La peur s’invite à la maison : 4 mangas d’horreur pour frissonner cet été !
Avec un été à venir qui promet de grosses chaleurs, quoi de mieux qu’un brin de peur glaciale pour se rafraichir ? Journal du Japon vous propose, dans cette sélection de 4 mangas d’horreur, 4 auteurs différents pour trouver celui qui vous fera le plus frissonner sous le soleil ardent qui nous attend. Êtes-vous plutôt sensible à l’humour de Shintaro KAGO, au grotesque de Suehiro MARUO, à l’angoisse de Minetaro MOCHIZUKI, ou à l’absurde de Junji ITO ?
Villes et infrastructure – Shintaro Kago – Imho
Synopsis : « Dans ce nouveau recueil de nouvelles faisant partie du même triptyque que Ibutsu konnyû (Seirin Kogeisha) et Une collision accidentelle sur le chemin de l’école peut-elle donner lieu à un baiser ? (disponible chez IMHO) , Shintaro Kago brille une fois de plus par sa déclinaison unique de l’absurde et du grotesque au service de son humour décalé. Si l’auteur s’amuse de nos éclats de rire ou de nos sursauts de dégoût, il ne manque pas de pointer du doigt les travers de nos sociétés, sans jamais se départir de son esprit railleur. »
Dernière œuvre publiée en France de Shintaro Kago, Villes et infrastructure est un recueil d’histoires courtes, majoritairement de 4 pages chacune, qui mettent en scène des protagonistes quelconques s’inscrivant dans une continuité pleine de sarcasmes : la vie en société et son lot d’absurdité. Entre la théorie du complot autour de la mode qui n’aurait pour but que d’abrutir les hommes en leur faisant baisser le regard sur les jupes des femmes, le concours de la meilleure « défénestration artistique assistée », et la croyance en un lien surnaturel entre sa dentition et les bâtiments du quartier, l’auteur ironise, caricature, et tourne en dérision les phénomènes sociétaux et les convictions de monsieur Tout-le-monde. Un recueil d’œuvres anti-sociales qui arrivent à ouvrir à la critique et questionner le lecteur en seulement 4 pages.
Réputé pour son humour noir et la logique absurde de ses histoires, Shintaro Kago nous livre ici un savoureux condensé de son savoir-faire si caractéristique. Si l’horreur n’est pas présente de par une intrigue qui ferait monter l’angoisse chez les personnages (et donc chez le lecteur), elle se matérialise ici par ses illustrations gores et grotesques, à la manière d’un Junji Ito pour les familiers du nom. Villes et infrastructure, paru le 12 mai dernier, est un excellent titre pour découvrir l’auteur et se familiariser avec son style.
Villes et infrastructure est un recueil d’histoires courtes en 1 seul tome au prix de 18 euros chez Imho. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Paraiso – Suehiro Maruo – Casterman
Synopsis : « Dans les ruines fumantes du Japon vaincu de 1945, un orphelinat catholique, dirigé par un curé déviant, sombre dans la folie et la violence ; des enfants des rues survivent sous l’occupation américaine et sont les victimes des perversions d’adultes déchus ; une femme qui a tout perdu dans les bombardements erre dans la nuit, témoin hagard et monstrueux des vices qui fleurissent sur les décombres. En Europe, pendant la Seconde Guerre mondiale, à l’approche de la mort, un prêtre déporté à Auschwitz se remémore son apostolat à Nagasaki au Japon ; témoin silencieux de son martyre, un autre prisonnier est guidé vers la grâce au beau milieu de l’horreur. »
C’est dans un décor d’après-guerre que nous plonge Suehiro Maruo dans son œuvre Paraiso ; un décor différent de ses œuvres phares telles que Tomino la maudite ou La Jeune fille aux camélias, mais toujours avec ce sujet de fond qui semble tout particulier à l’auteur : la maltraitance des enfants. Des orphelins victimes des atrocités des plus grands, livrés à eux-mêmes, qui doivent apprendre à souffrir en silence sous les coups de leurs bourreaux. Dans ce recueil d’histoires courtes Paraiso, l’on suit le quotidien de ces orphelins d’après-guerre, dans un Japon sous l’occupation américaine, en parallèle de la survie d’un curé en Pologne, dans le malheureusement célèbre camp d’Auschwitz.
Grand nom du genre ero guro (érotique grotesque), Suehiro Maruo n’est pas un auteur qui plait à tous. Ses œuvres ne se mettent pas entre les mains du grand public, puisqu’elles sont réputées pour choquer même les amateurs du genre. Pour autant, si certains de ses titres ne sont pas accessibles à tous, d’autres se présentent comme plus abordables, notamment ses œuvres les plus récentes, laissant penser à un assagissement de l’auteur avec l’âge, comme nous en parlions dans notre article Le Maruo nouveau est arrivé publié en 2014. Paraiso fait parti de ces dernières : hormis quelques illustrations dérangeantes, voire choquantes, l’œuvre se focalise davantage sur la psychologie de ses différents personnages, oscillant entre résilience, persévérance, et détermination à s’en sortir.
Paraiso est un recueil d’histoires courtes en 1 seul tome au prix de 18 euros chez Casterman paru le 18 janvier 2023. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
La dame de la chambre close – Minetaro Mochizuki – Glénat
Synopsis : « Qu’arrive-t-il à Hiroshi ? Pourquoi a-t-il fallu qu’il ouvre la porte de son studio cette nuit-là ? Qui est donc cette grande femme au visage ovale et à l’imperméable lugubre qui sonne des heures durant au palier de son voisin mystérieusement absent ? De quel droit se permet-elle de s’inviter chez lui, d’utiliser son propre téléphone ? Hiroshi ne veut pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Il veut simplement réussir à avouer ses sentiments à Rumi, cette fille tellement mignonne qui partage les mêmes cours que lui. Et qu’importe si cette grande dame continue de le harceler. Il finira bien par trouver un moyen de s’en débarrasser. Il n’est pas trop tard. Si ?… Une envoûtante histoire, pleine de charme et de mystère, racontée en un volume unique. »
One shot d’un peu plus de 220 pages, La dame de la chambre close se lit à un rythme vif et intense tant l’histoire d’Hiroshi est intrigante et angoissante. Ce jeune homme, qui découvre les premiers sentiments amoureux, est relativement bien dans sa peau. Il a des amis proches, qu’il connait depuis son plus jeune âge, des vues sur une fille qui le fascine par son sourire, et son propre studio, le rendant indépendant. Une situation des plus classiques pour un jeune étudiant de son âge, qui profite de sa vie sans se prendre la tête. Mais voilà qu’un soir, une jeune femme sonne chez son voisin de manière insistante, ne semblant pas vouloir comprendre que si personne n’ouvre, c’est qu’il n’y a certainement personne. Elle cherche un fameux Yamamoto, un collègue de fac d’Hiroshi qu’il ne connait pas plus que ça. La rencontre entre cette grande femme aux cheveux et visage longs et Hiroshi marque le début d’une relation des plus glauques.
Publié au Japon en 1993, La dame de la chambre close est le deuxième titre de Minetaro Mochizuki, grâce auquel l’auteur obtient la reconnaissance de ses pairs. Édité une première fois en 2004, Glénat nous propose cette année une nouvelle édition de ce grand classique du manga d’horreur en format 14,5×21 cm, avec les premières pages en couleurs, sorti le 19 avril 2023. L’occasion de (re)découvrir un auteur qui circule beaucoup sur la toile française depuis 2017, notamment pour son œuvre Tokyo Kaido que nous avions analysé cette même année, et sa présence au Festival d’Angoulême en 2019 où nous avions pu l’interviewer.
La dame de la chambre close est un one shot au prix de 10,95 euros chez Glénat Manga. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Zone Fantôme T.2 – Junji Ito – Mangetsu
Synopsis : « Un père obsédé par la poussière vit avec son enfant et deux femmes de ménage chargées de repousser inlassablement ce « démon noir », un jeune étudiant décide de retourner dans son village d’enfance et y découvre des maisons abandonnées remplies d’étranges machines et peuplées de personnages fantomatiques, la fratrie Hikizuri convainc une jeune femme de séjourner sous son toit pour déchiffrer le mal qui la hante, un marais envahi de tortues possédées par les âmes de villageois morts lors d’une terrible inondation… »
Si nous avions débuté notre précédente sélection de mangas d’horreur pour Halloween avec le premier volet de Zone Fantôme de Junji Ito, nous cloturons cette seconde sélection avec la suite du titre : Zone Fantôme Tome 2, sorti le 3 mai dernier. S’il n’est en rien une suite directe du tome 1, puisque toutes les histoires sont indépendantes les unes des autres, il s’inscrit dans la même ligne éditoriale que son prédécesseur, à savoir : proposer un recueil des 4 histoires courtes les plus récentes de l’auteur, parues au Japon à l’hiver 2022. Dans ce second volume, Junji Ito nous propose de rencontrer 2 familles bien particulières, l’une victime de la tyrannie d’un père obsédé par la poussière, et l’autre composée de personnages plus étranges et décalés les uns que les autres. Il nous emmène également au fin fond d’une vallée, dans un village où tous les habitants semblent avoir disparu, puis au bord d’un marais réputé pour être maudit. Des histoires qui, dis comme ça, semblent classiques… mais penser cela serait mal connaître l’auteur.
Enfin, dans les notes de l’ouvrage écrites par l’auteur, Junji Ito exprime sa difficulté à se sentir inspiré. Il ironise sur le fait qu’il se « contente » d’un simple évènement de sa vie, complètement anodin, pour imaginer toute une histoire, plus ou moins longue, mais toujours glauque. Difficile alors de compatir avec l’auteur : pour nous, lecteurs, le talent est toujours là, et le plaisir de découvrir ces intrigues lugubres ne diminue pas. L’on pourrait même dire que savoir que leurs origines sont si « simples » vient creuser le fossé entre celui qui créé et celui qui en profite, puisque nous n’avons pas tous cette capacité à faire d’un évènement quelconque un récit qui fonctionne.
Zone Fantôme Tome 2 est un recueil de 4 histoires courtes au prix de 19,95 euros chez Mangetsu. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
En attendant les prochaines sorties de mangas d’horreur pour vous concocter une nouvelle sélection, n’hésitez pas à vous lancer dans l’un de ces ouvrages et, si le coup de cœur y est, à prolonger vos lectures dans les grandes bibliographies dont ces différents auteurs jouissent… N’hésitez pas à nous proposer vos titres favoris en commentaire pour partager vos découvertes de cet été !