Une comédie romantique rafraîchissante : We married as a job !
Les dramas japonais n’ont pas toujours la cote auprès du public français. On leur reproche souvent un jeu d’acteur pauvre ou exagéré, et des intrigues trop simples. Pourtant, certaines séries sortent du lot et c’est le cas de The Full-Time Wife Escapist (We married as a job). L’humour se joint habilement à un scénario dépeignant avec justesse la société japonaise moderne actuelle.
Journal du Japon vous propose de découvrir cette comédie romantique rafraîchissante, à regarder sans modération !
Un mari employeur et une femme employée ?
D’un côté, nous avons Mikuri Moriyama, jouée par Yui ARAGAKI, une jeune femme de 25 ans allergique à la recherche d’emploi. De l’autre, il s’agit de Hiramasa Tsuzaki, interprété par Gen HOSHINO, un trentenaire célibataire, trop occupé pour s’occuper de l’entretien de son appartement. Grâce à son père, Mikuri devient femme de ménage pour Hiramasa, ce qui lui permet de ne pas avoir à chercher de nouveau travail. Ravie, une nouvelle réalité la rattrape cependant vite : ses parents décident de partir vivre à la campagne. Habitant jusqu’alors avec eux, elle va devoir quitter ce nouveau job qui venait de s’offrir à elle. Paniquée, elle fait une étrange proposition à Hiramasa afin de conserver son poste …
Un mariage arrangé, mais pas comme on l’entend
Au Japon, la pratique des mariages arrangés est encore courante. Certains Japonais participent encore aux gôkon (合コン), des sortes de rendez-vous arrangés en groupes dans le but de trouver un partenaire de vie. Cependant, ce n’est pas ce qui se passe dans ce drama. Mikuri propose à Hiramasa de devenir « époux sous contrat de travail ». En effet, cela pourrait servir leur cause commune : à 35 ans, Hiramasa est toujours célibataire et il subit la pression de ses collègues de travail à ce sujet. Quant à Mikuri, elle pourrait loger chez lui plutôt que de partir à la campagne et être payée pour ses tâches ménagères.
Après quelques réflexions, les protagonistes décident de se lancer dans cette aventure rocambolesque, qui leur apportera sont lot de difficultés et de challenges. Il va falloir user de stratagèmes fins pour duper tout le monde : leurs parents, la tante de Mikuri, Yuri-chan, les collègues de Hiramasa, Numata-san, Kazami-san et Hino-san. Prétendre être un couple marié quand on entretient une relation d’employée-employeur, ça n’a rien de simple !
Du mariage arrangé au mariage sincère
Au fur et à mesure de leur cohabitation, Mikuri et Hiramasa vont réaliser qu’ils s’entendent mieux que ce qu’ils pensaient. Chacun de leur côté, ils développent rapidement un intérêt romantique mutuel. Cependant, du fait de leur relation strictement professionnelle, ils étouffent ces sentiments. Leur vie commune est régie par un contrat et les nombreuses clauses associées. Chaque nouvelle étape de leur quotidien semble être décidée pour le bien de ce dernier. Le naturel entre eux n’est clairement pas au rendez-vous, mais ils laissent parfois leurs sentiments s’exprimer, avec une maladresse attendrissante.
A travers leur évolution, les spectateurs peuvent ainsi découvrir les codes sociaux qui régissent les relations amicales, amoureuses et professionnelles au Japon. Mikuri fait régulièrement des comparaisons avec les couples étrangers et leur proximité physique dans leurs relations. Par ailleurs, le drama met en scène des adultes dans la vie active, ce qui change des dramas scolaires. C’est avec plaisir qu’on suit le rapprochement entre Mikuri et Hiramasa, avec une pointe de frustration lors de certaines scènes. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, aussi attachants les uns que les autres et avec leurs propres challenges.
Une comédie romantique rafraîchissante sur la société moderne japonaise
Comme beaucoup de dramas japonais, l’humour est très présent dans ce drama. Rien que le titre d’origine, « Nigeru wa haji da ga yaku ni tatsu« , qui signifie « Fuir est une honte mais elle est utile« , annonce la couleur. Cette expression viendrait d’un proverbe hongrois qui signifie « Choisis où tu vas te battre« . En effet, sous couvert d’humour parfois exagéré, la série traite de sujets pour lesquels les personnages devront faire des choix. L’aspect comédie permet de faire passer des messages en douceur, mêlant ainsi divertissement et questionnements de vie.
Les classiques de la comédie japonaise
Dans ce drama, nous retrouvons les grands classiques de l’humour japonais qui ont fait le succès de comédies plus anciennes. Par exemple, des situations complètement exagérées qui surviendraient difficilement dans la réalité. Une chute opportune, suite à laquelle les deux protagonistes se retrouvent dans une proximité embarrassante. Des jeux de mots qui sont parfois difficilement traduisibles en français. L’épisode 6 enchaîne particulièrement les situations cocasses et les quiproquos entre Mikuri et Hiramasa. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de la série. La relation d’employeur-employée entre les personnages est propice à ce genre de malentendus et de maladresses. Ces situations s’étendent également avec les autres personnages, à cause du secret autour de leur relation. On se prend au jeu, et on se laisse porter par l’humour à la japonaise.
Mikuri et Hiramasa, confrontés à leurs pensées respectives
Une part d’humour propre à ce drama est le fait qu’à chaque épisode, Mikuri se fait des films dans sa tête. Et ses réflexions sont quasiment toutes mises en scène comme si c’étaient des moments réels de son quotidien. Cela se traduit sous formes d’interviews sur son rôle de femme au foyer employée, des interventions similaires à celles des candidats politiques … On retrouve même parfois une Mikuri miniature qui se prend pour une cheerleader ou qui gronde Hiramasa en essayant de sonder ses pensées. C’est somme toute plutôt amusant, décalé et attendrissant.
Hiramasa n’est pas en reste. Il réfléchit beaucoup, complètement paniqué à chaque nouveau sentiment amoureux qui émerge en lui. Lui qui s’auto-proclame le célibataire professionnel tout au long du drama, il est totalement dépassé. Parfois, ses pensées s’accumulent tellement qu’il finit par parler tout seul, provoquant l’incrédulité totale de son entourage, et des situations plus que rocambolesques.
Une romance authentique et réaliste
Malgré un humour très présent, le drama se dote de nombreuses séquences sérieuses, émouvantes et attachantes. On en vient à se questionner sur les normes du couple, les valeurs qu’on y apporte. Du fait qu’une véritable romance naît entre Mikuri et Hiramasa, supposés être employeur et employée, on assiste à de nombreuses réflexions de leur part, des doutes. Mikuri a parfois envie d’abandonner toute tentative de rapprochement face au mur émotionnel érigé par Hiramasa. Quant à lui, comme il n’a jamais eu de relation amoureuse en 35 ans, il est en proie à de nombreuses interrogations, le rendant très maladroit. Il peut apparaître froid et distant, ce qui blesse Mikuri, mais c’est surtout qu’il est complètement dépassé par ses sentiments. C’est intéressant de constater à quel point les relations amoureuses au Japon semblent plus codifiées que chez nous.
Des personnages secondaires aux fortes valeurs
Le scénario de We married as a job ne s’arrête pas à la relation professionnelle-amoureuse entre Mikuri et Hiramasa. Ainsi, les personnes qui ne sont pas passionnés par la romance trouveront peut-être leur compte auprès des histoires des personnages secondaires. On croise de nombreux sujets qui montrent l’évolution de la société japonaise de ces dernières années. Le choix de divorcer malgré le regard des autres, le choix de ne pas se marier et d’être carriériste pour une femme … Des thèmes comme l’homosexualité et les relations inter-professionnelles sont également abordés.
Yuri, célibataire et carriériste
Yuri, souvent appelée Yuri-chan dans la série, est tante de Mikuri. C’est une femme indépendante, qui a une carrière florissante. Elle est à la tête du département des relations publiques d’une marque de cosmétiques étrangère. Respectée de ses collègues et subordonnés, elle attire cependant la jalousie de l’une d’entre eux. Yuri a choisi d’embrasser sa carrière plutôt que de se marier et de fonder une famille. Elle est également très méfiante des hommes et de leur manque d’honnêteté. Tout au long de la série, elle n’aura de cesse de s’assurer que Mikuri est heureuse avec Hiramasa. Elle s’entend cependant bien avec les collègues de ce dernier, Numata-san et Kazami-san. Elle déteste les hommes qui, sous prétexte qu’ils sont des ikemen (beaux gosses), se croient tout permis. L’évolution de ce personnage au fil des épisodes est très touchante et évocatrice. Yuri est un personnage-clef de la série, qui aurait certainement une autre saveur sans elle.
Yasue, jeune mère divorcée
Yasue est la meilleure amie de Mikuri. Dès le début du drama, on apprend que son mari l’a trompée, alors qu’ils ont un enfant encore très jeune. A l’instar de Yuri, c’est aussi une femme forte, indépendante et qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense. Elle souhaite avant tout le bonheur de sa fille, et au bout de quelques épisodes, elle décide de divorcer. C’est un choix difficile car au Japon, le divorce est encore un peu tabou, bien que de plus en plus démocratisé. Une scène de l’épisode 5 démontre ce dilemme pour Yasue, qui admet que tout son entourage est contre le divorce et considère que c’est contraire au bien-être de sa fille. Pourtant, elle fait quand même ce choix et reprend l’épicerie familiale afin de subvenir aux besoins de son enfant. On suivra avec attention son développement en tant que mère divorcée qui fait prospérer son commerce tout en gérant son rôle de mère.
Kazami, Hino et Numata, les collègues de Hiramasa
Numata-san est un personnage haut en couleurs et très perspicace. Il assume ouvertement son homosexualité au travail alors que c’est encore un sujet sensible au Japon. La série, en proposant une grande variété de profils de personnages. Cela permet à un plus grand nombre de s’y identifier et de se sentir représenté. Kazami-san, quant à lui, est dépeint comme un beau gosse coureur de jupons au début du drama. On comprend rapidement qu’il ne correspond pas à cette image. Kazami-san est un personnage attachant, résolument humain et avec un grand coeur. Enfin, Hino-san est le membre innocent du quatuor. Toujours en train de vanter la vie d’homme marié et de père de famille, il est un soutien sans faille pour Hiramasa. Tous les quatre, ils forment une équipe dynamique et équilibrée.
Horiuchi et Umehara, les subordonnés de Yuri
Umehara est un personnage assez discret tout au long de la série, mais son évolution vers la fin est intéressante et plutôt inattendue. Travailleur et investi, il est un pilier pour Yuri au sein de l’entreprise. Quant à Horiuchi, elle semble être une employée un peu paresseuse qui n’a pas envie de faire d’efforts, ce qui frustre Yuri. Horiuchi dévoile cependant les raisons de cette apparente paresse, et on se prend vite de sympathie pour son histoire touchante. C’est un phénomène qui touche de nombreuses personnes et qui mériterait d’être davantage mis en lumière. Nous vous laissons le plaisir de découvrir ces deux personnages au fil des épisodes !
Nigehaji, plus qu’une simple comédie romantique
Un épisode spécial de deux heures
Le drama, découpé en 11 épisodes, s’est achevé en décembre 2016. Il se dote d’un épisode spécial d’environ deux heures en 2021 dont nous ne dévoilerons pas l’intrigue pour vous permettre d’en profiter pleinement. La seule chose que nous pouvons vous dire est que l’histoire était parfaitement d’actualité.
A l’instar des 11 premiers épisodes, cet épisode spécial fait la part belle aux protagonistes principaux, mais n’oublie pas l’évolution de tous les personnages secondaires. C’est rafraîchissant de voir leur parcours cinq ans plus tard.
Au-delà de l’intrigue principale qui nous en apprend encore davantage sur la société nippone et la différence de point de vue par rapport à l’Europe, d’autres thématiques abondent. On aborde notamment le mariage et de la complexité du changement de nom de famille au Japon pour l’administration. La série évoque également la difficulté d’une relation amoureuse avec un écart d’âge conséquent. La santé et la sensibilisation aux maladies telles que le cancer n’est pas en reste. Enfin, on peut aussi évoquer le partage équitable des tâches ménagères, dans une société où c’est souvent la femme qui gère la maison. De nombreux sujets passionnants vous attendent, mais nous ne saurions vous en dire plus sans vous spoiler la saison entière !
Derrière l’écran
La chanson de fin de chaque épisode, intitulé Koï, est interprétée par Gen Hoshino, qui n’est autre que l’interprète de Hiramasa. La chanson est vite devenue virale au Japon, avec plus de 231 millions de vues sur le clip vidéo. La chorégraphie de Koï, qui signifie « amour », est également dansée par les acteurs à la fin de chaque épisode. Elle est devenue si populaire qu’on peut même danser dessus sur le jeu vidéo Just Dance ! On la surnomme au Japon la « Koï Dance ».
Sur un autre sujet, il se trouve que Gen Hoshino et Yui Aragaki, interprétant respectivement Hiramasa et Mikuri, sont également mari et femme en dehors des écrans. Ils se sont mariés après le tournage de la série, ce qui laisse à penser que c’est grâce à cette dernière qu’ils sont devenus un couple. Ils ont annoncé leur mariage en 2021, quelques mois après la diffusion de l’épisode spécial.
Pratiquer le japonais avec Nigehaji !
We married as a job est disponible sur Netflix, ainsi que sur Rakuten Viki. Il est également possible de le visionner sur Amazon Video mais les sous-titres sont uniquement en japonais. Un bon moyen de pratiquer son apprentissage de la langue ? En effet, étant un drama basé sur la vie quotidienne, le vocabulaire et les expressions entendus vous seront très utiles au Japon ! Une extension de navigateur permet de faire apparaître des sous-titres en multilingue sur Netflix pour progresser … Qu’attendez-vous ? Entraînez-aussi votre japonais avec la page officielle du drama et les love interest sur J:COM !
We married as a job, souvent abrégé en Nigehaji par rapport à son titre japonais, est un drama frais, mêlant habilement comédie, romance et faits de société. On le voit et on le revoit avec plaisir, et on s’attache à tous les personnages. Le titre est vraiment bien choisi : on choisit où on se bat, ou plutôt pourquoi on se bat. Chacun a ses propres épreuves à surmonter, ce qui en fait un drama haut en couleurs et accessible à tout le monde. Même si vous n’êtes pas 100% convaincus par les premiers épisodes, laissez-vous porter par cette comédie romantique pleine de belles surprises et de messages profonds ! Et si vous aimez les romances, consultez également notre article sur le drama First Love.