Les animes du printemps 2024 : Girls band cry, Kaiju n°8, Konosuba, T-P Bon…
On y est presque, le suspense est à son comble, les animés du printemps arrivent à leurs conclusions. Il est donc plus que temps pour Journal du Japon de dresser son petit bilan de la saison, et revenir sur quelques séries que l’équipe à regardé et apprécié durant ces 3 derniers mois. Au programme : musique, kaijus, voyages (en trains ou dans le temps !), et bien sûr toujours une bonne dose d’aventure et d’humour !!
Sommaire (accès rapide)
- Girls band cry (ADN)
- Jellyfish Can’t Swim in the Night (ADN)
- T-P Bon (Netflix)
- Kaiju n°8 (Crunchyroll)
- Konosuba saison 3 (Crunchyroll)
- Date a live saison 5 (Crunchyroll)
- Shinkalion : Change the World
- Train to the End of the World (Crunchyroll)
Girls band cry : Le traitement de choc
Girls band cry est un anime original de 13 épisodes produit par la Toei Animation. Le projet est porté par agehasprings, groupement de producteurs et créateurs dirigé par Kenji TAMAI qui se définit comme un laboratoire de créations à succès au Japon. Le scénariste principal n’est autre que Jukki HANADA que l’on connaît bien pour avoir été le scénariste de K-ON !, Idoly Pride ou un bon nombre de Love life. Il est donc dans son élément.
En quête de nouveaux horizons, Nina Iseri quitte sa ville natale pour poursuivre ses rêves à Tokyo. Dans l’effervescence de la métropole japonaise, elle croise le chemin de quatre jeunes femmes : Momoka Kawagiri, Tomo Ebizuka, Subaru Awa et Rupa. Si ces dernières se montrent dans un premier temps réticentes à créer des liens, leur passion commune pour la musique les conduit à fonder le groupe Togenashi Togeari, amorçant dès lors une épopée qui s’annonce inoubliable…
Si l’utilisation de la 3D peut être matière à débat, force est de constater qu’elle fonctionne plutôt bien malgré quelques écueils. Que ce soit pour les réactions très cartoons des demoiselles ou lorsque les jeunes filles sont sur scène. On pense notamment à l’épisode 11 où la caméra virevolte littéralement autour d’elles. L’anime nous fait découvrir les mécanismes du milieu musical japonais : la formation du groupe, les débuts dans les live house, les festivals ou les bad buzz. Mais aussi les difficultés de construire un groupe solide et même si on a les meilleurs talents qui se regroupent.
Les voix des cinq amies sont aussi les membres du groupe Togenashi Togeari créé pour l’occasion et qui se produit sur scène dans divers concerts.
L’anime met l’accent sur la création d’un groupe de rock, mais avant tout sur les relations entre les jeunes musiciennes. Les parents toxiques, l’attente des fans et les belles déclarations d’amour, Girls band cry est un cocktail d’émotions brillamment scénarisé et mis en image par la Toei Animation. Sans nul doute l’une des plus belles surprises de cette saison.
Jellyfish Can’t Swim in the Night :
Jellyfish Can’t Swin in the night est un anime original créé pour célébrer les 50 ans du studio Doga Kobo. C’est une création de JELEE comme le nom du groupe dans l’anime. Le scénario est écrit par Yaku YUUKI, l’auteur du light novel Tomozaki-kun est un loser !. Un manga est déjà en cours de publication et dessiné par Niko FUJII.
Dans une société régie par le diktat des réseaux sociaux, quatre jeunes femmes s’efforcent de trouver un sens à leur existence en plein cœur du quartier de Shibuya. Au fil de ses déambulations nocturnes, Mahiru Kozuki, ancienne idole cherchant à renouer avec son passé, croise le chemin de l’énigmatique Kano Yamanouchi. Cette dernière lui propose alors un projet des plus inattendus : rejoindre le collectif d’artistes anonymes « JELEE ».
Si vous écoutez un peu de musique japonaise vous connaissez sans doute des artistes appelés généralement utaite (comme EVE, Ado, Syudou, natori, etc.). Ils ne montrent que peu leurs visages et préfèrent rester cachés derrière un avatar. Les interprètes sont souvent en collaboration avec des artistes designers pour leurs clips comme dans cette série. Si certains écrivent leurs chansons, d’autres font appel à des musiciens. C’est aussi l’univers des V-tubers avec des avatars créés de toute pièce avec là encore toute une équipe derrière.
Jellyfish Can’t Swin in the night est une façon ludique de découvrir cet univers encore peu connu chez nous. La réalisation est très propre avec une animation qui tient bien la route. Les musiques sont dans le ton du milieu des utaite actuels. Quant au scénario, il met en avant les questionnements d’une jeunesse actuelle et son envie d’aimer ce qu’ils font plus que de subir. C’est donc plus profond que ça en a l’air au premier abord.
Avec Girls band cry c’est une très belle pioche pour ADN qui nous offre deux très bons animes musicaux originaux !
T-P Bon : Voyage dans les temps
par Elliot Tetedoie
Dans l’anonymat presque total, 13 épisodes de T-P BON ont été mis en ligne le 2 mai dernier sur Netflix. Avec son esthétique rétro et sa formule accrocheuse, il serait pourtant dommage de ne pas s’arrêter, ne serait-ce qu’un instant, sur ce nouvel anime du studio Bones.
T-P BON, ce sont les initiales de la Time Patrol accolées au prénom de Bon Namahira, un collégien comme les autres qui se retrouve forcé, après un concours de circonstances surnaturelles, de rejoindre ladite Patrouille en compagnie de Ream, jeune fille de l’an 2050 qui fera office de mentor pour l’adolescent. Comme son nom l’indique, la Time Patrol est une agence veillant au respect du bon déroulé du temps à l’aide de technologies futuristes. Entre autres, elle lutte contre les incohérences qui peuvent survenir, à la protection des individus essentiels à l’histoire, ainsi qu’à la traque de voyageurs illégaux. Dans une formule classique, chaque épisode équivaut à un voyage de Bon et Ream dans une époque pour résoudre un problème : on aurait alors été ravi de retrouver nos héros chaque semaine… si seulement Netflix ne mettait pas en ligne toute la saison d’un seul bloc.
L’anime est basé sur un manga de Fujiko F. Fujio, créateur, au sein du duo Fujiko Fujio, de l’immensément populaire robot chat du futur Doraemon qui, il se trouve, joue lui aussi souvent à remonter le temps avec son ami Nobita. Cet amour du mangaka pour l’histoire rayonne jusque dans la version anime de 2024 qui reprend les épisodes du manga. Les voyages se font dans des contextes précis et célèbres (chasses aux sorcières, construction des pyramides, guerres de l’antiquité grecque…) et le travail sur les décors d’époque partagé entre Eiko TSUNADO au design et Tatsurô ÔNISHI à la supervision se trouve à la hauteur du défi. Une exploration dans les clous qui rappelle aussi le côté pédagogique des mangas pour enfants de l’auteur.
Mais attention ! Il ne faut pas s’arrêter à la couverture enfantine de T-P BON : si l’anime est classé dans la catégorie -16 sur Netflix ce n’est pas une erreur de la plateforme. Chaque époque se révèle en réalité plus sombre qu’on peut le penser au premier abord. C’est dans la balance entre l’émerveillement de la découverte de nouvelles époques et la sombre réalité de ces dernières que réside toute la qualité de T-P BON. Tout est attrayant et coloré, mais à la moindre erreur, la vie de Bon et Ream ou de leurs amis peut se finir en un battement de paupière. Une épopée de science-fiction à l’ambiance rétro dont on ne peut qu’attendre la prochaine fournée d’épisodes prévus pour juillet, et maudire la formule de diffusion made in Netflix qui, en plus de noyer les épisodes au sein du flux de sortie, nuit au format même du récit.
Kaiju n°8 : Du shônen comme on l’aime mais c’est tout
par Mick Akutu
Dans une saison d’animé de printemps peut-être un peu plus morose qu’à l’accoutumée, Kaiju n°8 vient rebooster les fans de shônens avec une bonne dose de testostérone et d’action. Si le manga publié bimensuellement a trouvé son public et compte plus d’une centaine de chapitres publiés, la question était de savoir si l’adaptation animée allait réussir à rendre épique les aventures de Kafka Hibino dans un monde rempli de kaijus.
Ces monstres géants font partie intégrante du quotidien de la population japonaise mais les Forces de Défense se dressent sur leur chemin pour les exterminer. Kafka rêvait de rejoindre ce bataillon d’élite anti-kaiju mais se retrouve à la place, à trente ans passés, à nettoyer leurs cadavres une fois que les Forces de Défense leur ont réglé leur compte. Il avait pratiquement renoncé à son rêve jusqu’à ce qu’il fasse la rencontre de Leno Ichikawa, une nouvelle recrue de la brigade de nettoyage de kaijus, qui le pousse à retenter sa chance à l’examen d’entrée. Au vu de son âge, cette année est la dernière chance de Kafka d’intégrer les Forces de Défense mais c’est sans compter sur un mini-kaiju qui s’introduit dans son corps pour créer une entité mi-humaine mi-kaiju ! La route semble encore longue pour celui qui rêve de défendre l’humanité aux côtés de son amie d’enfance…
L’adaptation de Kaiju N°8 présente une sorte paradoxe… Celui-ci n’est pas dû aux studios Production I.G et Khara, qui ont mis les moyens en terme d’animation, en particulier pour les grosses scènes d’action, mais résulte directement de son histoire elle-même. Selon l’expérience du spectateur avec le genre, on pourra trouver qu’il s’agit d’un énième shônen qui applique à la lettre les codes et raconte plus ou moins la même histoire que ses prédécesseurs (même s’il y a quelques subtilités). Un des seuls éléments par lequel Kaiju n°8 arrive à se distinguer un peu est son générique, chanté en anglais par Yungblud et réalisé intégralement en 3D. Il étonne de par sa réalisation qui ne laisse entrevoir quasiment aucun élément lié à l’intrigue.
Une fois passé le générique, on peut toutefois s’attendre à passer un bon moment devant chaque épisode, que l’on ne voit presque pas passer. La 3D utilisée pour représenter certains kaijus ne jure pas énormément avec l’animation 2D, même si les dessins du mangas ont été épurés (on voit moins de détails au niveau des muscles de Kafka lorsqu’il se transforme en kaiju par exemple). En somme, Kaiju n°8 reste un bon animé qui fait le job, ni plus ni moins. On en parlera probablement moins une fois passé le dernier épisode de la saison, mais nul doute qu’il faut en profiter tant que cela dure.
Konosuba saison 3 : Entre humour et émotions
La saison 3 de Konosuba a été l’une des suites les plus attendues de cette saison de printemps 2024. 5 ans après la fin du film Konosuba : Legend of Crimson adaptant les lights novels 4 et 5, on retrouve nos quatre héros : Kazuma l’aventurier malchanceux, Aqua la déesse archiprêtresse peureuse, Megumin l’archimage explosive et Darkness la noble masochiste, en pleine aventure pour vivre une meilleure vie, et potentiellement arriver un jour à battre le roi démon.
Pour rappel cet animé sort des sentiers battus de son genre : ce n’est pas un isekai random qu’il faut regarder en espérant voir des combats époustouflants à chaque épisode. Bien sûr, on y trouve des combats faisant avancer l’histoire, mais ce n’est pas vraiment le but. Les auteurs Natsume AKATSUKI (scénariste) et Kurone MISHIMA (illustrateur) souhaitent avant tout nous offrir une parodie d’isekai où on suit un héros malchanceux qui s’unit à des coéquipiers tout aussi clichés que lui.
Mais en premier lieu, laissez moi vous présentez l’œuvre, pour tous celles et ceux qui découvrent cette licence. Kazuma Satō est un hikkimori qui meurt écrasé par un… camion me direz-vous ? Et non, Kazuma ne meurt pas écrasé par le fameux Truck-kun comme le veux la tradition. Et oui, par ce tout petit changement qui semble anodin au premier abord, les auteurs annoncent directement la tournure que prendra son œuvre. Une œuvre à but parodique qui exploitera les clichés et les stéréotypes bien connus des isekais.
Kazuma ne meurt donc pas écrasé par un camion, mais meurt du choc émotionnel en voulant sauver une lycéenne qu’il croyait en danger face à un camion, alors qu’elle était en réalité devant un tracteur, qui s’arrêtera sans même la toucher. Suite à cette mort ridicule, il se retrouve devant Aqua, la déesse de l’eau qui permet aux jeunes personnes défuntes d’aller soit au paradis soit de se réincarner. Suite à l’arrogance de cette dernière, Kazuma va l’emmener de force dans ce nouveau monde pour combattre le roi démon. Il va au fur et à mesure recruter deux autres compagnons de voyage. On peut résumer chacun des personnages avec une ou deux caractéristiques qui lui est propre : Kazuma est un aventurier malchanceux et pervers, Aqua une déesse narcissique et peureuse, Megumin une mage puissante qui ne peut utiliser qu’un sort par jour et Darkness une chevalière masochiste qui rate tous ses coups.
On pourrait facilement craindre que l’animé ne tourne très rapidement en rond, mais ce n’est pas le cas. Outre le côté humoristique, très présent dans l’œuvre, on trouve aussi des moments matures et remplis d’émotions. Dans les deux premières saisons, ce côté mature et émotionnel était beaucoup moins marqué que dans la dernière saison. Cette saison 3 se concentre davantage sur les personnages de Darkness et de Kazuma : passé de l’un, combat de l’autre, offrant même à Kazuma de nombreuses scènes de combats héroïques. Les personnages évoluent donc malgré le ton plus que comique de l’animé. Par moments, on aimerait même que ces moments matures soient encore plus présents et ne soient pas interrompus par les blagues salaces des protagonistes. Néanmoins, cela ne nous empêche pas d’être émus par ce groupe. Que vous soyez fan ou non d’isekai Konosuba saura vous charmer par son humour et par ses moments d’émotions.
Date a live : une conclusion pour cette saga ?
Après 4 saisons, deux OAVs et deux films, Date a live revient pour sa saison finale diffusée ce printemps. Cette saison rompt totalement avec le côté ecchi et harem que l’on pouvait trouver dans les premières saisons. Une ambiance plus sombre se fait ressentir et toutes les pièces s’assemblent pour résoudre le mystère des anges.
Date a live est une licence qui mérite son succès. Les premières saisons n’ont pas tant marqué les esprits de par, semblait-il, un scénario trop simple, qui met en place un harem entre Shidô Istuka et des anges. Néanmoins, dans les premières saisons, on apprend à découvrir les différents esprits et l’évolution de leur histoire avec le protagoniste. Ce n’est qu’à partir des saisons 3 et 4 que l’histoire commence à poser de véritables enjeux tout en gardant celui du harem. La saison 5 est la saison qui s’éloigne le plus du genre harem-ecchi vendu dans les premières saisons. Celle-ci nous vend des thèmes plus sombres et plus profonds comme le deuil, la mort, le suicide, les guerres, la maladie, le désespoir, la jalousie… Cette saison marque les esprits par ses nombreux plot twist.
Mais avant toute chose que raconte vraiment cette série ? Shidô Itsuka est un jeune lycéen qui habite avec sa sœur adoptive Kotori Itsuka. Tout bascule un jour du 10 avril où une partie de la ville est détruite par une explosion. Proche des lieux, il découvre Tokha Yatogami, une femme-esprit qui déstabilise l’espace-temps et est à l’origine de l’explosion…
La licence Date a live a été produite par divers studios : de AICPLUS+ en passant par JC Staff et désormais Geek Toys. Le côté ecchi peut en dérouter plus d’un. N’étant moi-même pas adepte de ce genre d’animé, je l’ai regardé sans grande conviction au départ. Mais j’ai pu directement m’immerger dans cet univers. Le mystère est captivant, on veut savoir d’où viennent ces filles appelées esprit. On se demande si ces esprits sont gentils ou méchants, et le protagoniste cherche à défendre les filles contre l’AST (l’équipe anti-esprit).
Si vous aimez les femmes puissantes, les pouvoirs, les animés de romances et de science-fiction, Date a live est parfaitement la saga qu’il vous faut. Parmi les 10 esprits que l’on rencontre au fur et à mesure de la série, chacune des filles possède sa propre personnalité qui lui donne son charme, et le spectateur peut ainsi s’identifier à divers personnages.
Shinkalion : Change the World et Train to the End of the World : Les trains de la hype
par Elliot Tetedoie
Cette saison, deux anime au contenu pourtant bien différent avaient pour point commun un même élément : le train. Alors que les héroïnes de Train to the End of the World entament un voyage initiatique loufoque à bord de la ligne Seibu Ikebukuro, Taisei Onari est lui à la poursuite de sa sœur disparue et monte à bord d’un Shinkansen (équivalent japonais du TGV) pas comme les autres dans Shinkalion : Change the World. Pourquoi et comment ces deux séries mettent-elles le train au centre de leur récit ?
Commençons par Shinkalion : Change the World, le moins connu des deux car disponible sur aucune plateforme légale de simulcast. Ici, le train n’est pas un simple moyen de transport : le shinkansen a la capacité de se transformer en Shinkalion, un authentique robot géant, pour affronter les Unknown, une menace à l’origine et aux objectifs…inconnus donc. Change the World est la troisième itération de la saga Shinkalion qui débute en animation en 2018. Le dessin animé a pour origine un partenariat entre la maison d’édition Shôgakukan, le constructeur de jouet Takara-Tomy via leur gamme Playrail ainsi que la compagnie de train JR East dont tout français partis au Japon n’a pas manqué d’emprunter une de leurs lignes locales ou nationales. Ce projet commun a pour objectif de créer un univers mélangeant train et robot géant, un cocktail singulier qui est en réalité héritier d’une longue lignée de trains transformables en robots. On pense par exemple, dès le début des années 80, à la trilogie J9 en animation, ou bien aux nombreux robots de la franchise des Brave par la Sunrise dans les années 90 ou encore à quelques megazord arrivés jusqu’à chez nous. Le premier jouet Shinkalion, sorti en 2015 préexiste à la série et est conçu de manière harmonique avec les autres trains de la gamme Playrail. Les jouets, et les séries par extension, sont un véritable phénomène au Japon, avec des collaborations remarquées en compagnie de Hatsune Miku (personnage régulier de la première série), Evangelion ou bien même Godzilla.
Le statut du train est ici simple : il s’agit d’une machine au sommet de la technologie, rapide et élégante. Si le train est déjà un rêve pour de nombreux enfants japonais (rappelons-nous du bambin de Mirai ma petite sœur), une fois combiné à la figure du robot géant, il devient une existence aux propriétés, on l’imagine, presque divines. JR East profite de cet univers où les trains peuvent devenir des robots géants pour exposer à son public cible, en majorité très jeune, toutes ses gammes de Shinkansen et se positionne donc, dans l’imaginaire des enfants, comme une compagnie à la technologie futuriste tout en tentant, pourquoi pas, de créer à l’occasion de nouveaux fanas de chemin de fer. Une recette bien huilée à laquelle Shinkalion : Change the World reste fidèle.
Train to the End of the World de son côté est le résultat de motivations toutes autres. L’anime est un projet original du studio EMT Squared au modèle typique : un groupe de jeune fille, une aventure en 12 épisodes, un manga qui paraît simultanément… Pourtant l’univers étrange entre humour de mauvais goût et horreur que présente la série a attisé la curiosité de certaines personnes, également motivées par les tweets de Hideo KOJIMA, intrigué par le début du récit.
Après le déploiement catastrophique de la 7G, la Terre (ou au moins le Japon) s’est radicalement transformée. Zombies, modifications géographiques, mutations biologiques, rien ne semble plus faire sens. Un groupe de jeunes filles résidant près de la gare d’Agano, où tous les habitants deviennent des animaux une fois à l’âge adulte, part à la recherche d’une de leurs amies, partie à Ikebukuro en empruntant la ligne Seibu Ikebukuro avant le désastre.
La compagnie de train n’est plus la même, passant de JR East à Seibu, mais l’échelle diffère également. Alors que le Shinkansen est un train à grande vitesse parcourant de longues distances à travers l’archipel, la ligne Seibu Ikebukuro est une ligne du quotidien que de nombreux japonais empruntent chaque jour pour se rendre depuis le département de Saitama jusqu’à la capitale. Une grande partie de l’intérêt de Train to the End of the World réside dans le basculement de ce quotidien dans l’inconnu et le bizarre. Une rivière minuscule devient par exemple un cours d’eau bien plus grand que l’Amazone, et chaque épisode présente de la même manière des lieux de tous les jours, du moins pour un certain nombre de japonais, devenus des endroits méconnaissables accueillant des plantes humanoïdes, des champignons humains ou une ville miniaturisée. Le train dirigé par nos héroïnes devient de son côté un foyer reposant, seul espace sûr au sein du monde décadent post 7G : de quoi donner une bonne image à la ligne Seibu qui est peut-être elle aussi un lieu de repos de nombreux japonais rentrant ou allant au travail.
En bref, deux utilisations d’un même objet, le train, qui nous montrent aussi bien la place de choix de ce transport en commun au Japon que sa versatilité, d’éléments du quotidien jusqu’à l’objet d’admiration.