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Japan Expo 2023 : nos retours sur ces 4 jours !

Un an après son grand retour, le plus grand salon d’Europe dédié au Japon, sa culture et ses loisirs était de nouveau prêt à accueillir le public. La pandémie était en effet derrière nous, et les invités japonais de nouveau présents pour cette 22e édition au Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte. Avec une fréquentation exacte encore inconnue, que retenir de cette Japan Expo 2023 ? Nos rédacteurs sur place vous livrent leurs impressions dans ce bilan !

Image de UNE sur la 22e édition de Japan Expo 2023

Charlène : un salon en demi-teinte

Bien que le salon soit revenu à sa meilleure proposition, suite à la reprise de l’an dernier, je ne peux m’empêcher d’avoir été un petit peu déçue. L’an dernier il était normal, deux ans après le Covid, de voir des invités japonais peu présents. Mais cette année je m’attendais à davantage de ce côté. On peut saluer néanmoins le retour de Tsukasa HÔJO qui aura su plaire aux fans, d’autant qu’une super exposition lui rendait honneur… on peut en revanche trouver à redire sur un autre retour, celui de Ken AKAMATSU : un auteur reconnu pour ses shônen de rom-com mais à la carrière politique et aux idées qui dérangent. Japan Expo a également invité une fois de plus Yoshiki qui a pu présenter son nouveau poulain, le groupe XY, et on a aussi eu la possibilité de rencontrer un groupe d’idol les Sakurazaka46.

Finalement, côté japonais, en dehors de Vicke Blancka et du secteur de la japanime qui fut mis en avant, nous avions souvent des invités ou groupes déjà vus sur le salon. On imagine à quel point cela doit être compliqué de faire venir des auteurs ou des artistes japonais, mais le problème se posait déjà avant le covid, comme en 2016 où le salon mettait l’accent sur la French Touch… Fautes d’invités japonais ou signe avant-coureur d’un basculement éditorial pour le salon ? À suivre…

Côté stand en revanche, les éditeurs mangas ont redonné un coup de boost puisque Crunchyroll a continué sur sa lancée de l’an dernier ; le quartier Manga a vu le jour grâce à Mangas.io et une collaboration avec les petits éditeurs ainsi qu’à des partenaires et sponsors comme Rakuten. De son côté, Ki-oon a continué son fameux Ki-oon World et ses activités, et Pika ainsi que Kana ont renouvelé l’expérience des stands dédiés à certaines de leurs séries : L’Attaque des Titans pour Pika en reprenant certains photocalls présents à Angoulême, ou encore Saint Seiya pour Kana en réutilisant là aussi le stand créé pour Angoulême.

Ankama a également vu les choses en grand cette année en proposant tout un coin dédié à Radiant qui fêtait ses dix ans d’existence, mais aussi autour de leur dernier jeu et d’autres titres de leur label. Les éditeurs continuent donc d’offrir toujours plus d’animation et de choses à voir aux personnes venant sur le salon. Et c’est vrai que l’on apprécie l’effort ! Un effort pas toujours récompensé : on ne reviendra pas sur les différents vols subis par certains éditeurs durant le salon, indiquant par là que la sécurité à Japan Expo ce n’est pas vraiment bien rôdée…

https://twitter.com/japanexpo/status/1682031151815467008

L’autre grosse déception durant ce salon, c’est le coin jeu vidéo. Il était particulièrement pauvre par rapport aux années précédentes : pas de stand Square Enix (ni de stand de goodies dédié d’ailleurs), pas de stand Final Fantasy (alors qu’un nouvel opus est en approche), pas de stand Ubisoft… Seul Nintendo était bien là avec différents focus : l’un sur le dernier Zelda, un autre sur le dernier Pikmin, un autre sur Smash Bros Ultimate et, enfin, un autre sur le dernier Pokémon et un autre sur divers jeux sortis récemment ou à venir en mode démo ! Il y avait également un coin tournoi tout au long du salon avec Hoyoverse le producteur de Genshin Impact, qui offrait à son public divers goodies et l’essai de leur dernier jeu à date : Honkai Star Rail. N’oublions pas pour finir quelques jeux rétro mis en place par des associations… mais autant dire que côté jeu vidéo, on restait clairement sur sa faim !

Pour le reste Japan Expo reste fidèle à lui-même : un coin amateur assez étoffé même si on avait un peu l’impression qu’on leur avait donné moins de visibilité que les années d’avant (pas de mur par exemple pour séparer les stands des autres), un coin amateur semi-pro plutôt bien fourni et séparé en deux, un coin tourisme toujours aussi égal à lui-même, un coin culturel qui semblait un peu plus fourni que les autres années peut-être, un coin cosplay, le coin sport et bien sûr les différentes scènes ! De toute manière, on ne peut jamais tout voir à Japan Expo, à vous de regarder le planning et le plan et de vous faire votre propre Japan Expo !

En bref, un peu en demi-teinte avec un manque d’invités japonais et surtout d’invités japonais inédits et un coin jeu vidéo bien maigre à mes yeux mais les stands éditeurs valaient à nouveau le détour et le salon avait une fois de plus pas mal à offrir, contrebalançant les absences. On a donc bien envie de voir ce que vaudra l’édition 2024 : on vous dit à l’année prochaine !

Tatiana : un salon qui se repense

Après l’enthousiasme de la reprise des événements l’année dernière, après deux années de COVID, comment allait se passer cette nouvelle édition de JAPAN EXPO, après cet « effet renouveau » ?

Cette édition a pu décevoir côté invité. Si des grands noms se sont déplacés (Tsukasa HÔJÖ, Yoshiki, Sakurazaka46) on sent malgré tout une certaine frilosité… car désormais venir du Japon est un luxe. Paradoxalement, c’était une occasion en or de rencontrer des artistes sans trop de foule comme Masaaki NINOMIYA (Gannibal), Shu SAKURATANI (Coq de baston) ou le maître de l’ero guro Suehiro MARUO. Beaucoup d’éditeurs ont préféré mettre l’accent sur des invités français avec un grand nombre de mangaka du cru. Une bonne chose pour faire connaître les talents locaux.

Les éditeurs manga se sont démenés pour offrir des stands qui ne soient plus que des magasins… en proposant des activités, des cadeaux, des photocalls, etc. Les expositions étaient aussi de très bonne qualité, souvent propices à un peu de calme dans le tumulte du festival. Le quartier manga présenté par manga IO a été une excellente idée pour regrouper des petits éditeurs aux titres de qualités. Le manga food alimenté par le Kintaro group aura là aussi été une des très bonne initiative de ce salon, à saluer. C’est bien la première fois que j’ai pu manger assise dans le calme à Japan Expo !

©Tatiana Chedebois pour Journal du Japon

Côté musique, la scène Tsubame est un peu loin de tout au fond du hall 5, MAIS, elle est aussi plus agréable que l’année dernière. Sans doute un bon compromis avec la scène Karasu, qui nous manque toujours. Les grands concerts étaient en salle Ichigo ou Yuzu. Vicke blanka a mis le feu malgré la configuration peu propice aux concerts. La scène Sakura a elle aussi rempli son office cette année. YOSHIKI en invité de dernière minute a ramené dans ses bagages son nouveau boy’s band XY pour la plus grande joie du public. Si les noms annoncés à cette édition n’ont pas vraiment fait l’unanimité, les spectateurs ont passé un agréable moment au final, avec des styles très différents.

Le retour de la culture pop plus large que le Japon (Amazing, avec notamment la Corée) montre que le salon vise plus loin à l’avenir. Le webtoon coréen et même l’émergence des anime chinois ne peuvent visiblement plus être ignorés. Si le Japon se repose sur ses acquis, le reste de l’Asie bouge et n’attendra pas une énième validation pour prendre des parts de marchés.

En quatre jours, il était impossible de tout voir, tout tester, tout écouter. JAPAN EXPO n’est plus un magasin à ciel ouvert depuis de nombreuses années : si vous êtes curieux et ne restez pas coincé dans le hall 6 ! Cette nouvelle édition n’a pas été la plus exceptionnelle du côté des invités – et le nombre de vols semble avoir été important. Cependant elle a été riche en rencontres. Finalement, j’ai passé un excellent moment, mes jambes ont tenu les quatre jours… je leur en suis reconnaissante ! Rendez-vous l’année prochaine pour un nouveau marathon !

Olivier : une édition parfois intéressante… parfois seulement

Après avoir connu des Japan Expo avec tout le staff de Cowboy Bebop, ou encore avec Yoshiyuki SADAMOTO, difficile de trouver cette édition exceptionnelle. Covid ou coût du transport, quelle qu’en soit la raison, cette année était assez terne en terme d’invités exclusifs ou inédits. Ken AKAMATSU est déjà venu en 2015 et Tsukasa HÔJÔ en 2010.

Cependant AKAMATSU était ici présent en tant qu’homme politique, et la dernière visite d’HÔJÔ remonte à plus de 10 ans c’était donc une belle opportunité de (re)voir ces deux auteurs. Le créateur de Love Hina a participé à la conférence « Le manga, soft power et enjeu international » très intéressante, où le débat était réellement ouvert sur des sujets sensibles (Lolicon bonjour !). Le père du City Hunter avait lui aussi droit à une très belle conférence sur sa personne et une exposition sur sa carrière qui méritait amplement la visite !

©Tatiana Chedebois pour Journal du Japon

C’est indéniable et cela va de pair avec le marché du manga, mais il est bon de rappeler que les stands éditeurs sont de plus en plus mis en avant et de plus en plus grands. Il est loin le temps où un stand se limitait à un simple carré de vente de livres. Désormais les stands de gros éditeurs proposent nécessairement des infrastructures parfois gigantesques (comme le superbe stand Crunchyroll de l’année précédente) et des stands annexes dédiés aux animations. Cette année c’est d’ailleurs le Quartier Manga qui a pris la relève de Crunchyroll en terme d’emplacement et d’ambiance de village rural. Des espaces richement décorés qui apportent un atout non négligeable au salon. Japan Expo peut remercier ces éditeurs de créer d’aussi beaux lieux.

Enfin une note en demi-teinte pour l’espace Wabi Sabi. Si celui-ci n’a fait que croitre d’année en année, le visiteur de l’édition 2022 pourrait être déçu : quasiment pas de nouveauté sur les stands. Le corner des artisans stagne donc cette année, et  nous avons même noté de plus en plus de calligraphes qui proposent d’écrire votre nom ou celui d’un perso de manga pour quelques euros. Bien qu’il soit compréhensible qu’il soit difficile d’être rentable en vendant des céramiques ou bijoux à plusieurs centaines d’euros, avoir autant de stands de calligraphes a quelque chose de décevant.

Léo, le (presque) nouveau !

Mes collègues ayant déjà dit l’essentiel, je vais me contenter de quelques petits détails pour conclure. C’est la deuxième fois que je viens à Japan Expo et l’organisation demeure toujours aussi impressionnante avec une gestion des files d’attente à l’entrée assez bien maitrisée. En revanche, j’ai relevé deux bémols qui n’ont pas changé par rapport à l’année dernière. Primo la vente des billets uniquement en ligne peut s’avérer embêtante pour ceux qui préfèrent les acheter sur place dans un souci de simplicité (ou par défaut d’internet, ça arrive !). Mettre en place quelques guichets ne serait donc pas de refus. Deuxièmement, les files attentes dans certains stands de nourriture sont mal indiquées, dommage. Au-delà de ces petits « ratés », je me réjouis que la convention soit une des rares dans son genre en France à mettre le manga et la culture traditionnelle sur un même pied d’égalité.

Le pavillon culture a été très bien représenté et les animations, comme les magnifiques chants issus d’Okinawa ou les danses des groupes de yosakoï, nous ont rappelé que le Japon ne se résume pas qu’à la culture manga. Japan Expo a aussi offert une dimension plus importante au pavillon tourisme en permettant à plusieurs villes et préfectures du Japon d’être mises en lumière. La convention peut toujours faire mieux sur le côté traditionnel mais il y a beaucoup de positif à retenir !

©Léo Thomas pour Journal du Japon

Un salon en mutation ?

S’il y a autant de Japan Expo différentes que de visiteurs, c’est donc bien un manque d’invités japonais de marque, ceux des blockbusters du moment et surtout d’artistes inédits qui s’est fait ressentir, tout comme un secteur jeu vidéo assez maigre et des secteurs japanime ou j-music loin de leurs heures de gloire, même s’ils ne déméritaient pas. Sur le plan de la culture traditionnelle le résultat est en demi-teinte mais nous y reviendrons avec comme chaque année un article dédié à l’espace Wabi Sabi, début août. Côté manga on pouvait tout de même faire de belles rencontres – avec des auteurs plus méconnus mais pas dénués de talent – en déambulant au cœur des stands éditeurs qui ne cessent de se développer et de s’éloigner de leur ancienne image de machine à cash. Mais la place des auteurs français, coréens et d’autre pays du monde peut interroger sur l’orientation éditoriale du salon, alors que le Japon semble plus que jamais vouloir déployer le soft power de sa culture pop. Mais les invités sont-ils encore, finalement, l’alpha et l’oméga du salon ? En effet rarement on a pu recenser autant d’animations, d’exposition et de conférences intéressantes… sans oublier l’avalanche de goodies inédits ! Beaucoup d’amateurs et de communautés avaient eux aussi fait le déplacement pour faire de Japan Expo un rendez-vous entre fans de la culture japonaise.

En bref, on peut donc souligner une mutation de Japan Expo, au sein de sa composition, de ses invités, ses gigas stands et de l’expérience offerte au visiteur… Ainsi, si Japan Expo 2023 est en demi-teinte, faut-il dire : c’était mieux avant ou ce sera mieux après ? Difficile à dire, rendez-vous donc en 2024 pour comprendre comment le salon évolue, du haut de ces « 23 ans » !

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