Journal du Japon poursuit ses rencontres avec des Français installés au Japon pour vous faire découvrir leur univers. Rencontre aujourd’hui avec Jonathan Rossazza qui a créé la belle galerie d’art Night Out en plein cœur de Harajuku à Tokyo !
C’est dans une pièce lumineuse aux beaux volumes et aux murs blancs, située en plein cœur de Harajuku, quartier branché parsemé de lieux consacrés à l’art, au design et à la mode, que nous avons rencontré Jonathan Rossazza.
Après des années à fréquenter les galeries, puis à en louer pour organiser des expositions, il ouvre enfin son propre lieu dans ce bel espace de 60 mètres carrés à deux pas d’Omotesando.
N’hésitez pas à y faire un tour si vous allez à Tokyo, vous y découvrirez de jeunes talents impressionnants et des œuvres aux styles variés qui à coup sûr vous surprendront et vous fascineront !
Journal du Japon : Bonjour Jonathan et merci pour votre temps. Tout d’abord : pourquoi le Japon ? Une passion née dans l’enfance, venue plus tard, par quel biais ?
Jonathan Rossazza
Jonathan Rossazza : Étant né en 1982, j’ai grandi avec les dessins animés japonais que je regardais chaque semaine à la télévision. Je m’attachais aux personnages et découvrais un nouvel univers très différent des dessins animés français.
La musique des dessins animés a également été un élément important. Je ne ratais jamais les génériques chantés dans cette langue si particulière qu’est le japonais. Nicky Larson a joué un rôle important car j’ai découvert la musique jazz à travers les différents épisodes.
En y repensant, cela a beaucoup éveillé ma curiosité musicale (j’ai commencé à collectionner les disques vinyles à l’âge de 12 ans et je suis devenu DJ à partir de ce moment-là).
Comment est née ta passion pour l’art contemporain et en particulier l’art contemporain japonais ?
Étant amateur de rap, la culture hip hop a été une révélation vers mes 10 ans. J’ai ainsi découvert dans un premier temps le graffiti américain.
Dans un deuxième temps, vers 1998, en allant acheter des disques chaque week-end à Paris, j’ai été confronté à l’art de rue. C’était le début du street art en France et chaque semaine, Invader, André Saraiva, l’Atlas ou encore Zevs, peignaient de nouvelles œuvres dans les rues.
Finalement, arrivé au Japon en 2009, j’ai découvert les Art Toys (Kaws chez Original Fake, Futura 2000, Bape…) et j’ai commencé à m’intéresser à la scène urbaine locale et, petit à petit, je me suis mis à fréquenter quelques galeries (Nanzuka, Target…).
En 2018, je commençais à fréquenter les galeries chaque week-end et j’ai commencé à collectionner activement des artistes japonais.
Tu as ouvert ta propre galerie. Peux-tu nous raconter ton parcours pour arriver jusque là. Est-ce que c’est difficile de se faire une place à Tokyo où les galeries sont nombreuses ?
Je sors en vernissage chaque week-end depuis maintenant cinq ans. J’ai rencontré un grand nombre d’artistes japonais et je collectionne leurs œuvres. J’ai ainsi créé une relation de confiance avec eux. Début 2021, j’ai organisé ma première exposition : c’était un group show avec 7 artistes japonais et français basés à Tokyo. Ce fut un beau succès.
J’ai ensuite décidé de continuer à organiser des expositions dans des galeries que je louais.
J’ai donc exposé des artistes japonais en 2021 et 2022, et j’ouvrais finalement ma propre galerie en novembre 2022. C’est un bel espace de 60 mètres carrés à Harajuku, dans le quartier des galeries.
Sayuri TSUBOYAMA exposée à la galerie du 24 juin au 9 juillet 2023
Il y a beaucoup de galeries à Tokyo et la concurrence est rude car pas mal de galeristes sont sur le même créneau que moi : les jeunes artistes.
Il faut donc dénicher de jeunes talents avant les autres, c’est un vrai challenge.
Quel est le premier artiste que tu as exposé ?
Pour l’ouverture de Night Out Gallery en novembre 2022, le premier artiste fut Joji NAKAMURA, un artiste peignant des portraits féminins. Je l’ai découvert à Tsutaya Daikanyama et ce fut tout de suite le coup de cœur. J’ai acheté une petite œuvre : un visage abstrait sur fond bleu clair, une merveille.
Je l’ai contacté, nous nous sommes rencontrés et le courant est super bien passé. Nous sommes restés en contact et je lui ai proposé d’exposer pour l’ouverture de ma galerie. Il a accepté immédiatement.
Œuvre de Joji Nakamura
Peux-tu nous parler de tes derniers coups de cœur artistiques ?
En ce moment, je me concentre surtout sur les jeunes artistes japonais et sur les français basés à Tokyo : Jeremy YAMAMURA et Geoffrey BOUILLOT dont j’ai connu les débuts et qui essaient récemment de nouveaux styles. C’est très intéressant de suivre l’évolution d’un artiste et de voir tout ce qu’il peut accomplir tant au niveau de la réalisation qu’au niveau de la créativité.