Lectures du Japon #3 : découvrez des mangas inédits en France
Troisième épisode pour cette nouvelle rubrique, qui comme notre article annuel sur les Taisho Awards nous donne l’occasion de vous parler de manga encore inédits en France !
Dans cette chronique, en partenariat avec la librairie en ligne Giant Books, nous souhaitons présenter des mangas qui ne sont pas connus du grand public et qui sont publiés depuis plusieurs années maintenant au Japon. Que ce soit à travers des maisons d’édition de petite tailles ou des mastodontes comme le Weekly Young Jump de Shueisha, que ce soit une œuvre d’un tout nouveau mangaka… nous vous invitons à découvrir ces titres méconnus.
Au programme de cet épisode : du drame sportif qui devrait arriver (et cartonner ?) prochainement en France, la revanche d’une vilaine pas comme les autres, et enfin le roi des animaux et des herbes médicinales dans le même manga !
The days of diamond – Hirai OOHASHI
Ayasegawa Jiro excelle dans de nombreux sports. Tennis, gymnastique, natation, rien ne lui semble impossible. Pourtant, il vit cela comme un fardeau. Partout où il se rend, les autres élèves le haïssent du fait de sa facilité. Jusqu’au jour où il découvre l’équipe de baseball des « Bambies » qui annonce ne jouer que pour s’amuser. Jiro découvre alors le plaisir de jouer sans compétitivité, le fait d’avoir des amis et de profiter du sport avec eux. Mais le coach des « Bambies », lui, a bien compris la particularité de Jiro et il va alors l’inscrire, contre son gré, à l’étape de recrutement pour l’équipe nationale des moins de 12 ans.
Le manga de Hirai OOHASHI est un drame. Asaegawa Jiro apparaît à tous comme un adversaire à battre, un monstre à contrôler, un être qui remet en question nos capacités et nos perspectives. Mais ce que l’on voit, nous lecteurs, c’est un garçon de 12 ans qui cherche à s’amuser, à se faire des amis et qui ne parvient pas à prendre les bonnes décisions. Même si ses capacités physiques et intellectuelles le placent bien au-dessus du lot, il reste un enfant sensible aux arguments des adultes.
Les visages de ceux-ci nous sont souvent montrées fermées, dans l’ombre et avec très peu d’émotions, celles prédominantes étant la peur et l’envie. La mise en scène est souvent oppressante lorsque Ayasegawa est dans le cadre et très, trop souvent, les visages sont absents, illustration de l’incapacité à savoir quoi faire face à ce génie. C’est réellement tragique de voir Jiro incapable de contrôler son destin et d’être ballotté aux grès des décisions des entraîneurs, des parents des joueurs ou bien même de ses camarades. The days of diamond est un très grand manga sur le sport et le talent et il démontre avec beaucoup de clarté et parfois de cruauté le destin d’un génie sportif.
Cette œuvre, publiée dans le Weekly Young Jump (Kingdom, Oshi no Ko, Real, Kowloon Generic Romance) des éditions Shueisha depuis février 2023, connaît un grand succès au Japon et a obtenue la 1er place dans la catégorie manga pour homme dans le dernier numéro du Kono Manga ga Sugoi 2024 des éditions Takarajimasha.
The days of diamond est disponible sur le site de Giant Books.
Akuyaku Reijou no Naka no Hito – Makiburo & Nazuna SHIRAUME
Les auteurs
Makiburo est une autrice de light novel qui débute en 2017 avec le BL Hikari no miko wa jiyu ni ikiru, en un tome au sein de la maison d’édition Ichijinsha. C’est en 2021 que débutent les séries Le génie de cette jeune fille insouciante n’est pas reconnu et Akuyaku Reijou no Naka no Hito. La première est publiée en cinq tomes entre 2021 et 2023 aux éditions Earth Star Entertainement là où la version manga est publiée depuis janvier 2023 aux éditions Hakusensha avec You IBUKI aux dessins.
Akuyaku Reijou no Naka no Hito, qui nous intéresse aujourd’hui, est publié aux éditions Ichijinsha, d’abord sous le format du light novel avant d’être adapté au format manga l’année suivante avec Nazuna SHIRAUME à l’illustration et Mai MURASAKI à la conception des personnages pour les deux itérations. L’auteur a aussi participé à un recueil d’histoire inspiré de Cendrillon, là encore chez l’éditeur Ichijinsha et qui paraît en 2022. En 2023, elle débute la série Konyaku Haki, Uketamawarimashita – Elizabeth wa Aiso ga Tsukita qui est publié par Booklive et sur laquelle elle travaille en tandem avec l’illustratrice Bouya MINMI.
Quand à Nazuna SHIRAUME, elle est une autrice et illustratrice japonaise de manga, née dans la ville de Niigata. Enfant, elle découvre le manga Ranma ½ de Rumiko TAKAHASHI, qui la marque profondément. C’est au lycée qu’elle prend la décision de poursuivre une carrière dans le monde du manga. Diplômée de l’université Japan Anime and Manga (JAM) de Niigata, elle rencontre son premier succès avec Opapagoto chez Kodansha en 2013 et commence ensuite à travailler exclusivement comme illustratrice sur des titres comme Kuroha to Nijisuke avec Ryôgo NARITA comme auteur ou bien encore Makiburo pour Akuyaku Reijou no Naka no Hito à partir de 2021.
Histoire et analyse
L’histoire du manga met en scène la jeune Emi qui est passionnée par un jeu vidéo mettant en scène la vilaine Remilia. Mais, malgré son statut de némésis de l’héroïne, Emi a toujours était très sensible au malheur de Remilia. Dès lors, lorsqu’elle se voit réincarnée dans son corps, elle décide de dédier sa vie à rendre Remilia heureuse et à lui éviter le funeste et habituel destin des méchantes. Travaillant de manière acharnée à polir ses capacités, élargissant toujours plus son entourage en venant en aide à tout le monde, Remilia finit par devenir une femme connue et reconnue de tous et à obtenir la main du prince. Mais lorsque la « StarMaiden » apparaît, elle qui est l’héroïne originale du jeu vidéo, tout commence à dégénérer. Une trahison finale va plonger Emi dans un état de désespoir complet. C’est alors que Remilia, dont la conscience a perduré, observant tous les faits et gestes d’Emi, va reprendre le contrôle de son corps et va décider de se venger de tous ceux qui ont trahi celle qu’elle a appris à tant aimer.
Malgré les similarités avec des mangas qui mettent aussi en scène des personnages féminins réincarnés en vilaine d’un jeu vidéo, Akuyaku Reijou no Naka no Hito se démarque par l’étendue du champ d’action de Remilia. Même si son premier motif est la vengeance, elle va petit à petit découvrir le monde dans lequel elle se trouve, monde qu’elle a découvert à travers le prisme de Emi. Ainsi, ce qui devait être une revanche face à ceux qui l’ont trahie va se transformer en une quête personnelle afin de découvrir ce qu’elle peut faire pour les autres et pas seulement contre eux.
Akuyaku Reijou no Naka no Hito est disponible sur le site de Giant Books.
Le roi des bêtes et les herbes médicinales – Tatsukazu KONDA & Sakano Asahi
Le roi des bêtes et les herbes médicinales est un manga réalisé à trois mains. Le créateur, Tatsukazu KONDA, le dessinateur Asahi SAKANO et enfin, le chara designer Momochichi.
Les auteurs
Tatsukazu KONDA est un auteur de mangas qui débute sa carrière avec l’œuvre Silver Wolf, Blood, Bone qui paraît en 2015 aux éditions Shôgakukan et arrive en France aux éditions Kurokawa en 2018. On y suit Hans Vapitto, un vieux chasseur de vampire qui va être chargé d’élucider une affaire de meurtre en série qui met la ville en émoi. L’œuvre est dessinée par Shimeji YUKIYAMA et se termine avec son 16e tome en 2021. En 2023, il crée le manga Le roi des bêtes et les herbes médicinales sur lequel il officie donc en tant qu’auteur au côté du dessinateur Asahi SAKANO.
Asahi SAKANO, justement, est un mangaka très jeune et ancien assistant de Yuuki TABATA, créateur de Black Clover. Il est l’auteur de nombreux mangas et histoires courtes. Sa première oeuvre, Senshou no Hana, paraît dans le sixième numéro du Shônen Jump Next de 2014 et lui permet de remporter un prix à l’âge de 19 ans. En 2018, il réalise Kuro No Shinobi dans le magazine Shônen Jump Giga, publie une histoire originale dénommé If i can’t find love, i’m going to die ainsi que l’adaptation de l’Homme le plus riche de Babylon de l’écrivain George Samuel Clason. Enfin, en 2020, il obtient sa première série avec Le gardien de la sorcière qui paraîtra, en trois volumes. Cette même année, il publie l’histoire courte Strawberry Punch, toujours dans le Jump Giga. Entre 2020 et 2023, il fait paraître l’histoire courte Maid Suzu-san avant de débuter l’illustration sur le manga dont il est question aujourd’hui, et, cette fois, avec l’éditeur Shôgakukan. Vous pouvez le suivre sur X/Twitter.
Enfin, Momochichi est un illustrateur spécialisé dans la création de personnage qui est actif depuis quelques années maintenant, principalement sur Twitter et Pixiv.
Histoire et analyse
Gravement blessé après un terrible combat dans un donjon, Tina ne doit sa survie qu’à Garon, ancien général des forces armées du roi démon. Mais pour cela, elle a dû signer un pacte de sang qui lui fait obéir à tout commandement du roi des bêtes. Se pensant perdue, elle va vite découvrir que Garon n’est plus ce terrifiant soldat, mais au contraire un médecin qui cherche avant tout à protéger ce qu’il reste des bêtes, anciens compagnons des démons. À ses côtés, elle va comprendre que les monstres des donjons ne sont pas ces créatures emplies de haines que l’on dépeint et que la race des démons, censé avoir été vaincue il y a plus de vingt ans, n’a pas complètement disparu.
Le roi des bêtes et les herbes médicinales revisite, comme a pu le faire Soara and the Monster House et dans une moindre mesure Shiikuin-san wa Isekai de Doubutsuen Tsukuritainode Monsutaa wo Tenazukeru, le rapport des héros et des aventuriers à leurs environnements. Ces démons, ces monstres et ces créatures que l’on tue, que l’on occis sont présentés comme des êtres doués de conscience, de sentiments et aptent à créer une communauté et une famille. Le rapport avec les héros est donc à repenser, vers plus communication et de compréhension et non une simplement de la violence et de la haine. Garon nous présentent les monstres comme des proies, des animaux qui cherchent à protéger les leurs ou même leur territoire face à des aventuriers obnubilés par la richesse et la gloire. Ce point de vue, même si il n’est pas nouveau aujourd’hui, est toujours très intelligent car l’on se prend, dans d’autres mangas, à se poser cette question lorsque l’on voit des personnages tuer des monstres : Est-ce que cela était vraiment nécessaire ?
Le roi des bêtes et les herbes médicinales est disponible sur le site de Giant Books.
Et voici pour ce troisième volet des chroniques inédites. Cette nouvelle rubrique vous plait ? Dites-le-nous en commentaire, dites nous ce que vous pensez de ce format, si vous en voulez davantage et consultez nos précédents épisodes sur #lecturesdujapon.