Les femmes au Japon : puissance et secrets, de Lafcadio Hearn
Les tous premiers mots qui nous viennent à l’esprit lorsque nous parlons de femmes japonaises sont kawaii, belles, douces, et tous autres adjectifs se basant essentiellement sur le physique. Ce phénomène de dénomination international ne surgit pas de nulle part : l’évolution de la vision des femmes s’explique notamment par la figure majeure de la geisha, qui est une figure phare de la beauté féminine jusqu’à en devenir la norme idéale. Lafcadio Hearn, nous livre au sein de son ouvrage Les femmes au Japon : puissance et secrets une analyse de la puissance des femmes du 19e en lien avec leur beauté et leur statut.
Lafcadio Hearn / Yakumo Koizumi (1850-1904), l’écrivain à la double nationalité
Lafcadio HEARN (1850-1904) est un auteur irlandais qui, dans les quinze dernières années de sa vie, vint à s’intéresser au pays du Soleil Levant où il y découvre un sentiment d’émerveillement et de fascination.
Lafcadio Hearn, irlandais de naissance, perd ses parents très jeune et est élevé par sa tante à Dublin. Durant sa jeunesse, il voyage à Londres et à Paris, et c’est à 19 ans qu’il finit par s’installer à New York. Lors de son séjour aux États-Unis, en 1869 par le biais de son métier de journaliste, il rencontre l’ambassadeur du Japon qui lui conte la culture japonaise. Cette rencontre va développer chez lui un intérêt très marqué pour la culture liée aux histoires traditionnelles de fantômes et de créatures surnaturelles du pays.
De 1869 à 1890, Lafcadio continue à rédiger de nombreux textes journalistes sur des cultures qui le passionne (États-Unis, Martinique…). Son ami, l’ambassadeur du Japon, le recontacte en 1890, et lui offre un emploi de journaliste pour la presse anglophone à Yokohama. Il va ainsi acquérir la double nationalité, suite au mariage avec la fille d’un samouraï, Setsuko KOIZUMI. Lafcadio Hearn obtient la citoyenneté japonaise et prend le pseudonyme Yakumo KOIZUMI. Durant toutes ses années, il s’intéresse à la culture japonaise et aux rites bouddhiques. Il est considéré comme l’un des pionniers qui valorise la culture du Japon par ses écrits. Par le biais de ses écrits, il va s’intéresser à différentes sujets touchant le pays du Soleil Levant et tout ses articles vont être lu par l’Europe et l’Amérique. Ses travaux vont avoir un but éducatif et vont influencer l’intérêt croissant des étrangers pour cette culture.
De nombreux ouvrages lui sont attribués comme Le Roman de la Voie Lactée, La Lumière vient de l’Orient. Essais de psychologie japonaise, Voyage au pays des dieux. Fêtes religieuses et coutumes japonaises…
Les femmes au Japon : puissance et secrets
Résumé : « Infiniment discrète, sensuelle et raffinée, la femme japonaise telle qu’on la représente fascine. Mais ne vous méprenez pas, au-delà de sa réserve et de sa grâce, son ardeur, sa ténacité et sa force de caractère se révèlent…Découvrez le quotidien des femmes du Japon à la fin du 19e siècle. Passez derrière les paravents : dans cette société qui semble les cantonner au foyer familial, vous croiserez en fait les destins de femmes ordinaires ou hors du commun – geisha ou femme du peuple, épouse trahie ou amante passionnée – femmes éprises de liberté. Femmes du Japon – Puissance et secrets nous plonge au cœur des valeurs, des coutumes, de la sagesse et de l’imaginaire japonais à travers sept textes choisis de Lafcadio Hearn illustrés par les plus grands maîtres de l’estampe. »
L’ouvrage Femme du Japon, puissance et secrets s’intéresse aux femmes du 19e afin d’expliquer leurs comportements et l’impact qu’elles ont pu avoir sur les générations suivantes. Le livre se compose de 6 chapitres thématiques, précédé d’une mise en contexte du statut des femmes à l’époque. Tous les propos de l’auteur, traduit par des spécialistes, sont appuyés par des estampes mettant en scène des représentations de femmes dans diverses contextes. Le livre, paru en avril 2023 aux Éditions Synchroniques, a été assemblé par 7 chapitres écrits par l’auteur et qui ont été choisi par les traducteurs (Leon Raynal, Joseph de Smet et Marc Logé) eux-mêmes afin de raconter le rôle des femmes. Il s’agit d’un travail complexe de sélections de textes dans le but de créer un corpus cohérent et avec une vraie ligne directrice.
Dans cette plongée dans le monde des femmes japonaises, l’auteur nous emmène à la découverte des coutumes et des valeurs des différentes femmes du 19e, qu’elles soient des geishas, des courtisanes, des paysannes ou des nobles. Ce texte veut déconstruire les stéréotypes que l’on pourrait avoir des femmes japonaise à partir du 19e. En effet, lorsque l’on pense à une Japonaise, on a tout de suite une image d’idéale (beauté, caractère), d’une femme mignonne, qui est obéissante et qui dépend des hommes. Mais la réalité n’est pas si simple et Lafcadio Hearn nous livre ici un aperçu des différents statuts des femmes, qui peuvent se rapprocher ou s’éloigner des stéréotypes.
Les 7 chapitres expriment chacun une idée précise du rôle des femmes dans la société. Chaque femme présentée et décrite possède un message à faire passer. Les Éditions Synchroniques ont privilégié une approche féministe du sujet, en abordant des thèmes d’indépendance et d’influences.
Le chapitre 1 intitulé « À propos de l’éternel féminin », est un texte traduit par Marc Logé issu de La Lumière vient de l’Orient. Essais de psychologie japonaise, qui explique que cet idéal féminin n’existe pas et a été surtout attribué aux femmes geisha. Hearn explique dans ce chapitre que la vision japonaise des femmes en mise en relation avec la vision plus occidentale du rôle des femmes. Dans les prochains chapitres, les traducteurs ont choisi de raconter l’histoire de femme au destin différent. L’histoire d’Haru, une femme au foyer est expliqué au sein du chapitre 2, traduit par Léon Raynal. Il y décrit une femme « parfaite », selon les japonais(es), qui s’occuperait de son foyer et dévouerait sa vie à son mari. On peut également avoir le point de vue des danseuses, des geishas dans les chapitres 3 et 5, qui elles vont incarner le canon de beauté tout en mettant en avant d’autres valeurs et pratiques acquises lors de leur enfance et leur adolescence. Au travers du cas d’une geisha on comprend que le canon esthétique ne fait pas tout. En effet, une fois leur carrière terminée, les geishas se doivent, d’incarner jusqu’à la fin de leur vie, une figure d’autorité intellectuel aussi bien sur le plan musical, sur le plan divertissement (danse, jeu de go…).
D’autres cas de figures vont être aborder au sein de l’ouvrage. Si vous voulez en découvrir plus sur l’histoire d’Haru, sur l’histoire de Kimiko, une danseuse qui veut suivre son propre destin, tout en repoussant les avances d’un homme qu’elle connaît.
L’ouvrage comme énoncé précédemment est mise en valeur par les illustrations des grands maîtres de l’estampe. Chaque estampe illustre à la perfection les propos de l’auteur. Néanmoins, lors du chapitre 4 sur les chevelures de femmes, il aurait été intéressant de trouver des représentations de coiffures de femmes sur des estampes ou des croquis, afin de comprendre plus facilement leurs formes.
Très accessible, l’ouvrage s’adresse au grand public désireux d’en connaître plus sur les conditions des femmes du 19e. Ce livre de 215 pages est un ouvrage à offrir ou à s’offrir pour se plonger dans une analyse socio-culturel qui étudie le rôle des femmes au Japon, idéal pour aborder une nouvelle approche sur le Japon.
Et vous comment percevez vous les femmes japonaises ?