Lectures du Japon #4 : à la recherche des mangas inédits…

Alors que les vacances d’été se rapprochent de leur conclusion, nous profitons de cette dernière semaine d’août pour vous proposer quelques nouvelles trouvailles mangas, qui ne sont pas encore sortis en France.

Dans cette chronique, en partenariat avec la librairie en ligne Giant Books, nous souhaitons présenter des mangas qui ne sont pas connus du grand public et qui sont publiés depuis peu et qui cartonnent, ou qui ont déjà quelques années au compteur au Japon. Que ce soit à travers des maisons d’édition de petite taille ou des mastodontes comme le Weekly Young Jump de Shueisha, que ce soit une œuvre d’un tout nouveau mangaka… nous vous invitons à découvrir ces titres méconnus.

Au programme de cet épisode : de l’histoire magnifiquement dessinée, du BL qui veut éviter le BL (oui oui) et enfin un coup de cœur pour une bibliothèque !

Iwamoto-senpai no Suisen – Hiroshi SHIIBASHI

Hiroshi SHIIBASHI est un mangaka né en 1980 à Suita, dans la préfecture d’Osaka au Japon.

Après avoir obtenu un diplôme d’art de l’image et travaillé les techniques cinématographiques au centre universitaire des arts d’Osaka, il débute sa carrière en tant qu’assistant de Hirohiko ARAKI sur l’arc Steel Ball Run de Jojo Bizzare adventure. Il publie en 2002 Aratama, sa première oeuvre, dans le magazine Business Jump.

En 2006, Hiroshi Shiibashi publie dans Akamaru Jump le one-shot Nurarihyon no Mago, qui remporte la troisième édition de la Gold Future Cup (compétition annuel prôpre au Weekly Shonen Jump qui se tient sur 4 à 7 numéros et qui met en compétition des histoires courtes) . Un succès qui attire l’oeil du prestigieux magazine de prépublication Weekly Shônen Jump qui publie à son tour le one-shot en 2007. En 2008, un shônen basé sur le one-shot, Nura : Le Seigneur des Yokaï, voit le jour.

Sa nouvelle série, Illegal Rare, débute en février 2014 sa publication dans Weekly Shônen et s’arrête au bout de quatre tomes. En 2019, il débute la série Yui Kamio Lets Loose, toujours aux éditions Shueisha, qui met en scène la jeune Kamio qui change de personnalité lorsque ses cheveux sont détachés, passant d’une aimable jeune fille à une délinquante sans foi ni loi. Entre temps, en 2016, il a lancé la série Tokyo Kigo Tanpou qui est annulé après seulement un tome.

C’est en 2021 que débute Iwamoto-senpai no Suisen, aujourd’hui à son huitième tome et toujours en cours au sein de l’éditeur Shueisha.

Parmi ses assistants figurent Takuma YOKOTA, auteur de Ponkotsu Fuukiiin to Skaato take ga Futekisetsu na JK no Hanashi, Straighten Up! Welcome to Shika High’s Competitive Dance Club et Shudan, mais aussi Kentarou HIDANO, créateur de l’excellente histoire courte Ghost Sweeper Arai-Kun et qui officie aujourd’hui comme artiste sur la série dérivée Kaiju No.8 : B-Side et enfin, Hiroyuki SENDA, l’auteur du très populaire Weapon Girl.

Dans Iwamoto-senpai no Suisen, nous sommes en 1910 et l’armée impériale est plus puissante que jamais après sa victoire contre la Russie. À l’aune d’un conflit qui ne dit pas encore son nom et de la disparition de l’empereur Meiji, le Pays du soleil levant est en ébullition. Iwamoto Kodou, étudiant à l’académie militaire de Seiho, enquête sur les phénomènes paranormaux qui pourraient être utilisés à des fins militaires. Pour cela, il est envoyé à travers les provinces japonaises afin de rédiger des rapports pour ses supérieurs. Une étrange neige noire ou encore un temple dans lequel se déroule d’étranges événements : le jeune soldat va devoir faire face à l’inexplicable mais aussi aux terribles vérités qui se dissimulent derrières ces phénomènes surnaturels.

Avant toute chose, il est nécessaire d’évoquer la beauté de l’oeuvre. Tout est absolument superbe et il est certain que Iwamoto-senpai no Suisen fait partie des plus beaux mangas sur le marché et très probablement de l’un des plus beaux mangas de ces dernières années. À cela s’ajoute une histoire où de nombreuses forces s’opposent et où il est difficile d’établir la vérité et même le bien fondé de certaines actions de nos héros.

C’est un manga qui nous pousse à toujours aller plus loin dans la lecture et sur lequel il va falloir compter pour les années à venir.

Iwamoto-senpai no Suisen est disponible sur le site de Giant Books.

Pour les plus patients, sachez aussi qu’il a été annoncé pour la France, en avril 2025 chez Mangetsu.

Zettai BL ni Naru Sekai VS Zettai BL ni Naritakunai Otoko – Konkichi 

Konkichi est un mangaka qui travaille depuis 2009. Son nom de plume  provient de l’administrateur d’un site d’illustration qu’il dirigeait lors qu’il était au collège. Sa première oeuvre, une comédie en milieu scolaire, Kaguyachi de la classe 2 paraît en 2009 dans le magazine Manga Goccha de l’éditeur Micro Magazine, l’éditeur du light novel.

Sa première série paraît en 2015 chez l’éditeur Mag Garden. Dénommé Les étranges livres de la librairie Monnobe, elle est mise en pause en 2019 avec le septième tome mais a le droit à une parution chez l’éditeur français Komikku sous le titre Le livre des démons. En 2015, il lance également la série Sangatsu wa Ore-sama ni Narimasu, publié chez Square Enix et qui se termine en 2017 au bout de trois tomes.

C’est aussi cette année là qu’il débute une web série, toujours en cours : The Story of High School Boys Who Became Magical Girls qui met en scène des lycéens capables de se transformer en magical girls. La série est ensuite adaptée en 2020 chez MagComics mais a été interrompue dès le deuxième chapitre et s’avère, depuis, en pause.

C’est en 2018 que commence sa très populaire série A World Where Everything Definitely Becomes BL vs. The Man Who Definitely Doesn’t Want To Be In A BL qui compte aujourd’hui 4 volumes et est toujours en cours chez l’éditeur Shinchosha. Sa dernière série en date, Wakaba Chan wa wakarasetai commence en 2022 chez l’éditeur Futabasha et compte actuellement un volume. Le mangaka participe aussi à de nombreuses anthologies et réalise aussi plusieurs one-shot pour différents éditeurs.

La série qui nous intéresse aujourd’hui née dans l’esprit de Konichi en 2017, lorsqu’il poste un tweet indiquant qu’il imagine un personnage vivant dans un monde BL et ayant conscience de cela. Aimant profondément les personnages secondaires, il a voulu créer une série qui serait orientée autour d’un de ces personnages. Le personnage principal de la série n’a qu’un seul but, celui de ne pas être le personnage principal de la série. En effet, dans un monde BL, être au centre des attentions peut occasionner divers accidents que l’on souhaite éviter à tout prix. Ainsi, on s’abstiendra de bousculer les délinquants, de prêter ces notes, de ramener quelqu’un qui a trop bu lors d’une soirée ou encore de parler avec un fantôme… car tout cela ne mène qu’à une seule issue, inévitable et terrible…une histoire d’amour.

Préparez vos meilleures feintes, vos meilleures excuses et venez découvrir comment survivre quand on ne veut pas que de très beaux hommes tombent éperdument amoureux de vous.

Zettai BL ni Naru Sekai VS Zettai BL ni Naritakunai Otoko est disponible sur le site de Giant Books.

Zeikin de Katta HonZuino et Kei KEIYAMA

Originaire de la préfecture de Niigata, Kei KEIYAMA est un(e) jeune mangaka de 26 ans qui remporte le Yanmaga Monthly New Manga Award, une récompense décerné par l’éditeur Kodansha à travers son site Yanmaga.

Avant de travailler comme illustrateur sur la série que nous présentons aujourd’hui, il a réalisé deux histoires courtes pour le magazine Comics-day. Les deux paraissent la même année, en 2020 :

Shikijisan Switch raconte l’histoire d’un jeune lycéen, Otsuki, amoureux de sa camarade de classe, Shiki, qui elle même est amoureuse d’un autre garçon, Taiyo. Mais au détour d’une collision entre Otsuki et Shiki, ceux-ci vont échanger leur corps.

Watashi no shinsei idol-san raconte, quant a elle, l’histoire d’une jeune lycéenne qui est une artiste Yuri et qui apprécie grandement l’idol Rei Seiai. Mais ses passions la gênent et elle ne parvient pas à s’ouvrir aux autres. Jusqu’au jour où elle découvre par inadvertance dans le téléphone de son professeur que celui-ci aime aussi cette idole et que, par dessus le marché, se travestit pour le cosplay.

L’auteur Zuino, appréciant grandement ces dessins, est venu le voir avec cette idée d’une histoire qui se passe dans une bibliothèque puis lui donnera des consignes très détaillés (personnages, arrières plans). Pour revenir un peu en arrière, Zuino est né dans la préfecture de Shizuoka en 1990. En 2019, il est récompensé par le Montly New manga award encouragement pour l’histoire courte Hot Sucking Boy. Il soumet alors un travail qui est proche de l’esprit Young Magazine mais cela ne fonctionne pas. C’est à ce moment qu’il souhaite écrire un manga qui se déroulerait dans le monde de la bibliothèque, lieu qu’il connaît parfaitement car il a été lui même employé de bibliothèque. Il propose alors Zeikin de Katta Hon en 2021 et celui-ci est, du fait de sa popularité, est rapidement sérialisé. Le souhait du mangaka est de faire connaître au mieux le métier de bibliothécaire, le fonctionnement des bibliothèques publiques et de montrer, à travers les personnages, la joie d’apprendre de nouvelles choses. En 2024, il commence SelfPortrait, publié sur Comics-Day et illustré par Zashima.

Dans Zeikin de Katta Hon, Ishidaira est un jeune délinquant qui souhaitait emprunter un livre à la bibliothèque mais découvre avec surprise qu’il a déjà un livre en cours d’emprunt, et cela depuis dix ans. Les employés de la bibliothèque l’oblige donc à aller acheter ce livre afin de le rendre à la structure. De cette petite interaction, en apparence anodine, va découler un changement majeur dans la vide de Ishidaira qui va décider de venir travailler à la librairie à temps partiel.

Il va alors découvrir son fonctionnement interne, le rôle de chaque employé, les petits tracas administratif et les joies de venir en aide aux différents visiteurs. Zeikin de Katta Hon jouit d’une grande renommé au Japon et ce pour plusieurs raisons. Zuino parvient à insuffler du rythme, de l’action et des retournements de situations inattendus à travers les histoires qu’ils nous racontent. Toutes prennent place au sein de la bibliothèque et mettent en scène des personnages de la vie quotidienne. Que ce soit la jeune femme qui a perdu un livre auquel elle tenait beaucoup, le monsieur qui ne cesse jamais de parler, l’ami qui n’ose pas admettre qu’il aime beaucoup lire ou bien encore le visiteur agressif, le scénariste nous transporte dans le monde de la bibliothèque par tout les moyens possibles.

On découvre alors tout un nouvel univers et cela transforme notre regard, l’attendrit, sur cette institution si importante pour tout le monde.

Zeikin de Katta Hon est disponible sur le site de Giant Books.

Et cela ne vous a sans doute pas échappé mais ce dernier titre ne restera pas inedit longtemps : il arrive rapidement chez nos libraires, sous le nom de Racailles de bibliothèques, le 18 septembre prochain, aux éditions Nobi Nobi !

Et voici pour ce quatrième volet des chroniques inédites. Cette rubrique vous plait ? Dites-le-nous en commentaire, dites nous ce que vous pensez de ce format, si vous en voulez davantage et consultez nos précédents épisodes sur #lecturesdujapon.

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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