Le pouvoir des émotions : 3 romans pour une fin d’été bouleversante
Amour, désespoir, perte d’équilibre, doutes, mensonges… Les 3 romans que Journal du Japon a sélectionné s’articulent autour du pouvoir des émotions et des sentiments. Au programme : Ruth OZEKI, une écrivaine moine bouddhiste zen qui fait parler les livres, Aki SHIMAZAKI, une romancière discrète qui manie avec justesse la simplicité des mots, et Keigo HIGASHINO qui s’éloigne de ses habituels thrillers pour une romance énigmatique. Bref, de quoi vous donner envie de lire le temps d’une fin d’été bouleversante !
Le fardeau tranquille des choses de Ruth OZEKI
Résumé : « Il y a un an, la vie du jeune Benny basculait. Son père adoré trouvait la mort dans un accident. Depuis, sa mère, Annabelle, remplit névrotiquement la maison de tous les objets qu’elle peut trouver. Depuis, Benny entend des voix. Comment retrouver la paix au milieu du chaos ? Son refuge, Benny va le trouver à la bibliothèque. Un lieu propice au calme, à l’ordre et aux rencontres. Il y aura cette jeune graffeuse et son malicieux furet, et ce SDF poète et philosophe. Il y aura surtout un livre. Le livre qui va aider Benny à entendre sa propre voix et à se reconnecter Annabelle. Pour que mère et fils trouvent enfin le chemin de l’apaisement… »
Notre rencontre entre Benny et sa mère ne commence pas de la plus douce des manières. Le fardeau tranquille des choses s’ouvre en effet sur le décès de Kenji Oh, le père de famille, qui va déclencher un traumatisme sans précédent chez sa femme et son fils. Chacun va le ressentir et l’exprimer à sa manière, mais une chose est sûre : la communication entre eux est fêlée, et le chemin pour retrouver un équilibre s’annonce long et douloureux. Pourtant, malgré un thème si malheureux et des personnages si tourmentés, Ruth OZEKI offre aux lecteurs un roman unique en son genre, où les voix se mélangent. Mais pas n’importe quelles voix : celle de l’histoire, bien sûr, mais aussi celles de Benny et du Livre lui-même.
Abordant de nombreux thèmes tels que la folie, le consumérisme, le traumatisme, la précarité ou encore la solitude, Ruth Ozeki, partage avec les lecteurs sa sagesse de prêtre bouddhiste zen dans un roman où se rencontrent réel et imaginaire. On y suit l’évolution de Benny sur deux années de combat avec ses voix, et celle de sa mère, Annabelle, qui doit à la fois s’occuper de son fils, de son foyer, et de son travail, en maintenant l’illusion qu’elle y parvient, autant face aux autres que face à elle-même. Le rôle des objets est omniprésent : ils s’accumulent chez Annabelle qui les entasse dans chaque recoin de la maison, et ils parlent à Benny qui entend leurs souhaits et leurs émotions. Les mots ont alors un rôle tout aussi essentiel dans cette histoire de famille : Benny et Annabelle vont devoir réussir à de nouveau s’entendre, s’écouter et se comprendre.
Véritable hommage au pouvoir des livres, Le fardeau tranquille des choses est un roman qui interpelle le lecteur en le questionnant et en lui parlant. Pour découvrir cet ouvrage, rendez-vous sur le site de l’éditeur.
Sémi de Aki SHIMAZAKI
Résumé : « Tetsuo et Fujiko Niré vivent en maison de retraite depuis que, quelques années auparavant, Fujiko a commencé à développer des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Ils ont uni leurs destins il y a plus de quarante ans, par le biais d’un mariage arrangé, ont fondé une famille et ont vécu ensemble une vie tranquille.
Quand elle se réveille ce matin-là, Fujiko ne reconnaît pas son époux. D’abord en grand désarroi, Tetsuo entreprend finalement de reconquérir celle qui le prend désormais pour un étranger auquel elle se trouverait simplement fiancée. »
Alors que Fujiko et Tetsuo, mariés depuis des dizaines d’années, parents et déjà grands-parents, se réveillent un matin d’apparence comme les autres, Fujiko s’étonne de trouver à ses côtés un homme qu’elle ne reconnaît pas. Tetsuo, lui, comprend bien qu’il n’a pas le choix : il va falloir faire avec le nouveau délire de sa femme, à savoir n’être que son fiancé et ne surtout pas la contredire.
Pourtant, au fil des jours, les souvenirs qui reviennent en mémoire de son épouse sont troublants. Elle ne se rappelle pas de lui, mais elle garde des souvenirs bien précis d’une certaine nuit, d’un certain événement, qui s’est déroulé 30 ans plus tôt. Tetsuo recolle les morceaux au cours des conversations, et récolte de précieuses informations sur sa femme et sur son mariage. Lui qui pensait que Fujiko était une femme simple et aimante, le voilà qu’il remet en question toutes leurs années de vie commune…
Deuxième volume de la série Une clochette sans battant, Sémi est une histoire que l’on peut lire indépendamment des autres livres. Aki Shimazaki s’attarde à chaque volume sur un membre de cette grande famille dont Fujiko et Testuo, les protagonistes de Sémi, sont les parents, et nous conte aux travers des autres tomes les différentes histoires des Niré. Tous les membres de la famille y passent, et si vous aimez Sémi, vous risquez de vite vous plonger dans la lecture des quatre autres tomes.
Particulièrement touchant pour les différents sujets qu’il soulève, Sémi est un ouvrage qui se lit d’une traite tant on s’attache à ce Tetsuo qui se confronte, seul, à son mariage. Si l’intrigue qui entoure la famille Niré vous intéresse, rendez-vous sur le site de l’éditeur.
Mondes parallèles, une histoire d’amour de Keigo HIGASHINO
Résumé : « Takashi et Tomohiko, deux inséparables qui ont fait leurs études ensemble, travaillent au sein d’une entreprise spécialisée dans la réalité virtuelle et mènent des recherches sur le cerveau et la mémoire. Un jour, Tomohiko présente à Takashi sa petite amie, Mayuko. Takashi est abasourdi : étudiant, il était tombé sous le charme d’une belle inconnue qui, dans le train d’en face, croisait régulièrement sa route en sens inverse.
Des années plus tard, la voilà donc face à lui et en couple avec son meilleur ami. Le trouble de Takashi redouble le lendemain, lorsqu’à son réveil, Mayuko s’affaire à préparer son petit-déjeuner et semble partager avec lui une évidente intimité. Comme s’il vivait dans deux réalités parallèles… »
L’histoire s’ouvre sur la rencontre fortuite de Takashi et Mayuko qui se retrouvent tous les mardis assis l’un en face de l’autre, dans deux trains différents qui ne se croisent qu’à une seule station, à une heure bien précise, le temps d’un arrêt de quelques minutes. Si Takashi est d’abord le seul à la voir à travers les vitres, Mayuko finit elle aussi par le regarder. Mais le regarde t-elle de la même manière que lui ? À la fin de son année scolaire, le dernier jour où Takashi doit prendre ce train, il décide d’en avoir le cœur net et d’aller la rejoindre dans sa rame. Mais pour la première fois, Mayuko n’y est pas. Takashi se résigne alors à oublier cette inconnue qu’il ne reverra jamais…
Jusqu’à ce que, quelques années plus tard, son meilleur ami Tomohiko lui présente sa petite amie qui n’est autre que Mayuko. Le malaise est alors immédiat. Pourtant, le lendemain, Takashi et Mayuko se réveillent ensemble, dans un appartement qu’ils semblent partager depuis quelques temps, et Tomohiko n’est qu’un lointain souvenir. Où est-il passé ? Et pourquoi Takashi a-t-il rêvé que son ancien meilleur ami, porté disparu, lui a présenté Mayuko comme étant sa bien aimée ?
Bien que loin de ses enquêtes policières, Keigo Higashino, le roi du roman policier japonais, raconte cette fois-ci une histoire d’amour où se mêlent souvenirs, sentiments et fantasmes. Si l’histoire de Takashi est aux premiers abords une romance, on y retrouve pourtant tout ce qui définit les récits d’Higashino aujourd’hui : un protagoniste en quête de vérité, à l’instar de ses enquêteurs préférés Kusanagi et Kaga, qui n’a d’autres buts que de comprendre ce qui se passe autour de lui. Où est passé Tomohiko ? Pourquoi rêve t-il que Mayuko est la petite amie de son ancien meilleur ami ? Comment lui-même a-t-il rencontré Mayuko, qu’il n’avait pourtant pas réussi a rejoindre dans son train ?
Mondes parallèles, une histoire d’amour est, contrairement à ce que son titre laisse entendre, loin de n’être « qu’une histoire d’amour » : c’est une enquête à travers des souvenirs et des émotions. Pour en lire un extrait, rendez-vous sur le site de l’éditeur.
Bien éloignés les uns des autres, les 3 romans que Journal du Japon a sélectionné pour cette fin d’été se ressemblent pourtant sur un point : ne pas laisser le lecteur indifférent et jouer avec ses émotions ! On aime la profondeur du Fardeau tranquille des choses, la troublante simplicité de Sémi, et l’intrigante histoire de Mondes parallèles, une histoire d’amour.