heure d’aujourd’hui que lors des années passées ?

Selon l’actualité récente, les jeunes japonais ne préfèrent pas consommer de l’alcool à fort degré et c’est pour ça qu’il y a moins de consommation de saké.

En terme de pouvoir d’achat, est-ce possible de se faire plaisir avec une bonne bouteille de saké sans y passer un quart de son salaire ?

En France et en Europe, il y a les sakés asae uboda qui sont très connus mais assez cher. Cependant, il y a du saké bon marché et tout aussi qualitatif.

Que pensez-vous des Français qui veulent apprendre à brasser du saké ?

Je trouve cela très intéressant que ça se fasse de plus en plus, car nous pourrions avoir plus de variétés de saké et des perceptions différentes.

En quoi est-ce important pour vous d’être présent à Japan Expo ?

Nous faisons une collaboration autour de mangas et nous aimerions promouvoir plus facilement le shôchû et le saké.

Est-ce que cela veut dire qu’il faut nécessairement faire une collaboration de la sorte pour attirer davantage de visiteurs ?

Sans cette collaboration, les visiteurs n’osent pas vraiment s’approcher car ils n’en ont jamais goûté… Ici on pique leur curiosité plus facilement. Je pense que c’est une bonne stratégie pour promouvoir nos produits.

Quelle est l’étape la plus fatigante pour vous dans la fabrication du saké ?

L’étape la plus éprouvante est la fermentation car cela prend du temps et il est difficile de faire en sorte que le riz soit de bonne qualité.

Pour terminer, qu’est-ce qui vous passionne tant dans le saké ?

J’aime le contact humain. Le fait de travailler dans ce milieu permet de communiquer et échanger mes perceptions de manière différente… Tous ces échanges, par la suite, m’inspirent pour fabriquer une nouvelle sorte de saké.

Stand, brasserie Mitsutake
©Leo Thomas pour Journal du Japon

À travers ces expériences olfactives et gustatives, on sent bien que la brasserie Mitsutake et son Président ne veulent pas se contenter de faire du saké, mais aussi de trouver des variétés qui puissent nous faire penser à des sensations ressenties dans certaines œuvres de manga ou d’anime. Une opération qui a été un succès auprès de certains visiteurs de Japan Expo.

Si vous souhaitez découvrir le saké, vous pouvez commander leurs produits sur leur boutique en ligne. Si l’ambition de Mitsutake est d’envisager des collaborations autour de mangas, aura-t-on droit à un saké s’inspirant d’une attaque de Luffy dans One Piece ? Affaire à suivre…

Leo Thomas

Passionné de la culture japonaise depuis plusieurs années, je fais transpirer cette passion via des articles sur des domaines variés (conventions, traditions, littérature, histoire, témoignages, tourisme).

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