Une visite au parc Ghibli : s’évader dans le monde onirique de Miyazaki, Takahata et tous les autres
A l’occasion de la sortie dans les salles françaises du nouveau film d’Hayao MIYAZAKI (Le garçon et le héron) et de la publication aux éditions Sarbacanne de son roman graphique Le voyage de Shuna, Journal du Japon vous dévoile sa récente visite du parc Ghibli. Pour mieux vous faire découvrir le charme de ce lieu et faire rêver tous les fans du studio, nous nous y sommes rendus avec appareil photographique à la main…
Un havre de verdure à moins d’une heure en transports de la gare de Nagoya
C’est près de Nagoya et plus précisément dans le parc Moricoro, sur le site de l’Exposition Universelle de 2005, que le parc Ghibli a ouvert ses portes le premier novembre de l’année dernière. Par un heureux hasard, alors que celui-ci fête aujourd’hui sa première année d’existence, les Français vont pouvoir dès à présent découvrir deux œuvres du maître des studio : Le garçon et le héron et Le voyage de Shuna ! A noter qu’en ce premier novembre une nouvelle aire du parc ouvre également, celle consacrée au village de Princesse Mononoke…
Tout à la fois parc et musée, ce lieu de promenade et de découverte occupe à présent 7 hectares des 200 qui composent le parc Moricoro. Comptez environ trois heures de trajet depuis Tôkyô (où se trouve depuis 2001 le magnifique musée Ghibli, dans le quartier de Mitaka). Trois quart d’heures depuis la gare de Nagoya, avec une demie-heure de métro (ligne Tôyama) puis un quart d’heure en Linimo, un train automatique à sustentation magnétique, initialement construit pour desservir l’Exposition Universelle d’Aichi. Arrêt : « Ai.Chikyuhaku kinen kôen ». Qu’il soit aux couleurs de la mascotte Moricoro ou du parc Ghibli, le Limino est très amusant à prendre et constitue une merveilleuse transition entre la ville de Nagoya et l’univers de Ghibli !
Le parc est ouvert du mercredi au lundi, de 10h à 17h en semaine et de 9h à 17h les week-ends et les jours fériés. Le nombre de visiteurs par heure étant soigneusement régulé, les billets sont à acheter à l’avance (un a trois mois d’attente environ) et sont mis en ligne tous les 10 du mois à 10h (heure japonaise). Premiers arrivés, premiers servis, nous conseillons de réserver les billets dès l’ouverture des ventes, afin de choisir un créneau situé dans la matinée et de profiter ainsi pleinement d’une journée entière dans le parc ! D’autant plus que, contrairement au musée de Tôkyô, les photographies sont autorisées dans la plupart des endroits, ce qui peut rallonger d’autant la visite.
Après avoir traversé le grand portail, nous entrons dans l’enceinte du parc. Notons que les billets d’entrée ne sont à présenter qu’une fois arrivé devant les aires spécifiques et de nombreux endroits peuvent ainsi être traversés et découverts gratuitement. C’est le cas de ce gigantesque ascenseur et escalier dont l’architecture n’est pas sans rappeler celle du Château ambulant.
Seishun no Oka : La colline de la Jeunesse
Commençons notre visite par la première aire du parc, dont le billet est combiné avec celui du Grand entrepôt (adultes : 3000 yens en semaine, 3500 le week-end et jours fériés / enfants 1500 yens en semaine et 1750 le week-end et jours fériés).
© Nina Le Flohic
Sur le thème de Si tu Tends l’Oreille et du Royaume des Chats, ce petit espace est constitué d’une reproduction grandeur nature de la maison qui sert de décor à Si tu Tends l’Oreille, avec l’atelier de luthier en bas, le salon, la cuisine, etc. Dans le salon, première pièce en entrant, la magnifique horloge de l’antiquaire sonne toute les heures : une minute de pur enchantement où s’ouvrent les volets, découvrant les différentes animations avec un mécanisme fascinant.
Cette maison est néanmoins l’un des rares espaces où les photographies ne sont pas acceptées.
Comme dans toutes les reproductions du parc, tout est agencé à la perfection et regorge d’une myriade de détails. Le frigo de la cuisine, les meubles, les pots : tout peut se toucher, s’ouvrir et cache de nombreux clins d’œil à l’œuvre originale.
© Nina Le Flohic
L’atelier de confection des luths, auquel nous accédons en descendant un charmant petit escalier, contient des centaines d’outils ; nous pouvons y admirer les différentes étapes de confection avec plusieurs instruments en cours de fabrication, tandis que des copeaux de bois jonchent le sol pour mieux nous plonger dans la réalité de la scène. Une porte donne sur un petit balcon : postés ici, nous pouvons admirer la vue sur le parc et nous laisser bercer par le calme enchanteur des lieux.
A gauche de la maison se trouve par ailleurs une reproduction de la petite maison du baron (Le royaume des chats). Haute d’un mètre / un mètre cinquante environ, elle permet de se retrouver dans la position de Haru et nous pouvons regarder à l’intérieur grâce aux fenêtres (qui s’ouvrent entièrement, se ferment, ou se dérobent à l’aide des volets !). Véritable maison de poupée qui recèle mille et un détails, nous pouvons laisser notre regard se balader à sa guise dans tous les recoins…
En repartant de cet espace, nous traversons une tunnel qui passe sous la maison : le fameux tunnel de pierres précieuses que les fans ne manqueront pas de reconnaître.
Giburi Daikôzô : Le Grand entrepôt
Le Grand entrepôt est un immense espace couvert : tout à la fois musée, salle de jeux pour enfants, espace cinématographique et plongée dans l’univers des différents films Ghibli. Il y a, dans ce gigantesque bâtiment qui accueillait auparavant une piscine olympique, une multitude d’espaces à visiter dans l’ordre que l’on souhaite et de la manière qui nous convient le mieux. Ici encore des détails sont à découvrir dans chaque recoin, dans chaque allée qui mène d’un espace à un autre… A l’image de l’ascenseur central qui est une copie de celui qu’emprunte Chihiro (Le voyage de Chihiro)…
Nous dénombrons une dizaine de grandes zones, qui se rejoignent toutes par des portes dérobées, des tunnels, des passerelles, des escaliers tortueux ou des ascenseurs féeriques. Nous oublions ainsi bien vite que nous nous trouvons dans un gigantesque entrepôt au toit en verre pour mieux plonger dans l’ambiance des films.
Le premier espace que nous visitons est une sorte de garage, une grande salle sombre ou sont déposés méli-mélo des dizaines de décors et d’objets qui ont servi pour des expositions temporaires. Dans ces coulisses du studio se côtoient par exemple reproduction du château ambulant, de Ponyo et du Baron, aux côtés d’un gigantesque chat-bus ou d’un décor de Princesse Mononoké.
Nous continuons ensuite notre onirique voyage avec une immersion dans l’univers d’Arrietty et du monde des petits chapardeurs. Un espace grandeur nature où la chambre d’Arrietty est à notre taille et les plantes gigantesques… Même la grille où elle se glisse, le morceau de sucre et le message de l’héroïne sont reproduits : de quoi ravir tous les aficionados de ce dessin animé !
Avant d’arriver au bureau de Yubaba, nous passons par un lieu qui n’appartient à aucun film en particulier, mais qui est plutôt le reflet de l’ambiance des Ghibli en général : bienvenue dans le quartier sud (minami machi) ! Dans l’atmosphère d’une vieille ruelle, s’alignent des devantures de bouquinistes, de restaurants, de boutiques, etc. Lieu de repos avec ses nombreux bancs, cet espace offre un temps de pause et de découvertes qui laisse notre imagination voguer à sa guise. Affiches sur les murs, panneaux, distributeurs automatiques de souvenirs, titres de livres présentés dans la librairie : il a y une multitude de choses à regarder, devant quoi s’émerveiller ! L’ambiance générale du lieu évoque en particulier Le voyage de Chihiro.
Nous arrivons enfin au bureau de Yubaba, après être montés par l’ascenseur qui apparaît dans le même film. Logé dans une alcôve circulaire, nous pouvons observer la scène, reproduite dans les moindres détails, durant laquelle Yubaba signe le contrat de Chihiro.
Dans le Grand entrepôt se trouve également un cinéma, dans lequel nous pouvons voir le court métrage du mois, tout comme cela se faisait déjà au musée de Mitaka. Dix courts-métrages visibles uniquement en ces deux lieux sont diffusés d’un mois sur l’autre. Le ticket d’entrée du parc donne l’accès à une séance dans la journée. A l’entrée de la salle de cinéma, nous sommes accueillis par un bien étrange personnage, qui ressemble fort au contrôleur du train de Galaxie express 999 (Reiji MATSUMOTO).
Les dix courts-métrages projetés sont les suivants :
Boro la chenille, La chasse au trésor, M. Pâte et la princesse oeuf, Les souris sumo, Le jour où j’ai acheté une étoile, Mon Mon l’araignée d’eau, La chasse au logement, Mei et le chaton-bus, La grande excursion de Koro, La chasse à la baleine.
Nous continuons ensuite notre visite avec les robots du Château dans le ciel : une alcôve où les visiteurs se retrouvent face-à-face avec deux des robots, enchâssés dans la nature. La reproduction des mousses, des racines, des fleurs et de la roche est si réelle que l’on a l’impression de ressentir l’humidité du lieu… et nous ne serions nullement étonnés si oiseaux et papillons apparaissaient pour mieux venir se poser sur les épaules des géants.
Un espace muséal sur les différents films du studio nous attend alors. Nous passons devant un Totoro debout derrière un bar, un chat-bus dans lequel il est possible d’entrer et de s’asseoir, des fauteuils à l’effigie du chat-bus et de Totoro, des murs recouverts d’affiches de films et des chronologies qui retracent l’histoire de l’aventure Ghibli…
La suite de l’exposition, où les photographies ne sont malheureusement pas autorisées, est a priori temporaire. Lorsque nous nous y sommes rendus, celle-ci concernait les cuisines dans la filmographie de Ghibli… Des dizaines de cuisines (celle de Mei et Satsuki, le bar où les parents de Chihiro se retrouvent transformés en cochons, etc.). Non seulement tout est reproduit à l’identique, mais ces cuisines recèlent des milliers d’objets réels rangés dans les tiroirs, frigos et autres placards que nous pouvons ouvrir à notre guise. Les enfants sont émerveillés…et les adultes (qui retombent instantanément en enfance) aussi !! Même les marmites et casseroles sont à ouvrir et des reproduction de plats nous y attendent sagement.
A propos des enfants, pour qui certaines parties de l’entrepôt peuvent paraître ennuyantes, deux grandes salles les attendent à l’étage, avec des jeux à leur hauteur et un chat-bus géant en patchwork, dont la peluche est évidemment à retrouver à la boutique.
Enfin, une dernière salle est entièrement dédiée à la prise des plus beaux portraits dans vos films préférés ! La queue est généralement longue pour y entrer, mais de nombreux points sont disponibles et il est possible de repartir avec de jolies photographies en compagnie des tanuki de Pompoko, de Marnie (Les souvenirs de Marnie) ou du Sans-visage, sans y passer trop de temps !
Avant de ressortir, une boutique-souvenirs nous attend forcément, avec des goodies en tout genre qui vont du pin’s aux trois coussins des têtes vertes présentes dans Le voyage de Chihiro.
Dondoko no Mori : La forêt de Dondoko
La forêt de Dondoko se visite avec un ticket séparé, au tarif unique de 1000 yens pour les adultes et 500 yens pour les enfants. Légèrement éloignée de l’entrée et du Grand entrepôt, le trajet peut se faire à pieds ou avec le bus (gratuit) mis à disposition. Le nom de cette zone provient de la danse que Mei et Satsuki interprètent dans Mon voisin Totoro. Nous y trouvons entre autres une reproduction complète de la maison des deux filles, une sorte d’observatoire en forme de Totoro géant dans lequel les enfants (jusqu’au collège) peuvent entrer; Ainsi que des petits kiosques où se trouvent des o-mamori que l’on ne peut se procurer qu’ici. Cet espace est centré sur la nature et plongé dans une belle forêt parsemée de chemins et de passerelles en bois.
L’attraction principale de cette aire du parc reste sans conteste la maison de Mei et Satsuki. Construite initialement en 2005 dans le cadre de l’Exposition Universelle, cette maison est un pur bonheur pour tout amoureux du film Mon voisin Totoro, des vieux objets et des maisons traditionnelles japonaises ! Le réalisme qui s’en dégage est si frappant que l’on s’attendrait à voir surgir des Makkuro Kurosuke (les Noiraudes en français) du moindre recoin, ou entendre la voix de Mei s’échapper du couloir.
A l’entrée, nous retirons nos chaussures, comme si nous entrions dans une véritable demeure. La famille de Mei et Satsuki devient alors notre hôte. Chaque tiroir, chaque meuble et chaque boîte recèle des dizaines d’objets et de trésors, que nous pouvons regarder sous tous les angles (en les laissant évidemment à leur place). Le parc régule bien le nombre d’entrées, de sorte qu’il n’y ait jamais trop de monde en même temps à l’intérieur de cette petite maison, et que chacun puisse en profiter, avec l’impression d’y être chez soi. Avec un peu de coordination, il est tout à fait possible de se retrouver seul dans l’une des pièces, le temps de la découvrir.
Pour celles et ceux qui connaissent bien le film, c’est un régal que d’essayer de retrouver tous les objets représentatifs, comme le cartable de Mei ou bien le chapeau du père, rangé dans un tiroir !
Le bureau, qui regorge de livres et d’objets liés aux études du père, la cuisine avec sa pompe à eau que l’on peut actionner et la salle à tatami sont peut-être les endroits les plus fascinants…
Saurez-vous par ailleurs retrouver la preuve du passage du petit Totoro, sur les marches de l’escalier qui mène au grenier ?
© Nina Le Flohic
© Nina Le Flohic
© Nina Le Flohic
© Nina Le Flohic
© Nina Le Flohic
Une fois sortis de la maison, les yeux encore plein d’étoiles, nous suivons les panneaux vers le Dondoko-dô, où se trouve le grand Totoro représentatif du parc.
Pour y accéder, le sentier débouche face à un…monorail automatique ! Après une simple vérification de nos billets, nous pouvons entrer dans ce petit engin à la frontière de l’ascenseur et du train, qui permet de monter en douceur la pente menant au sommet.
Outre le Totoro, nous apercevons en haut une petite échoppe qui vend des o-mamori Ghibli, trouvables nulle part ailleurs (sur le thème de Princesse Mononoke, Le voyage de Chihiro et Le château ambulant). Son sommet est orné d’un jolie girouette !
Les alentours du parc : un lieu de promenade empli de clins d’œil aux films Ghibli.
Composé d’aires payantes bien distinctes, le parc Ghibli se fond dans l’espace qui l’entoure et le vaste parc Moricoro contient de nombreuses traces des films, dont les visiteurs peuvent profiter.
Il y a tout d’abord la porte de Tôrô. Située entre le Grand entrepôt et l’entrée de la forêt de Dondoko, cette grande porte rouge est celle d’une ancienne auberge située au cœur de la ville de Nagoya, qui a été déplacée et restaurée ici. Faisant écho au film Le voyage de Chihiro, une reproduction de la statue qui accueille la fillette à l’entrée du tunnel a été installée derrière la porte. Des bancs et tables abrités, avec un air de Japon ancien et mystérieux, finissent de conférer à ce lieu un aspect aussi onirique qu’utile pour faire une petite pause tout en restant dans le thème !
A quinze endroits du parc ont également été déposés des « objets » liés au studios, incitant ainsi les fans à parcourir les lieux à leur recherche ! Nous avons trouvé le chapeau de Mei et son épi de maïs oubliés sur un banc (qui nous a offert un petit arrêt bien mérité !)
Saurez-vous traverser la forêt et arpenter les sentiers pour retrouver les quatorze autres objets oubliés par les héroïnes et héros de Miyazaki et ses collègues ?
Il est également prévu qu’une aire de jeu gratuite faisant écho au film Le royaume des chats ouvre à côté du Village de Mononoke (qui, rappelons-le, ouvre ses portes aujourd’hui même !).
Enfin, une boutique dédiée aux goodies du studio, un café-restaurant spécialisé et un konbini qui vend lui aussi de nombreux produits dérivés Ghibli, sont accessibles à tous les promeneurs vers l’entrée du parc (depuis la gare du Limino) !
Parc à thème bien différent des Disneyland ou des parcs d’Universal studio, le Parc Ghibli a su rester dans le ton de ses films. Ici, vous ne trouverez nulle attraction avec acteurs costumés, nul manège à sensations (ni les files avec plusieurs heures d’attente qui les accompagnent), mais plutôt des reproduction de décors, d’univers et de personnages qui vous amèneront à vous plonger dans votre propre imaginaire. Construit dans un parc où la nature domine, sa construction n’a apparemment pas nécessité la coupe d’un seul arbre, répondant en cela au message respectueux de la nature et du vivant que la plupart des films du studio transmettent.
Une visite à ne pas manquer lors de votre prochain voyage au Japon !
Site officiel du parc Ghibli : https://ghibli-park.jp/en/
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