Japan Expo 2022 – Rencontre avec un brin de femme passionnée : Brigitte Lecordier
Si vous vous intéressez un tant soit peu à l’animation japonaise, et particulièrement aux dessins animés une fois qu’ils sont en France, alors le nom de Brigitte Lecordier ne devrait pas vous être inconnu. C’est une voix de référence dans le milieu du doublage français que vous, lecteurs, vous avez déjà entendu même sans vous en rendre compte. L’artiste était à Japan Expo 2022 : 21e impact et a accepté de répondre aux questions de l’équipe. On vous laisse découvrir cet échange riche en anecdote et en explication sur son quotidien depuis ces dernières décennies. Bonne découverte !
Présentation d’une doubleuse curieuse…
Pour bon nombre de fan d’animation, Brigitte Lecordier est avant tout connu pour ses voix réalisées pour Dragon Ball au moment du Club Dorothée, notamment celles de Son Goku enfant ou de Son Gohan enfant également. Pourtant, cette touche à tout a bien fait plus et même bien avant puisqu’elle doublait déjà la voix de Nicolas dans Bonne nuit les petits, pour les plus anciens. Elle a également prêté sa voix pour des séries télévisées américaines sortant en France comme Les années coup de cœur, Alerte à Malibu et bien d’autres.
En réalité, à peine un travail s’achève-t-il que ce bout de femme passionnée par le doublage est appelée ailleurs : doublant des séries pour enfants (Oui-Oui, Rolie Polie Olie), des séries pour adolescents (Peepoodo), des séries japonaises (Jujutsu Kaisen, Ranking of Kings) et des séries télévisées récentes (American Horror Story) sans oublier les films, mais la liste serait bien trop longue ! Au-delà de cet aspect un peu bourreau de travail, Brigitte Lecordier aime ce qu’elle fait et ce qu’elle propose et cela se ressent dans son doublage mais en la côtoyant également. On la sent ouverte et curieuse, même après tant d’années à vadrouiller à droite et à gauche.
Afin d’échanger avec elle sur son quotidien de doubleuse, sur sa vie si chargée et passionnante, Journal du Japon a pu la rencontrer pour un entretien en tête à tête haut en couleur et dans lequel transparait tout l’amour de son métier. On vous souhaite une belle découverte : pour l’équipe en tout cas, c’était un véritable coup de cœur et un joli moment !
Entretien avec Brigitte Lecordier
Journal du Japon : Bonjour Brigitte et merci de nous accorder ce moment en votre compagnie.
Brigitte Lecordier : Bienvenue chez Brigitte Lecordier.
On sait maintenant que le nom de Brigitte Lecordier est connu, mais au cas où il y aurait des petits nouveaux qui arrivent, pourriez-vous vous présenter en 2-3 mots à nos lecteurs ?
Je suis Brigitte Lecordier, comédienne et connue plus pour ma voix parce que je l’ai prêté à de nombreux dessins animés comme Dragon Ball, Oui-Oui, Ranking of King il n’y a pas longtemps, La petite mort, Peepoodo pour les plus grands etc.
Quel a été le déclic pour vous lors de votre apprentissage au Cirque Fratellini ? Venant d’études scientifiques c’est un beau virage. Pourquoi vous diriger vers le cirque ?
En fait, c’est l’inverse : j’ai toujours choisi d’être clown. Enfin, j’ai toujours souhaité le devenir, sauf que je suis d’une génération où on disait aux filles : « ce n’est pas un métier pour les filles ». Je me suis donc résignée, et j’ai fait des études comme tout le monde en ne sachant pas trop où aller. Et puis, un jour, il y a l’école du cirque Fratellini qui s’est ouverte : j’étais dans les premières élèves tout simplement.
Ce fut un déclic pour vous ?
Oui, ça m’a permis de faire ce que je voulais car Annie Fratellini, c’est une femme, c’est un clown : je suis une femme, j’ai envie d’être clown, je serai une femme clown. (Rires)
Est-ce par ces arts du cirque que l’envie de théâtre, de faire de la comédie, a fait naitre les doublages dans votre vie ?
Alors pas du tout. Notre métier en réalité, est fait de rencontres et moi je jouais au cirque et on est venu me chercher pour faire du théâtre… et là j’ai donc découvert le théâtre parce que ce n’était pas ma culture. Au théâtre, j’ai dû travailler pour apprendre des textes etc. Parce que j’étais un clown muet en plus. Je n’avais pas ce savoir-là, donc je suis allée prendre des cours. J’ai joué au théâtre puis j’ai tourné un petit peu à la télévision et ensuite on est venu me chercher pour faire du doublage. J’ai commencé à doubler, j’ai continué à jouer au théâtre et à tourner un petit peu. Et puis le doublage a pris le pas. Et me voilà aujourd’hui.
Finalement, je n’ai rien choisi. C’est le destin et les rencontres qui font qu’on m’a proposé de faire un truc puis un autre et un autre et un autre… Je pense que toutes les carrières de comédiens et d’artistes en général sont rarement choisies. On ne choisit pas de faire ceci ou de faire cela en particulier, mais on choisit de faire un métier et c’est ce dernier qui te guide. Le métier de comédien est hyper vaste, j’aurai pu faire de la pub par exemple ou même faire du documentaire, mais cela s’est passé autrement.
C’est le doublage qui a donc pris le pas sur tout le reste. C’est devenu votre métier et les à-côtés du bonus, de temps à autres ?
Oui, on peut le dire ainsi. C’est tout à fait ça. À chaque fois qu’on m’appelle pour faire une chose ou une autre, l’avantage du doublage, c’est que ça me donne le choix, c’est-à-dire que comme le doublage, c’est rémunérateur. Contrairement au théâtre, car quand j’ai commencé à jouer au théâtre, on était peu payé : des fois j’avais de quoi rentrer à la maison avec un ticket de métro, mais je ne pouvais pas revenir le lendemain. On était vraiment payé des bricoles en tant que comédien et le doublage ; eh bien c’est un métier qui est plus rémunérateur dans le métier de comédien et ce qui fait que cela te donne le choix de dire, « tiens, je vais faire cette pièce parce que je l’aime », parce qu’elle n’est pas rémunérée, mais ce n’est pas grave puisque je gagne ma vie par ailleurs ou alors… Aujourd’hui, je fais ma chaîne Youtube, j’ai 0 centimes pour la faire mais je suis partie avec des jeunes gens qui m’accompagnent pour faire cette chaîne. On gagne 0 centimes sur Youtube ou des bricoles, mais pour l’instant, on s’est dit « ce n’est pas grave, on fait ce qu’on veut et on a les moyens de le faire en se donnant les moyens de le faire ». C’est ça que ça permet… d’avoir le choix.
Justement, comme on parle de doublage : comment avez-vous appréhendé toutes ces années de doublage, Dragon Ball notamment ?
En fait, je l’ai pris naturellement, c’est-à-dire que l’on m’appelle pour faire un rôle et puis un autre, et un autre… Il faut se dire que Dragon Ball pour les gens et pour la presse, souvent, c’est quelque chose d’important et on a l’impression que ça a rempli toute ma vie… Mais en définitive, c’est immensément petit dans ma carrière et les moments de Dragon Ball, c’est quelques mois de travail en quelques années, mais cela s’est étalé dans le temps, le volume de travail n’est pas énorme.
Heureusement il y a eu toutes les autres séries, en live ou en dessin animé, qui ont continué de rouler en attendant l’arrivée des épisodes suivants de Dragon Ball.
Comment vous préparez-vous justement à un rôle en particulier ?
Nous ne nous préparons pas, c’est-à-dire que nous arrivons le matin, alors qu’on vient juste de nous appeler en nous demandant : « est-ce que tu es libre mercredi à 9h ? »
Et mercredi à 9h, tu arrives dans un studio et tu ne sais pas ce que tu vas doubler. On te dit « aujourd’hui tu vas faire un petit personnage qui s’appelle Goku, qui a une petite queue de singe, on ne sait pas trop si c’est un petit garçon ou un petit animal. Propose quelque chose » et tu te retrouves alors devant l’image et devant l’histoire et tu proposes quelque chose avec ta voix. Et c’est ainsi pratiquement à chaque fois, sauf quand tu reprends une série par exemple. Quand je reviens faire Dragon Ball ou quand je reviens faire Oui-Oui, je sais exactement ce que je vais jouer, mais on ne me prévient pas toujours à l’avance que c’est Dragon Ball ou Oui-Oui… ou un autre.
En fait, on ne va pas vous parler forcément du personnage avant de faire le doublage, ni montrer son caractère, sa personnalité, vous venez et hop ?
Alors autrefois, quand j’ai commencé, et que l’on faisait du film cinéma, nous avions une projection avant. On nous mettait à la Gaumont ou sur les Champs-Élysées : il y avait une projection privée pour les comédiens qui allaient doubler. Ainsi nous pouvions voir le film entièrement en langue originale et ensuite nous réalisions le doublage une semaine après. Là, nous savions de quoi nous parlions et quel était notre personnage : ce qu’il allait vivre, etc. Mais ce n’est pas toujours le cas et ça l’est de moins en moins aujourd’hui.
Donc aujourd’hui on vous appelle, on vous signale de faire ceci ou cela. Mais vous ne connaissez rien au personnage ou à l’anime.
Heureusement, on a des directeurs artistiques qui nous disent que c’est une série qui parle de ceci, cela, ton personnage il est ainsi… mais c’est très rapide : juste le temps de checker avant l’enregistrement.
Comme un gros résumé au final ?
Oui, c’est totalement ça. En fait, ce qui est chouette en étant comédien de doublage, c’est que nous devons être dans l’instantanéité, c’est-à-dire que nous arrivons et hop, il faut jouer tout de suite. Un jour, tu es un méchant, un autre un gentil, encore un autre un savant, et même un idiot. Un jour aussi, tu es rigolo alors qu’un autre tu pleures. C’est ça qui est marrant.
C’est sûrement cet aspect qui fait le sel justement du doublage, pouvoir faire un peu n’importe quel personnage quand on le souhaite, dès qu’on vous appelle.
Oui, il faut être très disponible et savoir tout jouer parce qu’on ne nous demande pas si on sait jouer. Moi je me souviens d’un comédien qui est arrivé un jour, son personnage riait aux éclats et là le mec me dit qu’il ne sait pas rire.
C’est dommage.
C’est ennuyeux… un comédien qui n’y arrive pas, il ne peut pas venir faire du doublage.
Il y a des trucs et astuces, peut-être justement pour réussir à rire sur commande ou à pleurer ?
Il faut juste être comédien. Et il faut aller prendre des cours de théâtre, puis travailler. Une fois que tu sors d’un cours de théâtre normalement, tu sais tout jouer. Après tu as plus ou moins de talent ou de sensibilité que les autres vont aimer ou non, d’autant que ce n’est même pas toi qui juge, mais bien ces derniers. Toi, tu as envie de tout faire et les autres ils disent « bah non toi ça tu ne peux pas le faire »… et tu ne sais pas pourquoi. C’est le regard des autres qui est important dans notre métier et il faut donner envie aux autres de te faire travailler toi. C’est curieux, mais c’est ainsi.
Les métiers artistiques veulent beaucoup ça, non ?
Bien sûr. Quand tu es peintre, il faut donner envie aux gens d’acheter ta peinture. Tu ne peux pas faire un truc en te disant « Moi j’adore ce que je fais » sans qu’il y ait les autres derrière. Nous, c’est pareil à un autre niveau. Il faut créer le désir.
Justement, comme on parle de susciter l’intérêt des personnes pour qu’ils fassent appel à vous… Que pensez-vous de toutes ces personnes aujourd’hui qui vous placent un peu comme une référence en matière de doublage en France ?
Ah oui ?
Oui, Il y a beaucoup de personnes qui le pensent.
Ils sont gentils, ces gens-là. Je les trouve vraiment très gentils.
Non, je ne sais pas : je ne saurai pas te dire ce que j’en pense. Je trouve ça chouette. Tu as l’impression d’avoir fait quelque chose, mais aussi laisser quelque chose derrière toi : comme une trace. Après, c’est agréable. Ce matin j’étais en dédicace, c’est vachement génial de voir tous ces gens qui ont envie de te rencontrer, te dire combien tu les as accompagnés, ce que tu représentes pour eux, etc. Et voir leur émotion avec les petits papillons dans les yeux, c’est agréable.
Est-ce que vous pensez qu’il est difficile de doubler en français ? Enfin, plus difficile en français qu’en langue originale.
Ta question est compliquée parce que moi, par exemple, quand je fais La petite mort ou Oui-Oui, la langue originale, c’est le français. Et ce n’est pas du doublage. C’est du pré-recording, c’est-à-dire que nous enregistrons avant que les dessins soient définitifs. Nous avons un brouillon de dessin, ce qu’on appelle un animatic, et c’est ça la version originale en Français. Est-ce la question ?
Oui, ce genre de projet.
Par exemple, si tu prends Oui-Oui en anglais, les gens qui ont créé la voix de Oui-Oui en anglais, souvent des enfants d’ailleurs, eux ils ne font pas de doublage : ils font de la création de voix comme moi sur La petite mort où j’en fais une. Ou comme sur le Oui-Oui d’aujourd’hui également, c’est-à-dire que je n’ai pas d’appui étranger, je n’ai pas d’exemple en langue étrangère. Je fais ce que je veux par rapport à l’image et c’est ce que j’aurais choisi qui sera déterminant dans les autres pays.
Et c’est plus simple ?
C’est plus difficile, mais c’est plus enthousiasmant pour un comédien, c’est-à-dire que tu dois faire appel à ton imagination. Et puis nous ne travaillons pas tout seul : nous travaillons avec le réalisateur. Sur Oui-Oui, j’étais avec le réalisateur, sur Peepoodo, Balak était là tout le temps, sur La petite mort, Davy est toujours là aussi. Et toi, tu as des choses comme Bonne nuit, les petits réalisé en pré-recording, mais c’était simple. C’est toi qui va porter le discours du personnage, mais c’est vrai qu’il y a des comédiens qui n’arrivent pas à faire cet exercice parce qu’il n’y a pas d’exemple sur lequel s’appuyer justement.
Comme avec la page blanche qu’il faut remplir par exemple.
Oui c’est totalement ça. Moi j’aime bien cet exercice. Après, j’aime bien aussi le doublage : quand je double des jeunes garçons comme dans Mon oncle Charlie ou le petit garçon d’Alerte à Malibu ou des rôles similaires, ce sont des gamins qui jouent vachement bien. Fred Savage par exemple dans Les Années coup de cœur : tous ces jeunes sont magnifiques donc c’est génial d’essayer de faire aussi bien qu’eux. C’est juste un autre travail, mais les deux sont enthousiasmants.
Comme nous sommes à Japan Expo : que vous pensez-vous du doublage japonais ?
Je trouve que c’est superbe, et qu’ils font un travail génial. Après, c’est très différent de chez nous. C’est-à-dire qu’eux, ils s’en moquent de la synchro. En japonais, si tu regardes un anime, ils jouent un petit peu à la manière du kabuki, de façon très extérieure, très musclée et si ce n’est pas synchrone, et si la personne qui parle est un petit peu en dehors, avant ou après, tout le monde s’en moque. C’est une convention et pourquoi pas finalement.
Nous, nous sommes très précis en fait. Nous ne pouvons pas laisser une ouverture sans la remplir : ça c’est marrant. Nous ne pouvons pas jouer de la même façon non plus en japonais. Exemple : il y a quelqu’un qui fait une déclaration d’amour, il va limite crier « je t’aime ». Et si nous on joue de cette façon, on va nous dire, « mais pourquoi il lui crie dessus pour lui dire qu’il l’aime ? ». C’est un peu bizarre, alors qu’au kabuki eux, c’est logique il te lance ça de cette façon et c’est normal.
Lorsque nous faisons un doublage après un seiyuu, il faut essayer d’atténuer et trouver sa sensibilité, etc. Alors ce qui est marrant c’est que moi, j’ai rencontré mon homologue Masako que j’aimerais bien retrouver d’ailleurs. Il se trouve qu’on est deux personnalités avec à peu près la même nature. Une fois que nous nous sommes rencontrées, on s’est marrées car on avait la même énergie. Nous sommes aussi grandes l’une que l’autre : je crois qu’elle est un petit peu plus grande que moi, mais il y a ce même côté fonceur que nous avons toutes les deux et c’est chouette parce que du coup, dans le jeu, nous n’avons pas besoin de nous forcer, ni l’un ni l’autre. Néanmoins, je suis souvent obligée d’atténuer ce qu’elle fait pour donner un petit peu plus de sentiments, et c’est peut-être ce qui plaît justement à la culture française et au doublage français de Dragon Ball. Parce que j’y ai mis un petit peu de douceur et de sentiments.
Justement, est-ce que vous avez un seiyuu japonais dont vous apprécié particulièrement le travail ?
Masako NOZAWA, elle est incontournable.
Depuis toutes ces années, on sait que votre famille vous suit dans vos aventures. Comment vous voit-elle et vous accompagne-t-elle au quotidien ?
Très très mal (Rires). Alors j’ai mon fils ici présent qui s’occupe de mes réseaux sociaux etc. C’est chouette d’être soutenu, mais je pense que je n’aurais pas cette carrière là si je n’avais pas été soutenue par ma famille ? Par exemple, mon mari s’est toujours occupé de tous mes contrats. Il m’a toujours poussé en avant en disant « mais vas-y fonce, etc. ». Il m’a écrit les textes de Oui-Oui, et il m’a écrit des chansons quand j’avais envie de chanter tous les disques de Bonne nuit, les petits, ou encore Oui-Oui : c’est lui qui en a écrit les chansons. C’est quand même assez super. Et maintenant, il y a ce relais avec mon fils qui a grandi et qui vient m’aider sur ma chaine youtube, TikTok et c’est super.
C’est top de le faire ensemble. C’est lui qui fait Twitch aussi. Alors je n’ai pas Internet en ce moment, un souci technique, donc c’est ballot et on est privés de Twitch. Mais j’espère que ça reprendra à la rentrée, faut demander à Orange. Il faudrait que j’arrive à les soudoyer (Rires).
On parlait justement tout à l’heure que vous êtes en dédicace sur le salon, vous avez donc rencontré votre public. On peut le dire maintenant, mais les générations se sont quand même succédé depuis vos débuts.
C’est dingue, hein ?
Quel rapport vous entretenez avec ces générations ? Est-ce que par exemple vous avez plus d’échanges avec les fans de la première heure ou alors au contraire, avec les plus récents, ceux qui vous ont découverts il n’y a pas très longtemps ?
Alors je dirais un peu les deux mais je pense que les plus petits sont vraiment super accros parce qu’en fait ils ont découvert tout ça avec leurs parents. Contrairement aux gens de la première génération qui l’ont découvert contre leurs parents : là, c’est un partage.
C’est vrai.
Et ce matin, je vois des mamans qui viennent avec leurs gamins et c’est un partage : il y a des frères et sœurs, où il y en a un qui a réussi à avoir le bon pour avoir accès à une dédicace et qui me le fait dédicacer non pas en son nom, mais au nom de son petit frère ou sa petite sœur en disant « il est plus fan que moi et j’ai été le seul à avoir ce billet pour une dédicace« . C’est hyper cool.
Il y a un petit côté familial en définitive ?
Ouais, je trouve ça hyper sympa. C’est chouette de voir toute une famille qui se déploie devant toi où tout le monde est heureux. C’est un vrai partage. C’est cool, tu sais ? Avec les nouvelles générations justement, on est allé dans les écoles avec la chaîne, où je suis allée faire une dictée. Tu imagines ? Tu arrives dans un collège et tu demandes « voulez faire une dictée » ? Non. « Vous voulez faire une dictée avec Son Goku ? » Là tout le monde voulait la faire !
Tu te dis qu’on pourrait faire passer n’importe quoi avec cette culture… je trouve que l’éducation nationale ne s’en sert pas assez, c’est pourtant un super media.
Cela commence tout doucement parce que maintenant dans certains livres de français, il y a parfois des chapitres entiers sur des films d’animation japonais, qu’il n’y avait pas auparavant… comme un chapitre sur Princesse Kaguya par Isao Takahata. Cela commence à apparaitre, mais ce n’est peut-être pas suffisant.
Mais c’est bien : c’est un super média. Je suis allé en prison voir les jeunes prisonniers qui ont des fois 10, 15 ans ou 20 ans de réclusion. Et ils ne veulent pas sortir de leurs cellules parce que la vie les dégoûte et qu’ils sont punis. Tu leur dis « Dragon Ball » et ils sortent tous. C’est super, non ? Comme quoi, même les petits dealers qui ne s’intéressent à rien sont là. Avec cette culture, ça marche. C’est marrant, n’est-ce pas ?
On sous-estime la culture japonaise et ce qu’elle a à apporter.
Tout à fait.
Avant-dernière question, vous êtes plutôt VO ou VF pour regarder vos films, animés, etc. ?
Alors moi je ne parle pas du tout anglais ni japonais donc évidemment, je préfère la VF. Mais j’aime bien les deux parce que quand tu es en VO, tu es vraiment dans le film autrement, mais franchement je n’ai pas de religion là-dessus. Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est qu’il y a du choix, donc on peut faire les deux. Moi par exemple les Woody Allen, je les regarde toujours en anglais et en français parce que j’adore le jeu de Woody Allen et j’adore comment il dirige ses comédiens, mais il parle tellement vite… En plus, c’est souvent de l’anglais américain et c’est très rapide donc je ne comprends rien. Heureusement, je le vois en français juste après en me disant « Ah, c’est ça qu’il disait ? »
Pas de préférence donc ?
Non, je trouve que c’est bien de voir en version originale, cela plonge dans une langue et une culture, mais en français, c’est bien également. Tu te laisses juste bercer par l’histoire et le film, c’est quand même pas mal : c’est un confort.
Notre dernière question va être toute simple, est-ce que vous auriez un mot à dire à tous nos lecteurs. Un dernier mot pour la fin ?
(Rires) Vivez vos rêves. Et c’est super parce que cela mène à Japan Expo.
Merci beaucoup.
Si vous souhaitez suivre l’actualité de Brigitte Lecordier, on vous invite à suivre sa chaine youtube.