Les animaux, stars du Japon – Épisode n°1 : Un pays chat-leureux
Le pays du Soleil Levant passionne et intrigue. En visitant le Japon, il y a de fortes chances pour que vous croisiez certains animaux mythologiques décorer les commerces, les temples et les maisons. Depuis plusieurs siècles, la mythologie japonaise nous présente des animaux avec une histoire si riche qu’ils sont devenus des symboles légendaires, sacrés, ou emblématiques du pays.
Nous allons explorer la symbolique cachée derrière plusieurs animaux emblématiques du Japon, mais aussi leur présence actuelle dans la culture nippone.
Le Japon est un pays vraiment chat-rmant. Objet de nombreuses superstitions à travers le monde, le chat ne fait pas exception au Japon. Nous verrons ici, outre les jeux de mots avec les chats, l’histoire riche et symbolique de cet animal mystérieux et élégant communément appelé neko.
Le Maneki-neko : le porte bonheur japonais
Une statuette aux origines foudroyantes
Tout d’abord, vous devez sans doute connaître l’une des stars du folklore japonais : le Maneki-neko (ou Lucky Cat). Ce chat à la patte levée qui attire la richesse et la chance.
L’histoire de ce célèbre chat débute à l’ère Edo (1600-1868). Il était considéré par le gouvernement Meiji comme un porte-bonheur très apprécié du pays. D’ailleurs, la hauteur de sa patte permet de reconnaître les époques, celle-ci s’élève de plus en plus vers le ciel pour plus de puissance. Chaque patte apporte une croyance différente : par exemple si la patte gauche est levée, elle attire les clients, tandis que la patte droite attire plutôt l’argent.
Le Maneki-Neko vient du verbe maneku qui signifie « inviter » en japonais et du nom neko qui veut dire « chat ». Contrairement à ce que nous pensons en occident, ce chat ne nous salue pas, il s’agit d’un chat qui invite à nous suivre !
L’histoire d’un homme chanceux
Il existe plusieurs croyances sur les origines de ce porte-bonheur. L’explication la plus connue est l’histoire d’un homme qui s’abrita sous un arbre pendant une tempête. Il vit un chat à l’entrée d’un temple lui faisant signe avec sa patte. L’homme l’interpréta comme une invitation à entrer. Une fois à l’abri dans ce temple, l’arbre sous lequel il s’était abrité fut frappé par la foudre. Il comprit que ce chat lui avait sauvé la vie. Ainsi, la main qui l’appelait est devenue un symbole de chance.
Le Maneki-Neko est souvent blanc et doré. Ce chat blanc est symbole de pureté et de joie. Toutefois il existe d’autres couleurs, qui apportent chacune de nombreuses vertus. Le chat noir fait fuir les mauvais esprits, les personnes mal intentionnées et les maladies. Puis le chat rouge apporte la santé et la protection. Le rose inspire l’amour au sein du couple tandis que le jaune/doré amène la richesse. Le dernier, le vert, est réservé aux élèves, car il invite à la réussite scolaire.
Le Maneki-Neko aujourd’hui
Très populaire dans le folklore japonais, ce chat a traversé les époques jusqu’à avoir sa propre journée qui lui est dédiée : le 29 septembre. Cette statuette en céramique se retrouve aussi bien à l’entrée de différents établissements commerciaux comme des boutiques ou des restaurants que dans les maisons.
D’ailleurs, il apparaît aussi dans plusieurs temples. Le plus connu est le temple bouddhiste de la légende, dédié à ces Maneki-Neko appelé Gotokuji au sud-ouest de la ville de Tokyo. Dans ce temple, se trouvent une centaine de ces statues de différentes tailles. Il existe un second sanctuaire dédiée à nos amis les félins : le sanctuaire Imado Jinja, à quelques minutes du quartier Asakusa.
Le Maneki Neko a inspiré de nombreux mangas, personnages de fiction et jeux vidéo au Japon. Nous retrouvons notamment Hello Kitty, le pokémon Miaouss et la célèbre mascotte du chat samouraï Hikonyan.
Finalement, ce chat blanc conserve une place importante dans la culture japonaise, il est un bel exemple de lien entre les traditions du passé et la société actuelle.
À quelle race de chat appartient ce porte bonheur ?
Ce petit chat est inspiré du bobtail japonais, une race de félins à queue courte et enroulée sur elle-même. Cette origine de race féline provient d’une légende bien particulière. Durant l’ère Edo, alors qu’il se réchauffait au coin du feu, un chat se brûla la queue par mégarde. Pris de panique, devant son appendice qui s’enflammait le chat s’enfuit dans la ville et propagea le feu à toutes les habitations. Suite à cette catastrophe, l’Empereur du Japon prit la décision de faire couper la queue de tous les chats afin que cet incident ne se reproduise plus jamais.
Le Bakeneko, le concurrent maléfique
Le maneki-neko possède un alter-ego maléfique qui est aussi célèbre dans l’archipel. Le bakeneko est un yôkai (esprit du folklore japonais), qui ressemble à un chat avec une longue queue. Ce « chat-monstre » possède plusieurs pouvoirs : il peut marcher sur deux pattes, parler, se transformer et même ressusciter les morts. Dans le pire des cas, ce chat pourrait aussi tuer son maître pour prendre le contrôle du foyer.
Des origines envahissantes
À l’instar du Maneki-Neko, ce chat maléfique est né sous Edo, lorsque que les chats permettaient de chasser les souris et ainsi protéger les soies dans l’industrie du textile. Cette superstition a eu plusieurs répercussions. La première correspond à celle de couper la queue des chatons pour que ces derniers ne se transforment pas en yôkai en grandissant. Une caractéristique qui est à l’origine de la mode des chats à queue courte, vu précédemment et appelés bobtail au XVIIe siècle. La seconde incite à ne jamais laisser un chat s’approcher d’un mort, sous peine que ce dernier se ressuscite.
Est ce que votre chat peut devenir un Bakeneko ?
Vous n’allez peut-être pas apprécier de voir votre chat se transformer en Bakeneko et vous dévorer, ce qui est compréhensible. Gare à vous si votre chat répond aux trois critères à respecter :
– avoir au moins 13 ans
– peser plus de 3,5 kg
– posséder une queue très longue…
Un yokai populaire dans l’art nippon
Le Bakeneko demeure une figure incontournable dans l’art nippon. Cette superstition vieille de plusieurs siècles est encore très présente aujourd’hui. Il est représenté dans de nombreuses œuvres telles que les pièces du théâtre kabuki, les illustrations de Toriyama SEKIEN, les peintures de Utagawa Kunisada, ou encore les dessins de Yosa BUSON. Nous le retrouvons aussi dans l’univers de la pop sous avons l’apparition du Nekomata dans Final Fantasy, du Pokémon Mentali, du chat Kuro dans la série Blue Exorcist ou le manga Bakemonogatari dont l’une des héroïnes est possédée par un Bakeneko.
Le Bakeneko Matsuri de Kagurazaka
Organisé tous les ans depuis 2010 dans le quartier de Kagurazaka à Tokyo à la fin d’octobre, le Bakeneko Matsuri célèbre ce chat-monstre à travers des danses, des snacks et des costumes en son honneur. Le Bakeneko Matsuri est un festival à ne pas manquer pour les amoureux des chats.
Le neko, la star actuelle du Japon
Des îles chat’rmantes
La popularité des chats japonais va bien au-delà des superstitions et des mythologies. Le chat est une vraie star au Japon. Ce pays abrite de nombreuses îles touristiques dédiées aux chats. Par exemple, l’île de Tashiro-jima, plus connue sous le nom de l’île aux chats, compte plus de chats que d’habitants.
Cette ville était à l’origine habitée par des pêcheurs qui anticipaient la météo grâce aux comportements des chats. Ce n’est pas le seul endroit où les chats ont une place de roi : une autre île existe également au nord de Fukuoka : l’île Ainoshima, ce qui signifie le paradis des chats. Plus de 150 chats vivent là-bas pour seulement 500 habitants.
@https://www.jrailpass.com/blog/fr/ile-aux-chats-tashirojima
La naissance du bar à chats
C’est en 2004, à Osaka, que des amoureux des chats ont décidé de créer un bar à chat. Ce concept original permet d’accueillir des chats dans un bar afin qu’ils puissent interagir avec la clientèle. Il existe plusieurs Neko Cafés à Tokyo, notamment dans les quartiers fréquentés de la capitale japonaise, tels que Shibuya ou Shinjuku.
Les chats japonais populaires :
Le Ginza cat
Ginza est le quartier chic de Tokyo, très populaire pour le shopping haut de gamme. À la sortie du métro, vous aurez peut-être la chance de rencontrer un chat sur une pancarte avec un joli collier. Ce chat est devenu un véritable phénomène pour les Japonais qui se ruent autour de ce félin pour le prendre en photo. Un bel exemple qui illustre bien l’admiration des Japonais pour les chats.
Tama, la chatte superchef de la gare
Née en 1999, cette chatte est malheureusement décédée en 2015, à 16 ans. Cette adorable matou est connue dans tout le pays pour avoir été chef de la gare de Kishi. La gare était en déficit financier et menaçait de fermer. En 2006, c’était la fin : l’entreprise locale Wakayama Electric Railway était à court d’idées. C’est dans ce contexte qu’est venue cette solution atypique : nommer la chatte Tama cheffe de gare en 2007 dans le but d’attirer des passagers. Elle avait pour tâche principale d’accueillir les voyageurs. Le succès fut immédiat !
Durant plusieurs années, cette ligne de train gagna en popularité grâce à elle. Sa popularité était tellement grande que ces obsèques rassemblèrent plus de 3000 personnes ; elle reçut le titre de chef de gare perpétuel et un temple fut construit en son honneur.
Les références à ne pas manquer
Les incontournables dans l’animation japonaise
Il existe une multitude de personnages chat dans les animes, nous pourrions aussi vous citer Artémis, Luna et Diana de Sailor Moon, le fameux Miaouss de Pokémon ou même encore Happy et Carla dans Fairy Tail. Nous vous citons ici quelques une de nos préférences :
Le Royaume des Chats
Difficile d’évoquer des références japonaises sur les chats sans commencer par l’histoire envoûtante du film d’animation japonaise Le Royaume des Chats du studio Ghibli réalisé par Hiroyuki MORITA en 2002.
Chi, une vie de chat
Ce manga raconte l’histoire du petit chat Chi, recueilli par une famille. Nous suivons son évolution à travers plusieurs épisodes mettant en scène des moments marquants de sa vie de chat. Très populaire et connu des fans de manga, y compris en France aux éditions Glénat, Chi retranscrit une histoire pleine de douceur, de chamailleries et de bêtises.
Jiji, kiki la petite sorcière
Jiji est sans doute l’un des chat les plus populaires de l’animation japonaise. Ce petit chat noir accompagne tout au long de son périple de la jeune sorcière Kiki. Kiki la petite sorcière est le cinquième film d’animation du réalisateur japonais Hayao MIYASAKI, produit par le studio Ghibli en 1989.
Le Nekobasu
Aussi appelé ChatBus, ce chat est un symbole des studios Ghibli, provenant du film Mon voisin Totoro, réalisé par Hayao MIYASAKI. C’est un grand chat souriant à douze pattes avec un corps creux qui sert de bus, avec des fenêtres et des sièges recouverts de fourrure et une grande queue touffue. Je ne sais pas vous, mais nous avons toujours trouvé un petit air horrifiant à ce chat.
Sakamoto
Sakamoto-san est un chat noir trouvé par Nano et Hakase dans l’anime Nichijou. Sakamoto est capable de parler tout en portant une écharpe rouge fabriquée par Hakase. Un chat très expressif et marrant dans un anime complètement délirant.
L’art japonais Ukiyo-e et les chats
Pendant la période Edo, s’est développé le mouvement artistique japonais “Ukiyo-e ». C’est dans ce mouvement que nous retrouvons les estampes les plus populaires sur les chats. Le chat a été un modèle pour de nombreux artistes comme Utagawa HIROSHIGE ou Utagawa KUNIYOSHI.
Si vous recherchez un recueil avec des estampes japonaises sur les chats, nous vous conseillons “Les chats par les grands maîtres de l’estampe japonaise” paru en 2022 par les éditions Hazan Eds,.
Pour les curieux de l’art Ukiyo-e, retrouvez notre article sur l’artiste Utagawa KUNIYOSHI ci-dessous : https://www.journaldujapon.com/2015/11/19/kuniyoshi-un-demon-de-lestampe-au-coup-de-crayon-assure-et -colore/
L’artiste Mai ONO
L’artiste Mai ONO nous fait tomber sous le charme de ces tableaux représentant principalement des chats dans d’amusantes situations humaines. Vous pouvez la retrouvez sur différents réseaux sociaux notamment instagram avec le lien ci-dessous.
https://www.instagram.com/nekoe_onomai/
Finalement, nos amis les chats peuvent être aussi bien adorés pour leurs douceurs, leur beauté ou leurs rôles de porte-bonheur… que craint pour leurs maléfices et leurs pouvoirs surnaturels. Ils font partie des figures emblématiques du Japon. Entre les cafés pour chats, les sanctuaires et leurs présences dans l’art et la pop culture sans oublier les « îles privatisées », ils sont de vraies stars de la culture japonaise !