Cat Quest 3 – une aventure mistigrisante
Début août 2024, le studio The Gentlebros nous a offert une balade en mer avec Cat Quest 3, un tout petit jeu d’action disponible sur les consoles Playstation et Xbox, Nintendo Switch et Steam – l’occasion de retrouver les fondamentaux du premier épisode, sorti en 2017. Pour ce test, Journal du Japon vous invite à brandir votre sabre et votre tromblon et de découvrir ce petit trésor du jeu vidéo indépendant.
Matou’te première impression
Après une courte cinématique nous dévoilant le passé du vaillant félidé que nous incarnons, la croisière de Cat Quest 3 débute sur une petite île déserte. Un groupe d’ennemis, les Pi’rats, vous tend une embuscade servant de tutoriel au système de combat. Au premier abord, il semble d’une apparente simplicité : un bouton pour attaquer au sabre, un autre pour le pistolet, le troisième pour esquiver et la gâchette pour lancer de la magie. La prise en main est immédiate. Peut-être seriez-vous alors tentés de crier au simplisme plutôt qu’à la simplicité, mais ne vous y fiez pas : les systèmes de jeu révèleront plus tard leur véritable profondeur.
La direction artistique de la série n’a quant à elle pas changé : le personnage principal se déplace en vue à la troisième personne sur une carte du monde aux accents très cartoons, aux couleurs vives et aux eaux chatoyantes. Les dimensions du décor, tel un modèle réduit, rappelleront sans doute la carte du monde des épisodes de la série Final Fantasy sortis sur la première PlayStation. La majorité de l’exploration se déroule sur cette carte, à l’exception des donjons.
Exa’minet les recoins du monde
Si vous avez l’habitude des jeux en monde ouvert, peut-être faites-vous partie de ces joueurs qui mettent l’histoire de côté dès que l’on vous offre la liberté d’explorer le lointain. Après vous être évadé de Helgen, vous vous étiez écarté des sentiers battus dans Skyrim, ou bien vous vous étiez mis en tête de vous rendre à l’emplacement de chaque marqueur de l’immense carte d’Assassin’s Creed Valhalla. Dans ce cas, réjouissez-vous : une fois à bord de votre vaisseau pirate, l’entièreté du monde de Cat Quest 3 s’offre à vous ! Vous êtes libre d’ignorer complètement la cité pirate que le jeu vous pointe du doigt pour voguer au gré du regard. Vous pourriez vous rendre sur cet ilot sur lequel vous avez aperçu un coffre au trésor, rejoindre cet archipel où trois frères se disputent un héritage, ou encore rejoindre cette mystérieuse tour dorée qui étincelle plus au nord… Seuls l’accès à certains donjons est verrouillé, soit parce qu’ils font partie de l’histoire principale, soit parce que les récompenses qu’ils offrent valent bien de passer la carte au peigne fin pour trouver une clef.
Malgré cette grande liberté que le jeu nous offre, les dimensions du monde sont loin d’être intimidantes : une minute suffit à peine pour aller d’un bout à l’autre de la carte. De plus, l’espace de jeu est suffisamment plat pour vous offrir une visibilité importante et franchir avec aisance les quelques obstacles qui se trouveront sur votre chemin. Jamais Cat Quest 3 ne vous demandera de réfléchir ou de découvrir un passage secret pour aller d’un point A à un point B. En contrepartie, le déplacement rapide n’existe pas (mais il ne vous manquera pas) et le jeu vous fait relativement confiance pour vous orienter en vous passant de marqueurs de quêtes. Il ne vous tiendra pas non plus la main pour vous détourner de cette petite île brumeuse à quelques centimètres du point de départ, mais dont le niveau des ennemis vous incitera très vite à faire machine arrière.
Quand les coups de griffes ne suffisent plus
Explorer Cat Quest 3 de fond en comble vous confrontera à des challenges variés : des donjons classiques de RPG, des grottes mettant votre adresse à l’épreuve pour esquiver les pièges, des combats de boss sur la carte… Malgré son esthétique de dessin animé, le jeu recèle de défis retors qui exigeront de votre part une certaine maîtrise du système de combat. Très vite, vous ne pourrez plus vous reposer sur de simples coups d’épée espacés par des roulades. Durant votre voyage, vous obtiendrez de nouveaux sorts et équipements qui étendront vos possibilités. Vous pourriez par exemple abandonner le costume du corsaire pour devenir un paladin armé d’un grand bouclier, ou bien un mage spécialisé dans l’électricité. L’arsenal du jeu n’est pas excessivement fourni, mais permet des combinaisons très intéressantes en tenant compte des bonus d’équipement.
Dans le cadre de ce test, notre pirate des Charaïbes était par exemple armé de griffes à la manière de Wolverine, et d’un talisman renforçant ses (nombreuses) attaques successives. Néanmoins, la courte portée de l’arme exige de rester constamment au corps-à-corps. Pour pallier les dégâts reçus, il était donc équipé d’une armure dont les bonus renforçaient les sorts de soin, et d’un deuxième talisman qui permettait d’infliger des dégâts supplémentaires aux ennemis en regagnant soi-même de la vie. Une fois le build optimisé, la plupart des ennemis n’étaient plus qu’une formalité !
Obtenir la quasi-totalité de l’équipement ne pose pas de réelle difficulté, et le système d’amélioration est suffisamment peu coûteux pour encourager le joueur à expérimenter de nouveaux builds. Le combat naval obéit à la même logique, avec une customisation des projectiles et divers bonus d’attaque ou de défense. Quelques bémols toutefois : les affrontements sur la carte semblent bien plus faciles lorsqu’on comprend que les ennemis ne regagnent pas leurs points de vie en s’éloignant. A contrario, certains boss finaux de donjons restent particulièrement éprouvants à mesure que leurs patterns d’attaques se superposent les uns aux autres ou qu’ils multiplient les projectiles suivant le joueur à la trace.
C’est le contenu annexe qui félin’térêt
L’histoire principale de Cat Quest 3 reste courte et peu originale. Quelques petites heures suffisent pour en voir le terme, sans qu’elle laisse de souvenirs impérissables. Néanmoins, le titre se montre plus riche dans son contenu annexe, d’une grande générosité. Il offre pour commencer une galerie de personnages étonnamment variée pour un jeu de pirates : un sanglier géant, un alchimiste adepte d’hybridation, des fantômes, un grand ancien lovecraftien, un équipage fan de heavy metal… De même, les expériences de jeu hors de l’histoire offrent des situations surprenantes : des affrontements postgame d’une grande difficulté, des séries de combats dans l’outremonde, un donjon aux allures de jeu de rôle à choix multiples… En revanche, la « méta-histoire » cosmologique que le studio déroule au fil de la licence reste difficilement accessible sans avoir fait les jeux précédents, celui-ci offrant trop peu de clefs de compréhension à ce sujet.
Après deux sessions de jeu d’environ 5 heures, ce sympathique Cat Quest 3 donne l’impression suivante : celle d’une sorte de « Elden Ring en diorama ». A son échelle, il procure des sensations familières aux jeux de From Software, comme le plaisir d’explorer un monde étrange, la rejouabilité qu’offre son système de combat et l’exigence de certains combats. Cependant, ce petit jeu se prête plus volontiers à de petites sessions par l’échelle de son monde et de ses donjons. Un voyage en mer idéal à portée de console pour prolonger les vacances !