Gaming Memories X10 – Welcome to SEGA’s Fantasy Zone !

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Captures d’écran prises par JDJ.
Tout autre visuel @SEGA 1985/1986

Bienvenue dans ce dixième Gaming Memories X, ces numéros un peu différents de notre rubrique rétro qui s’attardent plus particulièrement sur un thème, plutôt que sur une série. Cette fois-ci, nous vous invitons à retourner dans la Fantasy Zone de SEGA : à une époque où l’arcade commençait à exploser, la firme au hérisson bleu frappe plusieurs coups immenses : nous allons cette fois vous parler de Space Harrier et Fantasy Zone, qui se déroulent tous les deux dans le même univers !

Space Harrier – The Atomic Runner

En 1985, l’année à laquelle Space Harrier est sorti, SEGA dominait le monde de l’arcade avec des jeux d’apparence simples mais diablement accrocheurs, et surtout des bornes extravagantes mais extrêmement attirantes. Ainsi, après le jeu de course de moto Hang-on en juillet 1985, c’est au tour de Space Harrier de prendre le relais en octobre de la même année. Après la moto sur laquelle les joueurs grimpaient pour simuler une vraie course devant un grand écran, le rail shooter créé par l’éminent Yu SUZUKI sort en deux versions : une classique, et une autre « Deluxe »…

Cette deuxième version est carrément une machine qui bouge et suit les mouvements du joueur. Elle tourne, elle secoue, elle suit les directions du joueur : sensations fortes garanties ! Avec cette prouesse technique, l’éditeur au futur hérisson bleu s’assoit à la fois à la première et deuxième place des jeux d’arcade les plus joués au Japon à ce moment, pour Hang-On et Space Harrier respectivement.

Space Harrier n’est cependant pas à mettre qu’au crédit de SUZUKI uniquement, puisque l’idée originale vient d’un employé de SEGA connu sous le pseudonyme Ida. Celui-ci avait l’idée de base mais dans un thème plus militaire, avec des structures plus réalistes et demandes techniques trop élevées pour la technologie de l’époque – sans parler du budget. Le projet fut initialement refusé, malgré un travail énorme déjà amorcé, avec un beau document de 100 pages expliquant l’intégralité de l’idée, des décors voulus et autres. SUZUKI, de son coté, reprit ce travail et l’allégea pour en faire quelque chose de plus futuriste, avec des inspirations comme Space Cobra pour le design du personnage ou encore Gundam pour certains ennemis.

Il serait donc injuste de ne citer que SUZUKI malgré qu’il ait fait de cette œuvre le phénomène vidéoludique immense qu’elie a été, et qui a inspiré de nombreuses autres personnes. À commencer par Hideki KAMIYA (créateur de Ôkami, Viewtiful Joe ou encore Bayonetta et Devil May Cry) dont c’était LE jeu qui l’a décidé à devenir game designer. Plusieurs suites et projets liés à Space Harrier ont également inclus la présence de Naoto ÔSHIMA (l’un des créateurs de Sonic the Hedgehog et NiGHTS Into Dreams), Kotaro HAYASHIDA (Alex Kidd in Miracle World) ou même Toshihiro NAGOSHI, monsieur Yakuza lui-même !

Pour plus de détails (et si vous avez beaucoup de temps), nous vous invitons à découvrir The History of Space Harrier.

Le 1er niveau du jeu, avec sa technique impressionnante pour l’époque et son extraordinaire thème musical inoubliable !

Welcome to the Fantasy Zone !

Le gameplay de Space Harrier est simplissime. Notre personnage, vu de derrière, avance à toute vitesse vers l’avant, faisant face à des hordes de monstres aux designs tous plus étranges les uns que les autres. Pouvant se déplacer dans toutes les directions sur ce plan de caméra fixe, on peut donc arroser l’écran de boulettes dans toutes les directions pour faire face aux bestioles qui, évidemment, ne vont pas rester en ligne droite bien sagement. Le tir est automatique tant que l’on maintient le bouton assigné, mais il vaut bien mieux le bourriner à toute vitesse pour une plus grande efficacité. Le jeu proposant deux touches pour le tir, marteler avec son index et majeur est totalement autorisé…

Notre personnage ne peut subir qu’un seul dégât avant de perdre une vie. Au contraire des autres jeux d’arcade, la partie continue tout de même tant qu’il y a des pièces – pas de retour en arrière ou de transitions, l’action continue en toute circonstance. Bien entendu, des boss ponctueront la progression à la fin de chaque niveau, dont les décors certes épurés mais fantasmagoriques changeront régulièrement, offrant une vraie impression de progression. Attention cependant aux obstacles ! Le Space Harrier fera aussi régulièrement face à des colonnes, arbres et rochers géants à éviter à tout prix sur le chemin. On dispose de trois vies par crédit.

Le jeu en met plein la vue dès le départ. Même maintenant, presque quarante ans plus tard, on ne peut pas s’empêcher d’au moins lâcher un « wow » en le voyant tourner. Tout est très rapide, aussi bien notre personnage que les monstres. Ca bouge à toute vitesse, les bestioles se rapprochent de l’écran dans un effet de zoom saisissant et au contraire d’un Star Wing auquel il manquait cruellement d’un viseur pour cibler aisément, on sait parfaitement ce que l’on fait. Que l’on coure ou vole, il n’y a aucune situation qui peut nous arrêter et empêcher d’esquiver les boulettes pourtant énormes qui nous sont jetées à la figure.

Cette vitesse impressionnante, cependant, peut également s’avérer être un problème. En effet, le jeu est rapide, trop parfois. Cela n’est pas tant un problème face aux tirs ennemis mais plutôt lorsque qu’il y a des piliers parsemés ici et là sur la route, qu’il faut évidemment esquiver alors que l’on est concentrés sur les ennemis. Perdre une vie parce qu’on s’est pris un mur, ce n’est jamais très classe, mais ça arrive plus d’une fois dans Space Harrier ! De plus, on remarquera assez vite que les boss, aussi impressionnants puissent-ils être avec leurs animations fluides et détaillée, ont souvent le même pattern : esquiver en faisant des cercles en se déplaçant suffit à éviter leurs salves de tirs… reste la vitesse du jeu qui peut mettre des boulettes dans les roues !

Le jeu est composé de 18 stages qui peuvent être terminés en une vingtaine de minutes. Les niveaux parviennent à se différencier avec une ambiances et on se surprend à faire un vrai petit voyage à vitesse grand V, rythmée par seulement deux thèmes musicaux – celui qui tourne à longueur de temps dans le jeu et celui de boss. Aura-t-on le temps de s’attarder dessus au vu de la célérité du soft ? Oui, grâce à quelques courts instants de pause entre chaque niveau, et si la mélodie principale reste en tête, c’est toujours avec plaisir.

Disons que chaque versions tente de faire de son mieux !

Fantasy Zone – Cute’em-up…?

Aux cotés de TwinBee (Konami, mars 1985), Fantasy Zone est l’un des premiers Cute’em-up, un dérivé des Shoot’em-up en version toute mignonne. Loin de l’espace menaçant et des créatures de cauchemar d’un R-Type (Irem) ou Gradius (Konami aussi), tout est mignon, coloré, attirant à l’œil et, dans le cas de notre jeu, dans un style graphique pastel. Celui-ci met en scène Opa-Opa, un petit vaisseau qui doit vaincre des vilains venus causer des problèmes dans son monde.

À la production, on retrouve des noms qui deviendront importants pour la firme, tels que Yuji ISHII, qui produira plusieurs de ses titres phares comme Hang-on, Panzer Dragoon ou encore Sakura Taisen (il est désormais président de Marvelous). Le jeu est sorti le système arcade System-16 qui servira de base pour la future Mega Drive et accueillit plusieurs autres jeux phares de cette époque aussi bien en arcade qu’en salon (Shinobi ou Alien Storm – que de noms déjà évoqués dans la rubrique par le passé !)

Des couleurs et des boulettes en pagaille

Fantasy Zone possède un gameplay très simple mais qui a cependant l’audace de se différencier des autres sortis avant lui. En effet, si d’habitude on avance juste de gauche à droite ou de bas en haut la plupart du temps, les niveaux du soft de SEGA se déroulent comme dans un « tube » : au lieu d’avoir une progression linéaire dans un seul sens, on peut vaquer à notre guise et revenir en arrière, les ennemies apparaissant de toutes parts et à toute hauteur. Faire des allers-retours pour éviter une collisions est ainsi possible, et le niveau ne se termine pas lorsqu’on a atteint un certain point en distance, ennemis détruits ou non. Ici, ce n’est même pas le fait de détruire des ennemis simples qui fera progresser, mais plutôt d’éliminer des sortes de « bases », des ennemis « clés » si l’on peut dire. Disséminés ça et là dans les niveaux, c’est seulement après les avoir détruits qu’apparaît le boss.

Les ennemis de base rapportent des points, bien sûr, et aussi parfois des pièces, tout comme et surtout comme les bases à détruire. Cette monnaie permet au joueur d’acheter des améliorations s’il atteint la boutique qui flotte dans le ciel quelque part sur son chemin. Tir double, plus puissant et rapide tout comme notre petit Opa-Opa, les bonus aident grandement à se débarrasser de la menace – la moindre touchette et c’est une vie de perdue, bien entendu. Là encore, on a un tir automatique en maintenant la touche enfoncée mais la marteler fait tirer plus vite. Trois vies et c’est un crédit de perdu – au contraire de Space Harrier, un game over renvoie à l’écran titre sans laisser de chance de continuer.

Celui-ci porte bien son titre de « Cute’em-up » malgré cela : en effet, tout est juste mignon. Les couleurs pastel et chaleureuses, les ennemis assez peu menaçants qui, pour un certain nombre ne font que voler dans le coin sans attaquer ou encore les mélodies dynamiques, nous sommes bien loin de l’espace menaçant des autres shoot’em-ups. Même les boss sont trop mimi pour être vraiment inquiétant…

Ne vous y trompez pas pour autant : le soft offre son challenge comme tout bon shoot qui se respecte. Du fait qu’il faille surveiller non seulement pas que la droite de l’écran mais toutes les directions, Fantasy Zone s’avère tout de même demander de s’y investir un minimum. Il n’est pas très long, et quiconque saura le maîtriser pourra le terminer en une vingtaine de minutes. Mais d’ici à y arriver, il faudra s’entraîner un peu. Sa maniabilité n’est pas un problème, puisqu’elle réagit très bien et vite, ce qui rend l’expérience très agréable. C’est juste… extrêmement court !

L’intégralité du jeu… ce n’est pas long, mais c’est mignon !

Quand SEGA envahit le monde

La popularité des deux jeux leur valut d’être portés sur les consoles SEGA, et plus particulièrement la Master System et Mega Drive, qui ont probablement les meilleures versions salon de Fantasy Zone et Space Harrier respectivement. Pourtant, le nombre de machines ayant accueilli des portages de ces jeux est hallucinant : à peu près tout ce qui était capable de faire tourner un jeu vidéo pour Space Harrier, à vrai dire, même des machines très inférieures. Et force est de constater qu’à chaque fois, que cela ne soit une version officielle ou réalisée par un éditeur tiers, l’effort est bel et bien là pour donner le meilleur du jeu. Fantasy Zone, bien qu’il ait eu quelques versions en moins, brille intensément sur la 8 bits, tel un portage quasiment parfait à l’échelle de la console pourtant bien moins puissante que son modèle d’origine.

À l’instar d’autres softs déjà évoqués dans la rubrique comme Double Dragon, Splatter House ou Alien Storm et Shinobi, les deux titres brillèrent d’une présence si forte à leur époque que même le concurrent direct, Nintendo, finit par avoir une version de chaque sur sa NES – c’est dire à quel point l’invasion était totale. Cela leur valut également de perdurer dans le temps avec de nombreuses suites jusqu’aux années 2000 passées. On notera également quelques petites références amusantes, comme le thème de Space Harrier repris dans Bayonetta (quand on disait que KAMIYA a été fortement inspiré… !), ou encore dans les Yakuza où ils sont souvent jouables. Il y a même carrément une sous-histoire dans Yakuza 0 où l’hôtesse du Club SEGA local promet à Majima de lui montrer « sa Fantasy Zone personnelle » si le joueur dépasser son hi-score… un teasing très amusant qui laisse sous-entendre quelque chose qui n’arrivera même pas !

Véritables phénomènes permettant de garantir une place de choix à SEGA dans le monde de l’arcade au milieu des années 1980, Space Harrier et Fantasy Zone s’avèrent rester des jeux très divertissants à parcourir même encore maintenant. Même s’ils ont perduré au fil des années avec des suites, c’est toujours le volet d’origine que l’on retient le plus pour chacun. C’est bien là ce qu’on peut appeler des « classiques » de l’arcade, et soyez-en sûrs, Gaming Memories n’a pas encore fini de se pencher sur le sujet !

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