Le Japon vu du ciel sur Arte : la série de 5 documentaires de la rentrée
Assez régulièrement, Arte la chaîne franco-allemande, propose des programmes sur le Japon. Aujourd’hui, c’est une série de 5 documentaires Le Japon vu du ciel que l’on vous présente et qui est disponible en replay jusqu’au 12 novembre 2022. Du nord, sur l’île d’Hokkaidō jusqu’à l’archipel d’Okinawa au sud, en passant par un pèlerinage sur la petite île de Shikoku, dépaysement assuré à la (re)découverte de beaux paysages et de traditions japonaises.
Le Grand Nord sauvage
Le premier épisode se consacre à l’exploration de l’immense île du nord du Japon, Hokkaidō. Cet espace sauvage offre de beaux paysages avec ses chaînes de montagnes enneigées, ses nombreux lacs et forêts. Terre de feu et de glace, l’île regorge de lacs dans le caldeira de volcans. Le lac Mashū est l’un des panoramas les plus célèbres d’Hokkaidō avec ses cratères et son eau cristalline. Après le lac Akan, on observe les grues du Japon dans le marais de Kushiro qui a mis en place un programme de conservation. Symbole de longévité et de prospérité, les grues à couronne rouge font les bonheur des photographes.
La péninsule de Shiretoko est un exemple remarquable, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, de l’interaction des écosystèmes marins et terrestres largement influencée par la formation de glaces marines saisonnières qui dérivent de la mer d’Okhotsk. L’ours brun est un emblème d’Hokkaidō et la presqu’île de Shiretoko abrite aujourd’hui l’une des plus importantes colonies au monde avec environ 200 individus. Le plus grand aigle, le pygargue de Steller, originaire du Kamtchatka en Russie, migre au sud, notamment à Hokkaidō, pendant la mauvaise saison et vient faire son nid dans les falaises le long du littoral. Dans la péninsule de Nemuro, on suit des pêcheurs qui relèvent des filets sous la glace.
A l’été, lors du dégel, le lac Fūren redevient un paradis sur terre pour plus de 300 espèces d’oiseaux venus nicher ou faire étape. L’élevage laitier s’est développé dans l’est d’Hokkaidō qui offre de grands espaces disponibles. Un couple de jeunes citadins s’est notamment installé pour produire du fromage, loin du stress de la capitale tokyoïte. Un joli défi quand on sait que le Japon n’est pas le pays du fromage ! Avec le soutien de la communauté, ils ne regrettent pas leur nouvelle vie. Direction ensuite le centre de l’île surnommé parfois « le toit d’Hokkaidō » avec ses nombreuses chaînes montagnes dont 5 sommets dépassent les 2 000 m. Le parc national de Daisetsuzan est le plus grand du Japon et son nom signifie « grandes montagnes enneigées ». Ce relief reflète l’activité volcanique intense : le Japon est d’ailleurs la zone géologique la plus active du monde, à cheval sur 4 plaques tectoniques principales. Une trentaine de volcans dont le mont Tokachi sont actifs aujourd’hui et surveillés à Hokkaidō. Le volcanisme a ses bons côtés en offrant des sources thermales comme à Noboribetsu, la « vallée de l’enfer » (Jigokudani) d’où jaillissent des fumeroles et des jets de vapeur du volcan dormant. Dans le parc national de Shikotsu-Toya, il ne faut pas rater le mont Yōtei, le « mont Fuji d’Hokkaidō » ainsi que le lac Toya.
A Urakawa, au pied des monts Hidaka, les plaines abritent l’élevage de chevaux de course (Hokkaidō représente 90% de la production japonaise). De nombreux champions, essentiellement des pur-sang, y sont nés. Si les courses hippiques sont une activité économique florissante, la retraite des chevaux n’est pas prévue et les animaux sont abattus. Une femme a décidé de changer les choses et d’offrir aux équidés, à la retraite ou blessés, de beaux derniers jours dans une ferme pédagogique qui les accueille. A Sapporo, capitale de l’île et 5e ville du Japon avec 2 millions d’habitants, on se rend au marché central de gros où se négocie le thon rouge, notamment. La bière est une de ses spécialités. Hokkaidō est le grenier du Japon en fournissant notamment 65% des récoltes japonaises de blé, 80% des pommes de terre et la moitié de la production de lait. A Asahikawa, nous partons à la rencontre du groupe vocal Marewrew. Les 3 chanteuses d’origine aïnoue tente de préserver la culture du peuple autochtone qui vivait à Hokkaidō avant la colonisation japonaise. L’épisode se clôture avec Hakodate et son fort Goryōkaku aux allures de citadelles à la Vauban.
Du pays de neige à Tokyo
On commence avec le nord de la région du Tōhoku, pays de neige (clin d’œil au roman de Yasunari KAWABATA) où peut s’accumuler jusqu’à 12 mètres de neige à des endroits. Dans le département de Aomori, à Tsugaru, les habitants se sont habitués à ces conditions climatiques hivernales difficiles. L’équipe de déneigeurs ne ménage pas ses efforts pour déblayer les 20 kilomètres de voies ferrées. Dans le Yamagata, dans la région des 3 montagnes de Dewa, on découvre l’importance du bouddhisme. Au pied du Mont Haguro, dans la forêt de cèdres pluricentenaires, on découvre la plus ancienne pagode à 5 étages du Tōhoku, datant de 1372 et classé trésor national. Depuis un millénaire, le mont est l’une des 3 montagnes sacrées de Dewa et est un site de pèlerinage pour les yamabushi, moines ascètes du shugendō. Dans le temple au sommet du mont, on rencontre le chef qui cuisine les recettes végétaliennes qui respectent les préceptes du bouddhisme, shōjin ryōri. Cette cuisine bouddhique s’adapte aux ingrédients disponibles localement et aux saisons. Un agriculteur et éleveur de saumons nous explique ensuite son quotidien. La riziculture est très importante dans la région et la culture du riz a bien changé et s’est grandement mécanisé. Dans le département d’Iwate, sur la côte de Sanriku, de puissants murs anti-tsunami ont été construits pour ne pas reconnaître la catastrophe du 11 mars 2011 et ses 18 079 morts et disparus.
A bord du shinkansen, nous quittons le Tōhoku pour la région du Kantō avec un premier arrêt dans le département d’Ibaraki. Dans le parc Hitachi on peut admirer, de fin avril à la mi-mai, la beauté éphémère des 4,5 millions de nemophilas bleues. On se rend ensuite à Tokyo de nuit, la capitale du Japon qui scintille de mille feux, imposante avec ses immenses buildings à l’américaine, en traversant le Rainbow Bridge (le pont Arc-en-ciel). Quelques symboles de la mégalopole japonaise avec le célèbre carrefour de Shibuya et la Tokyo Tower, la « Tour Eiffel » tokyoïte. Visite de l’ancien marché aux poissons de Tsukiji, qui était le plus grand marché aux poissons jusqu’à sa fermeture en 2018, avant son déménagement à Toyosu. Culminant à 634 mètres, on ne peut pas manquer, enfin, la Tokyo Skytree qui offre une vue à 360° à couper le souffle de la capitale japonaise.
Le berceau des traditions
Direction la plaine du Kansai pour découvrir le foyer culturel du Japon qui a vu naître de nombreuses traditions japonaises au cours du millénaire. Dans le département de Nara, sur le mont Yoshino, les Japonais et les touristes étrangers aiment respecter la tradition du Hanami, l’observation des arbres en fleurs. Les 30 000 cerisiers offrent un magnifique spectacle éphémère lors du printemps. Il ne faut pas rater le festival de Setsubun, qui fête le « changement de saison », de l’hiver au printemps. On rencontre ensuite un maître fabricant de katana, Kunihira KAWASHI. Dans l’ancienne capitale impériale entre 710 et 784, Nara, le Tōdai-ji est l’un des plus anciens temples bouddhistes du Japon et la salle du Grand Bouddha (Daibutsu-den) est la plus imposante construction en bois au monde.
La région d’Osaka était le cœur du pouvoir entre le 3e et le 6e siècle de notre ère, lors de la période Kofun… en témoigne les tertres funéraires « en trou de serrure » appelés Kofun. Le Daisen-kofun est le plus impressionnant de tous : la plus grande sépulture individuelle au monde, qui s’étend sur 50 hectares. Direction ensuite une autre capitale impériale, Kyoto. L’ancienne capitale de la paix, Heian, l’une des villes les mieux conservés du pays, compte plus de 2 000 édifices religieux dédiés au bouddhisme et au shintô. Près d’une vingtaine sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme par exemple le temple du Pavillon d’or, le Kinkaku-ji. A la saison de l’automne, les érables du Japon se parent d’un rouge vif (momiji). A Kyoto, maisons de thé et de geisha préservent les traditions.
Mino, dans le département de Gifu, est réputée pour sa fabrication de papier washi aux multiples usages : pour la correspondance, la fabrication de livres mais aussi de la décoration et des lanternes par exemple. Classé au patrimoine immatériel de l’UNESCO, son avenir est malheureusement menacé, faute de jeunes intéressés pour reprendre le flambeau. Direction ensuite les Alpes japonaises, dans le département de Nagano, sur le plateau de Azumino. Le mont Yari en forme de flèche vers le ciel, à plus de 3 000 mètres d’altitude, rassemble chaque année de nombreux randonneurs et amateurs d’escalade. On en profite pour découvrir la culture du wasabi. A Ishikawa, dans la péninsule de Noto, focus sur les rizières en terrasse et la tradition locale de la production de sel. A Nagaoka, dans le département de Niigata, c’est la tradition des arts martiaux et du karaté notamment qui est explorée. Et enfin, à Toyokawa, dans l’ancienne province du Mikawa, c’est l’art du Tezutsu, feux d’artifice locaux, qui est préservé.
La terre des dieux
Cet épisode se consacre à l’exploration de la région du Chūgoku, à l’ouest de l’île principale Honshū, et Shikoku, la plus petite des quatre îles principales du Japon. En guise d’ouverture, on peut admirer l’attraction touristique de l’île de Miyajima, le grand torii flottant du sanctuaire d’Itsukushima, l’une des « trois vues les plus célèbres du Japon » depuis 1643. Escale à Hiroshima, ville qui œuvre pour la paix dans le monde et la dénucléarisation en rendant hommage aux victimes du bombardement atomique du 6 août 1945. Après la capitale régionale du Chūgoku et les 2 millions d’habitants que compte l’agglomération prospère d’Hiroshima, on prend le large de la mer intérieure de Seto pour y découvrir les richesses qu’offre cette « Mer Méditerranée du Japon« , avec notamment l’élevage des huîtres qui représente plus de la moitié de la production ostréicole du pays.
A la croisée entre les 3 îles principales Honshū, Shikoku et Kyūshū et avec plus de 1 000 îles et îlots, la zone compte de nombreux ponts impressionnants pour relier les régions entre elles. La route continue ainsi en empruntant le triple pont du détroit de Kurushima pour se rendre à Shikoku connu pour son pèlerinage de 88 temples représentant un chemin de 1 200 km. Ensuite, direction l’île de Shodoshima (Kagawa) connue pour ses oliviers. Retour dans le Chūgoku, à Bizen (Okayama) plus particulièrement pour sa céramique. La poterie de Bizen est une tradition millénaire. Plus au nord, dans le Shimane « la province des dieux », c’est le shintō qui est exploré avec Izumo et la fête du Kamiari, le rassemblement des millions de kami qui a lieu en octobre sur la plage d’Inasa.
La nature offre un magnifique spectacle : les nombreuses montagnes et forêts sont appréciés par les moines ascètes du shugendō. Le Shimane est une terre de légendes. C’est dans le fleuve Hii que Yamata no Orochi, le monstre de la mythologie japonaise, aurait vécu avant d’être éliminé par le kami Susanoo. Dans le petit port de Yunotsu, la tradition du Kagura, le divertissement des dieux, reste intacte avec les spectacles d’Iwami Kagura qui continuent d’honorer les dieux, avec notamment la représentation du combat homérique de Susanoo contre la dragon à huit têtes Yamata no Orochi. La dernière étape dans le Chūgoku est Tottori et ses fameuses dunes de sable.
Des îles aux trésors
Le dernier épisode explore les îles du Kyūshū et d’Okinawa. Dans la 3e île principale du Japon, l’activité volcanique et géothermique est importante : Kyūshū compte d’ailleurs de nombreuses stations thermales dont la plus réputée et importante est à Beppu. Réparties dans 8 grands quartiers, ce sont pas loin de 2 000 sources chaudes ! Après les onsen, on se rend dans le département de Saga pour la culture des algues nori dans la mer d’Ariake et du thé. A Nagasaki, le parc de la paix rappelle le second bombardement atomique de l’histoire du 9 août 1945. Non loin de là, il y a aussi la cathédrale d’Urakami. Ainsi, est abordée l’histoire du christianisme au Japon et les persécutions qu’ont subi les chrétiens qui devaient renoncer à leur foi ou mourir en martyrs.
Okinawa est un archipel d’environ 150 îles qui s’étire sur 1 000 kilomètres. En zone subtropicale humide, Okinawa a des airs de paradis avec ses eaux turquoises, ses plages, ses récifs de corail et sa végétation luxuriante. Dernière grande bataille de la guerre du Pacifique, lors de la Seconde Guerre mondiale, Okinawa a été le théâtre d’un massacre sanglant avec plus de 100 000 morts. Depuis la défaite du Japon impérial, l’archipel d’Okinawa est toujours sous occupation américaine malgré le fait que la population locale souhaite le départ des militaires étasuniens depuis plusieurs décennies. En raison de sa position géographique, Okinawa a toujours été un pont commercial et culturel entre le Japon et la Chine. A Naha, la capitale, les influences chinoises y sont donc très marquées. Les Okinawaïens honorent les ancêtres de leur clan appelé monchu dirigé par un patriarche. À Yonaguni, se trouvent dans les profondeurs de la mer des vestiges d’une mystérieuse civilisation disparue.
Avec ces 5 épisodes du Japon vu du ciel, Arte permet aux spectateurs de s’évader et de retourner virtuellement au Japon en attendant que les frontières rouvrent enfin ! Si chacun dure 50 minutes environ, le fait qu’ils soient disponibles en replay jusqu’au 12 novembre permettra à tout à chacun de les visionner à son rythme. Au programme : de beaux paysages qui pourraient s’ajouter à votre liste de lieux à visiter pour un prochain voyage dans l’archipel nippon !
Lien de visionnage des 5 épisodes du Japon vu du ciel disponibles en replay jusqu’au 12 novembre 2022 : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-016526/le-japon-vu-du-ciel/