Call of the Night : vous allez succomber à l’appel de la nuit !
Le mois d’octobre 2022 a été chargé en sorties qui ont fait grand bruit. Autant en mangas, avec la sortie de Dandadan aux éditions Crunchyroll, qu’en animés avec les adaptations de Chainsaw Man ou la dernière saison de Mob Psycho 100. Vous avez sans nul doute été submergés de contenus au point de rater une des sorties les plus prometteuses de cette année ! Parlons donc de Call of the Night, l’œuvre nocturne de la mangaka KOTOYAMA. La série est publiée depuis 2019 dans le Weekly Shônen Sunday, un magazine hebdomadaire connu chez nous notamment pour Détective Conan, Frieren ou Komi cherche ses mots. La série compte actuellement 13 tomes au Japon et les tomes 1 et 2 sont disponibles chez nous depuis le 06 octobre 2022.
Et voici les raisons pour lesquelles on vous incite à répondre à l’appel de la nuit !
L’histoire d’un marcheur nocturne
Call of the Night, c’est l’histoire de Kô, un jeune collégien de 14 ans un peu perdu dans sa vie. Une nuit, il décide pour la première fois de sortir seul sans rien dire à personne. Il va se balader dans les méandres des rues de son quartier endormi. Au cours de ses déambulations, il va faire la rencontre de Nazuna, une jolie vampire, qui lui servira de guide dans ce monde dont il a tant à découvrir. Se sentant comme un poisson dans l’eau au cœur de la nuit, il décide de fuir son quotidien en prenant l’initiative de devenir un vampire !
Cependant, une certaine condition que l’on n’avait pas vu venir semble se mettre en travers de sa route : pour devenir un vampire, il doit tomber amoureux du vampire qui lui suce son sang. Un problème pour ce jeune collégien pour qui les relations sociales ont un goût superficiel. Mais sa motivation est sans faille et il a décidé qu’il tomberait amoureux de Nazuna.
Au gré de ses aventures nocturnes, accompagné de la vampire, il va s’immerger pleinement dans la nuit. Les deux acolytes vont faire de nombreuses rencontres diverses et variées, parfois surprenantes… ou même carrément dangereuses. Les situations auxquelles ils vont se retrouver confrontées vont affirmer ou récuser la perception qu’ils ont chacun l’un de l’autre en tant qu’humain et vampire. Qu’est-ce qu’un vampire ? Comment en devient-on un ? Sont-ils irréductibles ? Faut-il s’en méfier ? Autant de questions parmi tant d’autres qui se poseront au cours cette série, où poivrots et vampires peuvent se croiser au détour d’une ruelle.
Une ambiance unique et hors du temps
Les scènes nocturnes de ces premiers tomes nous mettent de suite dans l’ambiance. KOTOYAMA nous offre de sa plume affûtée des planches très contemplatives des paysages urbains endormis. Ce cadre si particulier crée une ambiance unique, un environnement plus intime et hors du temps dans lequel les personnages pourront évoluer ensemble. On y ressent le calme et l’apaisement de la nuit dans les quartiers peu fréquentés. Ce côté plutôt lyrique est mené par une narration fluide et adroitement balancée avec un humour bien présent, avec des personnages frais et plein de vigueur.
Pendant les quelques premières pages de l’œuvre, l’auteure décide de nous présenter la nuit à l’état brut. Kô erre sans réel but dans la nuit. C’est l’arrivée de Nazuna s’immisçant dans son espace vital lors d’un passage au distributeur de boissons qui va donner un grand coup de pédale au récit. Cette scène est claire comme de l’eau de roche : la nuit n’est pas comme elle se présente. Si le calme et la tranquillité font partie de ses composantes, la nuit peut être très rapidement bouleversée pour laisser place à des scènes d’une grande dynamique. Kotoyama nous prévient que la surprise peut surgir au moindre coin de rue.
Une relation originale
Si Kô semble être le plus jeune de nos deux amis, c’est lui qui se montre comme le plus mature à la différence de Nazuna, qui semble plus vouloir profiter des plaisirs de la vie qu’autre chose. Nos deux noctambules aiment bien se taquiner, comme pour se chercher. De l’humour le plus puéril jusqu’au carrément lubrique, ne vous attendez pas à des blagues de hautes volées de leur part. Visez plutôt sous la ceinture !
L’œuvre offre un sang nouveau aux vampires, un thème que beaucoup trouvent éculé et rongé jusqu’à l’os. Nouvelles règles : nouveaux espoirs ! Loin des romances plan-plan que l’imaginaire collectif semble avoir apposé à ce thème, la série nous propose avant tout les délires d’une amitié naissante.
L’aspect romantique est présent, forcément, car Kô s’est promis de tomber amoureux de la jeune vampire. D’un côté, on retrouve Kô qui essaie de comprendre ses émotions et de les orienter… De l’autre, Nazuna qui, bien qu’elle essaie de se la jouer « professionnelle de l’amour », démontre une certaine inexpérience. Comme ni Nazuna ni Kô ne semblent vraiment savoir ce qu’est une romance, le thème est abordé avec une touche légère et totalement décomplexée.
Une édition à la hauteur
Comme l’éditeur Kurokawa a la réputation de le faire, cette édition de Call of the Night semble rendre honneur à son support original. Elle est graphiquement respectueuse de l’édition japonaise et se permet même, en exclusivité française, de jouer avec les phases lunaires qui avancent au gré des sorties des tomes sur les couvertures et les dos.
À la traduction, on pourra retrouver Xavière Daumarie qui a notamment travaillé sur Banana Fish, Vampire Knight ou même City Hunter. Au lettrage, c’est l’excellent travail de Sylvie Naddéo-Deloche que l’on peut déjà apprécier sur SPY x Family qui sera à l’honneur, proposant une adaptation graphique complète des bruitages. On apprécie beaucoup ici !
S’il fallait citer un point négatif à cette édition, il serait plutôt subjectif : l’utilisation répétée de certains anglicismes dans le vocabulaire des personnages. Même si l’anglais se fait de plus en plus présent dans notre vocabulaire courant, se limiter au strict nécessaire afin d’être sûr de ne laisser aucun lecteur sur le bord de la route nous semble être une bonne mesure.
Pour résumer, c’est une édition joliment réussie que nous propose Kurokawa. Merci encore.
La genèse de l’œuvre
Call of the night ou Yofukashi no Uta (よふかしのうた) dans sa version originale est en fait éponyme d’un morceau de Creepy Nuts, un duo musical de hip hop japonais que l’auteure affectionne particulièrement. C’est ce son, véritable ode à la nuit, qui donnera l’inspiration à Kotoyama pour l’ambiance de son manga. Lors de la production de l’animé par Liden Films, ils ont, sans surprise, été sélectionnés d’office pour la réalisation des génériques de début et de fin. Les yeux les plus aguerris sauront même retrouver leurs caméos aussi bien dans le manga que dans son adaptation animée.
Les autres œuvres de l’auteure
Si Call of the Night est le premier manga de l’auteure à arriver chez nous, ce n’est pourtant pas sa première sérialisation. Avant de mettre en lumière la nuit grâce aux lueurs des lampadaires résidentiels, c’est les dagashi, cette multitude de friandises japonaises bon marché, qu’elle avait voulu présenter en tête de gondole.
Dagashi Kashi (だがしかし)
Publié de juin 2014 à mars 2018 dans le même magazine que son grand-frère, l’histoire nous plonge dans le quotidien de Kokonotsu, un jeune adolescent qui, malgré l’insistance de son père, ne souhaite pas reprendre l’entreprise familiale : Un magasin de bonbons à la campagne. Un jour, venue de nulle part, une passionnée des friandises nommée Hotaru fait irruption dans le magasin. Telle une encyclopédie des sucreries, Hotaru essaiera de convaincre notre jeune héros qu’il n’existe rien de plus cool que ces plaisirs sucrés. Une œuvre humoristique pleine de vie et de passion et qui vous en apprendra long sur les confiseries japonaises.
Si tout ça vous a mis l’eau à la bouche, bien que ce manga n’ait pas (encore) eu d’adaptation française, il a bénéficié d’une adaptation animée. Les 2 saisons produites par Tezuka Productions sont d’ores et déjà disponibles sur ADN et la première saison est même disponible gratuitement. Une déclinaison en light novel a aussi été réalisée, malheureusement il n’est pas non plus disponible en France.
En conclusion
Kotoyama est une auteure à suivre de près, sur son compte Twitter par exemple (@cot_510), mais pas que. Ce n’est pas pour rien que les deux séries qu’elle détient à son actif ont déjà été adaptées en animés. Sa narration et son trait font de ses mangas des petites pièces uniques en leur genre. On ne peut que vous encourager à vous intéresser à son travail et à le soutenir : en achetant les tomes, en visionnant les séries animées ou en parlant de ses œuvres autour de vous. La série est toujours en cours au Japon et ne fait que gagner en popularité notamment grâce à la mise en lumière de son adaptation animée (diffusée en France chez ADN, premier épisode disponible gratuitement). Un habile mélange de comédie, action, romance : le mythe du vampire réinventé dans une œuvre 100% shônen. Une œuvre pleine de mordant, à dévorer expressément !