Exposition « À la cour du Prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais » au musée Guimet
Grâce à l’exposition « À la cour du Prince Genji, 1000 ans d’imaginaire japonais » au Musée Guimet (du 22 novembre 2023 au 25 mars 2024), (re)découvrez le roman phare de l’époque Heian, Le Dit du Genji, sur la vie et les intrigues amoureuses du prince Hikaru Genji. Le musée expose pour cette exposition une collection de divers ouvrages ainsi que des œuvres s’inspirant de ce classique de la littérature japonaise.
Le Dit du Genji est le premier ouvrage littéraire rédigé par une femme au monde. Calligraphié au 11ème par la poétesse Murasaki SHIKIBU, il suscite un engouement monstrueux. Genji Monogatari, son nom japonais original, est aujourd’hui considéré comme un classique de la littérature japonaise que tout Japonais doit lire une fois dans sa vie. L’exposition permet de remettre la lumière sur un classique japonais connu dans le monde oriental et le faire mieux connaître à un public occidental.
La poésie à l’époque de Heian
Durant l’époque de Heian (794–1185), la poésie occupe une place importante au sein de la vie de la cour impériale. Divers loisirs rythment la vie au palais comme la littérature et la poésie par exemple.C’est une époque particulièrement riche en production artistique où les réalisations des femmes sont acceptées et valorisées. Un nouveau type d’écriture émerge : la littérature féminine rédigée par des femmes et destinée pour des femmes. Les textes féminins sont écrits en kana contrairement aux textes masculins en caractères chinois, les kanji. Les femmes de la noblesse de cour possédaient chacune un salon, avec des dames de compagnie qui mettaient en exergue l’éducation, la connaissance, la littérature, qui pouvaient être en concurrence.
Murasaki Shikibu (973-1014) l’une des 36 poétesses éternelles
Murasaki Shikibu est une femme de la cour, qui suite au décès de son époux, devient une des dames de compagnie de l’impératrice Shoshi. Au sein de cette cour, l’autrice déniche de multiples inspirations lui permettant de rédiger son roman. Murasaki Shikibu est une autrice tellement reconnue qu’elle faisait partie des 36 poétesses éternelles du Japon. En plus du Genji Monogatari, elle se consacre à l’écriture de divers ouvrages : journal de sa vie, recueil de poésies…
L’histoire du Dit du Genji
L’écrivaine compose l’histoire du prince impérial Hikaru Genji et de ses successeurs sur 54 livres que l’on peut découper en 2 parties : la vie du prince Hikaru Genji (livres 1 à 41) et la celle de son fils illégitime Kaoru (livres 42 à 54). L’histoire fictive des 54 livres, s’inscrivant dans l’époque de Heian, s’étale sur 75 ans avec plus de 500 personnages. On y trouve une alternance de waka qui sont des poèmes de 31 syllabes et des illustrations peintes. Hikaru Genji ne peut accéder au trône. Le prince est retiré de ses fonctions à ses trois ans car deux avenirs lui sont prédits. Soit il devient empereur et le pays deviendra chaos, soit il devient ministre et le pays deviendra lumière. L’Empereur, son père, lui enlève le droit de devenir empereur et le nomme Genji, c’est-à-dire un homme qui peut exercer des charges politiques mais pas impériales.
Le roman s’appuie essentiellement sur les intrigues amoureuses de ce dernier et on y trouve une réflexion sur l’amour polygame qui tend à présenter les normes de la société de l’époque. Le tout premier roman psychologique du monde apporte donc une source pour mieux connaître les traditions. Au sein des textes et des illustrations variés se trouve la représentation de la vie de la cour de Heian avec les différents jeux, fêtes, concours de lectures et de danses qu’ils pouvaient célébrer. On observe aussi un cadre géographique et architecturale qui équivaut aux caractéristiques de leur siècle.
Pour plus d’informations sur le Dit du Genji, rendez-vous sur notre article dédié à l’édition Diane de Selliers de Le Dit du Genji.
L’organisation de l’exposition
La première partie de l’exposition présente diverses poétesses avec les différentes représentations de leurs activités afin de présenter le contexte social de l’époque. La suite raconte aux visiteurs l’histoire du roman illustré sur divers objets comme des tentures, des laques, des éventails et des paravents notamment.
Le Dit du Genji a beaucoup inspiré divers types d’arts qui continue aujourd’hui son prolongement artistique. Le roman ouvre une voie de créativité exceptionnelle de par ses multiples productions : estampes, kimonos, peintures, objets précieux. Tous ses objets proviennent de collections françaises et japonaises qui ont su voyager au sein de collections royales importantes, comme celle de Marie-Antoinette. À travers les différentes représentations du Dit du Genji on apprend le contexte social de l’époque, les coutumes de parfumerie, les scènes d’ateliers… Le Dit du Genji influence la production du manga : Asaki yume mishi (Le Dit du Genji) de Waki Yama.
La visite se poursuit par les 4 immenses rouleaux textiles de Itaro YAMAGUCHI (1901-2007) illustrant le Dit du Genji. Ses quatre somptueuses œuvres, mesurant plus de 30 mètres de long chacun, sont des rouleaux réalisés en s’inspirant de ceux de l’époque de Heian. L’histoire de ses quatre rouleaux va y être présenté à travers textes et vidéos de l’artiste. Ces 4 rouleaux est le point culminant de la visite car ils ne seront peut-être jamais plus représenté au public. En effet, il s’agit de la première fois que ces 4 rouleaux sont montrés ensemble. Ne ratez pas l’œuvre unique de la vie du maître tisseur.
Nous espérons qu’à travers cet article, vous aurez davantage envie de découvrir l’exposition et d’en apprendre plus sur l’histoire du Dit du Genji et sur ses diverses représentations. Nous vous conseillons également de vous procurer le catalogue d’exposition édité par les éditions Gallimard. Si vous souhaitez en apprendre plus sur ce classique de la littérature japonaise, nous vous conseillons de (re)lire notre article sur : Le Dit du Genji avec La Petite Collection de Diane de Selliers.
Excellente invitation-preparation à une visite.