The Full-Time Wife Escapist, épisode spécial : aussi drôle qu’émouvant !
Le mois dernier, Journal du Japon vous présentait la comédie romantique The Full-Time Wife Escapist, ou NigeHaji (le titre japonais raccourci). Il était question en fin d’article de l’existence d’un épisode spécial, diffusé cinq ans après le drama original. Ce format, classique des séries japonaises, permet de retrouver nos personnages favoris pour quelques heures supplémentaires et d’apporter des éclaircissements à l’histoire.
Journal du Japon vous invite à découvrir un épisode tout aussi drôle que le drama, mais surtout bouleversant. Attention, il faudra avoir vu les 11 premiers épisodes en amont pour éviter tout spoil. Cet article décortique certains aspects de la société japonaise et peut aussi contenir des spoilers sur l’intrigue. Nous vous conseillons de visionner l’épisode spécial avant de lire cet article.
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L’épisode spécial nous amène cinq ans plus tard
L’épisode spécial, un concept classique des dramas japonais. Beaucoup d’oeuvres-phares connues du grand publics en sont dotées. C’est le cas notamment de Hana Yori Dango ou de Hotaru no Hikari (après deux saisons) par exemple. Ce format permet d’approfondir les thématiques non traitées dans la saison principale, et c’est ce que cet épisode spécial de NigeHaji propose.
Nous retrouvons Mikuri et Hiramasa, en couple depuis 5 ans mais toujours pas mariés officiellement. Les premières minutes de l’épisode, durant deux heures, permettent de poser le contexte et de présenter aux spectateurs la situation de chaque personnage, principal comme secondaire. Mikuri et Hiramasa ont finalement déménagé dans un appartement plus grand. Mikuri a retrouvé du travail et semble s’y épanouir. Hiramasa a également intégré une nouvelle entreprise aux côtés de Kazami et travaille aussi en freelance.
Yuri, la tante de Mikuri, a fréquenté Kazami pendant un certain temps mais ils ont fini par se séparer suite à de nombreuses contraintes entre eux. Numata et Umehara filent le parfait amour et vivent même ensemble. Yasue, la meilleure amie de Mikuri, continue de faire vivre l’épicerie familiale. La seule qu’on n’a pas vraiment revue est Horiuchi, subordonnée de Yuri. Bref, tout est bien qui finit bien et chacun vit son train-train quotidien. Mais alors, qu’est-ce qui attend nos personnages dans cette nouvelle aventure ?
Dans la famille Tsuzaki, nous demandons …
Le bébé : un changement radical dans la vie de ce couple atypique
Dans la société japonaise, la suite logique d’un mariage est de fonder une famille. Mikuri et Hiramasa ont certes agi sous un faux contrat de mariage depuis le début, mais aux yeux de leurs pairs et de leurs familles, ils sont bel et bien mariés depuis cinq ans. Aussi pragmatiques l’un que l’autre, ils ont déjà évoqué le fait d’avoir un enfant, et la conclusion était grossièrement « nous verrons bien au moment voulu « .
Et ce moment est arrivé plus vite que ce que Mikuri imaginait. Alors qu’elle échangeait avec ses collègues féminines sur l’ordre dans lequel les femmes pouvaient partir en congé maternité pour ne pas compromettre l’organisation de l’entreprise, les symptômes de la grossesse se sont vite manifestés. Ses collègues l’ont ainsi poussée à faire un test, qui s’est avéré positif. Et là, c’est le branlebas de combat !
Mikuri et Hiramasa vont devoir revoir toute leur organisation, que ce soit professionnelle ou à la maison. Car leur routine était bien huilée, se partageant équitablement les tâches ménagères tout en se laissant du temps libre. Et avoir un enfant, ce n’est pas de tout repos pour ce couple qui ne vit qu’à travers les contrats, les réflexions ultra carrées et les estimations.
Le mariage : une formalité pour officialiser leur union
Traditionnellement parlant, il semble inconcevable au Japon de fonder une famille sans être mariés. Cela complique aussi les choses sur le plan administratif. De plus, il n’existe pas de contrats d’union tels que le PACS au Japon actuellement. Ainsi, pour assurer un foyer stable, il s’agit de passer par la case mariage. Dans l’épisode, un point intéressant est soulevé : qui prendra le nom de qui ? En effet, le mari peut prendre le nom de sa femme et vice versa. Mais ce changement de nom peut engendrer de nombreuses contraintes.
Parmi elles, Mikuri soulève celle du changement de tous les papiers : carte bancaire, permis … Tout devra être modifié et les démarches sont fastidieuses au Japon. Elle se pose aussi la question de l’équité dans le changement du nom. Pourquoi ce serait aux femmes de devoir changer ? Hiramasa indique que selon ses recherches, c’est une tradition datant de l’ère Meiji qui est conservée. Le Japon semble être l’un des seuls pays à continuer de suivre cette tradition de la femme qui prend le nom de son époux.
Le couple finira par se décider, à la lumière de plusieurs arguments : l’impact du nom pour un freelance au Japon, la non-disparition d’un nom de famille, etc. Mais le drama témoigne aussi de la simplicité d’une formalité de mariage au Japon : se rendre à la mairie du quartier, remplir un formulaire, le remettre au personnel et c’est fini. Vive les mariés. Hiramasa et Mikuri n’ont plus qu’à préparer l’arrivée de leur enfant.
Les conséquences au travail, représentées dans cet épisode
Au Japon, le congé parental peut avoir un impact différent de la France. Le drama nous montre une modernisation du mode de pensée nippon et une évolution vers l’acceptation du congé maternité plus généralisé.
Le congé maternité, un impact significatif sur la carrière
Du côté de Mikuri, la nouvelle est plutôt bien reçue. Au début de l’épisode, les collègues féminines échangeaient sur le fait que cela pouvait être difficile de tomber enceinte toutes au même moment. Cela pourrait engendrer des difficultés pour l’entreprise. Dans leur département, les femmes d’une même équipe semblent partir en congé maternité à tour de rôle pour ne pas causer de troubles à leurs collègues.
A l’annonce de son de congé maternité, l’un de ses collègues masculins se plaint sans discrétion aucune : « qui va faire son travail pendant son congé ? ». Elle se sent obligée de s’excuser pour les désagréments, surtout que sa grossesse était inattendue. Au Japon, certaines femmes se voient mutées sur un poste moins significatif, voire perdent leur travail suite à leur grossesse. Mikuri a donc toutes les raisons de s’inquiéter. Mais sa supérieure la rassure : elle est la seule femme de son département donc l’impact sera moindre. Elle n’a plus qu’à remplir des formalités et s’informer sur les conditions de salaires, et sa grossesse passe comme une lettre à la poste. Un véritable soulagement pour la future maman !
Le congé paternité, encore mal perçu dans le monde du travail
Du côté de Hiramasa, c’est un peu différent. Il est project leader pour un projet qui devra être lancé d’ici un an. Un de ses collègues, Haibara, s’inquiète pour le bon déroulement du projet en cours lorsqu’il partira en congé paternité. Haibara n’a pas une excellente réputation dans l’équipe. Ses commentaires sur la gent féminine sont déplacés, et ses idées reçues sur certains sujets sont dépassées et archaïques. Il représente un peu le cliché de l’homme japonais qui se considère supérieur aux femmes, et pense que le congé parental ne devrait concerner que les mères.
Au Japon, rares sont encore les hommes qui prennent réellement un congé paternité, et il est généralement très court. Cependant les mentalités évoluent et Hiramasa a bien l’intention de soutenir Mikuri pendant sa grossesse et après l’accouchement. Il a rapidement compris que son rôle n’était pas juste de l’encourager, mais de partager les tâches avec elle. Hiramasa fait alors intervenir Numata et Hino, ses anciens collègues, en tant que consultants. S’en suivront des échanges de plus en plus vif entre Haibara et Hirasama mais, avec l’aide de Numata, le râleur de service sera mis face à ses propres contradictions… on vous laisse découvrir comment !
Un épisode focalisé sur la grossesse et ses étapes
Le drama éduque également sur comment un couple vit la grossesse, tant la future mère que le futur père.
Le burn-out de grossesse
On suit principalement l’évolution de Mikuri. Tout y passe : les nausées matinales, les envies de nourriture complètement inattendues, les épisodes dépressifs et les moments de doutes … Au début, Mikuri tient bien le rythme et continue de pouvoir effectuer les tâches ménagères et le repas. Cependant, la période où elle n’arrive plus à assumer des choses pourtant simples survient assez tôt. Epuisée, elle passe ses journées au lit et n’arrive même pas à ouvrir au livreur dans les délais.
De son côté, Hiramasa est très stressé par tout le travail qu’il doit accomplir d’ici son congé paternité. Rentrer du travail et voir la maison en vrac le démoralise. Si au début il se montre le plus compréhensif possible, il finit par craquer. Il n’arrive pas à assumer le travail et les tâches ménagères, surtout à l’arrivée du Nouvel An et son traditionnel Ôsôji, le grand ménage de fin d’année.
Des suites de plusieurs malentendus qui pourraient s’avérer minimes dans une situation normale, le couple étant épuisé, une « dispute » éclate. Le couple arrive à communiquer mais chacun finit en larmes et notre duo semble au bout du rouleau.
Chaque futur parent subit son lot de difficultés
Mikuri, après une discussion avec sa tante, réalise qu’elle a complètement minimisé l’impact de la grossesse sur Hiramasa, ne voyant que les conséquences sur son propre rythme. Elle s’est sentie soutenue par ses collègues, Yasue, Yuri, mais se rend compte qu’Hiramasa vit la grossesse avec davantage de solitude. Elle décide d’engager une femme de ménage tant qu’elle n’est pas en état de gérer la maison. Ils finissent par admettre qu’ils ne peuvent pas tout gérer à deux et qu’il faut accepter les mains tendues autour d’eux. Mikuri et Harisama vont alors s’écouter mutuellement, et aborder la fin de la grossesse en respectant le rythme, les besoins et les peines de chacun.
Mikuri montre à Hiramasa qu’elle comprend sa douleur, et qu’il a le droit de dire que c’est difficile pour lui. Il s’en veut car il estime que c’est plus difficile pour la femme d’endurer la grossesse. Il ne devrait pas se plaindre et soutenir sa femme dans le processus. Mais Mikuri insiste sur le fait qu’il a le droit d’éprouver des difficultés, de trouver cette période dure à gérer émotionnellement. Ils vont alors s’écouter mutuellement, et aborder la fin de la grossesse en respectant le rythme, les besoins et les peines de chacun. Un très beau message de solidarité et de soutien mutuel. Ce qui nous rappelle que la grossesse se vit à deux et que le futur papa a aussi besoin d’aide.
Le choix du prénom au Japon
De la sonorité au sens des kanjis (idéogrammes)
Au Japon, le choix du prénom relève de critères bien plus précis qu’en Europe. En France par exemple, il s’agit surtout de choisir un nom avec une bonne sonorité, qui plaît aux parents, ou avec une signification particulière. Au Japon, en plus de cela, il faut penser à l’écriture en kanji, au sens de ces derniers qui pourra influer sur la personnalité et la vie de l’enfant. Selon les familles, l’équilibre dans le nombre des traits du prénom est capital. Pour d’autres, le lien entre le nom des parents et celui de l’enfant est tout aussi important.
Dans leur cas, Mikuri et Hiramasa réfléchissent à un prénom mixte, pour commencer, ne connaissant pas le sexe du bébé. Hiramasa considère que le prénom est le premier cadeau qu’on fait à un enfant. Et c’est au moment où ils sont en train de réfléchir au prénom de leur enfant que Mikuri perd les eaux. Pour ce couple qui ne vit que pour l’organisation précise et sans faille, perdre les eaux quelques jours en avance est dramatique ! Mais ils s’organisent tant bien que mal et Mikuri est conduite à la clinique.
De l’importance du sens profond des prénoms japonais
Alors qu’ils échangent à nouveau sur le sujet dans la chambre médicale de Mikuri, Hiramasa cite le titre japonais du drama : nigeru ha haji da ga yaku ni tachimasu. Mikuri reconnaît un proverbe hongrois. Il signifie « Fuir un problème sans y faire face est généralement embarrassant, mais c’est parfois la meilleure solution ». S’ensuit alors une scène assez amusante ou Mikuri propose des prénoms autour de ce proverbe : Nigeko, Nigehiko, Hajimi … avec les kanji de « fuir » ou de « gêne ». Elle finit par avouer que c’est une plaisanterie, au grand soulagement de Hiramasa, déjà trop stressé par l’accouchement imminent.
Hiramasa propose alors un nom contenant la rivière. Les kanji de Moriyama, le nom de Mikuri, signifient respectivement « forêt » et « montagne ». Quant à Hiramasa, les kanji de Tsuzaki signifient « port » et « cap ». Il considère qu’une rivière descendant de la montagne de forêts fait cap vers le port, reliant ainsi leur deux noms habilement. Nous vous disions que les Japonais étaient attachés aux significations cachées et profondes. Ce n’était pas un euphémisme ! Nous vous laissons découvrir le prénom finalement retenu …
Le coronavirus s’invite dans l’épisode spécial
Le bébé vient juste de naître, et les deux parents sont dans leur petite bulle. Si bien qu’ils déconnectent totalement de la réalité et ne regardent même plus les actualités. C’est par le biais de Haibara, le collègue de Hiramasa, qu’ils découvrent avec horreur l’apparition d’un virus qui va changer la face du monde : le coronavirus. Dans un pays comme le Japon où l’on respecte les consignes à lettre dans la plupart des cas, comment deux jeunes parents ont-ils géré la pandémie avec leur nouveau-né ?
La santé et la sécurité avant tout
Si jusque-là, l’épisode spécial surfait davantage sur la comédie malgré des scènes touchantes, l’arrivée du coronavirus dans l’intrigue fait basculer l’ambiance qui devient bouleversante. Au début, comme beaucoup de familles, Hiramasa et Mikuri essaient tant bien que mal de poursuivre leur train quotidien tout en respectant les consignes d’hygiène et sécurité à la lettre. Mais ils se rendent vite compte de la difficulté de l’organisation et que la moindre faille pourrait être fatale au nourrisson. Le couple prend alors une lourde décision : Mikuri se rend chez ses parents. Pendant ce temps, Hiramasa reste chez eux pour pouvoir travailler. Ils se séparent sans même pouvoir s’enlacer. Hiramasa ne réalise pas que c’est la dernière fois qu’il voit sa famille avant un moment.
En effet, le Japon annonce rapidement la mise en quarantaine de plusieurs préfectures. Ainsi, Mikuri ne peut plus rentrer chez elle, et Hiramasa ne peut pas lui rendre visite. Malgré les difficultés, ils vont tenter tant bien que mal d’avancer à distance. Mikuri va acheter un appareil photo pour créer un album en ligne du bébé pour Hiramasa. Ce dernier va se déplacer jusqu’à Tateyama avec l’aide de Kazami pour aller déposer un ordinateur portable devant la maison des Moriyama. Ainsi, Mikuri pourra faire des appels visios avec le bébé et Hiramasa. L’une des scènes de fin de cet épisode vous rendra peut-être nostalgiques des bons vieux apéros visio de confinement. En effet, on retrouve tous les personnages principaux en pleine visio, se réunissant donc à distance. Hiramasa et Mikuri finissent par se retrouver à la toute fin de l’épisode, pouvant reprendre leur vie à trois.
L’impact sur les autres personnages
Comme dans les 11 premiers épisodes, si l’on suit avec plaisir la romance entre Mikuri et Hiramasa, les personnages secondaires sont indispensables au déroulement de l’intrigue. Au début de l’épisode, on apprend notamment que Yuri fait face à un cancer qu’elle découvre grâce à une ancienne amie du lycée devenue infirmière. Cette dernière lui avoue par ailleurs avoir été amoureuse d’elle dans le passé. L’échec de la relation entre Yuri et Kazami est expliquée : leur grande différence d’âge fait que Yuri se sentait à côté de la plaque sur beaucoup d’activités. La réalité de la vie a dépassé leurs sentiments.
Après l’arrivée du covid-19, Numata, qui organisait des « Numata-kai » (rassemblements de Numata), autrement dit des soirées au bar de son ami pour discuter de sujets divers et variés, ne peut plus rien faire. Il finit tout de même par proposer une variante en ligne. Son ami barman fait également partie des plus touchés par la pandémie, puisqu’il ne peut plus accueillir de clientèle. Il a peur de devoir mettre la clef sous la porte. Quant à Yuri, qui travaille pour une entreprise internationale, les ventes sont au point mort et l’activité également. Cet épisode dépeint avec justesse les conséquences de la pandémie dans divers domaines professionnels et personnels.
Somme toute, cet épisode spécial était particulièrement émouvant. Sorti en 2021, en pleine pandémie, les conditions de tournage ont dû être complexes. Cependant, les acteurs ont su retranscrire avec justesse le quotidien pendant la crise sanitaire. Il peut être difficile à visionner tant cette période est encore fraîche dans les mémoires, mais il vous fera vivre de belles émotions. De la comédie au drama, du rire aux larmes, vous ne vous ennuierez certainement avec pas avec cet épisode de NigeHaji !