[Interview] Japan Expo Sud : un an après la reprise…
C’est ce weekend, du vendredi 24 au dimanche 26 février 2023 pour être plus précis, que se tiendra Japan Expo Sud pour sa 13e édition, à Marseille, au Parc Chanot !
Voici un événement, lancé en 2009 que l’on ne présente plus : pour « vivre votre passion pour la pop culture japonaise à fond, rencontrer les artistes, s’amuser avec les intervenants et repartir avec des étoiles plein les yeux« , comme le dit le site web du salon. De plus, force est de constater qu’après deux ans de disette, l’édition 2022 a connu un succès rassurant, salvateur pour son comité organisateur aussi, la SEFA, et que 2023 démarre donc avec enthousiasme.
Pour en savoir plus sur cette passe difficile et ce nouveau départ, nous avons pu poser quelques questions à Thomas Sirdey, le co-organisateur et co-fondateur de Japan Expo. L’occasion d’évoquer les difficultés liés au Covid ou à l’inflation, des frontières un temps fermées au Japon aussi, et enfin de cette nouvelle édition Japan Expo Sud 2023 avec les invités et animations qui vous attendent ce weekend !
2022 : le retour des conventions !
Journal du Japon : Bonjour et merci pour votre temps. Tout d’abord, Japan Expo Sud est revenu l’an dernier et vous évoquiez de belles retrouvailles avec 39 000 visiteurs en 3 jours, au-dessus des chiffres de 2019. Qu’est-ce qui a permis ses bons chiffres selon vous ?
Thomas Sirdey : Il y a deux éléments à prendre en compte. Nous avons été absents pendant deux ans, comme tous les événements, et les gens avaient une vraie envie de sortir, de se retrouver, et de pouvoir exprimer et partager leurs passions. Quoi de mieux que des événements comme Japan Expo Sud pour cela ?! En plus, le confinement a été très favorable au marché de la pop culture, notamment en provenance du Japon, puisque la demande a explosé pendant la crise du Covid et le nombre de fans a augmenté.
Après deux années d’annulation, est-ce que 2022 vous a permis de rééquilibrer vos comptes… Autrement dit est-ce que la SEFA va bien ?
SEFA Event a beaucoup souffert de ces deux années sans activité, sans chiffre d’affaires. Heureusement, nous avons reçu des aides de l’État, profité de reports de paiement et contracté un Prêt Garanti par l’État. Nous avons aussi mené deux campagnes de soutien qui ont été bien suivies, et de nombreux fans ont gardé leurs tickets pendant de longs mois… Nous remercions tous ceux qui nous ont soutenu en ces temps difficiles.
Maintenant l’heure est au remboursement des dettes (PGE, reports de paiement) qui représentent des sommes importantes et à la reconstruction.
Heureusement les équipes, les exposants, les associations, les artistes, tout le monde est à fond et le public est au rendez-vous ! Du coup nous pouvons regarder l’avenir avec plus de sérénité. SEFA Event est fragilisée par cette « aventure », mais elle est bien là, et nous sommes confiants pour l’avenir vu la reprise.
Fin 2021-début 2022, on a pu remarquer une énorme appétence des visiteurs, frustrés par la pandémie sans doute, et cela pose plusieurs questions : est-ce que cet engouement, d’après vos chiffres de Japan Expo de la mi-juillet par exemple, s’est confirmée dans le temps où était-elle juste passagère ?
Japan Expo Sud a été une preuve de l’appétit des fans, des visiteurs, et rien ne l’a démenti par la suite, puisque nous avons accueilli plus de monde à Japan Expo Paris qu’en 2019, et notre reprise de Japan Expo Centre à Orléans a dépassé nos prévisions de loin.
Est-ce que le public qui vient aux conventions est toujours le même ou est-ce que la pandémie a rebattu les cartes ?
Nous avons noté beaucoup de nouveaux fans, qui se sont découverts pendant la pandémie et qui continuent à vivre leur passion. Le public est aussi devenu plus exigeant, plus gourmand, comme si la privation due au Covid avait créé le sentiment qu’il faut en profiter à fond car on sait que rien n’est acquis.
En parlant de rebattre les cartes, l’inflation a-t-elle rendu les visiteurs plus économes ?
Il est difficile de connaître l’impact de l’inflation sur les visiteurs pour le moment. Il y a toujours un décalage.
De même, pour vous en tant qu’organisateur, entre le Covid et l’augmentation du prix de l’énergie, est-ce que l’on monte une convention de la même façon ?
Nous sommes impactés comme tout le monde par les éléments extérieurs, du Covid à l’augmentation des prix ou aux problématiques écologiques, et souvent d’une manière plus intense, car nous sommes un reflet de la situation générale. Nous nous adaptons, en repensant nos méthodes de manière à répondre à ces nouveaux paramètres, et à les intégrer de la manière la plus fluide possible dans notre organisation.
Cela a été vrai à de maintes reprises, comme avec l’instauration des contrôles « vigipirate » aux entrées après 2015. Maintenant tout le monde trouve cela normal, mais cela a été une sacrée remise en cause de notre processus d’accueil. Cela se manifeste aujourd’hui par exemple par la disparition des caisses sur place, parce que cela nous permet un meilleur contrôle des ventes de billets, pour nous assurer de pouvoir réagir aux injonctions des autorités liées entre autres à la crise Covid.
Comment avez-vous dû répercuter vos coûts, que ce soit niveau billetterie ou exposants ?
Nous essayons de maintenir nos prix au mieux. Nous proposons de nouveaux produits, comme les billets Fastpass, qui nous permettent de proposer un service différent, et de préserver le mieux possible les autres prix. Nous essayons aussi de trouver des moyens de contrôler nos coûts tout en maintenant la qualité du festival, en cherchant des alternatives, en optimisant.
Malheureusement, les évolutions des prix sont telles que, même en cherchant à optimiser ce qui peut l’être, nous sommes obligés de les répercuter à un moment, même si c’est le plus tard possible et de la manière la plus mesurée possible, car nous savons que cela a un vrai impact sur tous ceux qui participent au festival.
Pour revenir à Japan Expo Sud maintenant… Quoi de neuf, globalement, pour cette édition 2023 ?
Nous avons le plaisir de recevoir de nouveau des artistes du Japon, car les frontières sont enfin rouvertes.
Nous avons aussi fait évoluer la programmation avec l’arrivée de la scène de dance KAMO, qui s’ajoute aux scènes ICHIGO et SAKURA déjà présentes.
Nous proposons aussi 4 expositions, dont un teaser en avant-première de l’expo Tsukasa HÔJÔ, qui sera complètement déployée à Paris en juillet pour la venue de l’artiste, une expo Voyage au Japon, une expo consacrée à Yuji KAIDA (NDLR : voir notre interview ci-dessous), avec de superbes reproductions de son œuvre, de Gozilla à Evangelion, et une expo en l’honneur de Black Jack proposée en partenariat avec Isan Manga pour les 50 ans de la série.
Quels sont les invités japonais présent à cette édition ? Quels sont ceux qui signent un retour en France d’ailleurs, et y-a-t-il des invités japonais inédits ?
Nous avons l’honneur de recevoir Chikashi KUBOTA, animateur génial à la carrière incroyable, notamment directeur de l’animation sur Dragon Ball Super : Super Hero (NDLR : voir notre critique ici). Pour la scène musicale, nous avons la joie de revoir le groupe Ilu Grace ainsi que Mion qui s’était produite pour la première fois en France à Japan Expo Centre et Takuya SUGIMOTO en tournée pour la promotion de son premier single. Enfin sur le plan culinaire, le chef Takano vous fera découvrir la fabrication des soba.
Sur les invités japonais également : on voit assez peu de groupes de musique japonaise faire le déplacement et les agendas de concert pour les fans de J-music sont assez pauvres… Comment l’expliquer, est-ce lié au Covid, est-ce une question de prix… ou autre chose ?
C’était avant tout une problématique de Covid. La programmation musicale de Japan Expo Sud est déjà riche cette année, et quand on voit les retours que l’on a du Japon cela présage de beaux concerts à venir pour la suite. Il est vrai que l’explosion des prix du transport n’aide pas, car les spectacles musicaux nécessitent souvent de déplacer de nombreuses personnes en plus des artistes. Mais, rassurez-vous, la musique est là et bien là !
Le Japon peut parfois être mis à l’honneur par des invités français : quels sont ceux qui font briller la culture japonaise à Japan Expo Sud 2023 ?
Nous avons l’honneur d’accueillir deux comédiens cultes, Brigitte Lecordier (NDLR : que nous avions rencontré il y a peu, cf interview ici) voix de Sangoku jeune, grande habituée du festival et véritable « rockstar » du doublage, et Philippe Ariotti, la voix notamment de Piccolo. Ce sera d’ailleurs l’occasion de voir une conférence « Regards Croisés sur Dragon Ball » avec Chikashi KUBOTA.
Sora nous fait également le plaisir d’être présent à Japan Expo Sud. Les visiteurs pourront aussi rencontrer Rayton, Ed Le Fou, Midogeek, Juudaichi, Sneaze et bien d’autres personnalités du web qui partagent leur passion pour le Japon, chacun à leur manière.
Enfin, Emma OBADINA, pâtissière passionnée qui s’est spécialisée dans la fusion de la gastronomie française et japonaise. Nous accueillons aussi Cab, Maluko, Senchiro et Jérôme Alquié, invités par les éditions Kana.
Et nous allons nous arrêter là, sinon cette interview ne va jamais finir ^^ il faut se rendre sur le site web ou télécharger l’appli pour voir tout ce qui va se passer et préparer sa venue.
En effet nous avons parlé d’invités mais il ne faut pas oublier les exposants, les nombreuses associations qui proposent des animations à foison, etc.
Pour finir, sur Japan Expo Sud, quels sont selon vous les 3 moments à ne pas rater ce week-end ?
Vendredi, ne ratez pas le Japan Expo Game Show, pendant lequel vont s’affronter Brigitte Lecordier, Philippe Ariotti, Sora et Rayton en compagnie de deux membres du public qui seront choisis au début du show. Le samedi, ne manquez pas les sélections françaises du World Cosplay Summit. Enfin le dimanche, prenez le temps de profiter des concerts sur la scène Ichigo !
Merci et à très vite à Japan Expo Sud du 24 au 26 février 2023, nous avons hâte de vous retrouver !!
Le rendez-vous est pris, on vous souhaite un excellent salon et bon courage pour sa préparation !
Comme l’a dit Thomas Sirdey, vous pouvez retrouver toutes les informations sur le salon sur le site web ou via l’application (car un salon réussi, c’est un salon qui se prépare !) et vous pourrez aussi suivre en direct ces 3 jours de salon marseillais sur les réseaux sociaux de l’événement, comme Twitter ou Instagram.
Remerciements à Thomas Sirdey pour son temps et sa réactivité ainsi qu’à Aurélie de Games of com pour la mise en place de cette interview.
