Nodame Cantabile, la mélodie inoubliable de Tomoko NINOMIYA
Avec plus de trois décennies de publication au compteur, le manga n’a cessé de gagner ses lettres de noblesse ces 10 dernières années et de plus en plus de titres, que l’on appelle Classiques ou encore Cultes sont régulièrement mis et remis à l’honneur par les éditeurs dans l’Hexagone.
Cet été, Journal du Japon vous propose de vous arrêter sur plusieurs d’entre eux, des grands titres par des grands auteurs qui abordent avec tout leur talent une thématique particulière. Après avoir évoqué les maisons closes et les prostituées de MOYOCO ANNO, nous vous proposons de fêter la musique avec une œuvre unique en son genre : Nodame Cantabile.
Son héroïne follement rafraichissante, Nodame, née sous la plume de Tomoko NINOMIYA est en effet de retour aux éditions Pika au sein de leur collection Masterpiece, dans un format double avec des pages couleurs, de nouvelles couvertures et des chapitres inédits. Partons donc à la rencontre de la mangaka et de ses héros, car Nodame Cantabile c’est certes l’histoire d’une héroïne comme on voit peu, mais c’est d’abord les aventures d’un duo et, petit à petit, de tout un orchestre !
Tomoko NINOMIYA avant Nodame Cantabile
Tomoko NINOMIYA est née le 25 mai 1969 à Minano, une petite ville d’environ 10 000 habitants, entourée de montagnes et située dans la préfecture de Saitama, au Japon. Un début de vie assez ordinaire, la jeune Tomoko étant la fille d’un directeur d’entreprise de transformation de métaux. Mais dès son plus jeune âge, elle manifeste un vif intérêt pour le dessin et la narration : elle dit elle-même en interview que le rêve de devenir mangaka remonte à la maternelle.
Son amour pour les mangas et la littérature la pousse à participer à des concours de manga dès le collège puis poursuivre des études artistiques. C’est à l’âge de 20 ans qu’elle fera ses débuts officiels, alors qu’elle est encore étudiante, avec la nouvelle London Doubt Boys, publié chez Kadokawa Shoten. Elle publie chez ce même éditeur sa première série, en 1991 : Trend no Jooh Miho (Miho, la reine des tendances), dans le magazine Young Rose destiné à un public de femmes adultes. Ce josei en 10 volumes est publié jusqu’en 1995.
Mais NINOMIYA aime bien explorer différentes thématiques et différents éditeurs : le one-shot entre romance et tranche de vie Nomini Ikouze!! (Let’s Go Drinking ou Allons boire un coup : le message est clair !) est édité au sein de la maison Shôdensha en 1993. Puis, en 1995, elle lance Tensai Family Company que vous connaissez peut-être puisqu’il s’agit de son seul autre titre publié en France, aux éditions Asuka de 2005 à 2007. Il est malheureusement en arrêt de commercialisation, mais on peut encore trouver quelques volumes sur le web. Au Japon ce seinen sort chez un autre éditeur, Gentôsha, dans le menseul Birz (Kyoko Karasuma, Rozen Maiden, Tokyo Toybox). Il a été publié en 11 volumes de 1995 à 2004 au Japon, et c’est une réédition deluxe en 6 tomes qui a été publié dans notre hexagone.
La série parle de Katsuyuki, lycéen surdoué, mesquin et égocentrique, qui se destine aux hautes finances. Sa vie bien réglée explose quand sa mère se remarie avec son pire cauchemar : un écrivain voyageur, improductif, gentil et complètement imprévisible. Il est aussi le père d’un fils qui lui ressemble, et qui est tout le contraire de Katsuyuki… Dès lors s’amorce la subtile contamination de son entourage par leur épouvantable joie de vivre. Même Nagasawa, le »cerveau féminin du lycée », la seule pour qui il avait de l’estime, succombe au charme de son ennemi juré. Bien décidé à retrouver sa tranquillité, Katsuyuki cherche fébrilement un moyen de renvoyer ces improbables extra-terrestres sur leur planète. Et il n’est pas avare de méchanceté !
À n’en pas douter, Tomoko NINOMIYA a un faible pour les opposés qui s’attirent, les forts caractères… surtout quand ils se percutent, comme dans Nodame Cantabile. Mais nous n’y sommes pas tout à fait car, tout en travaillant sur Tensai family company, elle publiera d’abord quelques one-shots tels que Heisei yopparai kenkyûjo et OUT en 1995, tous deux chez la Shôdensha.
Enfin il faut aussi citer la série courte mais importante Green, publiée entre 1998 et 2001. C’est un tournant notable, qui sera publié en 4 tomes chez la grande maison Kodansha, qui a mis le temps mais qui a fini par repérer et surtout convaincre cette jeune autrice désormais trentenaire de venir travailler avec eux.
Green (dont le titre complet peut se traduire par Green – Je veux être un enfant de fermier) est une comédie romantique assez hilarante se déroulant dans un village rural de la région de Chichibu. Kazuko, une citadine qui aspire à la vie à la campagne, tombe amoureuse au premier regard de Makoto, le fils héritier d’un agriculteur au destin tout tracé, malgré son diplôme de médecine. Entre la citadine, qui fantasme la campagne et sa romance, et celui qui subit sa vie d’agriculteur on retrouve là aussi la patte de la mangaka : des oppositions et des contradictions, encore, qui font le sel de son récit et nourrissent son humour assez désopilant. Cette signature chez Kodansha ira aussi de pair avec, en 2004, un drama intitulé Je veux être une fermière, diffusé sur la NHK.
Après une douzaine d’années en tant que mangaka professionnelle, Tomoko NINOMIYA a gagné assez rapidement en reconnaissance pour son style unique et sa capacité à tisser des récits captivants et plein d’humour. Tout semble prêt pour son premier et plus grand succès a ce jour : Nodame Cantabile.
Chiaki rhapsodie
Shin’ichi Chiaki est l’un des meilleurs élèves de l’université de musique Momogaoka. Fils d’un pianiste connu à l’international, il est lui-même admiré pour son talent et ne ménage pas ses efforts. Néanmoins, au delà du piano auquel il excelle, Chiaki ne veut pas uniquement marcher dans les pas de son père : il rêve de partir en Europe étudier la direction d’orchestre, bluffé et conquis dans son enfance par le grand chef d’orchestre Sevastiano Viera ! Malheureusement, sa phobie absolue de l’avion et du bateau l’empêche de sortir des frontières du Japon.
Au fond du trou, prêt à abandonner la musique, il s’endort un jour dans le couloir de son immeuble et se réveille… au milieu d’immondices, dans l’appartement de sa voisine, Nodame, une étudiante en piano talentueuse mais pour le moins extravagante ! Cette dernière a en effet eu le coup de foudre pour lui et a décidé de ne plus le lâcher d’une semelle. Mais celle que Shin’ichi voit comme un véritable parasite azimuté pourrait changer sa vie et sa carrière… tout comme s’apprête à le faire Franz Von Stresemann, chef d’orchestre allemand de stature internationale. Ce maestro est arrivé au Japon pour d’obscures raisons et le voilà parachuté nouvel enseignant et directeur d’orchestre à l’université de musique de Momogaoka. Mais c’est aussi un vieux papy pervers, lunatique et oisif, bien décidé à en faire baver au beau gosse ténébreux qu’est notre cher pianiste… Qui n’est décidemment pas sorti de l’auberge !
Nodame cantabile
Voici sans aucun doute l’œuvre la plus célèbre de Tomoko NINOMIYA. La série commence sa publication en 2001 dans le magazine Kiss (Kimi Wa Pet, Princess Jellyfish, Perfect World). Nous y découvrons donc, d’un côté, Shin’ichi Chiaki, un étudiant de musique talentueux mais arrogant, et Megumi Noda (surnommée Nodame), une pianiste excentrique et talentueuse qui a une approche non conventionnelle de la musique. Si Megumi / Nodame est bien l’héroïne marquante de Nodame Cantabile – son nom est dans le titre et c’est elle qui fait la couverture du premier tome et de nombreux autres – le personnage central des planches est bien Chiaki.
Chiaki est au centre de la narration : c’est sa voix intérieure que nous allons suivre, ses surprises et ses tourments, ses introspections. Le lecteur débute l’histoire avec lui et son aventure donne clairement le tempo : de simple musicien doué mais bloqué par sa phobie à chef d’orchestre en devenir, il est celui vers qui ce manga revient toujours. Pour autant l’histoire sait aussi prendre du recul, s’éloigner de Chiaki pour laisser de la place aux autres, en dosant savamment l’implication de chaque personnage dans la trame principale, en dévoilant juste ce qu’il faut de leur vie et de leur for intérieur. C’est d’ailleurs l’un des talents de NINOMIYA : la valse des personnages est parfaitement mise en musique, et la mangaka sait les diriger sans fausse note… à commencer par la charismatique Nodame qui vient toujours au bon moment pour bousculer la vie de Chiaki et s’immiscer dans son quotidien, souvent au forceps.
Bien que le destin de musicien de premier plan de Chiaki semble inexorable, tant la musique est une évidence pour lui, il faut qu’il opère sa mue s’il veut avancer, et l’on se doute bien que sa phobie n’est pas là par hasard… La mangaka ne distille les informations et les indices à ce sujet qu’au compte-gouttes, Chiaki tentant lui même de cacher cette pathologie. Il faut donc une Nodame pour profondément le bousculer. Et il y a de quoi être bousculé : on croirait découvrir un héros de shônen dans le corps d’une femme pianiste. Une femme pareille, au début des années 2000, ne va pas surprendre que Chiaki, mais envoie aussi valdinguer le portrait lisse de la femme adulte, docile au travail comme dans son rôle d’épouse et de mère.
Nodame est tout sauf ça : un vrai bulldozer, fonctionnant presque exclusivement à l’instinct, n’apprenant jamais les partitions (la flemme !) et ne jouant qu’à l’oreille, ne sachant pas cuisiner, et vivant au milieu d’un tas de poubelles avec une hygiène extrêmement douteuse… Mais, voilà, elle est dotée d’un incroyable talent. Essayez d’imaginer un Naruto ou un Luffy en jeune étudiante à la faculté de musique. Vous l’avez ? Alors vous avez une petite idée de qui est Megumi Noda. Le mot cantabile, du titre de l’œuvre, prend alors son double sens : dans la musique instrumentale, le cantabile un style particulier de jouer conçu pour imiter la voix avec une interprétation flexible et phrasée. Le piano est alors une forme d’expression quasi-naturelle pour Nodame. Après le XVIII siècle, en particulier dans la musique pour piano, le cantabile est une ligne musicale particulière qui vient se superposer et s’unir en contrepoint, belle métaphore, à d’autres lignes musicales… comme celle de Chiaki par exemple ?
Enfin, pour vraiment la comprendre, il faut savoir qu’une vraie Nodame existe et qu’elle a été la source d’inspiration de Tomoko NINOMIYA. Comme elle l’explique en interview (disponible en post face du tome 1 de la nouvelle édition) c’est surtout une photo, obtenue par une amie commune puis apportée ensuite à son éditrice qui a lancé le projet : « une chambre remplie d’ordures où, au centre, se trouve un piano à queue et l’on aperçoit Nodame en jogging en train de jouer. » Exactement la scène du manga :
Nodame, la vraie, une musicienne des plus timides a donc servi de modèle pour son homonyme du manga : « nous avons également gardé quelques caractéristiques de notre Nodame en chair et en os : le fait qu’elle aime les onigiri et les anime. On lui a aussi demandé ce qu’elle écoutait comme musique. » explique la mangaka.
Surprenante symphonie
Bien entendu, cette première version va évoluer, comme l’explique l’éditrice de Tomoko NINOMIYA : « Je pense que le personnage de Nodame, dans la série, a pris forme progressivement en fonction du rôle que nous avons attribué à Chiaki, le beau gosse. A la base nous concevions Nodame comme une fille rêveuse, souvent dans la lune, mais cette conception a changé en cours de route.«
En fait, que ce soit pour de duo ou dans le défilé de personnage que la série va nous présenter, NINOMIYA ne se contente pas de proposer des clichés ou des contres clichés, mais elle va surtout s’amuser à les confronter et, avec brio, les faire évoluer.
Chiaki le beau gosse et fils de célébrité débute avec un portrait attendu du héros mais l’histoire commence par ses échecs : c’est un autre musicien qui va lui piquer sa petite amie et partir à l’étranger pour retrouver son maître de toujours, Sevastiano Viera. Nodame va l’aider à se construire en lui donnant d’abord un objet de curiosité, car Chiaki ne s’intéresse qu’à ceux qui sont doués, puis elle va l’obliger à changer de perspective : elle se moque complètement de faire la carrière dans la musique, elle aime le piano pour le simple plaisir de la musique et du jeu, à milles lieu d’en faire un travail et encore moins un métier. Pour Nodame, l’avenir est de toute façon déjà programmé : elle veut devenir maitresse d’école. C’est d’autant plus passionnant de constater, au bout de quelques volumes, que Nodame aussi devra se faire violence et changer de cap : devenir maitresse d’école ? Elle qui est si instinctive, brouillonne, fonceuse et directe, en plus d’être bordélique et à l’hygiène douteuse ? C’est mission impossible : personne n’oserait lui confier ses enfants.
Chiaki, lui, va progressivement sortir de son égocentrisme pour la faire progresser, elle. Il va prendre le recul du chef d’orchestre qui voit bien le diamant incroyable mais terriblement brut qu’elle représente. Il va essayer de lui faire prendre conscience de ce destin qui lui tend les bras, qu’un talent pareil ne peut pas être réduit à un simple loisir. Et il aura du mal, mais c’est là l’un des grands intérêts du titre qui est fait d’essais, d’échecs, qui suit un chemin jonché d’embûches entre solitudes et fraternités, admirations et rivalités.
Bien évidemment, Chiaki et Nodame ne sont pas seuls. Il faut citer, par exemple, Ryûtarô Miné, étudiant en 2e année de violon. C’est un musicien correct au départ, avec un petit quelque chose, mais qui pense pouvoir remplacer le travail par ses idées de génies – qui n’en sont pas, la plupart du temps ! – et qui veut avant tout être cool et rock’n roll pour devenir populaire. Là aussi, la confrontation amène le changement : Ryûtarô déteste Chiaki et son succès, trouve injuste son talent. Mais il décide d’en faire un rival qu’il veut coute que coute rattraper. De son côté Chiaki, très traditionnel dans son approche de la musique réussira à faire comprendre l’importance du travail et de la rigueur à Ryûtarô mais il sera bien obligé d’admettre, qui plus est face à la loufoque Nodame, qu’il n’y a pas qu’une seule approche de la musique et que le plaisir de jouer a le droit de passer devant la pure technique. Notre beau gosse taciturne admet que ses rêves et espoirs de jeunesse ne sont pas à forcément enfouir, et que cela peut avoir du bon de se laisser envahir par les émotions.
Face à ces étudiants, les adultes ont, eux, déjà fait leur chemin et se montrent souvent complexes et difficiles à déchiffrer. Ils sont de toute façon assez rares dans le récit, mais plutôt marquant : le fameux Von Stresemann est un chef d’orchestre adulé à travers le monde mais un pervers pas du tout attendrissant, qui subjugue par son talent mais déçoit souvent par son immaturité. Dans la postface du premier tome de l’édition Deluxe, NINOMIYA relativise 20 ans après son humour, qu’elle trouve très « ère Showa », comme les coups de massue très imagés de Nodame (coucou City Hunter !). Par contre elle exclut de cet humour le comportement du chef d’orchestre mondialement connu, et identifie clairement son comportement : du harcèlement sexuel. Plus d’une décennie avant l’affaire Harvey Weinstein et le mouvement Me Too, Nodame Cantabile n’a pas eu son succès par hasard, résonnant très certainement dans de nombreuses vies.
C’est aussi pour cela que l’on peut regretter ses difficultés à trouver son public en France, en partie imputable à un graphisme parfois inégal : s’il transmet sans problème et avec subtilité les émotions, les intentions et l’humour, le chara-design est très loin des standards des lectrices et lecteurs de shôjo, et le public de josei français, en tout cas celui qui achète, semble être encore à créer chez nous.
La musique, c’est la vie !
Comme NINOMIYA l’explique en interview, le titre qui précède Nodame Cantabile, Green est aussi l’occasion pour la mangaka de faire un choix, celui de thématiser ses mangas. Cela la conduira, en tant que fan de piano, à son titre suivant, Nodame. Dix ans après cette interview qui date de 2003, elle débutera aussi 87 Clockers, qui parle de la rencontre entre des étudiants en musique et le monde compétitif de l’overclocking des ordinateurs (le fait d’améliorer la vitesse de fonctionnement de ces derniers), montrant ainsi sa capacité à explorer des sujets variés.
Pour Nodame Cantabile, l’autrice s’est rendue sur des campus universitaires, afin de donner vie à l’université de musique Momogaoka et dépeindre la vie étudiante avec justesse : les cours, les concours, les enseignants, la concurrence entre élèves, les concerts, les débats entre conservatisme et progressisme sans oublier bien évidemment la nécessité de partir à l’étranger, en Europe bien souvent, le berceau de la musique classique.
C’est donc intéressant de voir comment Chiaki, coincé au Japon par ses phobies, va pouvoir se construire par des chemins détournés, aux cotés des loosers, de ceux coincés au Japon car pas assez doués, pas assez rigoureux, pas assez motivés… Ou vraiment trop barrés. Mais, de par leur amour commune de la musique, ces ratés, regroupés dans les premiers volumes dans l’orchestre S (en opposition à l’orchestre A, celui de l’élite) vont, en même temps que Chiaki, faire de leur différence une marque de fabrique, une force. A travers la musique cette troupe va s’élever et forger un nouveau destin, où tout semble possible.
Enfin il était impossible de parler de musique classique sans parler des grands auteurs, tout en les rendant abordables. C’est l’une des autres réussites de ce manga : de ne pas nous bassiner dans un jargonnage excessif, d’une description à n’en plus finir des génies d’hier, pour mieux laisser la place aux personnages et à leur passion du jeu. À la vue de leur enthousiasme à jouer des morceaux de légende, le lecteur néophyte s’empressera de chercher et d’écouter le morceau joué, tandis que le connaisseur savourera pleinement la référence et la pertinence des dialogues, comme lorsque Chiaki conseille les musiciens de son orchestre sur tel ou tel passage.
L’ouvrage est d’autant plus accessible que, sous la sur-couverture de fin, se trouve la liste de tous les morceaux joués dans chaque ouvrage. L’occasion d’ailleurs de constater que NINOMIYA a une culture musicale qui va bien au delà des grands classiques. Le premier tome débute par exemple par Macbeth, opéra de Giuseppe Verdi, puis enchaîne avec Ludwig van Beethoven, Wolfang Amadeus Morzart, Chopin, Brahms ou Dvorak, sans oublier des artistes méconnus comme Gustav Mahler, Béla Bartok ou Ferdinand Beyer. On ne résiste d’ailleurs pas à vous partager, en ce jour de fête de la musique, une playlist issue de l’OST de Nodame Cantabile :
Après Nodame
La série connaît un immense succès, non seulement au Japon mais aussi à l’international. Elle est adaptée en plusieurs formats, comme un anime de 24 épisodes, inédit en France. La série sera également adaptée en un drama de 11 épisodes, plébiscité et qui sera suivi de 2 films (Zenpen et Kouhen) et d’un TV spécial. Nodame Cantabile remporte plusieurs prix, tels que le Kodansha Manga Award en 2004 et le Shôgakukan Manga Award en 2005.
Malheureusement, en 2009, NINOMIYA annonce qu’elle souffre du syndrome du canal carpien, qui entraîne généralement fourmillement, perte de force ou de sensibilité de plusieurs doigt de la main : un cauchemar pour un mangaka, qui affecte la capacité à dessiner. Malgré cette difficulté, elle continue à travailler sur Nodame Cantabile et réussit à terminer la série en 2010, après 23 volumes. Alors que le manga se termine, l’autrice poursuivit un moment l’aventure avec la série courte, Nodame Cantabile – Opera Hen, qui sera publiée dès le dernier chapitre de la série-mère et qui compte deux volumes, soit un total final de 25 tomes. Sa détermination et sa résilience inspireront d’ailleurs de nombreux fans et collègues dans l’industrie du manga.
Après avoir terminé Nodame Cantabile, Tomoko NINOMIYA continue à travailler sur de nouveaux projets : 87 Clockers s’achèvera en 2016 en une petite dizaine de tome que nous avons déjà évoqué plus haut, ainsi qu’un essai Onigiri Tsûshin – Dame Mama Nikki où elle raconte son quotidien, avec son fils. Elle s’investit également dans des activités philanthropiques, utilisant sa renommée pour soutenir diverses causes, comme la santé et les conditions de travail des mangakas, le délicat équilibre au Japon vie pro / vie perso des mères qui travaillent. Enfin, elle continue son activité de mangaka avec Nanatsuya Shinobu no hōseki kushige, qui suit l’histoire de Shinobu, un expert en pierres précieuses, travaillant dans une bijouterie familiale. L’intrigue se concentre sur les interactions de Shinobu avec les clients, chacun ayant une histoire unique liée aux bijoux. Le titre est encore inédit en France mais avec 21 volumes au compteur, il faudra pour le moment se contenter de lire ou relire Nodame Cantabile et lui souhaiter suffisamment de succès pour qu’il ouvre de nouvelles portes.
Tomoko NINOMIYA est reconnue comme l’une des mangakas influentes de sa génération. Son œuvre Nodame Cantabile a non seulement enrichi le paysage du manga avec une représentation unique de la musique classique, mais elle a aussi inspiré de nombreuses adaptations et une nouvelle génération de créateurs de mangas. Avec des personnages hauts en couleurs et très attachants, une histoire riche et des émotions à fleur de page, il est difficile de résister à ce manga. Alors ouvrez Nodame Cantabile, plongez aux cotés de cet orchestre original, laissez vous porter par leur histoire et la musique de cette géniale symphonie !