Alice in Borderland 2 : une suite réussie ?
Après le succès en 2020 de la première saison de Alice in Borderland, sur laquelle l’équipe JDJ revenait début 2021, la deuxième saison tant attendue a fini par débarquer sur Netflix. Avec l’enthousiasme reçu par ce drama à sa sortie, le public avait de gros espoirs quant à sa suite. Cependant, cette dernière a reçu des avis plus mitigés : quand certains ont adoré les 8 nouveaux épisodes, d’autres étaient frustrés. Journal du Japon revient sur cette saison en vous proposant un compte-rendu objectif. Il sera suivi d’un avis plus personnel de l’un de nos rédacteurs. Attention, l’article peut contenir des spoilers de la saison 2.
Alice in Borderland 2 : la suite tant attendue
Si les J-dramas avaient encore du mal à se frayer une place sur la grande plateforme de streaming qu’est Netflix, cette tendance commence à évoluer. On retrouve de plus en plus d’adaptations de mangas ou d’œuvres originales au catalogue, aux côtés des dramas coréens. Journal du Japon prépare d’ailleurs une nouvelle revue drama pour la Saint–Valentin, saurez-vous deviner la série présentée ?
Alice in Borderland avait connu un fort succès en 2020, alors que la pandémie incitait au visionnage de séries en masse. Alors que la vie reprend à peu près son cours, la suite de cette adaptation de manga se faisait fortement attendre. Netflix avait même annoncé sur Twitter qu’elle avait atteint 61 millions d’heures de visionnage dès son premier week-end de lancement. Elle s’est ainsi hissée au rang de la série japonaise la plus regardée sur cette période. Malgré ce succès, les avis sont en demi-teinte puisque rien que sous ce tweet, les réponses sont tantôt très enthousiastes, tantôt très accablantes. A chacun de se faire une opinion après visionnage.
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Un retour brutal à Borderland
A l’assaut des cartes de figures
Après avoir résolu les jeux des cartes de nombres, il faut désormais s’attaquer aux figures pour survivre. Voilà la dernière information livrée en fin de saison 1 à Alice, Usagi, Kuina et Chishiya. Ils avaient en effet découvert une étrange salle de contrôle remplie de cadavres et fait connaissance avec la supposée maîtresse du jeu : Mira. Cette dernière avait donné rendez-vous à midi dans le quartier de Shibuya pour le prochain jeu. Selon les dernières images, il s’agissait d’affronter le Roi de Pique : autrement dit la plus difficile des épreuves physiques.
C’est donc dans un Shibuya toujours aussi désert que l’on retrouve nos quatre personnages dans le 1er épisode, attendant patiemment le début de l’épreuve. Ils sont rejoints par d’autres joueurs ayant eu vent du lancement d’un nouveau jeu. Alors qu’il ne se passait rien, plusieurs d’entre eux se font brusquement tuer au fusil antichar. S’entame alors une course poursuite entre le Roi de Pique, armé jusqu’aux dents et impitoyable, et les joueurs, simple gibier. Alice, Usagi et Kuina s’enfuient en voiture avec Ann et Tatta qui viennent de les retrouver, et Chishiya reste en arrière. Ann disparaît aussi, les laissant à quatre.
L’épisode distille des flashbacks de certains personnages, et le quatuor décide finalement de s’attaquer au Roi de Trèfle. Le groupe est pour le moment incapable d’affronter celui de Pique qui les abattrait sur le champ. L’épisode s’achève sur les retrouvailles du groupe avec Niragi, qu’on pensait mort dans les flammes. Il s’associe aux héros avant leur rencontre pour le moins atypique avec le Roi de Trèfle.
A la rencontre des citoyens de Borderland
C’est toujours plaisant de retrouver nos personnages favoris d’une série, surtout dans le genre survival où on sait pertinemment que tout le monde ne survivra pas. C’est d’ailleurs peut-être un reproche qui pourrait être adressé à Alice in Borderland. En effet, on découvre au fur et à mesure de la saison qu’en dehors de Karube et Chōta, bel et bien morts pendant un jeu, quasiment tout le monde a survécu et survivra sans doute jusqu’au bout.
Si l’histoire des personnages était vraiment bien amenée et travaillée dans la saison 1, on ne peut pas en dire autant de la saison 2. Bien qu’on en apprenne plus sur le passé de Chishiya, resté obscur jusqu’alors, ou sur de nouveaux personnages arrivés en cours de route, on a un peu l’impression que c’est posé là, comme ça. Cependant, il est très intéressant d’en apprendre plus sur les « citoyens », le surnom des joueurs qui « vivent » dans Borderland à plein temps. C’est le cas par exemple des participants au jeu du Roi de Trèfle. C’est d’ailleurs l’un des jeux qui est le plus mis en avant de la saison. Il est probable que ce soit parce que l’acteur qui joue le Roi, Tomohisa YAMASHITA, est une tête d’affiche très connue des J-dramas et qu’il lui fallait du temps à l’écran pour rentabiliser sa participation.
L’équilibre de la présence des différents héros est plus fragile dans cette saison. On se concentre énormément sur la relation entre Alice et Usagi qui occupent la majorité du temps d’écran. On a bien quelques épisodes centrés sur Chishiya qui poursuit l’aventure en solitaire, mais en dehors d’eux, les autres personnages sont malheureusement relégués au second plan, malgré leur énorme potentiel.
Survivre à Borderland au péril de son âme ?
Comprendre un peu mieux les mécanismes de Borderland
Les jeux des cartes de figure sont pour la plupart intéressants. Certains ont le don de vous retourner l’estomac, et nous déconseillons le visionnage en même temps que le repas. Cependant, lorsque certaines épreuves à l’enjeu plutôt banal et la résolution prévisible durent en longueur (notamment celui de la Dame de Pique), d’autres avec un potentiel évident et plus captivantes sont assez vite balayées.
Les citoyens des cartes de figure agissent soit seuls, soit accompagnés. Dans tous les cas, on s’attarde davantage sur la psychologie de ces joueurs qui sont restés à Borderland à plein temps. En même temps, Alice assène les mêmes questions à chaque figure : comment rentre-t-on dans notre monde ? Qui sont les citoyens ? Pourquoi choisissent-ils de rester dans Borderland ? Aucun d’entre eux ne lui donne de réponse claire avant le dernier épisode, ce qui semble évident. Mais chacun dévoile de petites anecdotes sur leur vie passée et dans le jeu afin de permettre à Alice de se faire ses propres conclusions. On découvre ainsi des relations inattendues entre plusieurs personnages, des rôles cachés, des desseins pas toujours si sombres … Et c’est l’un des points forts de cette saison.
L’aspect psychologique au cœur des jeux
Malgré ce déséquilibre entre les différents jeux, la dynamique d’un épisode à l’autre reste bonne. Comme dans la saison 1, certains jeux sont résolus sur un épisode, et d’autres s’étalent sur plusieurs. Le suspense est toujours bien dosé de manière générale. La saison 2 est un peu plus poussée sur la réflexion des personnages, leurs interrogations, leurs questionnements éthiques. L’action est moins omniprésente que dans la saison précédente. On déplore éventuellement le fait que plusieurs jeux à l’aspect intéressant soient carrément survolés, avec seulement une succession de mini-scènes pour montrer que les héros font tomber les figures une à une. Ceci dit, ces jeux semblent similaires à ceux de la saison 1, et c’est peut-être pour ça qu’ils ont été éclipsés, leur développement n’étant pas si nécessaire.
De manière générale, les jeux de figures ont tous un aspect psychologique non négligeable, quelle que soit la couleur. Comme d’ordinaire, il faut faire des choix, des sacrifices, et user de ses meilleurs stratagèmes pour arriver à ses fins. A l’instar de la saison 1, Alice sait s’entourer des bonnes personnes capables de se sacrifier à sa place, ce qui peut être extrêmement agaçant sur la durée. C’est le seul personnage qui finit quasiment indemne à l’issue des jeux, tandis que ses coéquipiers ont tous plus ou moins frôlé la mort. Malgré tout, Alice reste un personnage stratège et qui a cette capacité à fédérer les gens autour de ses idéaux naïfs et utopistes. Sans ses idées de dernières minute, d’autres personnages auraient pu foncer dans le tas sur certaines épreuves et mourir aussitôt.
La fin d’une série ?
Une conclusion cohérente mais ouverte
A l’issue de la saison 2, le dilemme survient : la série se dotera-t-elle d’une saison 3 ou s’arrêtera-t-elle ici ? Au vu de la fin du dernier épisode, tout laisse à penser qu’Alice in Borderland peut tirer sa révérence dignement. Cependant, comme toute série Netflix avec un minimum de succès, la plateforme risque de la reconduire. En prenant quelle direction ? En effet, l’énigme principale autour de l’existence de Borderland est résolue. Les joueurs ont la plupart des réponses à leurs questions et ont regagné leur monde. Enfin, c’est ce qu’on nous laisse croire. Alors que raconter de plus ?
Il reste bien évidemment des questions laissées en suspens, entraînant la multiplication de théories tirées par les cheveux. Quant à l’avant-dernier épisode, il était bourré d’incohérences. Là où quasiment tous les personnages auraient dû mourir des suites de leurs blessures critiques, ces derniers survivent un peu par l’opération du Saint-Esprit et cela fait grincer des dents. Mais après tout, rappelons qu’Alice in Borderland est une adaptation de manga et qu’il y a beaucoup plus de libertés dans ce support que dans une série supposée réaliste.
Vers une adaptation de la suite du manga ?
Ceux qui ont lu le manga auront une idée plus concrète sur la conclusion de la saison. En effet, le manga répond davantage aux questions des personnages et des lecteurs que ne le fait la série. On comprend à l’issue du dernier épisode que Borderland est une sorte de transition entre la vie et la mort. Mais le rôle des citoyens, et pourquoi ils ont choisi de vivre dans cet entre-monde, les conséquences engendrées … restent flous.
Mais nombreux sont ceux qui, puisque la saison s’achève avec l’apparition de la carte inédite du Joker, pensent qu’il y aura une suite. Le manga lui-même a été prolongé avec Alice in Borderland Retry, terminé en deux tomes. On retrouve Alice plusieurs années après les événements de la série. Avec un format si court, on peut aussi imaginer que Netflix propose un film de conclusion plutôt qu’une saison 3. C’est un format assez courant du côté des J-dramas. Par exemple, le célèbre Hana Yori Dango s’était conclu par un film après deux saisons se suffisant pourtant à elles-mêmes. Le temps nous dira ce que décidera la plateforme de streaming.
L’avis de Marine
De petits éléments à reprocher au contenu
Même si la saison 2 était pour moi assez intéressante pour enchaîner les épisodes, j’ai trouvé l’ensemble moins bien construit et équilibré. En effet, on perd déjà l’effet de surprise. Personne n’attendait la saison 1 en France, et elle nous est tombée dessus, nous a intrigués et donné envie d’en savoir plus sur cet univers macabre de Borderland. De plus, la saison 1 répartissait plutôt bien les interactions des personnages principaux et secondaires. La seconde se focalise beaucoup trop sur le duo Alice – Usagi.
Une de mes plus grosses déceptions est l’évolution de certains personnages. Usagi, justement, qui était impitoyable au début, s’est complètement assagie. Elle se soumet toujours aux décisions d’Alice, perdant presque son libre-arbitre. Des personnages à haut potentiel comme Akane ou Ann sont relayés au second plan, alors que c’était justement intéressant de voir des femmes aussi déterminées et n’ayant jamais froid aux yeux. Quant à Niragi, il joue toujours à merveille son rôle de personnage hautement détestable mais il n’a aucune évolution. Il est toujours aussi écœurant et égoïste, même si on a parfois l’impression qu’il a un sursaut d’humanité. J’apprécie toujours autant Kuina, et j’ai encore plus adoré l’évolution de Chishiya et de découvrir son passé.
Une saison qui a su être convaincante
J’ai été relativement satisfaite des jeux, là où d’autres ont exprimé leur déception ou frustration. Etant relativement bon public, tant qu’un minimum de cohérence est respecté, je suis assez tolérante. Je reste persuadée que certains jeux ont trop traîné en longueur et d’autres, plus intéressants, ont été trop vite éclipsés. Mais cela n’est qu’un détail qui ne m’a nullement empêchée de m’impliquer dans cette saison de Borderland et de l’apprécier. J’espère sincèrement que si saison 3 il y a, elle sera faite avec logique et pas juste parce que la série a bien marché. C’est ainsi que l’on détruit les meilleures productions.
Le monde d’Alice in Borderland est un univers très intéressant. On se questionne sur notre sens éthique et notre vision de l’humanité. Je suis volontairement restée évasive tout au long de l’article pour limiter les spoils et laisser aux gens l’occasion de se faire leur propre avis sans être influencés par un texte trop tranché et subjectif. Mais je serais ravie d’échanger en commentaires sur les points de vue des lecteurs. En attendant, je vais aller lire le manga.
Alice in Borderland est un J-drama qui a su captiver le public occidental et notamment français. Alors que d’ordinaire, le cinéma japonais (hors films d’animation) ne fait généralement pas l’unanimité dans l’hexagone, Alice in Borderland a su séduire les gens. Cette série leur a permis une première immersion dans cet aspect de la culture japonaise. Au-delà des mangas et des anime, il existe d’autres supports de pop culture. Nous espérons donc que le succès d’Alice ne sera pas le dernier dans le domaine des J-dramas. Netflix l’a compris et a commencé à proposer davantage de séries japonaises dans son catalogue, pour notre plus grand plaisir !
J’ai beaucoup ri à lire votre commentaire. Tout d’abord parce que votre critique de la série ne corresponde quasiment en rien à ce qu’elle est vraiment, c’est à dire une pure merveille de série, originale, surprenante, totalement différente de ce qu’on voit d’habitude dans les séries américaines, bref une série qui divertit et nous incite à penser en même temps. C’est tellement génial qu’il est très difficile de s’arrêter et devoir attendre l’épisode suivant. Mais j’ai aussi beaucoup ri car on voit bien en vous lisant que vous n’êtes pas des vrais journalistes de cinéma, tout au plus des journalistes amateurs sur internet comme il en pullule partout, mais on voit clairement la différence avec les critiques dans les vrais magazines de cinéma. Et comme la vaste majorité des pseudo journalistes apparus sur le net depuis qu’il existe, vous vous donnez de l’importance en commentant tous les défauts de la série (alors qu’elle n’en a aucun) tout en sachant perfectement que vous seriez incapable d’écrire un scenario aussi puissant et original. Une fois de plus, les artistes sans talent deviennent des journalistes méprisants. Et non, vous n’avez pas raison, les personnages ne sont pas relégués au second plan, c’est juste le scenario qui les sépare. Tous les jeux sont intéressants sans exception, aucun n’est relayé au second plan, peut être ils ne correspondent pas à votre plaisir personnel et c’est suffisant pour vous. Vous n’écrivez pas comme des journalistes mais comme des adolescents qui discutent dans une cour de récré. Écrire une crique consiste à vraiment tout analyser et essayer de distinguer le meilleur et en quoi la série se démarque du tout venant, et non faire ce que vous faites, critiquer tout ce qui vous plait pas. Encore une fois vous n’avez pas la prose d’un journaliste professionnel et malheureusement cette tendance est de plus en plus fréquente sur internet où tout le monde peut se déclarer journaliste du jour au lendemain. Là je m’adresse aux lecteurs, ignorez totalement ces critiques amateurs et laissez vous séduire par la série, c’est l’une des meilleurs existant actuellement sur Netflix et vous ne sentirez à aucun moment ennui ou manque d’idées. C’est juste fabuleux.
Bonjour et merci pour cette analyse complète et très bien écrite.
C’est une série très intéressante qui pose beaucoup de questions et qui est agréable à regarder, les décors de Tokyo vides sont incroyables.
J’ai juste un petit désaccord avec votre impression concernant les incohérences.
Attention spoiler:
Je pense que les blessures dans le Borderland sont simplement le reflet des blessures réelles.
Après le choc, puis la confusion, ils prennent gentiment conscience de leurs états physiques. Par exemple, on voit Usagi blessée aux jambes par le roi de pique, mais ce sont en fait ses réelles blessures. Arisu semble éviter miraculeusement les balles, mais c’est parce qu’il a eu du bol dans le réel (on le voit indemne par rapport aux autres à l’hôpital).
Tout les survivants ont des blessures qui correspondent entre le Borderland et le réel.
Pour moi, dans le Borderland on ne peut pas être blessé si on ne l’est pas réellement. Ce monde sert surtout à mesurer leur volonté de vivre.