Tout savoir sur la convention Jonetsu : rencontre avec l’association Nijikai
Après avoir couvert la sixième édition couronnée de succès de la convention Jonetsu il y a maintenant quelques mois, Journal du Japon est heureux de vous présenter un entretien au long cours avec l’association Nijikai. Le rapport ? Comme Evangelion ne serait rien sans le studio Gainax, Nijikai réunit l’ensemble des petites mains derrière l’organisation de Jonetsu. D’où vient Jonetsu ? Comment organise-t-on une convention ? Pourquoi le poulet ? Vous aurez les réponses à toutes ces questions et bien d’autres dans notre entretien !
Avec le collectif pour principe fondateur, il aurait été étrange de n’avoir qu’une voix pour répondre à nos questions. Dans cette interview, six membres de l’association ont donné de leur plume sous l’œil attentif des nombreux autres membres. Seront présents par ordre d’apparition :
- Kabu, secrétaire lors de l’édition 5555 et 666, actuel président
- Eruliuce, vice-président depuis l’édition 5555
- Tora, présidente lors des éditions 5555 et 666, actuelle responsable des conférences
- MaJe, responsable cosplay depuis l’édition 666
- Tetho, responsable conférence depuis l’édition 3.33 jusqu’à l’édition 666
- Grimm, directeur artistique depuis l’édition 1.0
L’association Nijikai : une passion collective
Jonetsu, et par extension l’association Nijikai, met régulièrement en avant un mot : la passion. Comment est-ce que vous définiriez ce terme et quel est l’objet, ou bien les objets, de cette passion ?
Kabu : Ce gimmick de la PASSION, écrit en gros et rouge, vient en réalité d’une communauté internet des années 2000. Au sein de la blogosphère otaku francophone, un billet de blog resté fameux mettait ce terme en valeur pour pousser les gens à écrire sur leurs animés préférés. Ça a fini par devenir un cri de ralliement, une sorte de mantra motivant les personnes à défendre la culture visuelle japonaise moderne à une époque où elle n’était pas encore bien acceptée. Lorsque nous avons commencé notre projet de convention en 2014, il restait toujours quelques échos de cette utilisation spécifique du terme “passion”. Aussi, quand il s’est agi de trouver un nom pour notre convention, cette idée de reprendre le flambeau de la passion s’est imposée.
C’est un terme pratique parce que tout le monde peut y trouver son compte. On n’est pas obligé de tout connaître pour être passionné de tout un tas de sujets. Chaque personne peut venir avec son envie d’apprendre et se déclarer passionnée.
Pour définir ce qu’elle représente aujourd’hui pour nous, je dirais que c’est le fait de partager un intérêt intarissable pour le manga, le cinéma d’animation, et plus largement la création graphique et audiovisuelle. Une envie d’en savoir plus sur la création, la distribution, la diffusion de ces contenus et de participer, à notre niveau, à en améliorer la compréhension du fonctionnement par le public. En essayant même si possible de susciter des vocations chez une nouvelle génération passionnée.
La genèse de Nijikai semble fortement liée à l’histoire de la Brigade SOS, une association créée à l’origine autour d’une passion commune pour l’anime La Mélancolie de Haruhi Suzumiya qui a ensuite varié ses activités puis été dissoute en 2016. Pouvez-vous revenir sur cette période et sur ce qui a mené à la création d’une nouvelle entité ?
Kabu : Ça ne nous rajeunit pas mais en effet quelques membres de l’association Nijikai ont fait partie de La Brigade SOS Francophone. En réalité ce n’est pas cette seule association qui était à l’origine du projet mais plutôt un regroupement d’associations qui se fréquentaient alors régulièrement et avaient l’habitude de collaborer de diverses manières :
- Forum Thalie, association de jeux, activités et conférences en convention ;
- Kawa Soft, association dédiée à la traduction de visual novels et dôjinshi ;
- Monotype, association initialement dédiée aux œuvres du studio Type-Moon, qui s’est ensuite diversifiée ;
- La Brigade SOS Francophone, initialement dédiée à La Mélancolie de Haruhi Suzumiya mais qui est ensuite devenue une association de jeux, quizz et activités en convention ;
- La JSICMF, association de traducteurs franco-japonais basée au Japon.
Ces associations étaient basées sur des groupes et forums actifs depuis la fin des années 2000. Autant dire qu’elles ont eu le temps de rouler leur bosse dans pas mal de conventions et festivals. Elles avaient cependant un évènement de cœur : la convention Epitanime. Une convention associative et étudiante, pionnière dans l’exercice, avec un vrai focus sur le fanzinat et les communautés de fans. Elles avaient d’ailleurs déjà collaboré avec l’équipe organisatrice dans le cadre de certains projets. Noizi ITÔ, character designer et illustratrice des light novels La Mélancolie de Haruhi Suzymiya, avait par exemple été invitée à l’édition 2010 d’Epitanime en partenariat avec la Brigade SOS Francophone.
L’idée d’organiser notre propre évènement commençait déjà à germer chez plusieurs membres de ces associations, lorsqu’en avril 2014 nous avons appris l’annulation d’Epitanime. Cela été vécu comme un coup de tonnerre. Craignant la disparition de ce type de convention, nous avons alors concrètement commencé à organiser la nôtre. Afin que chaque membre de ces associations puisse participer, nous avons décidé de créer une nouvelle entité dédiée à gérer ce projet spécifique. C’est aussi de là que vient en partie le nom Nijikai qui entre autres significations veut dire “fête après la fête”, une deuxième partie de soirée en somme, pour continuer à s’amuser en plus de nos occupations préexistantes.
Chacune des associations qui existaient auparavant a continué ses activités à côté du projet. Certaines ont depuis été dissoutes, comme la Brigade SOS Francophone. D’autres, comme Kawa Soft, sont toujours actives et tiennent un stand à chaque édition de Jonetsu. Mais dix ans ont passé depuis, et la proportion de membres de Nijikai qui ont fait partie d’une de ces associations est aujourd’hui très minoritaire.
Pouvez-vous nous expliquer à partir de quels sentiments et ambitions est née l’association Nijikai ?
Kabu : Nijikai a initialement été créée pour donner un cadre clair à notre projet de convention. Cela étant, via nos précédentes expériences associatives, nous avions déjà pu tester différentes manières de fonctionner, et eu amplement l’occasion de faire tout un tas d’erreurs que nous ne voulions pas réitérer.
Au départ, s’est posée la question de faire de Nijikai une fédération à laquelle les associations précédentes pourraient adhérer en tant que personnes morales, donnant ainsi accès au projet à leurs membres. Mais cela semblait trop lourd et restrictif. Toute personne intéressée devait pouvoir participer au projet à la hauteur de ses envies et disponibilités, qu’elle vienne d’une association tierce ou pas. Nous en avons donc fait une association indépendante, en essayant de lui donner la forme la plus simple et la plus ouverte possible.
Ses buts sont de concevoir et réaliser des évènements culturels sur l’animation internationale et la culture visuelle populaire japonaise, et plus généralement de promouvoir la création artistique. Cela laisse un champ suffisamment large pour couvrir une vaste diversité de projets.
Comment fonctionne Nijikai ? Est-ce que des personnes vivent de l’association ou bien est-ce que vous y participez tous sur votre temps libre ?
Eru : Nijikai est une association à but non lucratif (loi 1901) sans personne salariée. Les membres contribuent donc toutes et tous sur leur temps libre. Nous avons une cinquantaine de membres, dont une partie réalise des tâches tout au long de l’année pour la préparation de Jonetsu et la réalisation d’autres projets. Le week-end de la convention, la plupart des membres viennent sur place pour participer à la tenue de l’événement. Mais tout le monde ne peut pas forcément venir, pour diverses raisons. À ces membres s’ajoutent en général une vingtaine d’autres bénévoles qui s’inscrivent pour aider sur place sans être membre de Nijikai. Au total, il y a en général entre 50 et 60 personnes qui participent de façon bénévole à la tenue de la convention.
Nijikai est-elle amenée à grandir ? Avez-vous, à terme, d’autres objectifs que vos activités actuelles ?
Tora : En termes d’activités, notre objectif principal est d’abord de pérenniser la tenue de la convention, même si nous restons bien sûr tout à fait à l’écoute des nouveaux projets pour lesquels les membres de l’association pourraient avoir envie de s’impliquer. D’ailleurs, une équipe est en train d’étudier la faisabilité d’un nouveau projet en dehors de Jonetsu, mais nous ignorons à ce jour si celui-ci sera réalisable. Nous pouvons simplement dire que cela reste fidèle à notre volonté de partager la passion de l’animation !
En ce qui concerne la composition de Nijikai, le nombre de membres est en réalité assez stable depuis 2016. Chaque année, nous avons des départs de membres comme des arrivées de nouvelles recrues. Le temps dont disposent les gens pour s’impliquer dans la vie associative peut grandement varier d’une année sur l’autre, d’où cette dynamique. Journal du Japon étant un média associatif, nous imaginons que c’est aussi quelque chose que vous devez connaître.
L’un de nos objectifs actuels est d’avoir une implication suffisante de la part des membres pour permettre de réaliser nos projets sans nous surcharger. Cela peut évidemment passer par plus de membres car cela permet mathématiquement de se partager les tâches de façon plus confortable. Mais il arrive également qu’une seule nouvelle recrue puisse grandement soulager une charge de travail grâce à une implication, une autonomie, des compétences et des disponibilités importantes.
De plus, un autre objectif est de diversifier les profils et d’être une association plus inclusive, tant par nos statistiques internes globales que les profils des membres à des postes à responsabilité. En effet, nous estimons de façon générale qu’il est important que tout le monde ait une place pour s’exprimer. Mais au sein de Nijkai spécifiquement, nous croyons que la pluralité des voix permet une richesse des débats et des propositions : des profils variés amènent à des sensibilités différentes, et cela se traduit par de nouvelles façons de gérer des équipes, une programmation de conférences plus variée, différents styles artistiques, des stands plus hétéroclites…
Pour cela, nous avons tout d’abord abordé la question de la diversité de genre, car force est de constater qu’à ses origines, Nijikai était très majoritairement composée de membres masculins. Nous n’avons pas encore une diversité de genre qui nous satisfait, mais Nijikai est fière d’être aujourd’hui composée de 30 % de femmes, alors qu’à nos débuts il y a 10 ans, nous flirtions avec les 10 % ! Nous sommes en bonne voie et n’abandonnons pas nos efforts.
Mais la diversité ne se limite pas qu’au genre : nous réfléchissons également entre autres à la diversité culturelle, sexuelle, d’âge, de classe… Nous sommes très loin de prétendre avoir toutes les solutions, d’autant plus qu’il est parfois particulièrement difficile de répondre à certaines problématiques. Par exemple, notre statut d’association bénévole met une barrière à l’entrée pour les personnes en précarité financière, car elles ne peuvent souvent pas se permettre de consacrer du temps à des activités sans rémunération. Mais nous faisons preuve de patience et d’écoute pour trouver des solutions et faire évoluer la situation à notre modeste échelle.
Par ailleurs, au-delà de Nijikai, nous faisons également attention à la diversité au sein de Jonetsu, notamment sur la scène de conférences.
Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres associations sur la culture populaire japonaise en France ?
Kabu : Du fait des origines de Nijikai, nous gardons toujours à l’esprit qu’on se place dans un écosystème, parmi tout un tas d’associations consacrées à ces sujets. Nous essayons donc de fonctionner avec certaines d’entre elles, sur plusieurs aspects de la convention. Les activités, jeux quizz et karaoké au sein de la convention sont ainsi gérées par diverses associations : Forum Thalie, Animaniak, Les Amis de l’Imprimé Populaire ou l’Association des Collectionneurs de Figurines sont tout autant d’acteurs associatifs qui se partagent habituellement la scène d’activités de Jonetsu dans la salle des Colonnes. On peut aussi citer l’Association pour l’Essor de l’Univers Gundam, qui a déjà réalisé des activités et des conférences, ou encore Les Capteurs de l’Imaginaire, qui s’occupaient du stand de photoshoot cosplay habituellement situé à l’Agoreine.
Nous accordons donc une large place aux autres associations, en veillant à rétribuer le plus justement possible leurs différentes prestations, dans la mesure de nos moyens. Bien entendu nous accueillons également avec joie des associations qui souhaitent exposer dans la convention, comme Kawasoft, qui est généralement présente avec ses traductions de visual novel, ou Event Yaoi, qui a pu exposer chez nous par le passé. Hors de la convention, il nous arrive également de collaborer pour des activités externes. Nos projections en médiathèque ont ainsi longtemps été réalisées conjointement avec Forum Thalie.
Tora : En ce qui concerne les autres associations et entreprises qui organisent des conventions en France, nous préférons les considérer comme des collègues et non comme de la concurrence. La démarche de Jonetsu n’est pas la même que celle d’autres conventions, mais nous ne savons pas si on peut la qualifier de meilleure : c’est simplement celle qui parle le plus aux membres de notre association. Chaque organisation doit faire avec ses propres contraintes, et les nôtres ne sont pas forcément les mêmes que celles des autres. Il arrive d’ailleurs régulièrement que nous nous inspirions d’autres associations ou évènements, et que ceux-ci s’inspirent de Nijikai ou Jonetsu. Nous le prenons alors comme un compliment !
En dehors de Jonetsu, vous organisez d’autres activités au niveau local comme des projections en médiathèque. Pour quel public les organisez-vous et quels en sont les contenus ?
Tora : Ces activités s’inscrivent dans le cadre de notre partenariat avec la mairie de Bourg-la-Reine, et ont régulièrement été réalisées en collaboration avec l’association Forum Thalie. Le public visé varie en fonction des demandes de la ville donc nous nous adaptons à différentes tranches d’âge et sensibilités, mais à l’heure actuelle cela vise principalement un jeune public. Nous pouvons réaliser des projections, jeux et activités manuelles, sous réserve de certaines limitations. Il arrive souvent que nous ne puissions pas projeter les œuvres que nous souhaiterions, car l’existence d’une VF est parfois impérative (notamment lorsque le public visé est particulièrement jeune et donc pas en mesure de lire des sous-titres), et les projections se font toujours sous réserve de l’accord des ayants-droits. Dans tous les cas, ces activités sont pour nous une occasion supplémentaire de faire un moment de transmission et de partage.
MaJe : Cette année par exemple, nous avons proposé à la mairie une liste d’activités en fonction des compétences et envies des membres souhaitant participer à ce genre d’action. Cela a intéressé le service jeunesse pour des animations auprès de leurs pré-ados. Nous avons donc pu animer sur une demi-journée trois ateliers :
- une initiation au jeu de rôle (avec les systèmes Ryuutama, création japonaise, et OVA, qui permet de simuler une ambiance shônen)
- un atelier dessin et initiation au character-design
- quatre mini-quiz
Mais nous avions proposé d’autres ateliers, comme l’origami ou la fabrication de peluches pompon.
Nijikai est aussi active en ligne avec un projet de généalogie des studios d’animation ou bien du sous-titrage de conférences sur l’animation japonaise. Comment est-ce que vous construisez et réalisez ce type de projet ?
Kabu : Dans notre fonctionnement associatif, chaque membre est libre de proposer des projets. Ceux-ci sont alors évalués et validés en fonction de leur faisabilité, puis pris en charge par les membres qui le souhaitent (et qui peuvent être ou non à l’origine de l’idée). Il arrive même que ce genre de projets “annexes” soit d’une manière ou d’une autre réintégré ensuite dans la Convention Jonetsu.
Le projet de généalogie des studios a pris à 4 membres de l’association une grosse année de recherche, de classement puis de mise en forme, en 2016 – 2017. Il a d’abord été conçu comme un document à fournir en accès libre sur notre site. Il a ensuite été imprimé et est depuis affiché chaque année dans le hall des conférences de Jonetsu pour consultation par le public. Il mériterait d’ailleurs une mise à jour. Depuis le COVID, de nombreux nouveaux studios ont été créés, d’autres ont fermé leurs portes, comme Gainax par exemple.
Il arrive aussi que certains de ces projets n’aboutissent pas. Pendant la pandémie, nous avons consacré un temps et des efforts conséquents pour mettre sur pied une convention virtuelle à même d’aider les artistes qui se retrouvaient sans endroit pour exposer. Mais le projet, dont les ambitions avaient été mal définies, n’a jamais réellement réussi à prendre forme. C’est aussi le risque avec les projets associatifs…
Nombre de vos membres ont vécu l’évolution de la réception de la culture populaire japonaise à travers les années 2000 et 2010, notamment l’augmentation du nombre de fans de mangas ou d’animes (si l’on se fie aux chiffres de vente croissant du manga en France ces dernières années par exemple). Nijikai et Jonetsu profitent-elles de cette montée en nombre des nippophiles ou bien touchez-vous toujours les mêmes fans les plus impliqués dans leur passion ?
Kabu : Nous n’avons pas vraiment de statistiques précises sur depuis quand chaque membre de Nijikai s’intéresse à ces sujets. Ce que nous pouvons dire en revanche, c’est que le niveau de connaissance sur l’animation et le manga n’est absolument pas un critère pour entrer dans l’association ou participer à l’organisation de la convention. Parmi nos membres les plus actifs et actives, il y a des novices de ces sujets. Ce qui compte surtout c’est d’avoir l’esprit ouvert et l’envie d’apprendre. À la fois sur l’animation et le manga, mais aussi et surtout sur les tâches d’organisation à réaliser.
En ce qui concerne le public de Jonetsu, nous avons pu voir une évolution, mais pas forcément en quantité. Nos premières éditions attiraient principalement des fans au bagage animé/manga déjà bien ancré. Au fil des années, un public bien plus familial est venu s’ajouter au précédent. Ce dernier n’est d’ailleurs pas forcément moins sachant.
Tora : Nous n’avons pas la certitude que cette diversification du public soit liée à l’augmentation de fans de manga et d’animé, et avons de notre côté également essayé de toucher un public plus large que celui que nous avions à l’origine. Nous estimons en effet que ce sont des sujets qui font partie du patrimoine culturel et nous souhaitons participer à notre échelle à leur popularisation et légitimation, notamment en ayant des conférences pointues mais accessibles. Mais ces deux aspects sont plutôt complémentaires, donc il est possible que les deux aient eu une influence sur la composition de notre public.
Avec la question de la diversification du public vient celle des œuvres de référence, qui évoluent en fonction des générations. Ceci dit, lorsque des enfants se présentent à Jonetsu, nous aimons bien leur demander quelles sont leurs œuvres favorites pour savoir lesquelles ont le vent en poupe en ce moment, et nous avons très souvent la surprise d’entendre des titres qui ont plus de 20 ans. Une transmission de la part d’un public plus âgé a visiblement lieu, et cela fait plaisir de voir certaines œuvres devenir transgénérationnelles !
Jonetsu : « Nous avons toujours fait en sorte de « boxer au-dessus de notre catégorie » »
En 2015, vous organisez pour la première fois la convention Jonetsu. Quels étaient vos objectifs d’alors ? Aviez-vous un modèle de convention idéal (en France, au Japon ou dans d’autres pays) ?
Kabu : Pour résumer simplement notre approche, nous voulions créer une convention à laquelle nous aurions nous même envie d’aller. Paradoxalement, ce principe simple en dit moins sur ce que que nous voulions mettre dans la convention que sur ce que nous ne voulions pas y voir.
Très sensibles aux problématiques de la contrefaçon en convention, nous souhaitions dès le départ refuser tout stand de vente qui nous paraîtrait douteux sur ce plan, quel que soit le prix proposé. Plus largement, il ne nous semblait pas pertinent de faire une énième convention « kermesse » où se mélangeraient culture populaire contemporaine, culture asiatique traditionnelle, rings d’arts martiaux, stands de bonbons, etc. En particulier si nous devions créer notre convention en Île-de-France, où l’offre d’évènements de ce genre était déjà pléthorique. Une autre chose contre laquelle nous souhaitions lutter était les tarifs prohibitifs auxquels est vendue habituellement la nourriture en convention, en profitant du fait que les personnes sont captives de l’espace d’exposition. Nous avions donc dès le départ un certain aspect militant, qui a induit une direction éditoriale très marquée.
Cela a aussi fini par dégager deux axes fondamentaux :
- expliquer les dessous des industries du divertissement via des conférences menées par des personnes passionnées et/ou travaillant dans le milieu ;
- faire une place large aux cercles associatifs et artistiques et ne pas les cantonner « à part » des autres stands.
Ces réflexions nous ont également poussé à mettre en place certains aspects devenus récurrents : les bracelets permettant aux personnes d’entrer et sortir librement de la convention, et notre fameux sandwich au poulet conçu pour être le plus accessible possible financièrement.
Le reste a été guidé par les contraintes matérielles qui allaient avec le lancement du projet. Contrairement à Epitanime, nous ne disposions pas de nos propres locaux où organiser l’évènement. Il nous a fallu louer une salle, et donc trouver un équilibre entre espace disponible, budget et contenu. C’est notamment pour ces contraintes d’espace que nous avons choisi de nous focaliser sur l’animation et le manga, et de mettre de côté le jeu vidéo. De la même manière, nous n’avions alors pas de place suffisante pour pouvoir accueillir un concours de cosplay dans des conditions correctes.
En ce qui concerne nos inspirations, on trouve évidemment la convention Epitanime, déjà évoquée plus haut, mais aussi des conventions dôjinshi japonaises type Comitia/Comiket, et certaines itérations qui ont pu être tentées en France comme le Comic Live in Paris (2011). Pour la partie conférences en revanche, nous avons aussi regardé du côté de ce qui se fait aux Etats-Unis. Bon nombre d’entre nous avaient été particulièrement marqués par le panel sur le sakuga de l’Anime Central (Chicago, 2013). Nos autres références françaises sur ce plan seraient le festival Nouvelles Images du Japon (début des années 2000) ou encore ce qui peut se faire aux Utopiales de Nantes.
Notre objectif principal sur la première édition, c’était déjà de nous prouver à nous-même que nous pouvions tenir une convention. Nous voulions aussi voir si cette offre de convention intéresserait un public un peu plus large que nous-mêmes. Car même si nous ciblions les personnes passionnées par ces sujets, ça n’aurait pas beaucoup de sens de n’expliquer les dessous de la production qu’à des gens qui en connaissent déjà les ficelles. Malgré son succès critique, la première édition de Jonetsu n’était pas économiquement soutenable sur la durée. La salle en bordure de Paris que nous avions louée avait une surface réduite tout en étant trop chère pour nous permettre d’avoir un tarif d’entrée en adéquation avec notre contenu. Par la suite, il nous a donc fallu trouver de nouveaux lieux, plus compatibles avec le projet.
Nous sommes cette année à la sixième édition de Jonetsu. La convention a-t-elle pris en ampleur ? Vos idéaux ou valeurs d’alors ont-ils évolué ?
Kabu : Entre la première et la sixième édition, il s’est passé beaucoup de choses, dont une pause forcée de plusieurs années due à la pandémie qui a pas mal affecté la dynamique de la convention. On peut néanmoins dire que Jonetsu a pris en ampleur, passant progressivement de 558 à 1 276 visites sur un week-end. Suite à son installation à Bourg-la-Reine, d’abord dans la salle des Colonnes, puis via l’ajout du théâtre de l’Agoreine, la convention a pu accueillir davantage de stands, et élargir son champ d’activités tout en restant abordable pour le public. Avec ses loges dédiées, le théâtre lui permet désormais d’accueillir un concours et défilé de cosplay et de fournir d’autres services aux cosplayeurs et cosplayeuses (vestiaires, stand photo, stand de réparation). Cela aurait été inenvisageable dans nos premiers locaux.
Le temps et l’expérience passant, nous avons gagné en ambition. On garde une curiosité et une attention pour ce qui se fait ailleurs, aussi nous avons également enrichi notre palette d’inspirations. À celles citées plus haut, on peut maintenant ajouter des évènements comme la Y/Con, Paris City Pop et évidemment le Festival International du Film d’Animation d’Annecy.
Les valeurs cardinales de la convention sont toujours là, mais se sont précisées et affinées. De nouvelles problématiques sont prises en compte, par exemple la visibilité des minorités de genre évoquée plus haut par Tora. Jonetsu 666 est ainsi notre première édition où plus de femmes que d’hommes sont intervenues en conférence. Nous avons identifié d’autres problématiques qui ne sont pas encore adressées, comme par exemple l’impact environnemental de nos activités, ou de l’animation en général. Il nous reste encore du chemin pour parvenir à ce qui serait notre convention idéale !
Jonetsu se démarque sur un point d’autres grandes conventions sur le Japon : la quasi-absence de stands commerciaux en comparaison des stands de création. Est-ce un acte engagé de votre part ?
Eru : Oui et non. Il y a une volonté forte de notre part de refuser les stands marchands qui vendent des contrefaçons. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui nous motive à inviter l’Association des Collectionneurs de Figurines, qui réalise notamment des activités visant à informer et alerter sur les contrefaçons. Cette volonté fait un filtre lors des inscriptions stands, puisqu’on élimine directement tous les commerces qui vendent des produits non licenciés (katanas, reproductions d’affiches ou de goodies officiels, etc).
Cependant, la principale raison qui fait que nous ne démarchons pas de commerces, et par conséquent celle de l’absence de stands commerciaux, est tout simplement le manque de place. Chaque année, lors du jury stands, nous devons refuser plus d’une centaine de candidatures qui postulent pour avoir un stand création, parce que nous avons une capacité très limitée par rapport à la demande.
Comment se déroulent l’organisation de ces conférences ? Suivez-vous des lignes thématiques directrices selon les éditions ?
Tetho : La première considération lors de l’établissement du programme des conférences est les envies des membres. Nous organisons cette convention sur notre temps libre et souhaitons qu’elle ressemble à la convention où nous aimerions aller, cela n’aurait pas de sens ni d’intérêt de monter des conférences qui ne nous intéressent pas ou en lesquelles nous ne croyons pas.
Nous organisons donc en amont une réunion où les membres peuvent proposer les sujets et les idées qui les intéressent. Nous les étudions en groupe, pour évaluer leur intérêt, leur pertinence et leur faisabilité. Nous jouons aussi avec ces idées, pour trouver comment les traiter de la façon qui soit la plus intéressante et instructive pour notre public. Car il ne faut pas perdre de vue que la finalité est bien d’apporter quelque chose à ce dernier. Nous avons aussi une liste d’idées proposées les années précédentes et qui ont été refusées ou n’ont pas pu se faire pour une montagne de raisons. Nous réévaluons leur pertinence et voyons si nous ne pouvons pas cette fois en faire quelque chose. Rien ne se perd et une idée rejetée peut revoir le jour plusieurs années plus tard sous une forme différente.
C’est un moment vraiment intéressant du processus de montage du programme car les idées sont fluides et libres, on peut les manipuler et essayer de leur donner différentes formes, imaginer ce qui est possible d’en faire. Il y a de vrais échanges d’idées entre les membres, parfois un peu houleux, mais c’est normal car tout le monde a une vision différente de comment un sujet peut-être traité et il est naturel de vouloir la défendre. C’est même la preuve de l’implication des participants et participantes.
Une fois les sujets de conférences choisis, on cherche qui serait pertinent pour les traiter. Commence alors un long processus de recherche, de prise de contact. Souvent nos envies se heurtent vite à la réalité. Il faut trouver des personnes qui soient à la fois pertinentes vis-à-vis du sujet choisi, qui acceptent de venir à Jonetsu et qui soient disponibles pour intervenir aux dates de cette dernière. Par exemple, lors des deux dernières éditions, les dates de Jonetsu se chevauchaient avec les dates des vacances de printemps ou des ponts du mois de mai. Par conséquent, de nombreuses personnes que nous avions démarchées et qui étaient intéressées ont été contraintes de décliner.
C’est à ce stade qu’une partie des sujets seront écartés et se retrouveront dans la case “idée rejetée à réévaluer l’année prochaine”. Pour les sujets qui ont passé cette étape, on travaille avec les intervenants et intervenantes afin d’élaborer une conférence qui corresponde à leurs envies et leur disponibilité. Selon les sujets et les personnes, cela peut prendre différentes formes : une présentation magistrale avec support visuel, une table ronde où plusieurs points de vue se confrontent, ou une interview.
Kabu : Pour ce qui est de la thématique des conférences, nous avons essayé plusieurs éditions de coller à la thématique de notre affiche. Mais vu notre façon de travailler avec les conférences, cela apporterait une contrainte supplémentaire qu’il était difficile de respecter. Avec le temps, nous avons donc fini par nous dire que ça n’était pas une bonne idée de trop nous formaliser sur ce plan. Notre approche actuelle c’est donc que si l’un des sujet de conférence colle avec la thématique de l’édition, tant mieux. Sinon, tant pis, ce n’est pas grave. Pour plus de détail sur notre façon de fonctionner sur les conférences comme sur les autres équipes, des articles dédiés sont à disposition sur le site de jonetsu.
Les affiches de Jonetsu sont chaque année très soignées avec de multiples références (figurines, animation clefs, blu-ray etc). Cette année, le 666 et les éléments de communications portent tous vers l’horreur. Pourquoi avoir fait le choix de ce thème ?
Kabu : Tout part de comment nous nommons (ou “numérotons”) l’édition sur laquelle nous travaillons, et c’est ce nommage qui va déterminer à peu près tout le reste ensuite. Il nous faut trouver :
- Un numéro rigolo qui référence quelque chose tout en indiquant où nous en sommes.
- Un support / outil / aspect de l’industrie à évoquer.
- Un genre / thème à évoquer.
Cela donne chaque année lieu à de vifs débats au sein de l’association. Une fois qu’on s’est mis d’accord sur le nommage et qu’on a un peu tapé dessus pour voir si ça tient la route, c’est là que le travail graphique peut vraiment commencer.
Pour notre 6ème édition, la palette de nommages envisagés était assez restreinte. Cela s’est essentiellement joué entre Jonetsu 66, Jonetsu 666 et Jonetsu Hex. Nous sommes vite arrivés à un consensus sur Jonetsu 666 et le thème de l’horreur, qui motivait une bonne partie des membres. Le support VHS est venu naturellement par suite, lors de l’élaboration de l’affiche par Grimm.
Plus généralement, comment se déroule le processus de création des affiches et des visuels tous conçus, sauf erreur, par Al Grimm ?
Grimm : Généralement, j’ai déjà une idée relativement précise de ce que donnerait l’affiche au moment où sont décidés la numérotation et le thème. Je réalise alors un prototype en esquisse avec tous les éléments essentiels, que je présente à l’association. Les différents responsables et les membres qui le souhaitent donnent leur avis et des modifications sont faites en fonction des retours. Les étapes suivantes (encrage, couleur) se font de la même manière. Les autres visuels sont produits en fonction des besoins, de l’inspiration et de la disponibilité des graphistes. A ce titre l’association a grandement bénéficié de l’arrivée Chü-Ju en mai 2023, qui a produit nombre d’éléments que le public a pu voir passer dans le cadre de la communication sur les réseaux sociaux ou au sein de la convention.
Toujours concernant le visuel, d’où viennent votre mascotte aux cheveux bleus et ces mystérieux poulets présents sur l’affiche depuis la deuxième édition ? Un rapport avec un traditionnel sandwich au poulet peut-être ?
Grimm : Pour être honnête, la genèse de notre mascotte Niji-chan et de ses acolytes à plumes relève moins d’un projet bien défini que d’une suite de décisions « logiques ». Nous souhaitions une mascotte humaine pour l’association et « à l’époque » il semblait évident que ça devait être un personnage féminin (aujourd’hui ce point ferait probablement l’objet d’une discussion bienvenue). La couleur de Nijikai étant le bleu des cheveux de Kamina de la série Gurren Lagann (parce que quel meilleur avatar de la PASSION ?), les cheveux de Niji-chan sont également issus du même bleu. Lorsqu’elle représente la convention, ses vêtements et accessoires sont teintés de rouge et blanc, à la manière du logo de Jonetsu. Elle est joyeuse et énergique, parce qu’elle est passionnée et avide de découvertes. Et ainsi de suite…
En ce qui concerne les gallinacés, mes souvenirs sont flous mais je dirais que c’est avant tout le travail de toute une équipe. Le résultat de trop nombreuses blagues ponctuant de trop longues réunions. Je crois toutefois être en mesure d’expliquer leur présence de la façon suivante : c’est rigolo. Chaque année, ils sont cosplayés en des personnages en rapport avec le thème en cours, et nous leur trouvons un petit nom marrant. Pour 666 il s’agissait de «Chainsawing» et «Griffonth». Nous ne nous étendrons cependant pas sur leur potentielle relation avec certaines denrées alimentaires.
Cette année, vous avez annoncé la venue de deux grandes figures du studio Trigger : l’animateur Yô YOSHINARI et la productrice Naoko TSUTSUMI. Comment arrivez-vous à être attractif pour des personnalités si prestigieuses, sans avoir la force de frappe (financière ou marketing) d’une grande structure ?
Kabu : D’une manière générale, nous avons toujours fait en sorte de « boxer au-dessus de notre catégorie » en trouvant des moyens ingénieux pour monter un programme de conférences ambitieux malgré nos maigres finances. Faire venir des personnes qui habitent en France ou en Europe, participer aux frais d’avion de vacances déjà prévues contre une intervention, inviter des couples pour n’avoir qu’une chambre d’hôtel à payer au lieu de deux… tout un tas d’astuces sont possibles. Ce qui compte surtout c’est de s’intéresser réellement au travail des personnes et de construire leur intervention avec elles pour ne pas leur faire faire que de la figuration.
Le reste se fait de proche en proche. La venue réussie d’une personne est susceptible d’en rassurer tout un tas d’autres que nous pourrions ensuite vouloir démarcher. En construisant ainsi petit à petit et en veillant à respecter tout le monde, on finit par avoir une certaine réputation. Il arrive désormais fréquemment qu’on nous coupe lorsqu’on présente l’évènement, en nous disant « Ah oui Jonetsu je connais, j’ai eu des bons retours. »
Tora : Au lancement de Jonetsu, il existait déjà un nombre important de conventions portant sur les mangas et animés, et il nous tenait à cœur de proposer une offre différente. La mise en avant des artistes a grandement contribué à cette démarche, que cela soit sur des stands ou sur la scène des conférences.
De plus, à moins d’avoir déjà une certaine notoriété, la plupart des artistes n’ont souvent pas de lieu d’expression auprès d’un public plus large. Nous essayons de mettre en lumière toute la chaîne de création, et il s’agit donc souvent d’une opportunité pour parler de postes habituellement invisibilisés. Par ailleurs, la taille modeste de Jonetsu est ici un atout, car elle permet des échanges privilégiés avec le public. Ce sont des aspects assez peu courants dans le milieu des conventions et auxquels pas mal de personnes sont sensibles, dont nos contacts chez TRIGGER.
Kabu : Il faut ainsi vous dire que ce n’est pas Nijikai qui a contacté TRIGGER. C’est le studio lui-même qui nous a démarché et a tenu à travailler avec nous, après avoir eu écho du traitement que nous avions réservé à Hisayuki Tabata (NDR : animateur, notamment chara-designer pour Fate/Stay Night UBW et HF chez Ufotable) pour ses conférences de Jonetsu 5555 Encore. Passé le moment de surprise, en discutant avec Mme Tsutusmi, nous nous sommes peu à peu rendus compte qu’elle avait parfaitement compris le projet Jonetsu et était visiblement très intéressée par l’angle que nous proposons pour nos conférences. C’est quelque chose de plus important pour TRIGGER que de regarder notre affluence ou notre budget.
Cette approche que Tetho détaille plus haut est donc un de nos meilleurs atouts. Voir TRIGGER reconnaître ce travail est pour nous une grande fierté et confirme que notre démarche est valide.
Avec l’annonce de la conférence bilan sur Mars Express (qui suit la conférence sur Lastman lors de la deuxième édition en 2017), cette passion ne semble pas se limiter au Japon ou à la sphère asiatique en général. Où et comment fixez-vous des bornes ?
Kabu : Jonetsu n’a jamais été pensée comme un événement centré sur le Japon, mais bien sur le manga, l’animation internationale et la création graphique en général. Originellement, nous étions issus de cercles de fan de culture populaire japonaise, d’où les choix de noms de notre association et de notre convention. Mais nous sommes des fans d’animation au sens large, pas uniquement japonaise, au fur et à mesure que nous avancions dans notre démarche, nous nous sommes rendus compte que certaines barrières n’avaient pas vraiment de sens.
Eru : Il y a en effet beaucoup de ponts entre l’animation française, japonaise, américaine, et celle du reste du monde. Elles se sont influencées mutuellement, ont utilisé et utilisent des procédés et techniques similaires et les personnes qui travaillent dans l’animation ont pu œuvrer dans différents pays.
Kabu : Dans les années 80 et 90 déjà, une partie de ce qui nous était vendu comme de l’animation occidentale était en réalité produite au Japon. J’ai en tête le fantastique opening de Batman T.A.S. animé par Kazuhide Tomonaga par exemple. Avec l’avènement du numérique, et d’autant plus depuis le COVID, les productions tendent à se dématérialiser, renforçant encore les inter-influences. Ça n’aurait donc pas vraiment de sens de ne s’intéresser qu’à la production purement japonaise. Celle-ci est de toute façon créée aujourd’hui en partie par des animateurs et animatrices issus de France, d’Autriche, de Corée, etc. Il en va de même pour le manga. C’est simplement un format. On peut en créer au Japon aussi bien qu’en Italie ou au Canada.
Tora : En prenant conscience de cet état de fait, nous avons entrepris une démarche de faire comprendre à notre public la porosité internationale de l’industrie de l’animation, sans nier pour autant les différences culturelles.
Eru : A priori vous ne verrez pas de tournois de jeux vidéo à Jonetsu (même si on aime bien les jeux vidéo aussi et qu’on estime que d’autres conventions font ça très bien), ni de stand de mölkky, de kendô, ou de chanson française, mais que si vous vous intéressez à l’animation et à la création graphique vous devriez trouver du contenu qui vous intéresse.
Auriez-vous quelques mots pour encourager le public à se déplacer jusqu’à Jonetsu l’an prochain ?
Tora : Jonetsu est un événement à taille humaine et aux moyens modestes, organisé de façon entièrement bénévole, avec une ligne éditoriale forte où la mise en avant de la créativité et de la pédagogie a toujours été très importante. Nous avons également une politique tarifaire que nous souhaitons la plus accessible possible, tant pour le public que les personnes souhaitant exposer chez nous. Cela demande une grande implication et dévouement de la part de notre équipe pour, nous l’espérons, proposer une convention qui se démarque tout en faisant plaisir à un public tant déjà érudit que novice.
Les plus beaux retours que nous recevons sont de la part de personnes pas très familières avec les milieux du manga et de l’animation, mais qui ressortent en disant avoir appris plein de choses passionnantes et découvert des univers d’artistes aux multiples talents… Et nous avons bien l’intention de continuer sur cette voie ! N’hésitez donc pas à nous rendre visite, que vous souhaitiez exposer ou simplement visiter. Et qui sait, peut-être que vous aurez ensuite envie de participer à l’organisation de la Convention Jonetsu !
Un grand merci à toute l’équipe de Nijikai pour leurs réponses précises qui dévoilent tous les détails de l’organisation de convention et reflètent la flamme du collectif dans la transmission de leurs passions en tout genre. Pour plus d’informations sur l’équipe et les activités de l’association, n’hésitez pas à visiter leur site officiel ainsi que leurs réseaux sociaux.
Par soucis de transparence, signalons que l’un des membres de Journal du Japon est également membre de Nijikai. Celui-ci n’a cependant pas participé à l’écriture du présent article, et aucune tractation quelle qu’elle soit n’a eu lieu entre les deux associations