Kunitsu-Gami : Path of the Goddess – Tracez la voie spirituelle
En ce mois de juillet 2024, Capcom nous surprenait avec une nouvelle production sortie de nulle part : Kunitsu-Gami : Path of the Goddess, disponible sur PS4, PS5, Xbox One et Series X/S ainsi que Steam. À mi-chemin entre les genres, peint dans un style graphique et une ambiance uniques, il a su attirer l’attention de Journal du Japon au premier regard. Ainsi, nous vous proposons de suivre notre récit en route pour le mont Kafuku dans ce test qui, nous l’espérons, saura conquérir votre cœur autant que le nôtre.
Première impression
« Le monde est semblable à un torrent enragé qui jamais ne s’apaise. Les villages sont semblables à une respiration fugace, à un fil de soie qui s’affine en s’étirant, et la vie s’y poursuit tristement, sans savoir quand tout s’arrêtera. Cependant, si je me dévoue corps et âme à la Déesse de la montagne, alors peut-être les villages retrouveront-ils la paix et la prospérité. Ainsi débute le nouveau récit de la déesse… »
Immédiatement, le jeu donne le ton en débutant avec une cinématique tracée de kana, kanji et estampes traditionnelles pour bien poser le contexte. Les graphismes sont agréables, offrant de superbes effets de lumières et de couleurs malgré quelques textures un peu moins travaillées dans certaines parties de décors. Un vague parfum enivrant d’Ôkami, signé Capcom en 2006, s’en dégage et les personnages centraux de cette aventure sont vite introduits. Il y a donc la prêtresse divine Yoshiro, envoûtante au premier regard et Soh, le guerrier spirituel qu’incarne le joueur qu’elle invoque pour la protéger et débordant d’un charisme japonisant fort.
Des ombres virevoltent dangereusement vers le mont Kafuku, s’infiltrant dans la terre et maudissant toute forme de vie, humaine comme végétale. Yoshiro débute une danse traditionnelle kagura, gracieuse et élégante et qu’elle offrira régulièrement lors de son périple. Les tambours taiko commencent, et à ce moment, c’est au joueur de prendre le contrôle de Soh. Le jeu réagit vite et est maniable sans problème. Et progressivement, au fil des évènements, la palette de mouvements et d’actions du personnage se dévoile, avec des écrans d’explication à l’appui. Lui aussi, entre deux courses dignes d’un shinobi, offre un spectacle fascinant avec ses combos d’attaques. Que ce soit pour son côté profondément ancré dans un Japon traditionnel, dans la spiritualité, ou dans ses mécaniques de jeu à la fois simples et complexes, Kunitsu-Gami s’avère être une belle surprise dès le départ…
Préparation à la bataille – tant que le soleil brille
À travers Soh, le joueur va voyager à des points stratégiques de la région en compagnie de Yoshiro. Il n’y a qu’à faire le choix de la destination sur la carte de la région pour s’y rendre, que cela ne soit vers une bataille ou vers un campement. Ceux-ci permettent d’améliorer le guerrier ou les villageois, de modifier son équipement ou de sauvegarder, et aussi d’interagir avec les habitants que vous aurez sauvés. Ceux-ci peuvent réparer des installations dans les villages en échange de temps, qu’il faudra occuper forcément en combattant.
Une fois les préparatifs terminés, il faut se diriger vers la prochaine zone de la région. L’un des buts principaux pendant le jour est d’y purifier des installations et animaux sauvages corrompus ou détruire des plantes maudites, pour obtenir des orbes à collecter. Tout aussi important, il faut trouver et secourir les villageois maudits. Ceux-ci sont capitaux pour la réussite de votre mission. En effet, Soh est un guerrier aguerri mais il n’est pas invincible et il ne pourra jamais tout faire tout seul.
Une fois ces autochtones purifiés, il faudra leur assigner un métier en utilisant les orbes recueillis parmi un certain nombre, comme bûcheron (guerrier), archer ou encore ascète, qui peut immobiliser temporairement les ikoku , c’est-à-dire les créatures qui tentent d’éliminer Yoshiro, passant à portée de sa magie, pour n’en citer que quelques-uns. Si jamais cela est nécessaire en cours de route, il est toujours possible de changer leur métier pour un autre plus utile à la situation du moment… Tout cela, bien entendu, en temps réel et en pensant à tracer la voie spirituelle pour guider Yoshiro vers le prochain torii, pour purifier progressivement la région dans laquelle on se trouve.
Votre petite troupe montée, il sera impératif de lui donner l’ordre de réparer des installations sur le chemin, comme ces barrages qui bloquent la progression des ikoku temporairement (et laisseront libre cours à vos archers de les transpercer de flèches depuis l’autre côté, par exemple). Leur emplacement sur le champ de bataille, assez souvent en ligne droite ponctuée de chemins parallèles le rejoignant, est lui aussi capital. Si vous êtes à proximité d’un allié, vous pourrez lui donner l’ordre de se déplacer à un point donné précis (ce qui permet, par exemple, de créer une formation défensive autour de Yoshiro). Si vous êtes bien plus loin, vous pourrez leur demander (à tous ou seulement à certains) de venir vous rejoindre pour commencer à freiner les lignes ennemies lorsqu’elles lancent l’assaut.
Une carte des lieux se dessine automatiquement au fil de votre exploration et peut être consultée à tout moment, permettant de savoir qui se trouve où et donne également l’emplacement des installations importantes sur le chemin. On sait donc en permanence quel allié pourrait être plus intéressant à appeler à nos côtés ou à laisser sur le chemin. Ceux-ci, par ailleurs, ne sont pas immortels et la mort est définitive. Cependant, on peut partager nos rations en les soignant si l’on se trouve à proximité, ou les faire s’éloigner si l’on en manque.
Kunitsu–Gami est généreux et permissif, puisqu’il crée automatiquement des points de sauvegarde entre chaque phase, permettant de reprendre du début ou non en cas d’erreur. Annuler une mission pour retourner au campement est également possible. Tout cela, bien entendu, en durée limitée… jusqu’à ce que les tambours ne commencent à résonner. La nuit tombe dans un soupçon d’excitation… Sommes-nous assez bien préparés ? Allons-nous réussir à protéger la prêtresse ?
La tension monte…
Les battements de taiko accélèrent à nouveau. La tempête d’ikoku s’apprête à déferler sur les pauvres compagnons de fortune. Puis, les battements ralentissent, et les monstres nous envahissent progressivement, vague après vague, en prenant diverses voies sur le chemin qui se trouve devant nous. Yoshiro s’enferme dans une fleur géante et sa survie est désormais la priorité absolue. Au contraire des villageois qui peuvent être secourus et soignés si l’on n’arrive pas trop tard pour (la mort d’un villageois est définitive), la prêtresse disparaîtra immédiatement si sa vie chute à zéro. Ce sont donc aux guerriers de fortune savamment placés sur la voie par vos soins, ainsi que vos capacités de combattant, qui sont désormais mises à l’épreuve. À tout instant, lorsque des démons se rapprochent de Yoshiro, ce son de clochettes typique résonnera alors qu’elle nous appellera à l’aide.
Soh se manie de façon un peu classique, un peu comme les personnages de la série Yakuza (Like a Dragon) de SEGA. Il dispose d’un enchaînement d’attaques normales et d’une autre plus puissante. En fonction du nombre d’appuis sur l’attaque normale, celle plus puissante sera différente. Il peut aussi sauter pour s’écraser sur les monstres, épée prête à les couper en deux, et occasionnellement aura une manipulation bien plus puissante avec la touche R2/RT. S’il peut se soigner en cours de bataille (à hauteur des rations de soin en stock), on ne sera pas puni d’un game over s’il meurt. Il errera juste sous forme d’esprit pendant une minute avant de reprendre sa forme physique, avec sa jauge de vie à moitié remplie. Malgré sa force et le fait d’être le combattant principal, il n’est donc pas un héros de hack’n’slash ou d’action-RPG et vous laissera dans une situation critique qui ne dépend que des villageois en attendant son retour. Vos préparatifs lors de la journée sont importants et pourront faire la différence, même en nombre réduit.
Une fois la nuit passée, Yoshiro peut à nouveau bouger, et vous devrez à nouveau tracer la voie spirituelle jusqu’au torii. Savoir où s’arrêter sur le chemin, quitte à attendre, est donc essentiel et pourra vous sauver… ou vous mener à votre perte. Une fois devant le torii, vous devrez initier la prêtresse à l’exorcisation de la porte divine. Un mini-jeu très simple s’enclenche, demandant au joueur de maintenir un curseur au milieu de la zone à purifier en bougeant le stick de la manette pour lutter contre l’énergie qui tente de s’enfuir. Rester au centre de la cible redonne de l’énergie à Yoshiro, c’est donc là encore un point important à considérer à chaque fois.
Certaines zones auront, en conclusion, un combat contre un plus gros monstre qui fait office de boss dans une partie séparée de la région (donc pas de craintes de périr juste devant la ligne d’arrivée après un tracé qui aurait pu être douloureux). Ces combats sont dantesques, mettant toujours plus l’action et la stratégie en temps réel en avant, en stoppant le temps pour donner des ordres de déplacement aux villageois. Lors de ceux-ci, il sera possible de leur ordonner de lancer l’assaut ou de se regrouper autour de Yoshiro pour la protéger. A vous de voir quelle formation, en plus des placements précis que vous aurez demandés, sera la meilleure. D’autant plus qu’ils auront parfois à réparer des lampes (lors de batailles dans une caverne, par exemple), et que les boss invoquent parfois des créatures plus petites, forçant à gérer deux fronts en même temps.
Autour du jeu
Comme depuis Resident Evil 2 (2019), Capcom propose des options d’accessibilité intéressantes. Il est possible de choisir la taille des textes entre trois niveaux, leur couleur ainsi qu’activer ou non un cadre plus ou moins opaque pour les rendre plus visibles. Pour donner un coup de pouce aux joueurs qui seraient atteints de difficultés auditives, il est également proposé d’ajouter des textes descriptifs narrant les bruits environnants lors des cinématiques par exemple. Des options qui pourraient sembler anodines auprès de tout joueur parfaitement valide, mais qui s’avèrent essentielles pour le confort de jeu pour les autres – et que, soyons honnêtes, peu de studios proposent. On apprécie aussi le doublage en japonais ou anglais et la traduction dans plusieurs langues pour des sous-titres en français notamment.
Cependant, malgré ce déluge de qualités, Kunitsu-Gami n’est pas parfait. On pourrait chipoter sur plusieurs points, certes pas des plus importants mais qui sont tout de même là. Par exemple, Soh manque cruellement d’un verrouillage d’ennemis et ne peut qu’attaquer dans la masse sans être très précis, attaquant ainsi dans le vide parfois. Les villageois, pourtant si importants et ayant tous un prénom (afin de les reconnaître plus facilement lorsqu’on leur donne des ordres) se ressemblent tous, n’ont absolument rien qui les différencie particulièrement, et ont aussi tous la même voix. Des détails, oui, mais des détails bien présents.
Sa durée de vie, d’environ dix heures en ligne droite (à condition d’avoir bien assimilé toutes les mécaniques de jeu et ne pas faire trop d’erreurs) est satisfaisante, bien qu’on aurait au final tendance à en vouloir un peu plus, tant l’ensemble est savoureux, malgré sa répétitivité globale savamment camouflée par des tracés qui offrent des idées de gameplays différents. Le jeu se focalisant sur l’action, la narration s’en trouve quelque peu éthérée, n’intervenant même pas à chaque nouvelle mission. Comment en vouloir à Capcom, cependant, devant l’ingéniosité de certains instants mémorables tels (attention, spoiler) que le combat de boss dans la caverne où il faut demander aux villageois de réparer les lampes, la bataille où Soh est incapable de se battre et ne peut compter que sur ses alliés, ou encore ces tracés proposant deux routes pour atteindre les torii ?
Après un Street Fighter 6 extraordinaire, un Resident Evil 4 hallucinant et un excellent Dragon’s Dogma 2, Capcom parvient une fois de plus à nous émerveiller avec une production originale et forte qui ne manquera pas de faire son petit effet chez les adeptes de stratégie et les adorateurs du Japon. Kunitsu-Gami sort du lot, ne pouvant pas plaire à tous bien entendu. Cela reste tout de même une aventure unique que l’on ne peut que vous conseiller… d’autant plus qu’une démo est disponible, donc aucune excuse pour passer à côté !
Et en conclusion, on ne résiste pas au plaisir de partager cette préquelle au jeu impressionnante :
Test effectué sur Xbox Series S.
Un article qui nous dévoile un jeu qui a l’air vraiment bien, et qui donne l’envie d’y jouer. La mécanique de jeu est intéressante, les graphismes sympa, et pour un fan du Japon ancestral de ces légendes , j’avoue que je bihle du côté de ma carte bancaire
En effet, comme dit dans l’article, le jeu pour séduire aussi bien les adeptes de stratégie que ceux du Japon lui-même !
Et surtout ne pas oublier de tester la démo avant, juste au cas où 😉