Kinotayo 2022 : un programme qui ausculte le Japon au plus près
Comme il est de coutume, l’automne sonne le retour du Kinotayo à la Maison de la Culture du Japon, cette année du 6 au 17 décembre. Depuis 2016, le festival poursuit son exploration du pays du soleil levant en se posant comme un témoin de la diversité de son cinéma, avec souvent un souci de faire découvrir, au côté de cinéastes dont la réputation n’est plus à faire chez nous, des auteurs plus confidentiels ou des talents émergés plus récemment, et qui n’hésitent pas à traiter de problématiques sociales du pays rarement portées à l’écran. Un programme riche en émotion que Journal du Japon a décortiqué pour vous !
Le documentariste Kazuhiro SODA à l’honneur : ausculter le Japon au plus près
Une ligne directrice qui se vérifie tout particulièrement pour la présente édition 2022 du Kinotayo qui s’ouvrira le 6 décembre avec le nouveau film du prolifique Koji FUKADA, Love Life, avant de mettre à l’honneur le documentariste Kazuhiro SODA. Ce dernier, déjà habitué du festival puisque ses documentaires y furent programmés à de nombreuses reprises, voit ici son travail célébré à travers une riche rétrospective allant de Campaign (2007) qui suivait un candidat de la politique en campagne pour les élections municipales de Kawasaki, au Professeur Yamamoto part à la retraite (2020) où il retrouve le psychiatre qu’il avait déjà suivi 12 ans avant. Au total, ce sont 7 films à travers lesquels le réalisateur ausculte au plus près la société japonaise et ses évolutions qui seront présentés entre le 6 et le 17 décembre à la MCJP.
Mais Kazuhiro SODA ne sera pas le seul documentariste représenté puisqu’on retrouvera aussi parmi les 7 films en compétition Soup and Ideology, dans lequel la réalisatrice YANG Yong-hi dresse le portrait de sa mère vieillissante, et opère à travers celui-ci un parallèle entre l’histoire tragique de sa famille et celle de la Corée et des événements tragiques de 1948 avec le soulèvement de l’île de Jeju.
Mais toujours un bel éventail de fictions
Si le documentaire, présent chaque année au Kinotayo, est cette fois particulièrement mis à l’honneur, ce n’est pas pour autant que la fiction sera délaissée lors de cette édition du festival. En plus de Soup and Ideology, c’est une très belle sélection de 6 films allant de la tranche de vie au polar, de la comédie au drame, de l’adaptation de manga au film indépendant. Petit tour d’horizon …
Torao, premier long-métrage autofinancé du réalisateur Kazuya MURAYAMA, fait en quelque sorte le trait d’union entre les deux versants de cette édition : un projet singulier à mi-chemin entre le thriller et le documentaire, qui suit l’obsession d’un policier à la retraire (Torao, dans son propre rôle) pour un cold-case qui le hante depuis 1992.
On retrouvera en avant première de sa sortie nationale en janvier La Famille Asada. Adapté de l’histoire vraie d’un photographe et de sa famille haute en couleur, un beau feel good movie qui réunit une belle brochette de comédiens dont Satoshi TSUMABUKI et Kazunari NINOMIYA. Le réalisateur Ryota NAKANO sera d’ailleurs présent pour la projection du 15 décembre, ainsi que le photographe dont l’histoire est à l’origine du film.
Just Remembering : tranche de vie romantique et lumineuse signée par Daigo MATSUI, le réalisateur de Japanese Girls Never Die (une belle surprise de l’édition 2017) que l’on a hâte de retrouver ici avec l’histoire d’une relation amoureuse racontée à rebours.
Avec My Broken Mariko, Yuki TANADA adapte le manga de Waka HIRAKO. Sur un sujet qui pourrait sembler on ne peut plus dramatique (une jeune femme apprenant le suicide de son amie d’enfance se remémore les souvenirs de leur relation et s’empare de ses cendres au nez et à la barbe des parents de la défunte), ce film s’annonce comme un film dynamique à la réalisation léchée.
Intolérance orchestre le face-à-face entre un gérant de supermarché et un père accusant le premier d’être responsable de la mort de sa fille qu’il aurait surprise en train de voler dans son magasin. Un drame au réalisme sec qui explore notamment les questions de la culpabilité, du deuil, du harcèlement médiatique. Un tel programme pourrait sembler austère et intimidant, mais quand on sait que c’est Keisuke YOSHIDA, réalisateur du puissant Hime-Anole (véritable coup de cœur et coup de poing de 2016) qui est aux commandes, on ne peut qu’être impatient de découvrir ce film.
Deux amis, ouvriers chez un ferrailleur, commettent un crime irréparable un soir de beuverie. Ils vont tenter de faire porter le chapeau à un collègue. Réalisé par Dai SAKO, Drive into night s’annonce comme un thriller psychologique sur fond de critique sociale. Un film noir sombre et retors comme on les aime.
Enfin, Saules Aveugles, Femme Endormie permettra de clôturer le festival par un élargissement puisque s’il s’agit d’un film d’animation adaptant plusieurs nouvelles de Haruki MURAKAMI, son réalisateur n’est lui pas japonais. Le réalisateur Peter FÖLDES sera de plus présent lors de la projection de clôture du festival le 16 décembre pour présenter ce film d’animation au style singulier, couronné du Prix du Jury lors du dernier festival d’Annecy.
C’est donc un riche programme que celui de cette 16ème édition du festival du cinéma japonais contemporain ! Un programme à découvrir du 6 au 17 décembre à la Maison de la Culture du Japon.
Vous pouvez retrouver l’agenda des projections et le détail de la programmation sur le site du Kinotayo.