Manga Taishô 2023 : les 11 prétendants au Grand Prix
Déjà la 16e édition des Manga Taishô, alias le Grand Prix du Manga ! Comme à chaque début d’année au Japon, depuis 2008, ce concours nomme une dizaine de mangas aux nombreuses qualités et récompense l’un d’entre eux. A la clé c’est une reconnaissance nationale et internationale pour des titres qui séduisent très souvent les connaisseurs de mangas, voire davantage : Vertical, March comes in like a lion, Chihayafuru, Thermae Romae, Bride Stories, Silver Spoon ou plus récemment Blue Period, Frieren… Et Darwin’s incident primé en 2022 et déjà en cours de publication en France, aux éditions Kana.
La liste de nommés, qui paraît à la mi-janvier chaque année est toujours un top qui révèle de nombreuses pépites ou qui vient confirmer tout le talent de certains mangakas. Journal du Japon vous propose donc de découvrir les choix du jury pour cette session 2023, avec leur histoire et leurs points forts, en attendant les résultats qui tombent généralement dans le courant du mois de mars. Comme d’habitude attendez-vous à des noms connus, des titres attendus et des mangas que nous n’avions jamais vu : en route pour cette 16e édition !!
Préambule : qu’est-ce que le Manga Taishō ?
Depuis sa création en 2008, l’événement a toujours permis à son comité organisateur de poursuivre un objectif double. Sa devise est de recommander les mangas que le jury a trouvé les plus intéressants possibles. En premier lieu, le but est de mettre en lumière des œuvres « récentes » au-delà de toute considération financière. Pour être nommé, un manga doit seulement avoir été publié au cours de l’année précédente et ne pas excéder les 8 volumes. Si sa réalisation répond à ces deux conditions, tout mangaka, qu’il ou elle soit débutant ou artiste expérimenté, peut dès lors défendre ses chances. À ce titre, une nomination peut parfois leur offrir une visibilité providentielle. En effet, les libraires accordent beaucoup d’importance aux différents classements et prix manga décernés au cours de l’année et n’hésitent pas à les mettre en avant dans leurs rayons.
Les éditeurs français aussi ne s’y trompent pas et gardent toujours un œil attentif, même si les titres des Manga Taishō ne sont pas forcément des best-sellers chez nous en France mais plutôt de bons middle-sellers. La lauréate 2018, la mangaka Paru ITAGAKI avec Beastars a, par exemple, reçu de nombreuses autres distinctions, dont le prestigieux prix culturel Tezuka et celui du manga Kôdansha, lui offrant ainsi une reconnaissance mondiale méritée. À noter que la série, toujours en cours, est arrivée en France aux éditions Ki-oon depuis. Blue Period et Freiren, les lauréats 2020 et 2021 ont eux aussi trouvé leur éditeur français, respectivement Pika édition et Ki-oon édition. Le dernier lauréat ne s’est pas fait attendre puisque Darwin’s incident a été publié dès l’été 2022 aux éditions Kana.
Voici d’ailleurs la remise des prix de l’an dernier, où, après l’annonce des nommés, vous pouvez découvrir l’éditeur de Freiren, Katsumasa OGURA (qui apparaît à 6 minutes), remettant le prix 2022 à son confrère, Kôji TERAYAMA, des éditions Kodansha pour le Monthly Afternoon et qui s’occupe de Darwin Incident et de son auteur Shun UMEZAWA.
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Si on prend un peu de recul sur les vainqueurs des éditions précédentes, on notera un lectorat plutôt adulte, des connaisseurs de mangas et pourquoi pas amateurs de BD : Vertical (2008), Chihayafuru (2009), Thermae Romae (2010), March Comes in Like a lion (2011), Silver Spoon (2012), Kamakura Diary (2013), Bride Stories (2014), Golden Kamui (2016), Beastars (2018), Blue Period (2020), Frieren (2021)… Que du bon, donc ! Et les nommés non primés sont aussi de jolies pépites, comme vous allez le lire cette année encore.
Enfin le prix a également pour vocation de proposer de nouvelles pistes aux lectrices et lecteurs curieux de nouvelles histoires à découvrir. Des suggestions bienvenues dans un monde où les nouveautés se comptent chaque année par centaines. Ainsi devient-il de plus en plus difficile de faire un choix parmi la pléthore de titres disponibles. C’est justement tout sauf un hasard si le large jury choisi pour établir la sélection n’est composé que de passionnés, parmi lesquels bon nombre de libraires, aux goûts multiples et à l’affût constant de la moindre perle. Un jury constitué cette année de 102 personnes, rien que ça ! À ce titre, l’harmonisation de leurs votes a toujours offert des listes variées et révélatrices des potentiels du moment. De quoi assurément inspirer les éditeurs français par la même occasion…
Quels sont donc les 11 nommés parmi les quelques 242 titres à avoir tenté leur chance ? Voyez par vous-même avec cette sélection 2023 !
Akane Banashi de Yûki SUENAGA & Takamasa MOUE
Shinta s’est perfectionné 13 ans durant afin d’atteindre le statut de Shin’uchi, le plus haut rang des rakugo-ka. Mais malgré sa très bonne performance lors de l’examen de passage, le juge de l’épreuve, l’émérite Maître Arakawa Issho, a décidé de renvoyer de l’école Arakawa l’ensemble des participants sans donner davantage d’explications ! Ainsi s’arrêta nette la carrière de Shinta, qui avait tant sacrifié pour accomplir son rêve…
Mais Akane, la fille de Shinta qui admirait son père et son rakugo plus que tout, ne compte pas en rester là !
Le sujet traité est donc le rakugo, ce spectacle littéraire, théâtral et humoristique japonais qui date du début de l’époque d’Edo, et que nous vous avions déjà présenté il y a quelques années dans nos colonnes : Rakugo – découvrez l’humour japonais. Quelque part entre le conte et le comique du stand up, ce pan de la culture japonaise sera sans doute un vrai défi à relever pour le traducteur, si jamais le titre devait être acquis par un éditeur français.
On commence avec un titre intéressant des éditions Shueisha, pré-publié dans le Shônen Jump, rien que ça, et qui compte pour le moment 4 volumes, depuis ses débuts en juin 2022. Comme quoi on peut être dans un hebdomadaire célèbre ET avoir aussi un succès critique.
Mais c’est aussi ce qui fait sa force ! Sa valeur culturelle ajoutée participe sans doute beaucoup à sa nomination ici, en plus du trait classique mais maîtrisé de Takamasa MOUE. En reprenant à la sauce comédie shônen et en popularisant cet élément du folklore japonais, Akane Banashi est un ambassadeur bien pensé du Rakugo, avec un potentiel sans doute bien plus élargi que son ancêtre Le disciple de Doraku (chez Isan Manga).
On serait en tout cas bien curieux de le lire chez JDJ !
Onna no Sono no Hoshi de Yama WAYAMA
Le professeur Hoshi est enseignant de japonais, à l’apparence maussade, dans un collège pour filles. Responsable de la 4e 4 et conseiller d’orientation il doit s’occuper d’un chien dans la classe, ou encore être présent lorsqu’une étudiante voulant devenir mangaka lui demande des conseils… Mais son visage va s’illuminer quand il se creuse la tête pour décrypter le shiritori en images que ses élèves font dans le cahier de bord de la classe, où il semble aussi être question de sa personne. Le shiritori est un jeu où chaque joueur doit énoncer un mot commençant par la dernière syllabe du mot précédent…
Le jury a apprécié ce josei romance et tranche de vie puisque c’est la 3e fois que le titre figure chez les nommés. Pour la France, la 3e sera la bonne car le titre a enfin trouvé preneur : il sera publié aux éditions Lézard Noir le 8 mars prochain, sous le nom de HOSHI, dans le jardin des filles !
L’auteur avait déjà été nommé il y a trois ans pour son manga Muchū sa, Kimi ni et on peut ajouter les Kono Manga Sugoi, où Onna no En no Hoshi s’est classé en première place dans le classement lectorat féminin il y a deux ans. Yama WAYAMA propose ici un manga avec un personnage principal intriguant. Sa qualité principale est son comique de situation. On se surprendra à rigoler d’un coup lorsque Hoshi sensei se prendra la tête pour quelque chose d’apparence futile. En somme un manga porté par son personnage principal qui vous fera passer un bon moment.
Enfin, il nous vient de l’éditeur Shôdensha et de son très chouette mensuel Feel Young : plusieurs Mari OKAZAKI mais aussi Entre les lignes, A nos amours, Nos meilleures vies y sont ou ont été publiés… Seule ombre au tableau : trois tomes seulement sont parus en trois ans, soit un tome par an. Mais le plébiscite du jury pour l’auteur en fait un titre énigmatique… et une affaire à suivre !
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Gekiko Kamen de Takayuki TAMAGUCHI
Suite au décès de son ancien ami Kiritooshi, Otoya Jissouji, jeune homme à la vie précaire, retrouve d’anciens camarades d’université qu’il côtoyait au sein du Tokubiken : un club de recherche dédié à l’art tokusatsu. Il s’engage alors à accomplir les dernières volontés de son ami : ne faire plus qu’un avec le tokubi et devenir Gekko Kamen.
C’est fin 2021 qu’est paru cette nouvelle série de Takayuki YAMAGUCHI, dans les pages du Big Comic Superior (Gigant, Sanctuary, Trillion Game) de l’éditeur Shôgakukan. Si le lien avec le héros des années 50 Gekko Kamen est encore incertain, on connait par contre assez bien le travail du mangaka : il est l’auteur de Shigurui (adaptation du roman historique Suruga-jô Gozen Jiai de Norio NANJI) édité aux éditions Panini, mais aussi des 7 ninjas d’Efu chez Meian éditions qui s’est achevé fin 2020.
Au-delà de l’hommage aux films de Tokusatsu vieux d’un demi-siècle, qui ne sont sans doute pas étranger à la nomination du titre comme l’a été le Rakugo pour Akane Banashi, on retrouve dans ce titre l’intérêt et le talent de TAMAGUCHI pour dessiner le corps humain. Mais ce dernier décrit aussi un rapport étrange au corps, en confrontant parfois la façon dont la société voit ce dernier et le tabou de la nudité, opposé à la conception qu’Otoya a de sa propre enveloppe charnelle, qu’il voit comme une coquille vide et inutile, ne pouvant trouver un sens, une fonction vitale même, que dans la magie irréelle du Tokusatsu. Il va jusqu’à façonner son corps dans le seul est unique but de pouvoir reposer son costume et (re)devenir Kuuki Gunshin Mikado Waechter, l’être se dessinant sur la couverture ci-contre. Toute la question étant de savoir jusqu’où ira cette obsession…
Un livre étrange, qui a aussi peu de chance de remporter le Grand Prix que de paraître en France.
Adieu Eri de Tatsuki FUJIMOTO
« Je veux que tu me filmes jusqu’à ma mort. » Yûta, adolescent mordu de cinéma, accomplit cette dernière volonté de sa mère avec un brio… explosif. Dépité par la réception de son court-métrage, il s’apprête à en finir à son tour. Lorsqu’il rencontre Eri. Cinéphile, comme lui, la mystérieuse jeune fille va inspirer Yûta et l’aider à réaliser un nouveau film…
Après Look Back nommé l’an dernier et faisant office de favori, revoilà Tatsuki FUJIMOTO qui revient sur son amour du septième art qu’il avait pu clamer à travers l’un des personnages phares de Fire Punch, son premier succès. Cette fois le cinéma est au premier plan et sert d’ailleurs de véhicule aussi bien scénaristique que graphique, le mangaka découpant ces planches comme des plans fixes ou des travelling dès que Yûta utilise sa caméra… ce qu’il fait tout le temps.
L’auteur de Chainsaw Man joue également avec les frontières du réel et du film, en mélangeant des moments authentiques et des moments joués qu’il est difficile de discerner, en cachant parfois la réalité derrière le tournage pour mieux ensuite le révéler et la mettre en exergue… En laissant planer le doute, enfin et jusqu’à la fin, entre le fantastique et la vérité qui se cache derrière la mystérieuse Eri. Le tout sans jamais épargner le fameux Yûta, impuissante marionnette, ni le lecteur, à la merci de l’auteur.
Une œuvre marquante donc, qui a une fois de plus ses chances, et qui mérite d’être découverte, avec ou sans prix.
Super no Ura de Yani Sû Futari de Jinushi
Sasaki est un homme d’âge moyen qui va au travail comme on va à l’abattoir. Pour survivre, il peut compter sur sa dose quotidienne de chaleur humaine avec Mme Yamada-san, une vendeuse de son supermarché préféré, et accessoirement sur la nicotine, pour se détendre. Un soir, rincé par une réunion avec son stupide patron, il s’y rend en quête de réconfort, Yamada-san, est absente et pire, il n’a plus d’endroit où s’en griller une… Une femme appelée Tayama, habillée de façon un peu excentrique, propose à Sasaki, dépité, « Vous pouvez fumer ici »…
Mais Tayama démasque tout de suite Sasaki, devine qu’il est fan de Yamada-san… et le répétera rapidement à l’intéressée, d’ailleurs. Sympathique ? Excentrique ? Démoniaque ? Elle est bien étrange, cette demoiselle Tayama…
Voilà une série qui n’a pas attendu beaucoup de volumes pour connaître le succès. Après un début en ligne sur le compte Twitter de son auteur, la série a vite été acquise par Square Enix, qui ne s’est pas trompé. Le tome 3, sorti le 25 janvier dernier, a dépassé les 100 000 exemplaires écoulés en moins de deux semaines. Le succès est également critique : grand gagnant des Next manga awards (un prix décerné par les votes du public) mais aussi une nomination au Kono Manga Sugoi avec une 7e place dans la catégorie lecteurs masculins.
Cette comédie tranche de vie pré-publiée dans le Big Gangan (Les carnets de l’apothicaire, Goblin Slayer, Übel Blatt, Dimension W) a toute ses chances de nous arriver en France en 2023 vu son succès mais aussi en raison de la qualité de ses personnages : Sasaki est un vieux ronchon avec un cœur en marshmallow, et Tayama est aussi maline qu’espiègle, et leurs tranches de vie sont drôlissimes. Même s’il ne met pas en avant un pan culturel du Japon, on aimerait bien voir ce titre arriver haut dans le classement de cette année… c’est l’un de nos petits favoris !
Seihantai na Kimi to Boku de Kôcha AGASAWA
Tout semble opposer la fashion et énergétique Suzuki et le très franc mais réservé – taciturne même – Tani. Mais voilà, Suzuki en pince pour lui, mais elle n’a jamais osé le dire à qui que ce soit ! Alors quand Tani lui-même fait le premier pas, Suzuki décide de prendre son courage à deux mains. C’est justement parce que tout les oppose qu’ils iront loin ensemble !
Autre titre de chez Shueisha, voici une romance adolescente que l’on peut s’étonner de voir ici, ce genre ayant toujours submergé le marché du manga, plus souvent pour le pire que pour le meilleur. C’est donc que ce titre de Kôcha AGASAWA a quelque chose en plus, qui lui a d’ailleurs permis de se retrouver à la seconde place des Next manga awards que nous évoquions juste au-dessus, pour Super no Ura de Yani Sû Futari.
Cela tient sans doute au couple antagoniste que forme, ou formera allez savoir, Tani et Suzuki. Elle est rêveuse, romantique, bavarde, part dans de longs délires de prince charmant avec ses copines mais fait toujours attention à ce qu’elle dit et à son image… Alors que Suzuki, avec sa coupe lambda et ses lunettes, est le parfait exemple de l’intello handicapé socialement qui ne sait pas – ou ne veut pas – prendre de gants avec son entourage. Il est sérieux, posé et, en apparence, imperturbable. Mais il est amusant de voir a quel point ils se mettent l’un l’autre sur un piédestal, rêvant d’être un peu plus lui comme elle et elle comme lui. C’est assez mignon, et les premiers chapitres sont une bonne petite lecture, bien agréable.
Pas de quoi imaginer le titre en gagnant du Prix Taisho, mais de quoi vouloir y jeter un œil s’il arrive dans notre hexagone. Pour le fun.
Le péché originel de Takopi de Taizan 5
Takopi est un petit extraterrestre arrivé tout droit de la planète Happy, pour répandre la joie sur Terre ! Sauf que la première personne à lui tendre la main est Shizuka, une fillette au visage infiniment triste… Aussitôt, Takopi se donne pour mission de lui rendre le sourire à l’aide de ses fantastiques “happy gadgets” ! Mais le petit alien est loin d’imaginer la noirceur de l’environnement dans lequel évolue l’écolière. L’innocence et la bonne volonté de Takopi vont peu à peu l’entraîner dans une situation inextricable… Jusqu’à ce que le pire se produise !
Voici clairement l’un des gros favoris de cette année qui, en deux volumes, a réalisé un carton commercial et qui a bouleversé un paquet de lecteur. Même nous d’ailleurs, ce qui lui a valu un article dans nos colonnes, grâce à sa publication chez Pika le 25 janvier dernier : Takopi, le poulpe de l’espace qui vous fera pleurer. Pour citer notre rédacteur (coucou Olivier ! ) :
« On se doute très vite que la candeur de l’extraterrestre va être mise à mal à partir d’un certain point. Mais ce à quoi nous ne nous attendons pas, c’est que nous allons nous aussi manger un mur en pleine face. C’est là tout le sel de Le Péché originel de Takopi : on sait que ça va être dur, mais pas à quel point… Et l’auteur est sans pitié dans sa narration. Sans non plus déconseiller l’œuvre à des personnes en dépression, sachez que c’est une lecture qui peut être éprouvante.«
C’est un pléonasme de dire que Taizan 5 fait désormais partie des auteurs à surveiller, mais un petit prix Manga Taisho permettrait d’enfoncer le clou et d’assurer que sa série en cours dans le Jump : The Ichinose Family’s Deadly Sins, nous arrive rapidement !
Tenmaku no Jadûgal : A Witch’s Life in Mongol de Tomato Soup
Au 13e siècle, Fatima, capturée par l’Empire Mongol (le plus puissant Empire sur Terre à cette époque) a été faite prisonnière et servante au Palais Impérial. Formée en Iran, lieu où se rassemble des experts de la médecine et la science alors, Fatima recherche un lieu où elle pourra exprimer ses talents en la matière. Elle va croiser la route de Töregene, la sixième épouse du deuxième Empereur Ögedeï. Une femme qui a des sentiments mitigés, en ce qui concerne l’Empire Mongol…
Malgré sa couverture inhabituelle et son héroïne à l’allure réservée, ce titre historique signé Tomato Soup (ça, c’est du pseudo !) s’est déjà octroyée la première place au classement féminin du Kono Manga Sugoi. Le manga est pré-publié dans le méconnu magazine Souffle, un magazine josei de l’éditeur Akita Shoten depuis 2021, et compte pour le moment 2 tomes.
Il faut dire que le matériau historique a de quoi inspirer puisque Öhedeï est le fils de l’illustre Gengis Kan et Töregene lui survivra après 16 ans de règne pour assurer la régence de leur fils pendant 5 ans… Une femme intrigante à n’en pas douter.
On se souvient que Bride Stories, qui nous emmenait déjà dans les steppes, a été primé aux Manga Taisho 2014, même si Tenmaku no Jadûgal tient largement plus de TEZUKA graphiquement que de Kaoru MORI (quelques planches ici pour vous en convaincre). Mais les coulisses du pouvoir d’une dynastie méconnue à travers les yeux d’une héroïne qui a tout à prouver mérite qu’on s’y attarde… n’est-ce pas ?
Nippon Songoku de Matsuki Ikka
« Il faut réunifier le pays !«
Dans un avenir proche, au Japon. Suite à de nombreuses catastrophes, la population a été divisée par 10 et la civilisation est retournée 150 ans en arrière. Le pays s’est divisé en 3 régions : Yamato, Takeo, et Seii. Un siècle plus tard, un jeune homme se lève pour rétablir l’ordre au Japon, qui était redevenu une zone de guerre et de conflits. Ce jeune garçon entrera dans la légende et deviendra plus tard un « guerrier de génie » : l’histoire de Misumi Aoteru est sur le point de commencer…
Une couverture des plus intrigantes…Avec un jeune homme que l’on croirait presque sorti de l’Attaque des Titans ! Pré-publié sur l’application mobile Manga One des éditions Shôgakukan (où sont publiés It’s My Life et Mon mari dort dans le congélateur), ce seinen a débuté en 2022 et compte pour le moment 3 tomes.
Son auteure, Matsuki IKKA, est méconnue chez nous – c’est son 2e manga – mais possède déjà une puissance et une identité graphiques assez remarquable, comme on peut le voir sur les planches qu’elle publie sur son compte Twitter. Nous sommes assez curieux de voir ce Japon qui tombe et qu’un prétendu génie va devoir réunifier.
Nous n’en savons pas plus, mais nous voilà intrigués !
Hikaru ga Shinda Natsu de Mokumoku Ren
Yoshiki et Hikaru sont deux amis d’enfance inséparables. Mais un jour, quelques mois après qu’Hikaru ait disparu pendant une semaine en montagne, Yoshiki remarque que « quelque chose » d’autre a pris l’apparence et la place d’Hikaru. Et il finit par lui dire… Mais peut-être aurait-il dû s’abstenir.
Parallèlement, d’étranges incidents se succèdent dans le village…
Hikaru Ga Shinda Natsu est le grand gagnant des Kono Manga Sugoi, section masculine, et l’un des autres favoris de cette édition 2023. C’est aussi un gros lancement de l’éditeur japonais Kadokawa Shoten, qui pré-publie ce manga dans Young Ace UP et qui a connu dans ses pages des titres comme Fate / Zero, Blood Lad, Erased, Kill la Kill, … Un lancement réussi car la série a dépassé les 200 000 exemplaires vendus en moins de 3 mois.
Alors que ce manga signé par Ren MOKUMOKU (et un compte Twitter ici, un !) ne compte que deux tomes pour l’instant, il a déjà été vendu dans 12 pays dont les éditeurs ont d’ailleurs communiqué en même temps fin 2022 leur acquisition. Ce fut le cas de Pika pour la France, qui annonce une publication fin 2023.
Un trailer en japonais est disponible ici pour vous faire une idée de l’ambiance assez inquiétante et décalée du titre.
Un sérieux prétendant au Prix.
Kore Kaite Shine de Minoru TOYODA
Ai Yasumi, qui vient de rentrer au lycée, vit à Izuoujima, une île au sein d’un groupe insulaire au sud de Tokyo. Elle adore lire des mangas, elle les dévore même, et suite à un certain événement, elle est devenue capable d’en créer à son tour… Un nouveau monde s’ouvre alors à elle, mais sera-t-elle capable de surmonter les défis qui l’attendent ?
Encore un titre mystérieux, au résumé un peu commun et à la couverture criarde mais qui repose, là encore, sur une héroïne enjouée et charismatique. Son auteur, Minoru TOYODA, n’a rien d’un débutant car, à plus de 50 ans, il s’agit de son 7e manga, et il a déjà été nominé pour une œuvre précédente, Kengōji-san wa Mendōkusai en 2019, qui s’était classé 7e…mais dont nous n’avons jamais entendu parler en France. Pour les plus curieux son Twitter se cache ici.
Pour en revenir au titre lui-même, au titre étrange de « Dessine ça et meurt« , il a débuté fin 2021 et compte pour le moment 2 tomes publiés dans le Monthly Shônen Sunday de l’éditeur Shôgakukan, alias Get the sun ou encore Gessan, qui publie Mix de Mitsuru ADACHI ou Dai Dark de Q Hayashida et plusieurs précédentes œuvres de ces deux auteurs.
Enfin, dans les planches que l’on peut croiser ici, on remarquera une potentielle pointe de fantastique avec un tanuki volant qui accompagne la demoiselle…celui que vous voyez en bas à gauche de la couverture ci-contre, et qui porte un béret. Le béret de Tezuka ? Allez savoir !
Si vous suivez ce prix depuis quelques années, vous aurez remarqué qu’il y a pas mal de mangas inédits cette année. Quatre mangas viennent d’être, ou le seront très bientôt, publiés en France : Adieu Eri et Le péché originel de Takopi chez Crunchyroll et Pika, puis Hoshi dans le jardin des filles et Hikaru ga Shinda Natsu qui vont eux arriver respectivement chez le Lezard noir et, en fin d’année, chez Pika.
Mais ce qui est encore plus notable c’est surtout la possibilité de découvrir des auteurs à suivre comme Taizan 5, Tomato Soup, Mokumoku Ren, Matsuki IKKA, ou Jinushi… Certains d’entre eux se payant en plus le luxe de bien se vendre. De quoi rester optimiste sur la vivacité du marché japonais du manga !
Rendez-vous fin mars pour l’annonce du gagnant, sur nos réseaux sociaux et ici-même. Et, d’ici là, donnez-nous vos favoris et vos coups de cœurs au sein de cette sélection. Nos 4 favoris sont Super no Ura de Yani Sû Futari, le péché originel de Takopi, Hikaru ga Shinda Natsu et Tenmaku no Jadûgal… Et vous ?
EDIT : contre toute attente (enfin, pour nous !) c’est Kore Kaite Shine de Minoru TOYODA qui l’emporte, mais de peu à quelques points près devant Akane Banashi ! Félicitations à l’auteur ci-dessous, venu recueillir le prix. Peut-être pourrons nous découvrir le titre en France ?
Sources : Manga Taisho, Wikipedia, Nautiljon, Manga-news, Anime News Network
Il semblerait que votre souhait concernant Akane Banashi soit exaucé ^^