First Love : quand le destin scelle une romance

En ce 14 février, jour de la Saint Valentin si chère aux Japonais, Journal du Japon vous propose de revenir sur un J-drama aussi romantique que dramatique : First Love. Sorti fin 2022, ses neufs épisodes ont su séduire les amateurs de séries japonaises. Au-delà de la romance qui reste le pilier de ce drama, on aborde des thèmes tels que l’enfance, l’amitié, les relations professionnelles ou encore familiales. Revenons sur les points forts de First Love qui vous donneront envie de le visionner. Et si les romances ne sont pas pour vous, vous pouvez consulter notre article sur la saison 2 d’Alice in Borderland !

Poster First Love
© Netflix

First Love : une romance au goût de destin

Quand les chansons First Love et Hatsukoi inspirent le scénario

La réalisatrice Yuri KANCHIKU a imaginé l’histoire de First Love à partir de deux chansons de l’incontournable Hikaru UTADA : First Love (1999) et Hatsukoi (2018). Les deux titres portent le même sens : premier amour. Effectivement, le scénario gravite autour d’un premier amour né au lycée, et qui ne s’est jamais vraiment éteint. Hikaru UTADA est une référence en matière de J-Music et excelle tant dans le genre R&B, qu’elle a démocratisé au Japon, que dans les balades émouvantes. La chanson First Love raconte l’histoire d’un premier amour envolé mais qui marque à jamais, qui aura toujours une place spéciale. Quant à Hatsukoi, il s’agit plutôt de souvenirs d’un premier amour, quand on réalise qu’en fin de compte, on aime toujours cette personne. C’est là toute l’essence de l’histoire de First Love : un doux mélange de premier amour perdu et pourtant omniprésent.

Yae NOGUCHI est chauffeuse de taxi à Sapporo, sur l’île d’Hokkaido au Nord du Japon. Son rêve de jeunesse de devenir hôtesse de l’air semble loin derrière elle. Harumichi NAMIKI, ancien pilote pour l’armée d’Auto-Défense, travaille quant à lui comme agent de sécurité, dans la même ville. Rien ne semble lier ces deux personnes en dehors de leur lieu de vie. Pourtant, c’est au lycée qu’ils se sont rencontrés. En neuf épisodes, nous allons partir explorer l’enfance de Yae et Harumichi afin de découvrir comment ils en sont arrivés à leur vie d’aujourd’hui.

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Des destins entremêlés

Tout au long de First Love, on s’intéresse évidemment à la romance principale, mais tous les personnages secondaires ont un rôle à jouer. De la mère de Yae à la sœur de Harumichi, en passant par leurs collègues de travail, chacun a eu un impact plus ou moins significatif sur leur histoire d’amour. On s’intéresse tout autant au développement qu’à la dissolution d’autres romances au fur et à mesure que le scénario avance. Mais à la fin, chaque histoire croise le chemin d’une autre de manière plutôt naturelle et on apprécie suivre les intrigues secondaires.

La présence de flashbacks permet de créer des parallèles entre le présent, où Yae et Harumichi ont la trentaine, et leurs années adolescentes lorsque naissait leur idylle. Ces derniers sont amenés très naturellement et à des moments-clefs de l’histoire. Après avoir suivi leur relation pure et attachante au lycée, on accompagne les deux personnages après leur diplôme : Yae part à Tokyo pour aller à l’université, et Harumichi intègre une école pour devenir pilote. Ces flashbacks suivent habilement la chronologie de vie des deux amants pour rejoindre petit à petit le présent, et distillent de manière équilibrée des informations permettant de résoudre les mystères de l’intrigue.

Portrait de Yae et Harumichi jeunes
© Netflix

Des thématiques variées et actuelles

Jusqu’à récemment, les J-dramas abordaient leurs thématiques de manière assez superficielle, reflétant possiblement une certaine pudeur envers le public japonais. Les romances d’il y a vingt ans étaient très sobres et on pouvait attendre le dernier épisode pour espérer entrevoir un baiser volé ou une accolade amoureuse. Sur cet aspect, First Love témoigne de l’évolution des J-drama avec une implication plus marquée des personnages dans leurs relations. On est loin des relations idylliques et frustrantes de l’époque : chaque personnage assume ses choix et prend le devants, sans rester passif. Il faut dire qu’une grande majorité des anciens J-drama s’inspiraient de manga ou d’anime, et on retrouvait indéniablement des romances exagérées et romanesques. First Love donne un coup de fouet aux romances japonaises et c’est apprécié ! L’histoire d’amour naissante entre Yae et Harumichi arrive dès le 1er épisode !

Quant aux thématiques annexes, elles sont aussi le reflet de la société japonaise actuelle. S’il était assez rare de voir des familles divorcées avant, le thème du divorce est ici pleinement assumé. De plus, la garde de l’enfant est assurée par le père, ce qui est peu commun au Japon. On rencontre également un personnage atteint de surdité, et il n’y a aucune stigmatisation autour de cela, au contraire. Plusieurs personnages pratiquent la langue des signes et vivent pleinement leur vie. Le handicap est encore un sujet délicat au Japon, mais les mentalités évoluent.

Quelques classiques gardent tout de même la peau dure : le mariage à la japonaise où l’homme ramène l’argent et la femme s’occupe du foyer ou encore la pression familiale des foyer aisés sont bien illustrés dans First Love.  En bref, la série traite ses thématiques avec justesse et réalisme, nous permettant de nous identifier aisément aux personnages et à leurs épreuves.

Yae Noguchi
© Netflix

First Love célèbre les personnages féminins

Un autre cliché des J-drama qui a disparu dans First Love concerne les personnages féminins. En effet, dans les séries plus anciennes, ces derniers étaient souvent au second plan, soumis ou si naïfs qu’ils en devenaient agaçants au possible. Pourtant, ici, on balaye totalement ce cliché et on trouve des femmes à la personnalité marquée et assumée.

Yae a un caractère déterminé dès son plus jeune âge. Elevée seule par sa mère souvent absente pour le travail, elle devient rapidement indépendante. Que ce soit au lycée, pendant la période universitaire ou dans sa vie d’adulte, Yae assume même les choix de vie les plus difficiles, ravalant souvent sa fierté pour avancer et protéger sa famille. Elle ne dépend aucunement des hommes et n’a pas peur d’affirmer ses convictions, même si cela doit avoir des conséquences non négligeables sur sa vie. C’est une femme forte, affirmée, droite et admirable. Elle fait des épreuves une force et inspire la même chose à son entourage.

Les autres personnages féminins sont loin d’être en reste : la sœur de Harumichi, atteinte de surdité suite à un accident, mène sa vie comme elle l’entend. Son handicap n’en est plus un, et elle ne se laisse jamais abattre. La mère de Yae également : malgré un divorce et un travail très prenant, elle n’a jamais abandonné sa fille et est prête à tout pour la protéger, même si parfois ses choix ne sont pas les meilleurs. Quant à Tsunemi, la copine de Harumichi adulte, elle a un fort tempérament, mais qui cache une sensibilité très attachante. Elle est une personne droite, aimante et dévouée. Enfin, Uta est également une adolescente qui vit pour ses rêves et se donne les moyens pour les réaliser, même si cela implique de grands investissements pour une jeune femme.

Balayer les classiques des personnages masculins et féminins

Il est appréciable de trouver dans First Love des femmes affirmées et fortes, et des hommes sensibles et n’hésitant pas à montrer leurs faiblesses et ouvrir leur coeur. On sort des schémas classiques de l’homme, solution à tous les problèmes, et de la femme dépendante de lui pour évoluer. Au final, chaque personnage présente ses valeurs mais aussi ses moments de doutes. Harumichi a réussi à devenir pilote, au détriment de sa vie privée. Yae n’a pas atteint son rêve d’être hôtesse de l’air, mais elle assume pleinement ses choix de vie et avance sans se retourner. Même Haruhito, l’ex-mari de Yae qui peut apparaître détestable dans son rôle du cliché japonais par excellence, peut parfois être attachant malgré tout.

Ce n’est pas le drama où on veut absolument évincer les personnages secondaires pour servir la romance principale. On éprouve même de la sympathie pour ces derniers, notamment Tsunemi qui se bat pour son couple, mais en ayant conscience des risques et des difficultés. Quant à la relation adolescente entre Tsuzuru et Uta, elle est presqu’aussi saisissante que la romance principale, dictée par les codes des toutes premières relations amoureuses.

Uta et Tsuzuru
© Netflix

Une thématique secondaire : se battre pour ses rêves

First Love, au-delà de sa thématique romantique, est aussi un drama qui pousse à se dépasser pour atteindre ses objectifs de vie. On apprend à ne pas baisser les bras, même quand la vie semble s’acharner sur soi. Yae le prouve bien en changeant de voie professionnelle quand son rêve paraît hors de portée. Elle surmonte un grave accident qui impacte drastiquement sa vie mais elle va de l’avant. Harumichi, dont la vie gravitait autour de Yae, réussit malgré tout à se focaliser sur sa carrière tout au long de la série. Quant à Tsuzuru, malgré le souhait de son père qu’il suive l’héritage familiale en devenant chirurgien, il saura s’écouter et convaincre son entourage de le laisser suivre sa propre voie.

L’un des messages de First Love pourrait être qu’on ne sait jamais de quoi sera fait demain, et qu’il faut par conséquent vivre sa vie au présent. On fait tous des erreurs de parcours mais rien n’est irrémédiable, et on est tous capables de rebondir pour parvenir à nos fins. Il suffit juste d’emprunter un chemin différent et de ne pas baisser les bras.

La région d’Hokkaido en toile de fond

Quand beaucoup de J-drama se déroulent à Tokyo, voire dans le Kansai (Kyoto, Osaka …), First Love pose son histoire en majorité à Sapporo, la capitale de l’île d’Hokkaido. Cette région est connue pour être très froide en hiver et avoir notamment des domaines skiables très prisés. On ne se lasse pas de voir des paysages enneigés, apportant une dose supplémentaire de poésie dans certaines scènes. Découvrir une région moins populaire à travers un drama est un bon moyen de la promouvoir, car souvent les prises de vues donnent envie de s’y téléporter. Hokkaido est une région à la nature abondante, et plus campagnarde que Tokyo. C’est un autre Japon, loin de nos habitudes, qui s’offre à nous dans First Love.

Cependant, la capitale nippone n’est jamais bien loin : Yae part faire ses études supérieures dans un campus tokyoïte, et Harumichi y vit aussi pendant quelques temps avec Tsunemi. Mais les scènes à Tokyo restent secondaires et le cœur de l’action se trouve à Sapporo et dans les villes alentour.

Yae et Harumichi jeunes
© Netflix

L’importance de la musique

Quant on sait que l’histoire vient directement de deux chansons, on se doute bien que la musique va prendre une place de choix dans la série. En effet, plusieurs références musicales se glissent habilement dans le scénario. Uta (qui veut dire « chanson ») et ses danses contemporaines, Tsuzuru qui compose sa propre musique et aspire à devenir musicien … De plus, les chansons First Love et Hatsukoi de Hikaru UTADA apparaissent à plusieurs reprises au fil des épisodes, à des moments-clefs. Ce sont des morceaux avec une importance cruciale pour Yae et Harumichi.

De plus, la bande-son de la série, composée par Taisei IWASAKI, apporte un véritable plus à l’ensemble de l’histoire par sa douceur et sa pertinence. On l’écoute avec plaisir pour passer un moment de détente et se remémorer les scènes marquantes des épisodes. Le compositeur a signé la musique d’autres dramas et films aux thématiques musicales, tels que le film d’animation Belle ou le live-action The Liar and His Lover. La bande-son de First Love propose pas moins de 47 titres aux tonalités tantôt rythmées, tantôt apaisantes. A découvrir sur Deezer, Spotify ou Apple Music.

Une bouffée d’air frais dans l’univers du J-drama

Les habitués des J-drama auront pu remarquer leur évolution d’année en année. Si certaines œuvres restent cultes et ont pu faire plonger certains dans la culture japonaise très tôt, de manière générale, les séries populaires il y a une quinzaine d’années vieillissent assez mal. Comme évoqué, il y avait une vraie frustration à regarder des romances japonaises : un surjeu des acteurs parfois exagéré, et des romances au dénouement survenant dans les 5 dernières minutes de la série. First Love est donc, en ce sens, une bouffée d’air frais pour la catégorie romance. C’est peut-être l’occasion de vous lancer dans un drama japonais et d’apprécier sa qualité, tant au niveau scénaristique que graphique.

First Love est bouleversant : il aborde des thèmes parfois difficiles, et joue constamment avec nos émotions. Il pourrait vous renvoyer dans votre propres souvenirs de jeunesse avec nostalgie. Les personnages sont attachants et authentiques. On s’identifie facilement à leurs histoires, leurs épreuves de vie. On se sent assez impliqué dans l’intrigue pour avoir envie de lancer l’épisode suivant et en apprendre plus sur la résolution de cette histoire d’amour.

First Love est une romance qui s’éloigne des clichés habituels des oeuvres japonaises pour notre plus grand plaisir. Ce drama aborde plusieurs histoires d’amour sous des angles variés, et s’intéresse autant aux personnages principaux que secondaires. Les personnages féminins sont indépendants et inspirants, dénotant avec l’idée reçue des Japonaises plutôt soumises et discrètes. C’est une histoire simple mais pourtant bouleversante qui nous rappelle notre propre premier amour avec nostalgie ou amertume. Une série à regarder sans hésiter, qui vous fera autant sourire que pleurer.

Marine Mellet

Je suis Marine, ou Rin sur le web. Je vis à Fukuoka, dans l'île de Kyûshû. Je suis professeure de français et de japonais et également Travel Planner spécialiste du Japon. Sur JDJ, je suis multi-thématiques, mais mes domaines de prédilection restent la pop-culture (dramas, musique, films ...), la gastronomie, les jeux de société et le tourisme. Bonne lecture :)

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