Les contraintes alimentaires au Japon : comment se préparer au préalable et sur place
Si vous vous apprêtez à partir au Japon, plusieurs aspects doivent être pris en compte. On pense notamment aux transports, à l’hébergement, au Wi-Fi et au planning des sorties. Il est possible depuis la France de réserver tous ces services et d’alléger ainsi sa charge mentale. Mais un autre facteur s’ajoute aux personnes suivant un régime alimentaire strict ou ayant des allergies. Nos convictions et/ou notre santé peuvent compliquer le choix d’un plat en restaurant ou un achat en supérette. Qui plus est dans un pays dont on ne maitrise pas la langue. Comment faire comprendre nos besoins spécifiques ? Comment vérifier que nos ramens ne contiennent aucune trace de gluten, de crustacé, de porc, d’arachide, ou encore de lait ?
Les premiers préparatifs avant le voyage
Avant toutes choses, vous devez établir vos limites. Pouvez-vous tolérer des traces d’allergène ? Acceptez-vous de faire une entorse à votre religion ou à votre régime végétal ? Prenez en compte que vous ne serez pas forcément en mesure d’argumenter vos restrictions. Ou que des Japonais attentionnés peuvent mal comprendre vos besoins. Définissez ce que vous pouvez manger en quantité limitée et ce que vous ne consommerez jamais.
Si vous avez des problèmes de santé, préparez vos documents médicaux pour qu’ils soient toujours en votre possession. Par exemple en évidence en accès libre sur votre téléphone, ou en format papier. Ils doivent être traduits en anglais et facilement consultables par les secours si besoin. Scannez votre ordonnance médicale, imprimez votre carte d’allergie alimentaire, emmenez vos médicaments avec leur mode d’emploi, notez les coordonnées de votre médecin traitant, indiquez dans votre répertoire la personne à prévenir en cas d’hospitalisation… Renseignez-vous aussi auprès de vos assurances, de votre mutuelle et de votre banque des soins pouvant être pris en charge à l’étranger et des services de rapatriement. S’il vous arrive une mauvaise surprise, vous et les secours pourrez gérer efficacement votre situation.
Si vous réservez des prestations alimentaires en avance, prévenez de votre situation. Que vous réserviez un ryokan par internet ou que vous passez par une agence de voyages, avertissez les organisateurs de vos spécificités. Vous pouvez opter pour des hôtels, auberges, appartements ou colocs avec des cuisines équipées. Même si vous ne souhaitez pas les utiliser durant votre séjour, ils vous permettront de cuisiner ou de stocker des plats de secours. Pensez à emmener lors de vos déplacements quelques snacks qui vous sont adaptés. Si vous vous aventurez dans un nouveau quartier, vous ne savez pas quelles enseignes vous croiserez sur place. Même si vous pensez y trouver satisfaction, il peut y avoir des fermetures inattendues.
Le rapport des Japonais aux allergènes
Depuis juin 2022, 8 ingrédients sont obligatoirement spécifiés sur tous les produits transformés japonais. Ils sont nommés les 8 allergènes courants 材料8品目. On y compte la crevette えび, le crabe かに, la noix 胡桃 /くるみ, le blé 小麦 / こむぎ, le sarrasin そば, l’oeuf 卵 / たまご, le lait 乳 / ちち et les arachides 落花生 / らっかせい.
Il existe 21 autres allergènes (材料に準ずるもの21品目) dont la mention est seulement recommandée. Sont concernés :
- l’amande, l’ormeau, le calamar, l’œuf de saumon, l’orange, la noix de cajou, le kiwi
- le bœuf, la noix, le sésame, le saumon, le maquereau, le soja, le poulet
- la banane, le porc, le matsutake, la pêche, l’igname, la pomme, la gélatine
Avec ces premiers vocabulaires, vous pouvez déjà cibler des termes/kanji clefs à retenir. Dans le doute, méfiez-vous des combinaisons de kanji. Il peut s’agir de produits laitiers, de beurre de cacahuète, de bouillon de poulet, de germes de soja… En sachant que d’autres aliments peuvent être signalés pour leur présence ou leur trace. Tels que la tomate トマト, l’alcool お酒, la fraise いちご, le wasabi 山葵, le riz 米, la pistache ピスタチオ, le radis 大根, ou encore le chocolat ココア.
N’hésitez pas à présenter le(s) kanji(s) problématique(s) aux serveurs, cuisiniers, aubergistes, vendeurs, pour qu’ils vous aident dans vos choix de repas. Par exemple avec une grande photo des 28 allergènes où vous barrez en rouge les dessins de ceux que vous devez éviter.
Communiquer efficacement
- Je mange halal => Watashi wa halalu ga tabemasu.
- Je mange kasher => Watashi wa koosha ga tabemasu
- Je suis végétarien => Watashi wa béjitaliane desu
- Je suis végan => Watashi wa biiganu desu
- Je suis allergique à … (et à …) => Watashi wa … (to …) alélugui ga alimass.
- Je ne mange pas de… (ni de…) => Watashi wa … (to…) ga tabemasen.
- Avez-vous… (ou…) ? => Anata wa … (ka…) ga alimass ka ?
Il est possible de recourir à d’autres pronoms si vous êtes accompagné :
Il => Kare, elle => kanojo, nous => watashitachi, ils => karera, elles => kanojotachi
Au moindre doute, vous pouvez montrer une photo ou un mot en demandant : Kore wa nane desu ka ?
N’oubliez pas d’ajouter Sumimasène (s’il vous plaît) en début de phrase et de ne jamais pointer du doigt.
Quant aux phrases à trou vous pouvez vous référer au vocabulaire des aliments, des fruits et des légumes de Julien Fontanier. Vous découvrirez que certains mots sont directement repris de l’anglais (miluku, banana, avocado). Quant aux viandes, sa vidéo consacrée aux animaux vous sera d’une grande aide. Vous n’aurez qu’à ajouter après mouton, vache, poule, porc… le terme -niku.
Lire une étiquette
Vous souhaitez consommer ou ramener des aliments transformés (bonbons, snacks, boissons…), mais vous souhaitez savoir leurs composants ? Il est possible par cet article de Japonais Naturel d’apprendre à les déchiffrer. Si vous êtes à l’aise avec la langue japonaise, ce fascicule, créé en mars 2023, par l’Agence de la Consommation vous donnera des précautions alimentaires. En sachant qu’il existe cet autre fascicule, crée à la même date, quant à la communication des entreprises sur leurs produits. Si vous souhaitez consulter d’autres informations sur la sécurité alimentaire, le site internet du Consumer Affairs Agency, Government of Japan (CAAGO) est à votre disposition. Concernant l’étiquetage des produits, le site Marushin Co aide les entreprises à créer des étiquettes conformes. Autres ressources tout aussi fournies : celles de la Japanese Society of Food Allergy. Dont une brochure, supervisée par le Centre de recherche clinique de l’hôpital Sagamihara, adressé aux familles ayant des membres allergiques.
La marque House Foods Group a créé une série de produits ne contenant aucun des allergènes communs © House Foods Group
Se tourner vers les vécus
Nous avons présenté dans la première partie de l’article des musulmans et consommateurs de viande kasher vivant au Japon. Dans notre article sur le végétarisme, des comptes de végétariens/végans ayant déjà voyagé sur le sol nippon ont été partagés. Toutes ces personnes partagent leur vécu et leurs meilleurs conseils alimentaires. Ces derniers pouvant concerner des mesures sanitaires.
Quant aux allergies et intolérances, des blogs japonais s’adressent directement aux estomacs délicats. Tels que nhkomorebi.com , alléco et oka-allergie.com en ce qui concerne le blé. Des bloggeurs proposent sinon des conseils de voyages et des adresses à l’étranger pour les globe-trotteurs concernés par la maladie cœliaque. Tels que Marie sans gluten et Because Gus. Même si vous n’êtes pas directement concernés par ces problèmes de santé, leurs conseils restent précieux quant au décryptage des recettes.
On remarque, dans les témoignages de personnes concernées (directement ou par un proche) par des restrictions volontaires, la volonté de comprendre ce qu’ils consomment au quotidien. Leurs démarches préventives et leurs protestations ne se limitant pas à quelques ingrédients précis. C’est en écoutant les consommateurs aux choix limités et leur volonté de connaître la composition de leurs achats que les marques visibilisent depuis les ingrédients problématiques. Se manifester auprès des restaurateurs leur permet à eux-aussi de prendre conscience que les restrictions alimentaires ne sont pas des cas isolés.
Le quotidien des résidents japonais aux régimes alimentaires stricts s’est facilité au fil des obligations administratives. Les pictogrammes se veulent clairs et sans équivoques. Les kanjis problématiques sont mis en valeur et sont compréhensibles de tous. Les menus indiquent les plats pouvant contenir des traces de viande, poisson, blé, gluten, lait, œuf… Mais les propositions adaptées aux régimes spécifiques restent limitées. Même si des enseignes proposent des menus adaptés à la majorité des régimes alimentaires, ou proposent quelques produits adaptés pour ces consommateurs, les inquiétudes demeurent. Les indications des emballages ne sont pas forcément évidentes quand les allergènes ne se démarquent pas assez des autres aliments. Mais ces avancées vous permettront déjà de voyager au Japon , voire de vous y installer, plus sereinement.