Tokyo Mystery Café – La disparue d’Akiba

Après Onibi (2017) et La fête des ombres (2021), le duo d’artistes Atelier Sentô nous livre cette année une nouvelle bande dessinée qui prend place en plein cœur de la capitale japonaise : Tokyo Mystery Café. Ce premier volume, intitulé La disparue d’Akiba, donne une bonne idée de ce qui attend au lecteur : du mystère, une disparation… une enquête ! Les artistes proposent dans cette nouvelle série une plongée palpitante et pleine de rebondissement dans un des quartiers les plus animés de Tokyo : Akihabara, ou Akiba pour les intimes, entre ses grands buildings et ses petits bouis-bouis, et sa technologie avancée.

Tokyo Mystery Café : un Français perdu dans le dédale des rues tokyoïtes !

©DUPUIS / Atelier Sentô

Jeune homme fraîchement arrivé à Tokyo dans l’espoir de devenir mangaka, Nahel est un Français qui a tout laissé derrière lui pour tenter de réaliser son rêve au Japon. Son premier objectif : intégrer un atelier et faire ses preuves. Lorsqu’il met les pieds à Akihabara, il ne s’attend pas vraiment au destin que lui réserve le pays du Soleil Levant : le jeune homme va intégrer une équipe de détectives privés, malgré lui !

Tout commence lorsque, en pleine nuit, Nahel entend des bruits dans la chambre voisine de celle qu’il occupe. Le propriétaire, l’adorable mais quelque peu mystérieux Monsieur Mirai, lui a pourtant affirmé qu’il était seul dans ce bâtiment. Curieux, Nahel regarde à travers un trou dans le mur et aperçoit une forme féminine qui tourne le regard vers lui… Les choses auraient pu s’arrêter là : Nahel vient tout juste d’arriver au Japon, le vol a été long et fatigant, c’est sa première nuit, il a peut-être tout simplement rêvé. Mais dès le lendemain, d’étranges phénomènes se produisent autour de lui : Monsieur Mirai a un comportement des plus suspects et un homme quelque peu oppressant tente d’entrer en contact avec lui…

Nahel n’a que peu de temps à accorder à cette situation. Il doit d’abord se concentrer sur son objectif : intégrer un atelier. Malheureusement (ou heureusement ?) pour lui, son destin est lié à celui du Mystery Café : seulement quelques heures passées à Tokyo et le voilà déjà embarqué dans une histoire qui le dépasse, où un homme barbu qui ne quitte pas ses lunettes de soleil, un shiba au bandeau vert et une jeune adolescente un peu farouche le prennent sous leurs ailes.

C’est alors le début d’une aventure où se rencontrent les nouvelles technologies dans le dédale des rues d’Akiba.

Tokyo Mystery Café
©DUPUIS / Atelier Sentô

Entre ruelles, courses poursuites et jeux de couleurs

Les personnages de Tokyo Mystery Café
©DUPUIS / Atelier Sentô

On ne vous présente plus le duo d’artistes Atelier Sentô composé de Cécile et Olivier. Nous les avions rencontré une première fois en 2017 pour une interview autour d’Onibi, puis une seconde fois en 2021 pour une nouvelle interview, cette fois-ci autour de La fête des ombres. Ces deux rencontres passionnantes nous ont permis de saisir toute la passion du couple pour le Japon, pays qui se présente à eux comme une source d’inspiration infinie ; ce qui nous permet à nous, lecteurs, de profiter de leur art sur des thèmes variés. En effet, après avoir exploré les campagnes japonaises et les rites avec Onibi, Cécile et Olivier nous ont livré un récit fantastique autour des mythes et croyances du peuple japonais avec La fête des ombres. Cette fois-ci, c’est autour d’une enquête que s’articule le nouveau récit du couple.

Ce premier tome, qui nous laisse espérer de nombreux à venir, présente une esthétique forte qui se veut réaliste tout en étant onirique. Pour le côté réaliste, notons que les lieux du récit existent réellement (Atelier Sentô nous livre d’ailleurs ses aventures de repérage dans le quartier d’Akihabara à l’hiver 2023 en fin d’ouvrage !) et que les inspirations, que ce soit du côté du scénario ou des détails des différentes pages, prennent racine dans la culture japonaise. Quant aux côtés onirique, ce sont ici les illustrations qui se démarquent : elles sont incontestablement la patte artistique de l’Atelier Sentô, et par ricochet la caractéristique première de Tokyo Mystery Café.

Tokyo Mystery Café
©DUPUIS / Atelier Sentô

Attardons-nous quelques instants sur les illustrations que nous propose le duo : travaillées à l’aquarelle, comme à leurs habitudes, on note une utilisation prononcée de certaines couleurs, à certains moments. Prenons l’exemple du bleu-vert. En 2017, Atelier Sentô nous disait que leur couleur préférée était celle-ci, en justifiant : « Qu’elle soit sombre ou claire, cette association de couleurs produit un effet à la fois apaisant et surnaturel. Nous l’utilisons dans de nombreux dessins pour leur donner une touche de magie. » (cf. Interview Onibi). 7 ans plus tard, nous, lecteurs, découvrons avec Tokyo Mystery Café tout le pouvoir de ces jeux de couleurs que maîtrise à la perfection le couple. En attestent ces quelques planches :

©DUPUIS / Atelier Sentô

Du côté du scénario, rien n’est laissé au hasard : le couple a mené son enquête pour se faire une idée du réalisme de son histoire en s’intéressant aux deux sujets principaux de cette enquête, que nous ne dévoilerons pas ici pour ne pas vous gâcher le plaisir de le découvrir par vous-même. Le tout, scénario et illustrations réunis, offre aux lecteurs une œuvre cohérente et prenante, dans laquelle on plonge tête baissée pour connaître la vérité derrière La disparue d’Akiba.

Le rythme est à la fois soutenu et juste : avec ses 68 pages de récit, la bande dessinée nous donne tout ce qu’il faut pour s’attacher aux différents personnages et se questionner sur leurs histoires respectives, tout en découvrant une Akiba entre buildings, souterrains et bouis-bouis dont on veut savoir plus. Le casting est à relever : qu’est-ce qui a bien pu mener « le patron » à ouvrir cette agence de détective privé ? Qui est la jeune Soba et pourquoi l’accompagne t-elle dans ses activités secrètes ? Et Nahel, quel a été son parcours de vie pour se lancer dans la conquête de Tokyo tout seul ? Même si le récit se concentre sur l’intrigue de l’enquête de La disparue d’Akiba, de petits éléments de dialogue dispersés ici et là nous laissent à penser que ces questions trouveront certainement leurs réponses dans de prochains tomes…

Tokyo Mystery Café
©DUPUIS / Atelier Sentô

Véritable coup de cœur, Tokyo Mystery Café est une BD à mettre entre toutes les mains de ceux qui cherchent à vivre une aventure dans la capitale japonaise à la fois originale et palpitante, et ce à travers d’incroyables aquarelles de l’Atelier Sentô. Disponible aux Éditions Dupuis, nous espérons que nous aurons l’occasion de découvrir prochainement les suites des aventures de Nahel dans le tome 2 !

Rokusan

Roxane, passionnée depuis l'enfance par le Japon, j'aime voyager sur l'archipel et en apprendre toujours plus sur sa culture. Je tiens le blog rokusan.fr dédié aux voyages au Japon.

1 réponse

  1. Olivier dit :

    Coup de coeur partagé aussi pour cette BD ! Même si j’ai bien aimé l’intrigue, ce sont surtout les dessins qui m’ont complètement bluffés. La palette limitée des couleurs est très bien choisie, et les « plans » (je ne sais pas trop comment on peut dire en BD ^^ !) sont dignes de photos, du cinéma, avec parfois des dessins qui ont un effet fisheye. J’ai trouvé ça hyper dynamique et très novateur !

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