WABI SABI : le Japon traditionnel de retour à Japan Expo !
La 21e édition de Japan Expo a eu lieu mi-juillet et l’équipe de Journal du Japon continue de dresser le bilan de ses espaces de prédilection lors de cet événement. Après notre bilan global et la section tourisme, dont vous trouverez les liens en fin d’article, on fait le point sur le Japon traditionnel et son pavillon Wabi Sabi qui, d’année en année, continue de proposer aux visiteurs de multiples découvertes autour des produits artisanaux et traditionnels japonais !
Pour cette édition sous le signe du phœnix et après 2 ans d’absence à cause du Covid, il faut dire que les 2 000 m² de la zone Wabi Sabi nous avait manqué… Et revoir 79 artisans venus du Japon présenter leurs savoir-faire était un vrai plaisir !
Tokyo Teshigoto, un large éventail de l’artisanat d’Edo
Tokyo Teshigoto, les « Artisanats traditionnels » de Tokyo est une initiative qui vise à mettre en lumière, au Japon et à l’étranger, les savoir-faire des artisans d’Edo (ancien nom de l’actuelle ville de Tokyo) transmis de génération en génération. À Japan Expo, il était ainsi possible d’avoir un vaste aperçu des nombreux artisanats présents dans la capitale tokyoïte. Sans faire l’inventaire de tout ce qui était exposé, voici une sélection de produits.
On commence avec des poupées Edo Kimekomi de l’entreprise KAKINUMA NINGYO. Toshimitsu KAKINUMA utilise la technique traditionnelle Kimekomi pour réaliser ces chiens gardiens des sanctuaires (komainu) en bois recouverts de tissu. Toujours avec la technique de kimekomi, on retrouve les classiques chats porte-bonheur, les maneki-neko mais aussi Hello Kitty en kimono. Non loin, il y avait aussi des Suzu Zumo de Kôbô TSUKADA et Masahiro TSUKADA, père et fils. Comme leur nom l’indique, il s’agit de lutteurs de sumo (zumo) qui émettent un bruit de clochette (suzu) quand on les secoue. Plus exotique dirons-nous, Matsuzaki Doll exposait une paire de rhinocéros avec un joli patchwork de tissus colorés de l’artisan Mitsumasa MATSUZAKI.
Le verre ciselé d’Edo est toujours un régal pour les yeux ! Whisky, bière, saké, vin, soda… Peu importe le liquide, les verres de Nakakin Glass mais aussi de Shimizu Glass sont de véritables œuvres d’art.
Si pendant la période d’Edo les lanternes en papier faisaient partie du quotidien de la population, aujourd’hui, ces dernières se font rares dans la vie de tous les jours. On les retrouve presque uniquement lors des festivals ou comme souvenirs… OTO CHOCHIN dépoussière tout cela et met à jour les lanternes en les faisant entrer dans le 21e siècle. À la place de la bougie pour éclairer, en mettant son smartphone, la lanterne en papier traditionnelle diffuse, en plus d’une jolie lumière, de la musique !
Pour plus d’informations sur les artisans et leurs histoires, il y a un site internet et vous pouvez aussi suivre l’actualité de Tokyo Teshigoto sur leurs réseaux sociaux : Instagram ; Facebook et Twitter.
Lightmill, accessoires en marqueterie
À travers son entreprise Lightmill accessory, Yoji KIKUTA (菊田 洋次) vend des accessoires en marqueterie. À Japan Expo, il était possible d’acheter ces accessoires en bois combinant différents matériaux comme des boucles d’oreilles, des bagues, des badges à épingles mais aussi de la décoration. Derrière chaque pièce unique, on remarque toute la minutie et l’originalité d’un artisan bijoutier qui a 10 ans d’expérience en ébénisterie et 15 ans en marqueterie. Pendant le confinement, l’artisan a créé une collection avec des résistances électriques pour un résultat inattendu !
Plus d’informations sur le site internet de Lightmill accessory (japonais) et Instagram.
Dentoya Akatsuki, des accessoires Tamahagane
Shōhei SANO (佐野 翔平) a fondé Dentoya Akatsuki (伝統屋 暁) avec la volonté de « saupoudrer dans notre vie quotidienne les techniques qui ont été transmises depuis les temps anciens du Japon ». Sur le stand, on pouvait acheter différents accessoires et bijoux ainsi que de la papeterie spéciale car chaque produit intègre de l’acier japonais tamahagane.
Au Japon, le minerai de fer (satetsu) est en général sous forme de gravier ou de sable fin noir. L’extraction du fer pur (1 % du satetsu) est effectuée par réduction dans un bas fourneau appelé tatara. Pour produire un bloc hétérogène d’acier (kera ou loupe en français) de 2 tonnes, il faut 8 tonnes de satetsu et 13 tonnes de charbon de bois qui sert de combustible et de réducteur. Lorsque la température atteint 1 400 °C, de l’oxygène est introduit à l’aide de soufflets, et elle réagit avec le carbone du charbon de bois pour donner de l’oxyde de carbone. Le tamahagane représente une moitié du kera qui est composée d’acier ayant entre 0,6 et 1,5 % de carbone. La moitié à 2/3 de ce tamahagane a la teneur en carbone optimale pour la fabrication d’un sabre ou couteau de cuisine.
Plus d’informations sur le site internet de Dentoya Akatsuki (japonais) et Instagram.
Sansuido, technique du bois laqué de la période Kamakura
Sur le stand de SANSUIDO, l’artisanat laqué de Kamakura venait à vous avec des baguettes et pose-baguettes, des plateaux, des tasses à la vente notamment ! Kamakurabori est l’artisanat laqué du Japon, remontant à la période Kamakura (à partir de 1185) et dont les origines se trouvent dans les installations de l’autel bouddhiste et d’autres métiers laqués créés par des artisans de la sculpture bouddhiste de Kamakura. Les artisans sculptent le bois katsura où plusieurs couches de laque naturelle sont ensuite appliquées. Le mariage du bois et de la laque naturelle donne ainsi des pièces uniques qui s’enrichissent avec le temps.
Plus d’informations sur le site internet de Sansuido.
Plusieurs stands d’accessoires de mizuhiki
Plusieurs stands étaient dédiés au mizuhiki, des cordelettes fabriquées à partir de papier washi torsadé, puis enduit de colle pour le rendre plus solide. Traditionnellement, il s’agissait de nœuds symboliques qui ornaient les cadeaux. Comme avec les fleurs par exemple, il y a tout un langage et un code autour des nœuds et des couleurs : rouge et blanc pour une naissance, ou or et blanc pour un mariage. De nos jours, le mizuhiki est devenu aussi des bijoux et des accessoires de décoration. À Japan Expo, voici 3 stands que nous souhaitons mettre en avant : YUINOBI ; Ericknoza et Ordinaire.
La mode japonaise bien représentée !
On commence avec 2 stands qui revisitent le kimono : JOYEN et Shiki. JOYEN exposait et vendait de magnifiques pièces (des housses de coussin, des chapeaux et des sacs chics et élégants) en tissu de kimono (Nishijin-ori obi). Quant à Shiki, la marque s’est spécialisée dans la création fait-main de corsets à partir de kimono et obi. Yuka, la créatrice a réalisé les costumes (plus de 110) du groupe Wagakki band qui mélange rock et musique traditionnelle japonaise, et que nous avions rencontré en 2015, à Japan Expo justement.
On continue avec Miyuki HIRAO qui confectionne des vêtements qu’elle teint à l’encre de Chine et Usui MURASAKI avec des sandales d’intérieur appelés nuno-zori en recyclant d’anciens vêtements. Avant de devenir une designeuse textile, tout commence en 2004 à Nara pour Miyuki HIRAO où elle confectionne des tabliers en loisir. Trois années plus tard, en 2007, elle crée sa propre marque de vêtements, S’amuser サミュゼ. De 2015 à 2020, elle vend ses créations dans sa boutique à Nara tout en participant à des expositions et salons. Pendant le covid, elle a passé les 2 années à apprendre l’encre sumi pour combiner l’art traditionnel japonais de l’encre sumi et des robes modernes. Chaque pièce est ainsi unique et se distingue du prêt-à-porter sans âme.
Toujours dans l’air du temps, les chaussons en tissu sont réalisés depuis des siècles à partir de tissus de toutes sortes, parfois usagés, ce qui est une façon écologique de les recycler. Le tressage et le nattage sont les deux techniques manuelles de base utilisées pour leur fabrication. On en entend de plus en plus parler. Des blogs et des ateliers se développent pour expliquer comment réaliser ses nuno-zori avec des vêtements qui traînent dans nos armoires. Pour les moins manuels, il était possible d’acheter sa paire sur le stand de Usui MURASAKI !
Autre gros coup de cœur pour l’entreprise familiale Sawame Corp. qui confectionne des sacs et des étuis pour téléphones et ordinateurs en mélangeant des motifs de différentes cultures. Par exemple, pour le sac SAKE, un tablier traditionnel japonais de brasseur de saké appelé maekake sert de face avant. Pour la face arrière, un tissu au motif exotique est utilisé venant de pays comme le Togo et le Kosovo par exemple.
Les poupées japonaises et les balles Temari à Japan Expo
Si tout le monde ou presque connaît les poupées kokeshi, à Japan Expo, il y avait aussi des Tagu Doll. Il s’agit de poupées faites à la main d’une dizaine de centimètres de hauteur. De toutes les couleurs, elles portent toutes de jolis kimonos. Sur le stand de Atelier Mizuki, la kokeshi était sous la forme d’accessoires, des boucles d’oreilles et colliers qui revisitent la poupée en bois japonaise qui remonte à la fin de l’époque Edo dans le nord du Japon, de la région de Tōhoku. Autre objet de l’enfance des Japonais, les balles Temari qui étaient aussi présentes à Japan Expo avec le stand de Temari no Wa. La balle en soie et tissu de kimono traditionnel pour souhaiter une bonne santé et croissance aux enfants se réinvente en accessoires comme des bagues, des boucles d’oreilles et des colliers !
De la broderie et du tressage traditionnel
Le stand de Kogin pippi proposait des accessoires (des boucles d’oreilles et des boutons peints à la main notamment) et décorations utilisant la technique de broderie traditionnelle, koginzashi, créée par les agriculteurs dans le but de retenir la chaleur durant la pénurie de matériaux de la période Edo. Sur le stand de Mikami_KUMIHIMO, les visiteurs pouvaient découvrir du tissage traditionnel à 3 fils et plus (jusqu’à plus de 20 !), kumihimo. Des ateliers d’une quinzaine de minutes environ permettaient même de s’y initier et réaliser son propre bracelet. Un chouette souvenir à ramener de Japan Expo ! Des ceintures obi et accessoires étaient aussi en vente.
De la calligraphie traditionnelle mais pas que…
Au pavillon Wabi Sabi, la calligraphie était bien représentée avec plusieurs stands dont Jukou FUJIBAYASHI, Chika USHIJIMA 香欒 « Koran » et Kazuki KUBO. Sur le stand de Jukou FUJIBAYASHI, la calligraphe ne s’exprime pas uniquement sur les kakemono (rouleaux suspendus) ou les feuilles blanches de papier mais aussi sur des supports originaux comme des accessoires, des éventails et des skateboards par exemple. Il était possible de repartir avec un petit souvenir, la calligraphie de son choix sur un shikishi (support cartonné de papier washi) par exemple. Sur le stand de Chika USHIJIMA, la voie de l’écriture shodō est plus douce et enfantine avec du papier japonais fait à la main et du papier teint au pochoir, artisanalement. Des jouets nostalgiques réalisés avec du coton Aizu de la préfecture de Fukushima étaient aussi de la partie ! Et enfin, Kazuki KUBO proposait des illustrations originales de kanji, des autocollants et des cartes postales. Bel exercice pour essayer de retrouver l’idéogramme de base !
Mafuyu et ses illustrations en papier découpé
Sur le stand de Mafuyu, on trouvait des articles de papeterie tels que des signets et des cartes postales. On a adoré le cadre avec le dragon Ryūjin en papier découpé. Ses illustrations pleines de couleurs changent aussi en fonction de la lumière grâce à la transparence du papier washi utilisé.
Et pour les amoureux des chats, de la vaisselle hasami
Sur le stand de Nekomarudou, les amoureux des félins étaient comblés avec de la vaisselle hasami. Mélangeant les motifs traditionnels et des chats, il y avait des assiettes, des tasses à café et thé. A sa pause café ou thé, on peut afficher sa passion pour les chats !
Nous remercions toute l’équipe de Japan Promotion ainsi que les différents stands du pavillon Wabi Sabi pour leurs explications, leur temps et leur disponibilité. Si en raison du Covid, il y avait pour cette reprise moins d’invités japonais que d’habitude à Japan Expo, au pavillon Wabi Sabi, les visiteurs pouvaient continuer de profiter de la venue d’artisans et d’artistes du Japon pour découvrir de beaux produits ! Où serait-il possible de voir, sur le même espace, autant d’arts et de traditions du Japon en France si ce n’est à Japan Expo ?
La zone étant très vaste, on vous conseillera d’y dédier au minimum 2 heures pour pouvoir repartir avec des produits typiques du Japon difficilement trouvables en dehors de l’archipel. Et ajoutez-y encore une à plusieurs heures pour assister aux différents spectacles sur les scènes tout au long de la journée. Dans cet article, nous avons mis à l’honneur quelques stands, n’étant pas possible de parler de tous. Vivement l’année prochaine pour découvrir d’autres passionnés de la culture japonaise. Et vous, quels stands vous ont le plus tapé dans l’œil cette année ?
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